Coronavirus Covid-19. En quoi les recherches en Sciences humaines et sociales sont-elles utiles ? (EHESS)

LA LETTRE DU LUNDI DE MIEUX ABORDER L’AVENIR, n°401, lundi 20 avril 2020

Depuis le mois de décembre 2019, le monde entier vit au rythme du « Coronavirus Covid-19 ». Le virus, après avoir quitté son foyer de Wuhan, en Chine, s’est propagé sur toute la planète, en Europe et en France. A partir de la décision de confinement des Français et des Françaises qui a été prise le 15 mars 2020, tout le monde s’est trouvé concerné dans sa vie quotidienne. Simultanément le « jour d’après de la pandémie » – et sa date incertaine – est devenu un fantasme plein d’espérances et de craintes.

École des Hautes Études en Sciences Sociales (EHESS) et la Fondation Maison des Sciences de l’Homme (FMSH). Façade des locaux occupés temporairement à l’angle de l’ Avenue de France/Avenue Vincent Auriol, Paris 12e, durant les travaux de désamiantage du site du boulevard Raspail, Paris 6e, 19 mai 2016.
© Photographie Bernard Mérigot/CAD.

LA DOUBLE NATURE DES PANDÉMIES

Une pandémie possède une double nature. Elle est à la fois :

  • un révélateur des mécanismes silencieux,  jusque-là invisibles de nos sociétés : comme les pratiques de soins (Care),  les nouveaux comportements individuels et collectifs, les actes de solidarité inattendus,
  • un surgissement d’anormalités bruyantes, inquiétantes et douloureuses, comme la confrontation à la maladie et la mort collective.

La pandémie affecte des domaines aussi divers que le fonctionnement de la santé publique, la conception des services publics, les fins de vie solitaires, l’imbrication des économies mondiales, les relations entre les citoyens et les pouvoirs politiques, le rapport des hommes à l’égard de la nature, la transition écologique, le climat…

La pandémie est productive, selon un mode tragique, d’expériences vécues. Des hommes et des femmes, alors que rien ne les y a préparés, se trouvent confrontés à des situations extrêmes :

  • personnes âgées détenues à l’isolement dans des maisons de retraites, sans visites des membres de leur famille,
  • proches hospitalisés en soins intensifs, expatriés par TGV dans les lits de réanimation à l’autre bout de la France, voire à l’étranger, et passant plusieurs semaines dans la plus grande solitude,
  • parents décédés seuls, sans famille à leur côté, privés d’obsèques, privés de cérémonies, privés des rites religieux, conformes à leurs dernières volontés et aux voeux de leur famille,
  • arrêt brutal et total de toute activité professionnelle, ou presque,
  • confinement familial improvisé,
  • travail forcé sans masques, et sans protections, en contact avec des malades potentiels, et donc certains sont forcément infectés … (« Ca va être pour moi, ou je vais passer à côté ? C’est pour aujourd’hui ou c’est pour demain ? » …)

Il y a deux maladies, la maladie que l’on se représente, et la maladie que l’on vit. Tout le monde redécouvre que les pandémies sont un moteur constitutif de l’histoire de l’homme sur Terre : un virus inconnu apparaît et peut le faire disparaître de la surface du globe. Il ne peut échapper à personne que la pleine conscience de cette éventualité est d’une nature spirituelle, dans le sens que l’écologie intégrale lui donne.

D’innombrables questionnements se font jour.

  • Qu’est-ce qui sépare aujourd’hui la surinformation de la sous-information ? Question à laquelle il est difficile de répondre, tant la pression des comportements sociaux utilisant les techniques modernes, est forte.
  • Peut-il y avoir une autre alternative que : être un idiot utile, ou être un intelligent inutile ? Peut-on éviter les deux écueils extrêmes de ce paradoxe ? Rien n’est moins sûr. Ils sont à confronter à la dénonciation macronienne, politiquement perverse, établie entre les demi-experts et les faux-sachants. (1)
  • Comment trouver la bonne distance à l’égard de l’actualité, fabriquée à jets continus, par les médias et les réseaux sociaux ? Ainsi que le temps indispensable permettant d’accéder aux sources d’une libre réflexion critique ?
  • Peut-on être ni trop près, ni trop éloigné de la réalité ?
  • De libres opinions peuvent-elles aujourd’hui trouver une voie entre l’hyper-connexion et la déconnexion ?

Les médias mainstream, tout comme les réseaux sociaux, sont animés par un esprit très particulier, celui de la téléréalité, c’est-à-dire par une conception selon laquelle la réalité doit se plier à des scénarios déjà écrits. Pour aboutir à la réalisation d’un désir fou : celui d’accaparer l’attention et de dominer les cerveaux. En un mot, prendre des parts-de-marché à d’autres.
C’est pourquoi ils n’accordent leur attention aux travaux de recherches critiques en sciences sociales que sous la double condition que ceux-ci leur permettent de fabriquer une actualité extraordinaire, ou de construire des polémiques. Ce qui importe en définitive pour eux, c’est d’attirer les regards, d’épater la galerie. Autrement dit, de prendre des parts de marché que d’autres détiennent.

Une recherche véritable n’est jamais une polémique mais une confrontation fondée sur des concepts, des idées, des théories, des publications, des pratiques, des interrogations … portant précisément sur ces pratiques. Pourquoi n’obtient-elle qu’une place somme toute discrète, limitée, et contrainte ? Pourtant, les travaux de  la recherche universitaire en Sciences humaines et sociales sont à la disposition de tous. Un seul exemple, celui de l’École des Hautes Études en Sciences Sociales (EHESS) de Paris – grand établissement d’enseignement supérieur français qui mène une mission publique – vient de publier sur le Coronavirus Covid-19, une Revue de presse des travaux de ses enseignants, de ses chercheurs, de ses étudiants. Le liste de ces contributions, qui est arrêtée à la date du 15 avril 2020, présente le plus grand intérêt. (Voir note n°5)

LES PATHOLOGIES DE LA MODERNITÉ

Christophe PROCHASSON, président de l’EHESS, écrit que la crise que nous traversons interroge bien des certitudes.

« Elle confirme le bien fondé de nombre de problématiques et de champs de recherche qui l’ont précédé :

  • rapport de nos sociétés au vivant et à la nature,
  • place des inégalités en leur sein,
  • rythmes, modalités et finalités de la mondialisation ».

Pour lui, elle constitue une redécouverte de la vulnérabilité de notre existence individuelle et collective, un « appel à la réflexion » sur la protection par le collectif vis-à-vis des pathologies de la modernité.

Il n’est pas anodin que la notion de virus soit devenue une métaphore. La fin du XXe siècle a inventé les virus informatiques à l’égard desquels sont élaborés, tant bien que mal, et le plus souvent avec retard, des parades à leurs attaques.

Les sociétés humaines en sont au même point : elles sont les  porteuses saines de virus mortels susceptibles, à tout moment, de décimer ses membres. Tout le monde découvre alors que  les moyens manquent pour mettre en oeuvre rapidement les parades efficaces.

On voit alors les pouvoirs publics se livrer à une surenchère d’aveux d’impuissance, offrant le spectacle d’errements aux lourdes conséquences. La ligne politique suivie par les administrations et le gouvernement, dans un premier temps de la pandémie au début du mois de mars 2020, consiste à se répandre sur les médias, les conférences de presse et les interviews,  afin de déclarer : « les masques respiratoires ne servent à rien » et que « les tests de dépistage sont inutiles »Les mêmes déclareront le contraire à la fin du même mois de mars.
Que s’est-il passé ? Ils ont tout simplement manifesté un symptôme de la modernité  selon lequel n’importe quelle parole officielle peut légitimement justifier, d’une façon véridique, n’importe quelle décision, ou absence de décision, en matière de santé publique.
La loi inverse est également vraie.

« Pas de masque pour l’instant. Pas de gel H.A. pour l’instant. Pas de gant pour l’instant. Pas de thermomètre pour l’instant.»
Porte d’entrée d’une Pharmacie. Savigny-sur-Orge (Essonne), 11 avril 2020. © Photographie Bernard Mérigot/CAD.

REGARDS DES SCIENCES SOCIALES
SUR LES ÉPIDÉMIES

  • Une épidémie attaque non seulement des corps physiques mais aussi les corps sociaux.
  • Une épidémie est une actrice de l’histoire et de la société.
  • Une épidémie matérialise des constructions sociales, politiques et économiques… d’ordinaire tacites, non-visibles, et non-dites.
  • Une épidémie ébranle les politiques de santé publique.
  • Une épidémie oblige les États à reconsidérer leurs rapports avec les populations.
  • Une épidémie crée sa propre temporalité. C’est elle qui donne le tempo.
  • Une épidémie travaille le temps des sociétés.
  • Une épidémie réactive des pratiques et des traditions anciennes (par exemple, la « mise en quarantaine »).
  • Une épidémie accélère les évolutions.
  • Une épidémie renforce les pratiques de contrôle confiées à la police (interpellations, justificatifs, amendes, contrôles des déplacements, contrôles des communications, surveillances par l’intelligence artificielle, reconnaissances faciales…).
  • Une épidémie produit un contrôle  les frontières.

CONCLUSION

Le virus est aussi une métaphore, une métaphore sociale, une métaphore mortelle. On ne peut penser le virus seul,  sans l’effet virus. Le mérite des auteurs associés à l’École des Hautes Études en Sciences Sociales (EHESS) est de nous rappeler les vertus de la recherche collective pour la formation de la conscience individuelle critique.

Le fait social total est une notion de l’anthropologie et de la sociologie forgée par Marcel MAUSS (1872-1950). Dans son Essai sur le don (1923-1924), il s’en sert pour qualifier des faits qui « mettent en branle (…) la totalité de la société et de ses institutions ». Claude LÉVI-STRAUSS, dans son « Introduction à l’œuvre de Marcel Mauss » (1949) en relève deux caractéristiques.

  • La première caractéristique du fait social total est qu’il concerne des situations où la société s’étudie dans son ensemble « par une décomposition, puis une recomposition du tout ». La remarque que l’on peut faire est que la limite de son application est celle des cas où une décomposition n’est suivie par aucune recomposition – ce qui arrive – et donc où la qualification de « total » ne peut pas être retenue.
  • La deuxième caractéristique du fait social total est de « concerner tous les membres d’une société et de dire quelque chose sur tous ces membres ».

Il écrit « Que le fait social soit total ne signifie pas seulement que tout ce qui est observé fait partie de l’observation ; mais aussi, et surtout, que dans une science où l’observateur est de même nature que son objet, l’observateur est lui-même une partie de son observation. » (p. 14) (3)

L’observateur porte son attention sur un monde dont il fait partie. Embarqué par un monde, qui est lui-même embarqué. Et, plutôt mal embarqué.

« Ce que je constate : ce sont les ravages actuels ; c’est la disparition effrayante des espèces vivantes, qu’elles soient végétales ou animales ; et le fait que du fait même de sa densité actuelle, l’espèce humaine vit sous une sorte de régime d’empoisonnement interne – si je puis dire – et je pense au présent et au monde dans lequel je suis en train de finir mon existence. Ce n’est pas un monde que j’aime ». (4)

Ainsi s’exprime Claude LÉVI-STRAUSS (1908-2009) en 2005, alors âgé de 97 ans. Il reprenait un propos déjà tenu en 1972 dans un entretien avec Jean-José MARCHAND, et en 1984 dans une émission de Bernard PIVOT. Il est demeuré toute sa vie « obsédé par la façon dont les sociétés humaines pouvaient se désintégrer ». (5)

Un premier phénomène : la disparition « effrayante » des espèces vivantes qui est perceptible à la conscience scientifique en 1972, soit il y a près d’un demi-siècle avant l’année 2020. Ce qui a pour conséquence de constituer pour l’espèce humaine « un régime d’empoisonnement interne ». Aujourd’hui, un second phénomène qui s’ajoute au premier déséquilibre (que personne ne s’est soucié d’arrêter véritablement ), c’est le mésusage par les hommes d’espèces animales non domestiques. Les chauves-souris et les pangolins en sont les malheureux acteurs.

En cette année 2020, la crise provoquée par le Coronavirus Covid-19 étend son empreinte sur les esprits et sur la vie collective, en constituant un agent infectieux comme opérateur psychique et social. Personne n’échappe à la double injonction qui se répète à son encontre  : « Ne pas l’attraper, ne pas le transmettre ».

La pandémie est un fait social total qui constitue un  régime d’empoisonnement du monde. Un empoisonnement par le monde.

Bernard MÉRIGOT

DOCUMENT

CINQ QUESTIONNEMENTS
POSÉS PAR LE CORONAVIRUS COVID-19

Les soixante-et-une contributions collectées ici par l’EHESS (arrêtées à la date du 15 avril 2020) peuvent être classées en cinq catégories :

  1. Les pandémies sont-elles un moteur de l’Histoire ?
  2. Pourquoi les pandémies sont-elles une menace  pour l’État et les gouvernements ? L’État et leurs admission peut-il survivre au péril des épidémies ?
  3. Pourquoi l’épidémie de coronavirus est-elle devenue un monde-en-soi ?
  4. Comment les sociétés sont-elles un reflet des maladies ?
  5. Qu’est-ce que les épidémies font à l’économie ?

Perspectives sur le Coronavirus Covid-19,
Carnet de l’École des Hautes Études et Sciences Sociales (EHESS), 17 avril 2020.
https://www.ehess.fr/fr/carnet

SOIXANTE CONTRIBUTIONS DES SCIENCES SOCIALES
A LA RECHERCHE SUR LA PANDÉMIE CORONAVIRUS COVID-19 (6)

1. LES PANDÉMIES SONT-ELLES UN MOTEUR DE L’HISTOIRE ?

2. POURQUOI LES ÉPIDÉMIES SONT-ELLES UNE MENACE POUR L’ÉTAT ?

3. L’ÉPIDÉMIE DE CORONAVIRUS CONSTITUE-T-ELLE « UN MONDE-EN-SOI »

4. COMMENT LES SOCIÉTÉS REFLÈTENT-ELLES LES MALADIES ?

5. QUE FONT LES ÉPIDÉMIES À L’ÉCONOMIE ?

RÉFÉRENCES

1. Emmanuel MACRON, président de la République, lors de son allocution radio télévisée du 15 mars 2020, distingue les « demi-experts » des « faux-sachants ». En ne citant aucun nom, il fait ici un usage polémique et politique, de nature allusive, d’une distinction qui sert à stigmatiser des individus qui pensent autre chose que la pensée exprimée par « l’État gouvernant »,  le seul seul en mesure d’exprimer – et donc d’imposer – des vraies parce que légitimes, condamnant toute autre pensée contraire, au motif qu’elle est dans l’erreur car émise par des individus ne possédant qu’une compétence incomplête (Demi-expert) et entachée de fausseté (Faux-sachants).
Peut-on accepter cette assimilation entre l’expertise et la science, fondée sur une évaluation partisane (demi-experts/100 % experts, et vrai-sachants/demi-sachants) ? Il est vraisemblable que lorsque qu’il sera procédé à l’examen indépendant et critique de la gestion de la crise (prenant en compte les temps de réponse du pouvoir politique, les suppressions du nombre de lits de réanimation, la gestion prévisionnelle des masques respiratoires et des assistances respiratoires…), on sera amené à procéder à une révision de l’auto-évaluation unilatérale effectuée par le pouvoir politique lui-même.

Voir l’article en ligne sur http://savigny-avenir.info

2. ÉCOLE DES HAUTES ÉTUDES EN SCIENCES SOCIALES (EHESS), « Coronavirus : Regards de l’EHESS. Revue de Presse », https://www.ehess.fr/fr/%C3%A9chos-recherche/coronavirus-regards-lehess

3. LEVI-STRAUSS Claude, « Introduction à l’œuvre de Marcel Mauss », in MAUSS Marcel, Sociologie et Anthropologie, PUF.

4. LÉVI-STRAUSS Claude, Campus. Émission spéciale pour la centième émission, France 2 Télévision, jeudi 17 février 2005. Laurent LEMIRE, rédacteur en chef.

5. LOYER Emmanuelle, Lévi-Strauss, A Biography, Polity, 2018. Traduction de par Ninon Vinsonneau et Jonathan Magidoff.

6. ÉCOLE DES HAUTES ÉTUDES EN SCIENCES SOCIALES (EHESS), « Coronavirus : Regards de l’EHESS. Revue de Presse », https://www.ehess.fr/fr/%C3%A9chos-recherche/coronavirus-regards-lehess

Le Réseau national des Maisons des Sciences de l’Homme (RNMSH) fédère actuellement 23 Maisons des Sciences de l’Homme (MSH). Chacune remplit quatre missions essentielles :
http://reseau-msh.fr/

•   Mission de déploiement, afin d’ancrer territorialement les dispositifs nationaux et de les valoriser.
•   Mission de mutualisation, en proposant des services mutualisés d’appui à la recherche.
•   Mission d’incubation, en organisant autour une logique de transversalité entre les initiatives de recherche.
•   Mission de fédération pour atteindre un poids scientifique suffisant (leadership national et visibilité internationale), et pour animer et structurer la communauté scientifique en Sciences humaines et sociales.

LÉGENDES DES ILLUSTRATIONS

  • École des Hautes Études en Sciences Sociales (EHESS) et la Fondation Maison des Sciences de l’Homme (FMSH). Façade des locaux occupés temporairement à l’angle de l’ Avenue de France/Avenue Vincent Auriol, Paris 12e, durant les travaux de désamiantage du site du boulevard Raspail, Paris, 19 mai 2016. © Photographie Bernard Mérigot/CAD.
  • « Pas de masque pour l’instant. Pas de gel H.A. pour l’instant. Pas de Gant pour l’instant. Pas de Thermomètre pour l’instant.» Porte d’entrée d’une Pharmacie. Savigny-sur-Orge (Essonne), 11 avril 2020. © Photographie Bernard Mérigot/CAD.
  • Perspectives sur le Coronavirus Covid-19, Carnet de l’École des Hautes Études et Sciences Sociales (EHESS), 17 avril 2020. https://www.ehess.fr/fr/carnet

La Lettre du lundi de Mieux Aborder l’Avenir
n°401, lundi 20 avril 2020

COMMENTAIRE du 20 avril 2020

Sur l’indifférence collective concernant l’abandon des malades dans les hôpitaux et l’absence de cérémonie pour leur inhumation (Coronavirus Covid-19, mars-avril 2020)

Une question

  • « Comment avons-nous pu accepter, seulement au nom d’un risque qu’il n’était pas possible de préciser, que les personnes qui nous sont chères et les êtres humains en général non seulement meurent seuls – chose qui n’était jamais arrivée auparavant dans l’histoire, d’Antigone à aujourd’hui – mais que leurs cadavres soient brûlés sans funérailles ? »
    AGAMBEN Giorgio, « Une question », Lundi matin, n°329, 20 avril 2020. https://lundi.am/Une-question Traduction française de Florence BALIQUE. Texte original italien publié sur le site Quodlibet, le 13 avril 2020 :https://www.quodlibet.it/giorgio-agamben-una-domanda

Un témoignage

  • YON Mathieu, « Je ne vous pardonnerai pas. « Comment osons-nous pousser des caddies et abandonner nos morts ? », Lundi matin, n°239, 13 avril 2020. https://lundi.am/Je-ne-vous-pardonnerai-pas
  • YON Mathieu, « Rite funéraire. Je ne sais pas comment on en est arrivé là : mettre les morts dans des sacs plastiques », Lundi Matin, n° 238, 20 avril 2020. https://lundi.am/Rite-funeraire-3044
Territoires et Démocratie numérique locale (TDNL) est un media numérique mis en ligne sur le site http://savigny-avenir.info.
ISSN 2261-1819 BNF. Dépôt légal du numérique

Le site est supporté par une structure associative et collaborative, indépendante, sans publicités et sans but lucratif, le Groupe Mieux Aborder L’Avenir (MALA).
Vous pouvez nous aider par vos dons.
Tous les articles en ligne sont consultables gratuitement dans leur totalité. Un article peut être reproduit à la condition de citer sa provenance et en faisant figurer son lien http://.
Référence du présent article : http://www.savigny-avenir.fr/2020/04/20/coronavirus-covid-19-en-quoi-les-recherches-en-sciences-humaines-et-sociales-sont-elles-utiles-ehess/
 
Posted in Coronavirus COVID-19, École des Hautes Études en Sciences Sociales (EHESS), Épidémie, Fait social total (FST), Fondation Maison des sciences de l'Homme (FMSH), Fondation Maison Sciences de l'Homme (MSH), LÉVI-STRAUSS Claude, MAUSS Marcel, Régime d'empoisonnement du monde (REM), Sciences humaines et sociales | Commentaires fermés sur Coronavirus Covid-19. En quoi les recherches en Sciences humaines et sociales sont-elles utiles ? (EHESS)

Anthropologie des « fausses rumeurs ». Que faut-il penser de la dénonciation des « demi-experts » et des « faux-sachants » par Emmanuel Macron. (Blaise Pascal et Arnold Van Gennep)

« Évitez l’esprit de panique, de croire dans toutes les fausses rumeurs, les demi-experts ou les faux-sachants. La parole est claire, l’information est transparente et nous continuerons de la donner ». (1) Quel sens doit-on accorder à ce qui constitue à proprement parler une dénonciation, faite par le président de la République Emmanuel MACRON, lors de son allocution télévisée du 16 mars 2020, lors de laquelle il annonçait – sans prononcer une seule fois le mot – le « confinement » de toute population française pour cause de Coronavirus Covid-19 ? Trois questions se posent.
•   De qui veut-il parler ?
•   Le pouvoir politique est-il en mesure de dire ce qu’est la vérité, que celle-ci soit politique ou scientifique ?
•   Qui peuvent bien être, à l’inverse des « demi-experts » et des « faux-sachants » qu’il dénonce, les
experts-entiers et les vrais-sachants ?

Emmanuel MACRON lors de son « Adresse aux Français  » 16 mars 2020. https://www.elysee.fr/emmanuel-macron/2020/03/16/adresse-aux-francais-covid19

DEMI-EXPERTS, FAUX-SACHANTS,
DEMI-SACHANTS, FAUX-EXPERTS

Le choix des deux formules de « demi-expert » et de « faux sachant » et l’effet de style produit par leur proximité immédiate ne relèvent ni de l’improvisation, ni du hasard.

  • Si Emmanuel MACRON peut parler de « demi-expert »,  cela veut dire que l’expertise peut être évaluée. Ou pourrait presque parler de quart d’expert, de tiers d’expert, de trois-quart d’expert, pour atteindre, dans l’absolu, le 100 % expert. Ce serait comme un réservoir de carburant sur un véhicule automobile. Mais qui évalue l’expertise ?
  • S’il peut parler de « faux-sachants », c’est que le savoir est trompeur. Il comporte deux régimes : le vrai savoir et le faux savoir, que ce soit pour ceux qui pensent savoir, ou qui prétendent savoir, ou bien ceux qui leur accordent du crédit. Mais qui fait la part entre le vrai savoir, et le faux savoir ?

Ce qui est embarrassant, c’est qu’en désignant des corrupteurs de l’opinion publique, c’est-à-dire des personnes physiques qui seraient incompétentes et ignorantes (des noms, des noms !), Emmanuel MACRON s’inscrit dans la suite de l’antique accusation faite à SOCRATE de « corrompre la jeunesse » par son enseignement. Mais, en démocratie, est-ce au pouvoir politique majoritaire seul qu’il revient de définir la vérité scientifique ?

DEMI-SAVANTS ET DEMI-HABILES

On pense aux « demi-habiles » que Blaise PASCAL, orthographié « demy habiles » dans le manuscrit de ses Pensées. Le mot, formé à partir de demi (au sens d’incomplétude) et de habile (au sens de savant, intelligent), désigne une personne capable de débuter un raisonnement et qui s’arrête en cours de route, à la moitié, ne poussant pas la réflexion à son terme, et débouchant sur des conclusions imprécises ou erronées.

 « Le peuple a les opinions très saines. Par exemple (…) d’avoir choisi le divertissement, et la chasse plutôt que la prise. Les demi‑savants s’en moquent et triomphent à montrer là‑dessus la folie du monde ». (2)

Les demi-savants sont sans doute les demi-habiles. Mais l’expression demi-savant n’est pas originale, alors que demi-habile proposée par PASCAL appartient à une catégorie déjà évoquée par MONTAIGNE qui parle à ce propos de « mestis ». (3)

Il y a une différence entre les deux : le demi-savant sait peu, ou pas assez ; le demi-habile est quelqu’un qui comprend peu, ou pas assez, moins que ce qu’il faut pour être habile. Il ne s’agit ni de science, ni d’instruction, mais d’intelligence au sens ancien de compréhension.

« Le peuple honore les personnes de grande naissance. Les demi-habiles les méprisent, disant que la naissance n’est pas un avantage de la personne, mais du hasard. Les habiles les honorent, non par la pensée du peuple, mais par la pensée de derrière ». (4)

QUEL CRITÈRE PEUT DÉPARTAGER LE VRAI DU FAUX ?

L’ethnologue français Arnold VAN GENNEP (1873-1957) a publié en 1911 une théorie de ce qu’il a appelé les demi-savants. C’est pour lui un phénomène généralisé. Il écrit que les demi-savants « ont chacun pris possession d’un certain groupe de faits et possèdent la théorie et le maniement d’une ou de plusieurs méthodes scientifiques, mais ils les appliquent par-delà les limites normales ». (5)

Le demi-savant n’est pas ici quelqu’un qui ne va pas assez loin, mais, au contraire, quelqu’un qui va trop loin. Il fait dépasser les limites à son expérience, à ses concepts, à sa théorie. Il ne s’en rend pas compte – ou alors la chose lui est indifférente – il est « hors sol».

« Un demi-savant ne fait de mal qu’aux imbéciles, ce qu’aucune législation ne saurait admettre comme un crime, puisque la limite toucherait le Fait du Prince. Il nous faut la liberté de penser complète (…).(p. 11)

Les Demi-savants (1911)
d’Arnold VAN GENNEP.

Les Demi-savants sont un livre étonnant, que l’on serait tenté de classer un peu vite dans la rubrique « humour », alors qu’il s’agit d’un livre très élaboré et étonnement codé. Il porte comme sous-titre l’énumération suivante : « Esthétique comparée, Linguistique, Pathologie végétale, Biologie, Ethnographie, Folklore, Épigraphie, Anthropométrie, Critique littéraire, La Synthèse ». Pas de chapitre consacré à proprement parler à la politique, encore que… Nous retiendrons que Arnold VAN GENNEP a consacré un chapitre à l’épigraphie intégrale, ce qui ouvre des perspectives intéressantes (p. 113). Ce qui n’a pas échappé  à Nicole BELMONT. (Voir note  5)

LES PRATIQUES PATHOLOGIQUES DE LA VÉRITÉ

Jean-François BERT note que si Arnold VAN GENNEP se penche bel et bien sur des pratiques et des méthodes « pathologiques » des savants, « il dessine en creux, ce à quoi doit ressembler une « bonne » science. Alors que le savant ne voit dans une méthode qu’un outil imparfait, mais perfectible le demi-savant lui attribue une valeur absolue et définitive de clef magique » (p. 15). (6)

Pour le « 50%-savant », une partie de son savoir et de sa méthode incomplète lui suffit pour généraliser et conclure à une totalité : il est dans l’absolu. Tandis que pour « 100%-savant », son savoir et sa méthode l’incitent à la prudence critique : il est dans le relatif. Mais alors, que contient cette part manquante qui produit ces effets singuliers ? Ce serait l’incomplétude qui ferait le lit de l’imprudence.

A l’évidence Emmanuel MACRON fait un usage polémique, c’est-à-dire politique, des deux concepts de demi-savant et de faux-sachant. A qui pense-t-il ? A des opposants politiques ? A des scientifiques ? A qui s’adresse son irritation du moment ? A des invités de plateaux de télévision ? A des articles de médias ? Aux  réseaux sociaux ? Peut-il oublier qu’il est président de la République, ancien ministre des Finances, ancien fondé de pouvoir d’une grande banque privée, et que c’est l’ultralibéralisme mondialisé qui produit les conditions de diffusion médiatique de masse, fondées sur l’audience et le profit, et non sur le savoir, la  compétence et la vérité. Le pouvoir politique est-il fondé à s’étonner d’une situation dans laquelle la téléréalité est devenue un modèle éducatif et culturel ? Est-ce à lui, issu d’une majorité politique, de laisser entendre que des personnes – qu’il ne nomme pas – propagent le virus du mensonge scientifique ?

LE CONTEXTE DE L’INTERVENTION
D’EMMANUEL MACRON

Le contexte est particulier puisque c’est celui de l’annonce, le lundi 16 mars 2020 à 20 heures,  de la mise en confinement le lendemain mardi 17 mars 2020 à 12 heures, sur la totalité du territoire, des Français et des Françaises, pour une durée indéterminée, afin d’arrêter la propagation de l’épidémie de coronavirus Covid-19.

« Je sais que je vous demande de rester chez vous. Je vous demande aussi de garder le calme dans ce contexte. J’ai vu, ces dernières heures, des phénomènes de panique en tous sens. Nous devons tous avoir l’esprit de responsabilité. Il ne faut pas que les fausses informations circulent à tout va.
En restant chez vous, occupez-vous des proches qui sont dans votre appartement, dans votre maison. Donnez des nouvelles, prenez des nouvelles. Lisez, retrouvez aussi ce sens de l’essentiel. Je pense que c’est important dans les moments que nous vivons.
La culture, l’éducation, le sens des choses est important. Et évitez l’esprit de panique, de croire dans toutes les fausses rumeurs, les demi-experts ou les faux-sachants. La parole est claire, l’information est transparente et nous continuerons de la donner. »
(Voir note 1)

On relèvera que les « fausses rumeurs, demi-experts et faux-sachants » font partie du même dispositif de dénonciation de l’ignorance et du mensonge auquel Emmanuel MACRON oppose « la parole claire et l’information transparente ».

Extrait de Les Demi-savants (1911) d’Arnold VAN GENNEP (Mercure de France, 1911).
Page 4 de l’exemplaire numérisé par l’Université d’Ottawa. (Cote PQ 2613 E64D4).
http://archive.org/details/lesdemisavants00genn

Commentaire de l’illustration :  « J’en mors mon bouclier »

LA « FAUSSE RUMEUR » EST-IL UN OXYMORE ?

Lorsque Emmanuel MACRON demande aux Français d’ « éviter l’esprit de panique » et de ne pas « croire dans toutes les fausses rumeurs », il nous oblige à nous interroger. Existe-il de vraies rumeurs ? La question n’est pas simple. Le mot rumeur vient du latin rumor. C’est un « bruit vague », un « bruit qui court », une « nouvelle sans garantie ». On baigne là dans l’incertitude. C’est aussi un « bruit sans consistance », donc un mensonge. Un « bruit colporté », donc relevant de la malveillance, de la médisance, marqué par la volonté de dire du mal, de nuire, et d’atteindre à la réputation. On le voit, la rumor porte atteinte à la notion si importante pour les romains, la réputation, la fama.

Dès lors, il ne peut pas y avoir de « vraie » rumeur. Toute rumeur est un mensonge, soit en germe, soit abouti. La considérer comme pouvant contenir une part de vérité revient à accréditer la validité d’un mensonge. A ce sujet, rappelons que le fameux « il n’y a pas de fumée sans feu » est la plus perverse des rumeurs.

C’est pourquoi la « fausse rumeur », s’apparente à la figure de rhétorique de l’oxymore, qui consiste à associer deux mots de sens contradictoires. Autant la figure est admissible en poésie, autant elle contamine la pensée, quelle soit philosophique ou scientifique.

Au lieu de « fausse rumeur » il convient de parler tout simplement de « rumeur ». La fausse rumeur ne peut jamais détenir une vérité, puisqu’elle est porteuse par essence du mensonge. Telle est la remarque que pourrait faire par exemple, un membre de jury du grand oral de École nationale d’administration à un candidat qui emploierait cet oxymore.

CONCLUSION

La parole présidentielle n’est pas n’importe quelle parole. Elle est extraordinaire et son contenu est exorbitant.

Michel WIEVIORKA écrit que les « individus et les groupes se construisent comme acteurs, qu’ils puissent ou non faire des choix, s’inscrire dans des logiques d’action collective, inventer des mouvements sociaux ou culturels, contribuer à la mise en place, la transformation ou la destruction d’institutions, passer à la violence… » (7)

Ceux qui entendent cette parole, qui la répètent, qui la commentent… peuvent-ils tenir compte des multiples sur-investissements qui lui sont associés ? Elle est indissociable d’un double processus de subjectivation et de dé-subjectivation qui construit et qui transforme la conscience des acteurs.

  • La subjectivisation, qui conduit le sujet capable d’agir, car capable de penser comme acteur passant à l’acte.
  • La désubjectivisation, qui conduit, à l’inverse, vers des formes décomposées du sujet, vers l’anti-sujet et le non-sujet, vers des conduites de destruction et d’autodestruction.

C’est à-partir de ce processus que se prennent de façon implicite les décisions – c’est-à-dire en se fondant sur un enthymème (un syllogisme à deux termes, le troisième étant éludé) : décisions du pouvoir et décisions du peuple, décisions d’adhérer, décisions de s’opposer, décisions de voter.

Bernard MÉRIGOT

RÉFÉRENCES

1. MACRON Emmanuel,« Adresse aux Français du Président de la République Emmanuel Macron », 16 mars 2020. https://www.elysee.fr/emmanuel-macron/2020/03/16/adresse-aux-francais-covid19
2. PASCAL Blaise, Fragment « Raisons des effets », n° 19 / 21.  Éditions de Port-Royal : Chap. XXIX – Pensées Morales : 1669 et janv. 1670 p. 277-278 / 1678 n° 11 p. 272. Éditions savantes : Faugère I, 179, VII / Havet V.14 et XXIV.37 / Michaut 465 et 466 / Brunschvicg 324 et 759 / Tourneur p. 192-1 / Le Guern 93 / Lafuma 101 et 102 / Sellier 134.
3. THIROUIN Laurent,
« Montaigne demi-habile ? Fonction du recours à Montaigne dans les Pensées », in MEURILLON Christian (dir.), Pascal. L’exercice de l’esprit, Revue des sciences humaines, 244, octobre-décembre 1996, p. 81-102.
4. PASCAL Blaise, Pensées et opuscules présentés par Léon Brunschwicg, Hachette, 1909, p. 485.
5. VAN GENNEP Arnold, Les Demi-savants,  Mercure de France, 1911, p. 7-8.
Sur Arnold VAN GENNEP (1873-1957), voir :
BELMONT Nicole,
Arnold Van Gennep, Le créateur de l’ethnographie française, Payot, 1974, 192 p.
6. BERT Jean-François,
« Contribution de Arnold Van Gennep à une histoire des pratiques savantes : Les Demi-savants », Archives et pratiques savantes, 31 mars 2015. https://aprasa.hypotheses.org/247
7. WIEVIORKA Michel, « Du concept de sujet à celui de subjectivation »,  Working Papers Series, Fondation Maison Sciences de l’Homme / Collège d’Études mondiales, n°16, juillet 2012. p. 6.

ARTICLES EN LIGNE sur http://savigny-avenir.info

LÉGENDES DES ILLUSTRATIONS

  • Emmanuel MACRON lors de son « Adresse aux Français » du Président de la République Emmanuel Macron », 16 mars 2020. https://www.elysee.fr/emmanuel-macron/2020/03/16/adresse-aux-francais-covid19
  • Les Demi-savants (1911) d’Arnold VAN GENNEP.
  • Extrait de Les Demi-savants (1911) d’Arnold VAN GENNEP (Mercure de France, 1911).  Page 4 de l’exemplaire numérisé par l’Université d’Ottawa. (Cote PQ 2613 E64D4). http://archive.org/details/lesdemisavants00genn

DOCUMENT

GUERRE OU CONFINEMENT ?
UNE ANALYSE TEXTUELLE
par Romain AUBÉ

« Dans l’allocution du 16 mars 2020 du président de la République, un signifiant a manqué : le « confinement ». La plupart des médias l’ont souligné, Emmanuel Macron n’a pas prononcé le mot. Ne nous attardons pas sur les hypothèses quant aux raisons de cette absence, prêtons plutôt attention à ce que cela implique au niveau logique, sémantique mais surtout syntaxique, pour une analyse textuelle.
Qu’une allocution ait vivoté autour d’un signifiant sans le nommer, ça a un poids. Du fait du refus de nomination, la valeur du Verbe – au sens religieux – n’a brillé que de son absence. Une autre nomination s’y est substituée : « guerre ». Si les deux termes peuvent être noués, l’un pouvant impliquer l’autre, et inversement, en revanche ici, l’un est tandis que l’autre n’est pas – s’entend, au niveau de la phrase.
Cette substitution d’un signifiant par un autre rappelle l’idée de métaphore introduite par Lacan en psychanalyse (1) à partir de l’enseignement de Roman Jakobson. Derrière le signifiant « guerre » se cacherait cet autre signifiant, « confinement ».
Seulement voilà, la phrase présidentielle exacte est : « Nous sommes en guerre », avec un nous auquel l’énonciateur se joint ; il en fait partie. Le confinement, en revanche, aurait pu désigner le peuple français par exclusion du chef de l’État, non qu’il le veuille, mais en tant qu’il l’impose à un autre par ordre et, ce faisant, s’en exclut – le maitre s’exclut de son ordre en tant qu’il l’énonce tout en s’y ignorant comme sujet. Cependant, en disant « nous sommes en guerre », il indique ne pas être à l’origine de la situation ; ça vient d’ailleurs. Cela fait du coronavirus un ennemi extime (2) – à la fois intime au peuple français et, en même temps, qui lui est complètement étranger du fait de son statut de virus.
Ici deux types de relation à la logique des ensembles pourraient se dessiner.
•    d’un côté, l’exclusion : vous êtes…, je vous l’impose, qui laisse sous-entendre que le je s’en excepte,
•    de l’autre, l’inclusion : nous sommes (comprenant le je suis et le vous êtes) dans l’ensemble et on exclut l’ennemi intime ; pour faire tenir l’ensemble, on fait de cet ennemi un au-moins-un qui en est exclu.
L’idée de guerre, au-delà du champ lexical de ce terme, implique ainsi une autre dynamique que celle de confinement, puisqu’elle invite les citoyens (devenus téléspectateurs ou auditeurs) à se mobiliser, ensemble, à l’endroit d’un ennemi commun et intime pour l’exclure de l’ensemble. Si la question de l’énonciation retenue peut se discuter, on remarque ce qu’elle implique : se faire force contre. »
NOTES DU DOCUMENT
1. Macron E., « Allocution aux Français », 16 mars 2020, disponible sur internet.
2. Cf. sur ce point : Demagny X., « “Décret de confinement”, “couvre-feu”, “armée” : ces messages WhatsApp reposent sur de fausses infos », France Inter, 16 mars 2020, disponible sur internet.
3.
Cf. entre autres disponibles sur internet :
Beaumont O. & Shuck N., « Coronavirus : pourquoi Macron n’a pas parlé de ‘‘confinement’’ lundi soir », Le Parisien, 17 mars 2020 ;
Le Vern R., « ‘‘Confinement’’ : pourquoi Emmanuel Macron n’a pas prononcé ce mot pendant son allocution », LCI, 17 mars 2020 ;
Duguet M., « ‘‘Une erreur stratégique de ne pas dire ‘‘confinement’’ pour combattre le coronavirus : pourquoi le discours d’Emmanuel Macron est critiqué », France info, 17 mars 2020.
4.
Cf. Lacan J., « L’instance de la lettre dans l’inconscient ou la raison depuis Freud », Écrits, Paris, Seuil, 1966, p. 493-528 & Le Séminaire, livre III, Les Psychoses, texte établi par J.-A. Miller, Paris, Seuil, 1981, p. 243-262.
RÉFÉRENCES DU DOCUMENT
AUBÉ Romain,
« Guerre ou confinement. Une anayse textuelle, Lacan Quotidien, n°875, 22 mars 2020. https://www.lacanquotidien.fr/blog/wp-content/uploads/2020/03/LQ-875.pdf

Commentaire du 9 mai 2020

Experts, Grands experts, Petits experts, Soi-disant experts, Faux experts
par Claude MALHURET, sénateur de l’Allier

Déconfiner ou ne pas déconfiner, telle est la question !
Je suis fasciné de découvrir que nous avons autant d’experts pour y répondre sur toutes nos chaînes de télévision : les grands experts, très assurés ; les petits experts, qui manquent d’expérience sur Zoom et dont on ne voit que le nez, le menton et les lunettes en gros plan ; les soi-disant experts, qui répètent ce qu’ils ont entendu une heure avant sur une autre chaîne ou à la radio ; et, enfin, les faux experts qui lancent des craques en espérant faire le buzz.
À force de tous les regarder, j’ai découvert un théorème, que je vous propose : plus il y a d’experts, moins on comprend.
Heureusement, il reste les politiques ! J’ai suivi le débat à l’Assemblée nationale, mercredi dernier, monsieur le Premier ministre. Il y a là-bas des virtuoses du coronavirus. Ils vous ont expliqué ce qu’il fallait faire hier et ce qu’il n’aurait pas fallu faire, ce qu’il faut faire aujourd’hui et ce qu’il faudra faire demain.
Je revois encore le professeur Mélenchon, de la faculté de médecine de La Havane, pointer sur vous un doigt vengeur et vous lancer d’une voix de stentor : « Il y aura un deuxième pic de l’épidémie, et vous le savez ! » Impressionnant ! J’étais au bord du retweet !
Devant tant de recommandations de spécialistes, je n’ose pas vous proposer les miennes, moi qui ne suis qu’un simple médecin épidémiologiste.
RÉFÉRENCES DE L’EXTRAIT
MALHURET Claude, Intervention, Stratégie nationale du plan de déconfinement dans le cadre de la lutte contre l’épidémie de Covid-19. – Débat et vote sur une déclaration du Gouvernement, Séance publique du Sénat du 4 mai 2020, Compte rendu intégral des débats. http://www.senat.fr/seances/s202005/s20200504/s20200504002.html – orat5
Territoires et Démocratie numérique locale (TDNL) est un media numérique mis en ligne sur le site http://savigny-avenir.info.
ISSN 2261-1819 BNF. Dépôt légal du numérique

Le site est supporté par une structure associative et collaborative, indépendante, sans publicités et sans but lucratif, le Groupe Mieux Aborder L’Avenir (MALA).
Vous pouvez nous aider par vos dons.
Tous les articles en ligne sont consultables gratuitement dans leur totalité. Un article peut être reproduit à la condition de citer sa provenance et en faisant figurer son lien http://.
Référence du présent article : http://www.savigny-avenir.fr/2020/03/23/anthropologie-des-fausses-rumeurs-que-faut-il-penser-de-la-denonciation-des-demi-experts-et-des-faux-sachants-par-emmanuel-macron-blaise-pascal-et-arnold-v/

 

Posted in Anthropologie de l'argumentation, Anthropologie politique, Coronavirus COVID-19, Demi-experts, Demi-savants, Faux-experts, Faux-sachants, MACRON Emmanuel, Rumeur politique, VAN GENNEP Arnold | Commentaires fermés sur Anthropologie des « fausses rumeurs ». Que faut-il penser de la dénonciation des « demi-experts » et des « faux-sachants » par Emmanuel Macron. (Blaise Pascal et Arnold Van Gennep)

L’anthropologie et les sciences sociales convoquées pour la recherche sur la crise du Coronavirus Covid-19 (Agence nationale pour la Recherche, ANR)

LA LETTRE DU LUNDI DE MIEUX ABORDER L’AVENIR, n°397, lundi 23 mars 2020

Le pouvoir politique fait un usage politique permanent de la science et des scientifiques selon trois modes :  1. il fonde ses décisions sur l’avis de scientifiques, 2. il ignore leurs avis, 3. il dénigre les avis des scientifiques ( de très nombreux exemples existent).
La crise du Coronavirus Covid-19 (2020) nous fait assister à un duel paradoxal entre les politiques et les scientifiques. C’est de stade n°1 qui est pratiqué à ce jour : le président de la République, le Premier ministre, les ministres, et l’administration… justifient leurs décisions politiques par leur conformité avec des avis scientifiques. Il s’agit d’une pratique d’instrumentalisation.
Dans cette perspective, il est intéressant de se pencher sur
les priorités que les scientifiques de l’Agence nationale de la Recherche (ANR) ont fixées dans l’appel à projet qu’ils ont lancé sur le COVID-19
(coronavirus disease 2019) le 3 mars 2020.

« Dans le cadre de la pandémie Covid-19 ». Affiche de la SNCF, ligne RER C, 17 mars 2020.
© Photographie Bernard Mérigot / CAD

CHRONOLOGIES SCIENTIFIQUES ET
CHRONOLOGIES POLITIQUES

Nous sommes en présence de plusieurs chronologies qui se mêlent, celle des évènements, celle des expertises, celle des décisions politiques, celle des recherches. Elles se croisent sans communiquer pas pour plusieurs raisons.

  • La première, du fait évident qu’aucune connaissance politique, prise au sens de « Que faut-il faire au cas où ? », ne préexiste à des évènements qui ne se sont pas encore produits.
    On a toujours des difficultés à se replacer, lorsque des évènements sont passés, dans le contexte d’ignorance politique du moment. On a souvent l’habitude de projeter les connaissances du moment sur une période où elles étaient ignorées.
  • La seconde, du fait de ce qui préexiste, c’est-à-dire à la fois l’expérience acquise, la recherche qui est faite sur sa pratique, et les conclusions qui en sont tirées, servent rarement à la prise par anticipation de décisions.
    Comme s’il fallait attendre que ce qui arrive soit là pour être capable se mettre à penser à ce qu’il faut faire.

Le 31 décembre 2019, les premiers cas suspects de patients atteints d’une pneumonie d’étiologie inconnue sont signalés dans la ville de Wuhan, en Chine (qui compte environ 11 millions d’habitants). Le foyer initial est lié au marché de Huanan Seafood, qui vend du poisson et des fruits de mer ainsi que d’autres animaux, vivants et morts. Ainsi, l’hypothèse d’une zoonose (maladie et infection dont les agents se transmettent naturellement des animaux vertébrés à l’être humain, et vice-versa), avec un réservoir d’origine animale, est émise dès le début de l’épidémie qui amène à créer un cluster (regroupement) initial à Wuhan qui compte 41 patients, confirmés par un test PCR spécifique.

  • L’agent pathogène est un nouveau coronavirus, appelé SARS-CoV-2. Sa découverte est annoncée officiellement le 7 janvier 2020 par les autorités sanitaires chinoises et l’Organisation Mondiale de la Santé (OMS).
  • Deux jours plus tard, le 9 janvier 2020, un premier décès est signalé par les autorités chinoises. La transmission interhumaine du virus est officiellement confirmée par l’OMS le 23 janvier 2020.

Pour la France, la situation épidémiologique peut être suivie en permanence (pour sa part publique) sur le site de Santé Publique France : https://www.santepubliquefrance.fr

MONDIALISATION DU VIRUS
ET MONDIALISATION DE LA RECHERCHE

Le 30 janvier 2020, le Comité d’urgence du Règlement Sanitaire International (RSI), convoqué à la demande du Directeur Général de l’Organisation Mondiale de la Santé (OMS), déclare que cette épidémie constitue une urgence de santé publique de portée internationale.

Les 12 et 13 février 2020, des experts internationaux dans le domaine de la santé se réunissent au siège de l’OMS à Genève pour évaluer le niveau actuel des connaissances sur la nouvelle maladie à coronavirus 2019 (COVID-2019), repérer les lacunes et définir des priorités de recherche immédiates. Ce forum, d’une durée de deux jours, organisé en collaboration avec le GLOPID-R (Global Research Collaboration for Infectious Disease Preparedness), aborde tous les aspects de l’épidémie et les moyens de la maîtriser :

  • l’histoire naturelle et le mode de transmission du virus, ainsi que le diagnostic de l’infection,
  • les travaux de recherche sur l’animal et l’environnement portant sur l’origine du virus, y compris les mesures de prise en charge à l’interface homme-animal,
  • les études épidémiologiques,
  • la caractérisation clinique et la prise en charge de la maladie causée par le virus,
  • la lutte contre l’infection, y compris les moyens les meilleurs de protéger les agents de santé,
  • la recherche-développement de traitements et vaccins candidats,
  • les considérations d’éthique relatives à la recherche,
  • la prise en compte des sciences sociales dans la riposte.

LE VIRUS EN FRANCE

Pour sa part, la recherche française a lancé plusieurs programmes de recherche. Autant on pense aux disciplines relevant des sciences dures (virologie, médecine…), autant les sciences humaines et sociales sont souvent oubliées, alors que les travaux d’anthropologie (comme par exemple, sur l’épidémie Ebola 2015 ont montré leur pertinence et leur utilité).
Ici, les sciences sociales sont « associées à la réponse » pour ce qui concerne les enjeux politiques, l’éthique de la recherche et des droits humains, les représentations, les perceptions, les attitudes et les comportements relatifs à l’épidémie.

L’appel à projet de l’Agence nationale de la Recherche, comprend trois domaines de priorité.

APPEL À PROJETS FLASH COVID-19
6 mars 2020.

  • 1. Études épidémiologiques et translationnelles. Histoire naturelle de la maladie (y compris les facteurs anthropiques) et le mode de transmission du virus
    •   Diagnostic de l’infection, du portage asymptomatique, de l’évolution de la réponse immune
    •   Caractérisation clinique et prise en charge
    •   Modèles numériques prédictifs et rétrospectifs
  • 2. Physiopathogénie de la maladie (interactions virus-hôte et réponse immune)

•   Développement de modèles animaux et cellulaires
•  
Cibles thérapeutiques et modèles d’évaluation de candidats médicaments (n’incluant pas les vaccins)

  • 3. Mesures de prévention et de contrôle de l’infection en milieu de soins (y compris les meilleurs moyens de protéger les agents de santé) et en milieux communautaires

 •   Vulnérabilité et résilience des personnes, des collectifs et des organisations
• Conditions d’efficience et conditions réelles de mise en oeuvre des actions d’information, de prévention, de soin et de lutte
•  
Évaluation et modélisation de l’impact épidémiologique, économique et financier de l’épidémie et des mesures de prévention et de contrôle

  • 4. Éthique – Sciences humaines et sociales sont associées à la réponse

•   Enjeux géopolitiques
•   Éthique de la recherche et du soin et droits humains
•   Représentations, perceptions, attitudes, comportements relatifs à l’épidémie
•   Organisation des soins, politique de santé et acceptabilité des décisions

RÉFÉRENCES
1. AGENCE NATIONALE DE LA RECHERCHE (ANR),
« Appel à projets Flash COVID-19 », 6 mars 2020. https://anr.fr/fr/detail/call/appel-a-projets-flash-covid-19/

LÉGENDES DES ILLUSTRATIONS

  • « Dans le cadre de la pandémie Covid-19 ». Affiche de la SNCF, ligne RER C, 17 mars 2020. © Photographie Bernard Mérigot / CAD

La Lettre du lundi de Mieux Aborder l’Avenir
n°397, lundi 23 mars 2020

Territoires et Démocratie numérique locale (TDNL) est un media numérique mis en ligne sur le site http://savigny-avenir.info.
ISSN 2261-1819 BNF. Dépôt légal du numérique

Le site est supporté par une structure associative et collaborative, indépendante, sans publicités et sans but lucratif, le Groupe Mieux Aborder L’Avenir (MALA).
Vous pouvez nous aider par vos dons.
Tous les articles en ligne sont consultables gratuitement dans leur totalité. Un article peut être reproduit à la condition de citer sa provenance et en faisant figurer son lien http://.
Référence du présent article : http://www.savigny-avenir.fr/2020/03/23/lanthropologie-et-les-sciences-sociales-convoquees-pour-la-recherche-sur-la-crise-du-coronavirus-covid-19-agence-nationale-pour-la-recherche-anr/
Posted in Anthropologie globale du présent, Coronavirus COVID-19, Politiques de Santé publique, Sciences humaines et sociales | Commentaires fermés sur L’anthropologie et les sciences sociales convoquées pour la recherche sur la crise du Coronavirus Covid-19 (Agence nationale pour la Recherche, ANR)

ENEDIS annule les rendez-vous… avec ceux qui refusent l’installation d’un compteur Linky

Peut-on reporter un rendez-vous qui n’existe pas ?  La réponse est non. Et bien c’est ce que fait ENEDIS, par l’intermédiaire de Ok Service, un prestataire de services chargé d’imposer coûte que coûte l’installation de compteurs électriques Linky au domicile à ceux qui le refusent. 

ENEDIS / Ok Service reporte les rendez-vous pour installer de force des compteurs Linky à ceux qui les refusent, sous le faux prétexte de « situation sanitaire » liée au confinement Coronavirus Covid-19.

ENEDIS / Ok Service reporte les rendez-vous fixés abusivement pour installer de force des compteurs Linky à ceux qui les refusent. Il se sert pour cela du prétexte de la « situation sanitaire » liée au confinement Coronavirus Covid-19 décidé depuis le mardi 17 mars 2020. Il n’annule pas, il reporte – nuance – des rendez-vous qui n’ont jamais eu l’accord des  abonnés.

Rappelons que le remplacement du compteur électrique actuel par un compteur Linky n’est absolument pas obligatoire. Cela a encore été confirmé, une nouvelle foi, par le jugement de la Cour d’Appel de Grenoble le 10 mars 2020.

Ok Service, est un des prestataires d’ENEDIS qui harcèle les abonnés pour installer les compteurs électriques Linky, y compris ceux qui en refuse la pose. Un remplacement qui rappelons-le n’est pas obligatoire.

LÉGENDES DES ILLUSTRATIONS

  • ENEDIS / Ok Service reporte les rendez-vous pour installer de force des compteurs Linky à ceux qui les refusent, sous le faux prétexte de « situation sanitaire » liée au confinement Coronavirus Covid-19.
  • Ok Service, est un des prestataires d’ENEDIS qui harcèle les abonnés pour installer les compteurs électriques Linky, y compris ceux qui en refuse la pose. Un remplacement qui rappelons-le n’est pas obligatoire.

ARTICLES EN LIGNE SUR LE MÊME SUJET sur http://savigny-avenir.info

Territoires et Démocratie numérique locale (TDNL) est un media numérique mis en ligne sur le site http://savigny-avenir.info.
ISSN 2261-1819 BNF. Dépôt légal du numérique

Le site est supporté par une structure associative et collaborative, indépendante, sans publicités et sans but lucratif, le Groupe Mieux Aborder L’Avenir (MALA).
Vous pouvez nous aider par vos dons.
Tous les articles en ligne sont consultables gratuitement dans leur totalité. Un article peut être reproduit à la condition de citer sa provenance et en faisant figurer son lien http://.
Référence du présent article :

 

 

Posted in ENEDIS, Linky, Ok Service, Refus d'installation forcée | Commentaires fermés sur ENEDIS annule les rendez-vous… avec ceux qui refusent l’installation d’un compteur Linky

Élections municipales 2020 sous Coronavirus COVID-19. Voter peut-elle être une activité à risque ?

« Les élections municipales constituent un moment de respiration démocratique essentiel. Il n’est donc aucunement question de les reporter », ainsi s’exprime le premier ministre Édouard PHILIPPE dans la lettre qu’il adresse en date du 7 mars 2020 à « Mesdames et Messieurs les Maires de France » à la veille des deux dimanches de scrutin des 15 et 22 mars 2020. (1) Qu’entend-il par « moment de respiration démocratique essentiel » ?

Élections municipales 2020 sans électeurs.
Dessin de Willem, extrait de Libération, 11 mars 2019, p. 21.

LE SÉRIEUX N’EMPÊCHE PAS LA CRITIQUE

Le sujet du Coronavirus COVID-19 impose le sérieux. En ce mois de mars 2020, dans tous les pays du monde, des hommes et des femmes en sont atteints, sont malades et en meurent. Le sérieux qui s’impose à l’égard de cette situation ne saurait impliquer que l’on se fasse compulsionnellement les échos des informations et des commentaires faits par les autorités, manifestant ainsi une adhésion de fait à leur égard.
La contrainte de la gravité de la situation ne saurait ni nous obliger à admettre comme légitimes, sans examen critique, ni à prendre pour vrai, tout ce qui est dit par les élus, les administrations, les médias, les réseaux sociaux. Dans cette circonstance, répéter automatiquement ce l’on entend, ce qu’on voit à la télévision et ce qu’on lit sur les réseaux sociaux, sans porter aucune attention critique aux sources, et à leur contexte, revient à reproduire d’une façon insidieuse, le processus pernicieux de la propagation des rumeurs.

MOURIR « RASSURÉ »

A ce propos, il serait intéressant de retrouver les journalistes – et ils sont plusieurs – qui ont tranquillement propagé à la fin du mois de janvier 2020, au sortir de plusieurs conférences de presse où l’autorité médicale était utilisée comme moyen de propagande, les propos selon lesquels le virus de la grippe apparu en janvier 2020 en Chine, dans la région de Wuhan, présentait trois caractéristiques :

  • 1. La contagiosité (la transmissibilité) du coronavirus COVID-19 (2020) est plus grande que celle de la précédente pandémie de grippe A H1N1 (2009-2010).
  • 2. Mais sa létalité (la dangerosité) est moindre.
  • 3. Donc, on peut être rassuré : c’est moins grave en 2020 qu’en 2009.

Ce merveilleux syllogisme répondait d’une façon servile à l’impératif autoritaire selon lequel il faut à tout prix « rassurer l’opinion ». De telles spéculations admirables aboutissent à des prévisions fausses, contredites par les faits. S’agit-il de tristes mensonges politiques amplifiés par les médias ? Ou de tristes mensonges médiatiques amplifiés par les politiques ? Une certitude : ceux qui ont attrapés le coronavirus COVID-19 et qui en sont morts, ont donc quitté notre monde en étant rassurés.

LES ÉLECTIONS :
UN MOMENT DE RESPIRATION DÉMOCRATIQUE ESSENTIEL

Le premier ministre Édouard PHILIPPE, dans la lettre adressée aux maires, évoque les élections municipales des 15 et 22 mars 2020 comme un moment de respiration démocratique essentiel (MRDE). Curieuse justification. Curieux concept qui, en d’autres circonstances, permettrait d’ironiser (mais l’heure est-elle à l’ironie ?) : il vaut mieux respirer la démocratie que respirer un virus. A moins que les deux fonctions se trouvent associées à l’occasion des élections municipales ? Le Premier ministre, candidat tête de liste pour la mairie de Rouen, dit que la démocratie a besoin d’élections, et qu’il est normal de prendre des risques pour voter. Soit. Mais jusqu’où ? Au péril de sa santé ou de sa vie ? Ou de celle des autres ?

Lettre du premier ministre Édouard PHILIPPE à «Mesdames et messieurs les maires de France»
en date du 7 mars 2020 sur les élections municipales du 15 mars et du 22 mars 2020.

LA RESPIRATION DE LA DÉMOCRATIE
RELÈVE DE LA SPIRITUALITÉ

La lettre du Premier ministre contient d’étonnantes notions relevant de prescriptions matérielles de la médecine et de l’hygiène. Chacune possède une dimension spirituelle : les « mesures barrières », le fait de porter un masque « avec discernement », la nécessaire discipline pour se plier à la « gestion des files d’attente », l’attention portée aux « surfaces de contact ». Comme le relève Bruno-Marie DUFFÉ, secrétaire du dicastère pour le Développement humain au Vatican, « le mot spiritualité vient du latin spiro, « respirer ». Pour lui « Il n’y a pas de lien social sans souffle et sans inspiration. Ils sont indispensables à la dimension communautaire de la vie. C’est un besoin quasi-vital. » (2)

 LE BUREAU DE VOTE CORONAVIRUS COVID-19

Le ministre de l’Intérieur Christophe CASTANER prend le relais deux jours plus tard. Nous sommes alors à J- 5 du jour du vote. Dans une lettre en date du 9 mars adressée aux maires, il détaille l’ « organisation des élections municipales des 15 et 22 mars 2020 en situation d’épidémie de coronavirus COVID-19 ». On découvre en page 8 de cette lettre un curieux dessin représentant le bureau de vote type.

« Exemple d’organisation d’un bureau de vote Covid-19. Limite de zone de confidentialité. Marquage au sol de la file d’attente ». Extrait de la lettre du ministre de l’Intérieur Christophe CASTANER en date du 9 mars 2020 adressée à Mesdames et Messieurs les maires portant « Organisation des élections municipales des 15 et 22 mars 2020 en situation d’épidémie de coronavarius COVID-19».

D’abord la salle est immense. Beaucoup de communes ne disposent pas de tels locaux pour installer tous leurs bureaux de vote. Elle est organisée à la façon d’une chaîne de fabrication standardisée, comme dans une usine, sur le mode « division internationale du travail » (DIT) et « décomposition internationale du processus productif » (DIPP). On entre à gauche, et ont ressort à droite. Est-ce que tous les bureaux de vote disposent d’une entrée et d’une sortie distincte ?
Les marques au sol transforment le bureau de vote en parking, ou en piste d’atterrissage d’aéroport. Les électeurs sont comme des automobiles ou des avions : passer à tel endroit, s’arrêter, attendre, avancer, tourner à droite… On imagine qu’une tour de contrôle invisible régule ce trafic. De nouvelles caméras à installer, peut-être…

  • Entrée. Il faut monter trois marches. Le ministère de l’Intérieur représente un bureau de vote qui ne respecte pas la réglementation en faveur de l’accès dans les locaux publics des personnes à mobilité réduite.
  • Une fois à l’intérieur, un flacon de solution hydro-alcoolique pour se désinfecter les mains.
  • Premier arrêt sur la bande noire et jaune. Présentation de la carte d’électeur et de la pièce d’identité.
  • Second arrêt sur la bande  noire et jaune. Choix des bulletins de vote et d’une enveloppe. Les deux tables de décharge comportent, pour la première 5 x 3 = 15 tas, et pour la seconde, 5 x 6 = 18 tas, soit au total 33 tas. Ils sont bleus et doivent représenter soit des bulletins de vote, soit des enveloppes.
  • Troisième arrêt sur la bande noire et jaune. Passage par l’isoloir, sans rideau, tourné vers le mur.
  • Quatrième arrêt sur la bande noire et jaune. Présentation de la carte d’électeur et de la pièce d’identité. Dépôt de l’enveloppe dans l’urne. Deuxième présentation de la carte d’électeur et de la pièce d’identité. Tiens, ils ont oublié la signature du registre avec un stylo noir ou bleu appartenant à l’électeur ou prêté par la commune le temps de signer puis déposé dans un bac afin qu’il soit désinfecté par les agents territoriaux à l’issue du scrutin.
  • Sortie. C’est fini.

Les fenêtres sont grandes ouvertes. Inciter à l’aération du bureau de vote qui est ouvert au scrutin du public durant 12 heures (de 8 heures à 20 heures dans les grandes villes, plus le dépouillement jusqu’aux environs de 22 heures…), et dans lequel des centaines de personnes se succèderont, est une bonne idée. Les élections municipales ont lieu les 15 et 22 mars (le 15, on est encore en hiver, et le 22 on est au printemps qui débute le 20 mars). Du fait de la température, il est peu probable que ces fenêtres restent ouvertes toute la journée. L’aération, le renouvellement d’air et la ventilation (VMC), donc ce sujet de chauffage/climatisation (récupération de chaleur) des locaux publics recevant du public est une question d’hygiène qui n’a pas encore été prise en compte comme elle le devrait. Nombre d’assemblées se tiennent durant de longues heures dans des locaux dont l’atmosphère est confinée et où l’oxygène manque. L’air humide est propice à la prolifération de tous les germes.

Le style du dessin nous plonge dans un univers de jeu vidéo ou de dessin animé. On attend que les petits personnages se mettent en mouvement comme dans le fameux spot de publicité d’AREVA qui présentait la construction d’un chantier de construction d’usine nucléaire sur la célèbre musique Funkytown (1980) du groupe de musique disco américain Lipps Inc. Parvenu en tête des hits parades, il reçut un disque de platine. On entend le son syncopé, avec une mélodie qui prend le relais, créant une continuité saccadée. C’est comme une usine, une chaîne de fabrication. Les actions humaines sont prises dans un automatisme de production. https://www.youtube.com/watch?v=E3B__ovj2jU (3)

Extrait du spot de publicité d’AREVA sur la musique Funkytown (1980) de Lipps Inc.
https://www.youtube.com/watch?v=E3B__ovj2jU

UN SUFFRAGE N’EST PAS UN ACTE DE FOI

Selon le philosophe Gaultier BÈS, lorsqu’on écoute les candidats aux élections et leurs partisans, on a l’impression, qu’il s’agisse d’un pays, d’une région, d’un département, d’une commune…, que le sort du monde est en jeu. Ce dernier « dépend d’un bulletin de vote » , « chaque programme est l’unique chemin de la vérité ». L’enjeu, ce n’est pas le destin du monde, c’est le destin de ma candidature, le destin de ma liste, mon destin personnel. La prétention est formidable : le « bon vote » n’est rien de moins qu’une façon de dire : « Votez pour moi, pour ma liste, pour mon ami du moment, pour mon parti… ». Comment admettre que de ce choix – qui n’en est pas un – pourrait « jaillir la lumière» ? (4)

Pour lui, la rhétorique électorale possède une dimension messianique, voire eschatologique. Il pense que les chrétiens ont un rôle particulier à jouer l’égard de la démocratie dont Henri BERGSON, dans la suite de Jacques MARITAIN, disait qu’elle était d’ « essence évangélique », ayant pour mission d’être la garante de la laïcité, plus précisément, de « rendre à Dieu ce qui est à Dieu et à César ce qui est à César ». Il appartient alors à chacun de voter ou de ne pas voter, « mais sans confondre la politique et la providence : un suffrage n’est pas un acte de foi, la politique ne se réduit pas à des promesses et à des programmes ».

LA DÉMOCRATIE  LOCALE
EST-ELLE UN MYTHE ?

Il faut faire une analyse critique de l’idée émise par le Premier ministre selon laquelle les élections municipales « constituent dans la vie des territoires un moment de respiration démocratique essentiel ».

Le concept de moment de respiration démocratique essentiel (MRDE) s’inscrit dans un courant de pensée majoritaire chez les élus locaux et dans l’appareil d’État, selon lequel il existe une osmose entre  la politique locale et la la pratique de la démocratie. Elle en constitue le terreau, le domaine d’excellence. Et si c’était un mythe ?
Rémi LEFEVRE, professeur de Sciences politiques, rappelle qu’il existe une « idéologie de la proximité » associée à l’idée que les Français demeurent attachés à leur commune, alors que « le lien au local tend à s’affaiblir sous le double effet de la métropolisation et de la périurbanisation : les individus se définissent de moins en moins par rapport à leur lieu d’habitation ». (5) Il cite plusieurs exemples :

  • 50 % des Français ne connaissent pas le nom de leur maire,
  • l’abstention grandissante lors des différents scrutins est une conséquence du désaveu des Français et des Françaises pour la politique,
  • l’élection de certains maires dans des villes populaires repose sur des segments de plus en plus faibles de la population (souvent, moins de 10 % de l’électorat, comme à Roubaix , ville de 100 000 habitants, où la liste du maire a été élue en 2014 par 17 000 votants).

CONCLUSION

Les crises, aussi tragiques et pénibles soient-elles, ont deux avantages : 1. celui de révéler les situations antérieures, latentes, admises par tous, et que personne n’avait diagnostiqué avant, et 2. celui de produire des moyens pour leur résister, et lorsque c’est possible, les surmonter. Le rôle des sciences humaines et sociales est de faire l’analyse des discours, des actions et des stratégies individuelles et collectives mises en œuvre.

Le début de l’année 2020 confronte le monde entier à deux ordres de réalité :

  • la réalité de l’actualité de l’épidémie du coronavirus Covid-19,
  • la réalité des décisions politiques qui lui sont apportées.

Ces deux ordres se télescopent et se mêlent, touchant tous les aspects de la vie sociale, au sein de laquelle se trouve le fonctionnement de la démocratie politique.

Le traitement par le pouvoir politique de l’évènement que constituent les élections municipales des dimanches 15 et 22 mars 2020 confronte les citoyens-électeurs (c’est-à-dire ceux qui sont inscrits sur les listes électorales) à un dilemme :

  • Voter, est-ce prendre un risque pour sa santé et pour celle des autres ?
  • Ne pas voter, est-ce faire prendre un risque à la démocratie locale ?

Répondre oui aux deux questions, est le cas d’insolubilité maximale, parce qu’il faut tenir compte du fait qu’un virus peut toujours en cacher d’autres, comme les réalités matérielles cachent les réalités symboliques. La démocratie, elle aussi, est atteinte par des virus : les virus institutionnels.

  • Le gouvernement, atteint par le virus de l’ omni-compétence absolue, qui croit qu’il sait tout sur tout, que les autres ont tort, et qu’il peut trouver tout seul les solutions pour l’ensemble du corps social. L’exercice du pouvoir n’a jamais consisté pas à remporter les jours le grand oral de l’ENA. La gouvernance démocratique doit apprendre la modestie dans  les analyses et les décisions.
  • L’état et l’administration, atteints par le virus « des messages à faire passer », au cours d’innombrables conférences de presse, matinales des chaines de radios et plateaux télévisés, qui consistent essentiellement à annoncer des mesures, à faire faire croire qu’il fait, davantage que faire réellement,
  • La santé publique atteinte par divers virus : service des urgences des hôpitaux, nombre de lits, le système de soins, nombre et la répartition des médecins, rémunération des infirmières, pénurie (en France) de médicaments et de matériels médicaux fabriqués (en Chine),
  • Les communes atteintes par divers virus : finances, compétences retirées au profit des intercommunalités, désengagements constants de l’État, privatisation des services publics…

Les communes seraient « porteuses saines » de plusieurs virus. Elles sont atteintes, transmettent des maladies, mais sont encore vivantes. On peut citer au moins deux de ces virus : l’intercommunalovirus et le métropolavirus. On élit des conseillers municipaux qui élisent les maires.
Le problème, c’est que les communes ont de moins en moins de pouvoirs et décident de moins en moins de choses, au profit des intercommunalités, des établissements publics de coopération intercommunale (EPT) et des métropoles.

Alors, voter peut-elle être une activité à risque ?

Ce que nous voyons aujourd’hui, très matériellement, c’est qu’un bureau de vote est le lieu concret d’une pratique sociale : celle d’une fonction démocratique fondée sur le principe du « tout le monde ». Il se trouve pris par un récit, une fiction, une mise en scène. Il est l’objet d’une construction imaginaire, scénarisée. Ce que l’on en montre n’est pas ce qu’il s’y passe. Il se transforme en un lieu de tournage d’une nouvelle téléréalité.

Téléréalité : virus majeur apparu à la fin du XXe siècle sur les écrans, et désormais présent sur les réseaux sociaux.

Bernard MÉRIGOT

RÉFÉRENCES

1. PHILIPPE Édouard, « Lettre du Premier ministre à Mesdames et Messieurs les maires de France (sur les élections municipales du 15 mars et du 22 mars 2020) », 7 mars 2020.
2. DUFFÉ Bruno-Marie, « Message pour la Journée mondiale de la Paix 2020. L’éclairage de Mgr. Bruno-Marie DUFFÉ », Vatican News, 12 décembre 2019. https://www.youtube.com/watch?v=bLsXHsAArjo
HERRMANN Mahaut, « Bruno-Marie Duffé, un théologien social et éthique au Vatican », La Vie, 27 juin 2017,
http://www.lavie.fr/actualite/portraits/bruno-marie-duffe-un-theologien-social-et-ethique-au-vatican-27-06-2017-83174_63.php
3.
Comment traduire « Funkytown » ? Le mot est formé à partir de funk, genre musical qui a émergé aux États-Unis vers le milieu des années 1960 pour se développer jusqu’aux années 1970. Issu de soul et du jazz, le funk se caractérise par une prédominance de la section rythmique (guitare, basse, batterie) qui joue des motifs syncopés, la présence de cuivres et de saxophones sur des ponctuations de riffs.
Funky
, en argot anglo-américain, signifie littéralement « puant », « qui sent la sueur ». C’est une insulte qui était traditionnellement adressée aux noirs par les blancs. Funkytown, ce serait la « ville puante ». Ce détour pour arriver à cette question : la génération des années 1980 qui a dansé dans les boîtes de nuit au rythme de ce morceau connaissait-elle le sens de son titre ?
4. CASTANER Christophe, « Lettre du ministre de l’Intérieur à Mesdames et Messieurs les maires sur l’organisation des élections municipales des 15 et 22 mars 2020 en situation d’épidémie de Coronavirus COVID-19 », 9 mars 2020.
5. BÈS Gaultier, « Voter, acte de foi ? »,
http://revuelimite.fr/lce24-lentre-deux-sour
6. LEFEBVRE Rémi, « La politique locale n’est pas un eldorado démocratique », Libération, 11 mars 2020, p. 20.
LEFEBVRE Rémi, Municipales. Quels enjeux démocratiques ?, La Documentation française, 2020, 167 p.

LÉGENDE DES ILLUSTRATIONS

  • Élections municipales 2020 sans électeurs. Dessin de Willem, extrait de Libération, 11 mars 2019, p. 21.
  • Lettre du Premier ministre Édouard PHILIPPE à «Mesdames et messieurs les maires de France» en date du 7 mars 2020 sur les élections municipales du 15 mars et du 22 mars 2020.
  • « Exemple d’organisation d’un bureau de vote Covid-19. Limite de zone de confidentialité. Marquage au sol de la file d’attente ». Extrait de la lettre du ministre de l’Intérieur Christophe CASTANER en date du 9 mars 2020 adressée à Mesdames et Messieurs les maires portant « Organisation des élections municipales des 15 et 22 mars 2020 en situation d’épidémie de coronovarius COVID-19».

COMMENTAIRE du 13 mars 2020

Les limites du non-contradictoire sont sans cesse repoussées. Passionnant article sur l’imaginaire citoyen imposé aux citoyens par l’État et qui se dévoile dans ce moment de crise. Seule la science fiction est en mesure de penser l’enchaînement des causes et des effets, du certain et de l’incertain, du prévisible et de l’imprévisible. Reste à déterminer la frontière du non-contradictoire qui, sans cesse, réduit le territoire du contradictoire.

A propos de la même catégorie des « personnes âgées de plus de 70 ans, à celles et ceux qui souffrent de maladies chroniques ou de troubles respiratoires, aux personnes en situation de handicap»

  • Injonction n°1.
  • « Rester autant que possible à son domicile ».
  • Injonction n°2.
  • « Rien ne s’oppose à ce que les Français, même les plus vulnérables, se rendent aux urnes. »


Doit-on suivre l’injonction n° 1 ou l’injonction n° 2 ? Moi, c’est ce que j’appelle de la dissonance cognitive.

AINSI PARLAIT EMMANUEL MACRON

Nous ne sommes qu’au début de cette épidémie
« Cependant, mes chers compatriotes, je veux vous le dire ce soir avec beaucoup de gravité, de lucidité mais aussi la volonté collective que nous adoptions la bonne organisation, nous ne sommes qu’au début de cette épidémie. Partout en Europe, elle s’accélère, elle s’intensifie. »

Rester à son domicile
« Je demande ce soir à toutes les personnes âgées de plus de 70 ans, à celles et ceux qui souffrent de maladies chroniques ou de troubles respiratoires, aux personnes en situation de handicap, de rester autant que possible à leur domicile. »

Vulnérables et néanmoins électeurs
« J’ai interrogé les scientifiques sur nos élections municipales, dont le premier tour se tiendra dans quelques jours. Ils considèrent que rien ne s’oppose à ce que les Français, même les plus vulnérables, se rendent aux urnes. »

« Schools are closed »
« Dès lundi (16 mars 2020) et jusqu’à nouvel ordre, les crèches, les écoles, les collèges, les lycées et les universités seront fermés.»

  Le virus est une personne ?
« Ce virus n’a pas de passeport.»

RÉFÉRENCES
MACRON Emmanuel, « Adresse aux Français » (Coronavirus COVID-19), 12 mars 2020.
https://www.elysee.fr/emmanuel-macron/2020/03/12/adresse-aux-francais

COMMENTAIRE du 25 mars 2020

CORONAVIRUS.
DES ASSESSEURS ET DES MILITANTS PAIENT LE PRIX
DU PREMIER TOUR DES ÉLECTIONS MUNICIPALES
DU 15 MARS 2020

Malgré les précautions prises, bénévoles et élus qui ont participé à la campagne électorale et au premier tour des municipales ont été sérieusement touchés par la propagation du coronavirus.
Des assesseurs et présidents de bureau de vote testés positifs, des militants et candidats contaminés : les bénévoles et les élus qui ont participé à la campagne électorale et au premier tour des municipales ont été sérieusement touchés par la propagation du coronavirus.Des mesures de protection ont été prises – du gel hydroalcoolique, des gants, pas de file d’attente -, mais ça n’a pas suffi. Dix jours après le premier tour, des volontaires sont positifs au virus et leur colère ne faiblit pas contre la décision de maintenir le scrutin
Un des assesseurs est à l’hôpital dans un état inquiétant
À Billom dans le Puy-de-Dôme, une femme de 62 ans qui tenait un bureau de vote a été hospitalisée et testée positive, selon le maire réélu, Jean-Michel Charlat. L’élu est passé ce jour-là dans tous les bureaux de vote et a lui-même de la fièvre. Le CHU de Clermont-Ferrand, où l’assesseure a été admise, lui a toutefois dit qu’elle avait pu être contaminée bien avant, précise-t-il.À Mitry-Mory (Seine-et-Marne), l’un des assesseurs est à l’hôpital dans un état inquiétant, atteint par le Covid-19, explique un candidat dans cette commune de Seine-et-Marne.Des suspicions de contamination le jour du scrutin ont également été signalées par les élus et candidats en Seine-Saint-Denis, à Versailles, dans le Val d’Oise (Franconville) ou le XVIIe arrondissement de Paris.Dans le bureau, il n’y avait pas un mètre entre chaque assesseur, on était les uns contre les autres, confie Ronan Arveuf, candidat et assesseur du bureau N° 7 à Saint-Ouen (Seine-Saint-Denis) où une quinzaine de personnes se sont relayées toute la journée, et la ville comptait une trentaine de bureaux de vote. 
« Une hécatombe parmi les militants »
Le premier tour a mobilisé plusieurs centaines de milliers de personnes dans le pays pour organiser le scrutin. Si le lien n’est pas clairement établi entre ces contaminations et les opérations de vote, la pandémie a également fait des dégâts parmi ceux qui ont fait campagne pendant parfois plusieurs mois.En Seine-Saint-Denis, c’est une hécatombe parmi les militants qui ont fait campagne et il n’y a pas de raison que ce ne soit pas le cas ailleurs, résume le député LFI Éric Coquerel. Comme il n’y a pas de tests, c’est compliqué de recenser précisément les cas, mais beaucoup de gens sont testés positifs et certains ont des symptômes, assure-t-il. Sur la liste qu’il soutenait, une dizaine de personnes sont, selon lui, concernées.Selon Ronan Arveuf, au moins une quinzaine de personnes qui ont fait campagne à Saint-Ouen ont eu des symptômes ou sont tombées malades.La plupart des candidats n’ont suspendu leur campagne que quelques jours avant le premier tour pour respecter les mesures de précaution.À Marseille, plusieurs membres de l’équipe de Martine Vassal, dont la candidate LR elle-même, mais aussi le candidat LREM Yvon Berland ont été testés positifs, comme le maire sortant de Nice, Christian Estrosi. 
« Ça a vraiment été une folie »Les critiques flambent contre la décision de l’exécutif de maintenir le premier tour le 15 mars. Ça a vraiment été une folie, dit Éric Coquerel qui a eu lui-même des symptômes.Même réaction du maire de Billom : L’idéal aurait été d’annuler ce premier tour. Mais nous étions en fin de campagne et nous avions hâte que cela se termine, y compris moi.Sur les réseaux sociaux, les réactions alternent entre colère et inquiétude.Moi aussi j’ai été secrétaire d’un bureau de vote… et je compte les jours pour être sûre de ne pas avoir été contaminée. Je ne comprends pas pourquoi les élections ont été maintenues… Ils nous ont mis en danger, s’inquiète la Niçoise Anne-Christel Cook sur Twitter.Une autre personne s’insurge : « Et si on parlait des employés de mairie qui ont bossé avant, pendant et après ces élections. Et qui ont halluciné de constater que les Présidents et assesseurs ne prenaient aucune précaution ! ».
RÉFÉRENCES DU DOCUMENTLE GRAND Béatrice, « Coronavirus. Des assesseurs et des militants paient le prix des élections municipales du 15 mars 2020 », Ouest-France, 25 mars 2020
Territoires et Démocratie numérique locale (TDNL) est un media numérique mis en ligne sur le site http://savigny-avenir.info.
ISSN 2261-1819 BNF. Dépôt légal du numérique

Le site est supporté par une structure associative et collaborative, indépendante, sans publicités et sans but lucratif, le Groupe Mieux Aborder L’Avenir (MALA).
Vous pouvez nous aider par vos dons.
Tous les articles en ligne sont consultables gratuitement dans leur totalité. Un article peut être reproduit à la condition de citer sa provenance et en faisant figurer son lien http://.
Référence du présent article : http://www.savigny-avenir.fr/2020/03/12/elections-municipales-2020-sous-coronavirus-covid-19-voter-peut-elle-etre-une-activite-a-risque/

 

Posted in Coronavirus COVID-19, Élections municipales, Moment de Respiration Démocratique Essentielle (MRDE), Organisation des bureaux de vote, Rhétorique électorale | Commentaires fermés sur Élections municipales 2020 sous Coronavirus COVID-19. Voter peut-elle être une activité à risque ?

Linky. La Cour d’appel de Grenoble confirme la condamnation d’Enedis (Manquement au principe de précaution)

ENEDIS vient d’être condamnée au sujet des compteurs électriques « Linky ». La Cour d’appel de Grenoble reconnaît dans son arrêt du 10 mars 2020 qu’en imposant l’installation d’un compteur Linky chez un abonné qui le refuse, la société « viole le principe de précaution » qui protège les usagers des conséquences d’éventuels effets néfastes sur leur santé causés par les ondes électromagnétiques produites à son domicile.

Linky, le compteur posé par ENEDIS pose davantage de problèmes qu’il n’en résout.
© Photographie Bernard Mérigot/CAD. Savigny-sur-Orge, 12 janvier 2020.

LA JUSTICE IMPOSE LE PRINCIPE DE PRÉCAUTION A ENEDIS

La société ENEDIS est condamnée :

  • à n’installer aucun compteur « Linky » chez sa cliente,
  • à dépolluer « l’électricité sale » (parasitée par des « courants porteurs en ligne », les CPL) générés par les « Linky » du voisinage,
  • à renoncer à sa menace de facturer les relèves du compteur actuel,
  • à indemniser la cliente à près de 3 000,00 € (trois mille euros),
  • à rembourser les dépens de la procédure.

DÉNONCER LES PRATIQUES AGRESSIVES D’ENEDIS ET DE SES PRESTATAIRES

On observera qu’ENEDIS est une entreprise privée chargée d’un service public. Il est anormal qu’elle use de pratiques agressives : relances insistantes, prétendue obligation d’installation chez tous les abonnés (alors que celle-ci n’existe dans aucun texte obligeant les abonner à accepter un compteur Linky chez eux), intimidations… Il est vrai que les prestataires travaillant pour ENEDIS sont rémunérés au rendement. Plus ils remplacent de compteurs, plus ils touchent les primes sont importantes.

Une action collective (action de groupe, recours collectif, ou « class action ») est une action en justice qui permet à un grand nombre de personnes (des consommateurs, par exemple) de poursuivre une entreprise ou une institution publique. Une de ces actions collectives est actuellement introduite par l’association « My Smart Cab ». Elle vise à :

  • interdire la pose de « Linky » aux usagers qui le refusent,
  • garantir la dépollution de l’électricité sale (contenant des courants porteurs en ligne, CPL) causée par les « Linky » installés dans leur voisinage,
  • obtenir une indemnisation du préjudice moral des usagers victimes de la part d’ENEDIS ou de ses prestataires, de harcèlement téléphonique, visites à répétition, pressions…

RÉFÉRENCES

1. Jugement de la Cour d’appel de Grenoble, 10 mars 2020, confirmant la condamnation d’Enedis. Voir : DURAND Arnaud, « La condamnation de Linky confirmée en appel », https://linky.mysmartcab.fr/ Me Arnaud DURAND est avocat au Barreau de Paris.

LÉGENDES DES ILLUSTRATIONS

  • Linky, le compteur posé par ENEDIS pose davantage de problèmes qu’il n’en résout. © Photographie Bernard Mérigot/CAD. Savigny-sur-Orge, 12 janvier 2020.

ARTICLES EN LIGNE sur http://savigny-avenir.info concernant Linky / ENEDIS

DOCUMENT

COMPTEUR LINKY.
PLUS DES DEUX TIERS DES FRANÇAIS
VEULENT POUVOIR LE REFUSER

Un sondage exclusif YouGov pour Capital révèle qu’une très large majorité de Français s’opposent au caractère obligatoire de l’installation des compteurs Linky.
La généralisation du compteur Linky suscite des résistances. Selon les résultats exclusifs d’un sondage Yougov pour Capital,
  • 71% des Français interrogés estiment que les usagers du réseau électrique doivent avoir la possibilité de refuser l’installation du compteur Linky à leur domicile.
  • Un peu plus d’un Français sur dix (13%) juge en revanche que la généralisation du Linky sur l’ensemble du territoire français ne nécessite pas l’accord des usagers.
  •  Enfin, 16 % des Français ayant participé à l’enquête Yougov pour Capital “ne savent pas” si l’installation du petit boîtier vert doit faire l’objet du consentement des personnes concernées.
Dans le détail, plus de la moitié (51%) des sondés ont répondu « Oui, certainement » à la question de savoir si les Français doivent avoir le droit de refuser la pose du Linky, alors que 21% personnes interrogées répondent « Oui, probablement ». Chaque abonné a le droit d’empêcher la pose de Linky, d’autant plus facilement si le compteur est à l’intérieur de son domicile qui est une propriété privée.
Si l’opposition à l’installation obligatoire du Linky trouve un écho majoritaire dans l’ensemble des groupes sociaux, elle est particulièrement forte chez les 35-44 ans (77%) ou encore chez les retraités (71%). Elle est un peu moins marquée en région parisienne (67%) par rapport au reste de la France.
La défiance clairement exprimée dans ce sondage trouve son origine dans les polémiques qui ont émaillé le déploiement du compteur intelligent, entamé en 2015. Linky est un objet d’inquiétudes massivement partagées sur internet –
  • il accumule les données personnelles des usagers pour les revendre,
  • les courants porteurs en ligne (CPL) qu’il produit, incompatibles avec certaines installations, seraient responsables de départs d’incendie de logements,
  • il promet des économies sur les factures qui s’avèrent hypothétiques à ce jour. D’autant plus que son coût d’acquisition et de maintenance seront intégrées de façon continue sur les factures des usagers.
Ce qui est sûr, c’est que si le boîtier jaune d’Enedis semble inoffensif, des doutes n’ont pas encore été levés sur son impact sur la santé, surtout à l’égard des personnes qui sont électro-sensibles. Tel est le sens d’un jugement du Tribunal de Grande instance de Toulouse qui a donné raison à treize plaignants qui refusaient la pose du boîtier.
Sondage YouGov en ligne réalisé les 26 et 27 mars 2019 sur 1000 personnes représentatives de la population nationale âgées de 18 ans et plus dans le panel propriétaire de Yougov. La question posée était exactement la suivante : « Selon vous, faut-il donner le droit aux Français de refuser la pose du compteur Linky ?
RÉFÉRENCES DU DOCUMENT
PHILIPPE Barthélémy,
« Compteur Linky : plus des deux tiers des Français veulent pouvoir le refuser », Capital, 28 mars 2019, https://www.capital.fr/economie-politique/compteur-linky-plus-des-deux-tiers-des-francais-veulent-pouvoir-le-refuser-1333314
Territoires et Démocratie numérique locale (TDNL) est un media numérique mis en ligne sur le site http://savigny-avenir.info.
ISSN 2261-1819 BNF. Dépôt légal du numérique

Le site est supporté par une structure associative et collaborative, indépendante, sans publicités et sans but lucratif, le Groupe Mieux Aborder L’Avenir (MALA).
Vous pouvez nous aider par vos dons.
Tous les articles en ligne sont consultables gratuitement dans leur totalité. Un article peut être reproduit à la condition de citer sa provenance et en faisant figurer son lien http://.
Référence du présent article :
Posted in Électricité polluée par les CPL, ENEDIS, Linky, Principe de précaution | Commentaires fermés sur Linky. La Cour d’appel de Grenoble confirme la condamnation d’Enedis (Manquement au principe de précaution)

L’association Mieux Aborder L’Avenir (MALA), victime d’une escroquerie au profit de Ek Wateur et de Ohm Energie

Le site http://savigny-avenir.info est supporté par une association loi de 1901 Mieux Aborder L’Avenir (MALA). Celle-ci vient d’être victime d’une escroquerie de deux fournisseurs d’électricité verte : ekWateur et Ohm Energie qui ont effectués deux prélèvements sur son compte courant de La Banque Postale.

DEUX PRÉLÈVEMENTS BANCAIRES
EFFECTUÉS A L’INSU DE NOTRE ASSOCIATION

Notre association Mieux Aborder L’Avenir (MALA) est une association Loi de 1901 sans but lucratif. Elle subsiste grâce au soutient de ses membres. Elle possède un compte courant CCP à La Banque Postale. Sur le Relevé mensuel des opérations en date du 3 mars 2020, qu’elle a reçu le 9 mars, elle a découvert deux opérations de débit par prélèvement direct, effectués à son insu par deux sociétés :

Mieux Aborder L’Avenir (MALA),  association Loi de 1901 sans but lucratif, victime d’une escroquerie de la part de deux sociétés EkWateur et Ohm Energie.
Extrait du relevé du CCP de l’association à La Banque Postale en date du 2 mars 2020.

Il s’agit de deux sociétés :

  • ekWateur,
  • Ohm Energie.

Il doit être précisé que l’association ignore tout de ces deux sociétés (qui fournissent de l’électricité dite « verte ») jusqu’à ce jour. Elle ne possède aucun abonnement et n’a jamais été en relation avec elles, pour quoi que soit.

Il ne s’agit pas de chèques, mais de prélèvements automatiques sur son compte de La Banque Postale. Par quels moyens ces sociétés ont-elles réussi à émettre des titres de paiement sur le compte de l’association et à lui soutirer de l’argent ? Nous l’ignorons à ce jour.

1. CONTESTATION DES DEUX PRÉLÈVEMENTS. Dès que l’association a eu connaissance de ces deux prélèvements, le 9 mars 2020, elle a immédiatement contesté ces deux opérations auprès de La Banque Postale (Centre Financier de Paris, Service Gestion Entreprises de Paris). Elle a demandé la restitution immédiate de ces sommes.

2. DÉPÔT DE PLAINTE. Son président a porté plainte auprès du Commissariat de Police de Savigny-sur-Orge (Essonne). La qualification qui a été retenue par la Police est celle d’ « escroquerie » et d’ « usage frauduleux d’un numéro de compte bancaire ».

Compte rendu d’infraction. Procès verbal. Infraction : escroquerie

CHRONOLOGIE
(Depuis la découverte des prélèvements abusifs jusqu’à la restitution des sommes indument prélevées)

  • Lundi 9 mars 2020. Réception par courrier du Relevé d’opération sur le compte bancaire de La Banque Postale.
  • Lundi 9 mars 2020. Information par téléphone du Centre financier de La Banque Postale des deux débits frauduleux.
  • Lundi 9 mars 2020. Dépôt de plainte au Commissariat de Police de Savigny-sur-Orge.
  • Mardi 10 mars 2020. Envoi  (1. par mail et 2. par LRAR) du courrier de contestation des deux opérations et de la demande de restitution des sommes indûment prélevées (avec copie de la plainte).
  • Samedi 14 mars 2020. Réception du courrier de La Banque Postale en date du 12 mars annonçant le remboursement de 103,00 + 14,11 + 0,71 = 117,82 €.

Merci au Service Client du Centre financier de La Poste pour sa rapidité. Entre la réception par eux de notre mail (mardi 10 mars) et la réception de leur réponse par nous (samedi 14 mars), il s’est écoulé quatre jours, ce qui est très rapide.

Il reste à savoir comment des personnes peuvent usurper un Relevé d’identité bancaire (RIB) et en faire usage pour effectuer des prélèvements automatique à l’insu du titulaire du compte.

Cette aventure pouvant arriver demain à des comptes personnels ou à des comptes individuels, nous tenions mettre en ligne ces informations.

COMMENTAIRE du 10 mars 2020

  • L’envoi de nombreux documents sont demandés à des personnes physiques ou à des personnes morales par des administrations ou des acteurs économiques (cartes d’identité, Relevés d’identité bancaire RIB, attestations diverses…).
  • Ces documents confidentiels sont scannés, et envoyés.
  • Ils circulent. Ils deviennent accessibles, par divers moyens, sur Internet.
  • Cette généralisation de documents numériques accessibles multiplie les possibilités d’usages frauduleux et d’escroqueries.

COMMENTAIRE du 15 mars 2020

QUEL EST LE SCÉNARIO DE L’ESCROQUERIE ? Ce qu’il faut reconstituer, c’est par quel mécanisme cette escroquerie a été réalisée. N’importe qui peut en être victime sur son compte bancaire. C’est en l’analysant que l’on peut empêcher qu’elle se reproduise.
En l’état présent des informations disponibles, il est possible d’imaginer le scénario suivant :

1. Capture du n° de Relevé d’Identité Bancaire MALA, trouvé quelque part sur Internet, par un individu qui le détourne.
2.
Cet individu commande un abonnement de fourniture d’électricité à ekWateur et Ohm Energie.
3
. Il produit le RIB de MALA comme référence bancaire.
4.
ekWateur et Ohm Energie ne vérifient pas l’accord de MALA pour ces prélèvements mensuels. Ils émettent les ordres de prélèvement qui arrivent à La Banque Postale.
5.
La banque Postale ne vérifie pas l’accord de MALA, titulaire du compte bancaire.
6.
Les sommes sont prélevées.

Où bien s’agit-il d’un autre scénario ?

COMMENTAIRE du 23 mars 2020

L’association Mieux Aborder L’Avenir (MALA) vient de recevoir de la société ekWateur en date du 23 mars 2020 un mail que vous trouverez ci-joint. Nous les remercions de leur réponse.

  • Celle-ci confirme bien l’usurpation de RIB de notre association et l’escroquerie à son détriment.
  • La société ekWateur elle-même a été victime d’escroqueries

En revanche le mécanisme de l’escroquerie n’est pas complétement compréhensible.

Le scénario serait donc le suivant :

  • des individus souscrivent des abonnements pour bénéficier de fourniture d’électricité (à quelle adresse ?)
  • ils produisent un RIB usurpé (celui de Mieux Aborder L’Avenir, en l’occurrence)
  • ekWateur ne vérifie pas la correspondance entre le bénéficiaire de la fourniture d’électricité et le compte sur lequel les factures sont prélevées,
  • la Banque ne vérifie pas que l’ordre de prélèvement sur le compte a bien l’accord du titulaire du compte,
  • le prélèvement est effectué sur le compte usurpé.

Si des mesures ne sont pas prises, ce type d’usurpation de RIB et d’escroquerie peut être commis à l’égard e n’importe qui.

Affaire à suivre.

Le Président de Mieux Aborder L’Avenir (MALA)

DOCUMENT

Objet       Fraude de coordonnées bancaires – ekWateur
De            Marine Le Bihan <marine.le-bihan@ekwateur.fr>
À               contact@mieuxaborderlavenir.fr <contact@mieuxaborderlavenir.fr>
Date        2020-03-23 14:56

Bonjour,

Je suis Marine, je travaille chez ekWateur, je me permets de vous écrire car nous avons pris connaissance de la fraude de coordonnées bancaires dont vous avez été victime, et nous en sommes sincèrement désolés. Une entité frauduleuse a fait une souscription à nos services avec vos coordonnées bancaires, c’est pourquoi nous avons tenté de vous prélever, comme l’implique notre procédure de souscription. Votre banque a refusé ces prélèvements et nous n’allons évidemment pas les relancer, de plus nous allons effacer vos coordonnées bancaires de notre base de données.

Cette situation exceptionnelle s’inscrit dans une plus grande fraude dont nous avons été nous-même victime et nous avons porté plainte contre l’origine des souscriptions avec les mauvaises coordonnées bancaires.

Encore une fois, nous, toute l’équipe ekWateur, sommes désolée que cela vous ai impacté, et nous avons tout fait pour rectifier la situation dès que nous en avons eu connaissance. Cela n’est vraiment pas dans nos habitudes, bien au contraire !

Je vous souhaite une très belle journée, et reste à disposition si besoin.

Marine LE BIHAN de l’équipe ekWateur
Responsable Communication

ekWateur
37 rue de la Rochefoucauld
75009 Paris

Territoires et Démocratie numérique locale (TDNL) est un media numérique mis en ligne sur le site http://savigny-avenir.info.
ISSN 2261-1819 BNF. Dépôt légal du numérique

Le site est supporté par une structure associative et collaborative, indépendante, sans publicités et sans but lucratif, le Groupe Mieux Aborder L’Avenir (MALA).
Vous pouvez nous aider par vos dons.
Tous les articles en ligne sont consultables gratuitement dans leur totalité. Un article peut être reproduit à la condition de citer sa provenance et en faisant figurer son lien http://.
Référence du présent article : http://www.savigny-avenir.fr/2020/03/10/lassociation-mieux-aborder-lavenir-mala-victime-dune-escroquerie-au-profit-de-ek-wateur-et-de-ohm-energie/
Posted in Compte courant bancaire, Ek Wateur, Escroquerie, Ohm Energie, Usage frauduleux de Relevé d'identité bancaire (RIB) | Commentaires fermés sur L’association Mieux Aborder L’Avenir (MALA), victime d’une escroquerie au profit de Ek Wateur et de Ohm Energie

L’épidémie Coronavirus Covid-19. Additif à la ligne éditoriale du média numérique Territoires et démocratie numérique locale (TDNL) 2020

LA LETTRE DU LUNDI DE MIEUX ABORDER L’AVENIR, n°395, lundi 9 mars 2020

TERRITOIRE ET DÉMOCRATIE NUMÉRIQUE LOCALE

L’objet de l’année 2020 : un masque de protection sur le sol du quai de la gare d’Austerlitz RER C,
le 4 février 2020.
© Photographie de Bernard Mérigot/CAD

LE SÉRIEUX D’UNE CRISE NE SAURAIT EMPÊCHER
DE LUI PORTER UN REGARD CRITIQUE

Le sujet du Coronavirus COVID-19 impose le sérieux. En ce mois de mars 2020, dans tous les pays du monde, des hommes et des femmes en sont atteints, sont malades et en meurent.

Cette circonstance ne saurait restreindre notre liberté de penser et, de ce fait, pris par l’urgence, nous amener à admettre comme vrai, sans examen critique des sources et des contextes, les informations et les commentaires faits par les autorités (gouvernement, administrations…), les médias, les réseaux sociaux.

Nous ne saurions répéter automatiquement ce que nous lisons, ce que nous entendons, ce que nous voyons (on sait faire mentir les images), et reproduire selon un mode machinal, le processus pernicieux de la propagation des rumeurs.

Une crise, aussi tragique et pénible soit-elle pour ceux qui en subissent les conséquences, présente deux avantages :

•   elle révèle des situations antérieures, jusque-là admises par tous, et que personne n’avait diagnostiquées avant,
•  
elle révèle des ressources insoupçonnées pour lui résister,
•   elle produit chaque fois que cela est possible, les moyens pou la surmonter.

Ce premier trimestre de l’année 2020 confronte le monde entier à trois ordres de réalité :

•   la réalité de l’actualité de l’épidémie du Coronavirus Covid-19,
•   la réalité des décisions politiques qui lui sont apportées,
•   la réalité vécue par ceux qui sont confrontés à cette crise.

Ces trois ordres se télescopent et se mêlent, atteignant par contamination indirecte, tous les aspects de la vie sociale. Cela n’est pas sans conséquence parce que c’est en son sein que réside les moteurs de  la démocratie politique locale. C’est à elle, et pour ceux qui la font vivre, que nous pensons.

L’actualité nous amène à interroger sur ce que nous écrivions lors de la création de notre média numérique en 2010, il y a presque dix ans maintenant : « Le contexte de la globalisation / mondialisation impose aux territoires et à ceux qui y vivent, risques et interdépendances ». (1)

Qui peut croire aux effets locaux de la mondialisation heureuse ?

Bernard MÉRIGOT
Rédacteur en chef

RÉFÉRENCES
« Page d’accueil », Territoires et Démocratie numérique locale, http://www.savigny-avenir.fr/2012/10/13/mieux-aborder-lavenir-le-site-www-savigny-avenir-info-page-daccueil-nouvelle/

LÉGENDES DES ILLUSTRATIONS

  • L’objet de l’année 2020 : un masque de protection sur le quai de la gare du RER C à Austerlitz, le 4 février 2020. © Photographie de Bernard Mérigot/CAD

La Lettre du lundi de Mieux Aborder l’Avenir
n°395, lundi 9 mars 2020

Territoires et Démocratie numérique locale (TDNL) est un media numérique mis en ligne sur le site http://savigny-avenir.info.
ISSN 2261-1819 BNF. Dépôt légal du numérique

Le site est supporté par une structure associative et collaborative, indépendante, sans publicités et sans but lucratif, le Groupe Mieux Aborder L’Avenir (MALA).
Vous pouvez nous aider par vos dons.
Tous les articles en ligne sont consultables gratuitement dans leur totalité. Un article peut être reproduit à la condition de citer sa provenance et en faisant figurer son lien http://.
Référence du présent article :
Posted in Anthropologie globale du présent, Coronavirus COVID-19, Mondialisation heureuse, Non classé, Territoires et démocratie numérique locale (TDNL) | Commentaires fermés sur L’épidémie Coronavirus Covid-19. Additif à la ligne éditoriale du média numérique Territoires et démocratie numérique locale (TDNL) 2020

Pour quelles raisons refuser l’installation du compteur électrique Linky chez soi ?

Linky, une fois qu’il est posé, constitue un « espion dormant » installé au domicile de chaque abonné. Il peut être réveillé à tout moment pour transmettre des données à l’insu de son propriétaire. Par exemple, si celui-ci se sert de l’électricité pour recharger une batterie, notamment d’un véhicule automobile.

Un compteur Linky installé « à la va-vite » rue Faidherbe, à Savigny-sur-Orge (Essonne) par OK Service, sous-traitant d’ENEDIS. La porte du boitier est cassée et on se demande ce que sont les fils qui pendent. (La photographie a été prise depuis l’espace public, sur le trottoir, le 27 février 2020).
© Photographie de Bernard Mérigot / CAD.

ENEDIS, dans le plus grand secret, a implémenté dans l’appareil jaune Linky la possibilité de différencier les différents usages domestiques de l’électricité, et de les facturer en conséquence. Il peut ainsi facturer de nouvelles taxes à venir, comme par exemple pour l’usage de l’électricité afin de recharger la batterie d’un véhicule électrique. C’est ce que dévoile une vidéo que l’on peut consulter librement sous le lien suivant :

http://www.lapagefinanciere.fr/videos/nasse-linky.mp4

Il est à noter qu’ENEDIS est demeuré silencieux sur le sujet à la suite de cette vidéo.

  • Linky est un menteur : il n’a pas pour finalité de permettre à l’abonné de faire des économies sur ses factures, mais de le soumettre, à son insu, à un état de dépendance vis-à-vis des « régulateurs » de la production et de la distribution de l’électricité. Les fondateurs du grand service public qu’a été Électricité de France au lendemain de la Libération en 1945  doivent se retourner dans leur tombe. La nouvelle « libération » de la distribution électrique est en réalité un « asservissement ».
  • Linky est aussi un grand cachotier : il ne dit pas aux usagers ce qu’il est en train de réellement mettre en place.

Mais le plus grand reproche qu’on peut adresser à Linky est d’être un guide aveugle qui veut que tout le monde le suive sur une route dangereuse. Parce qu’il est une illustration des analyses classiques connues, celles d’Adam SMITH et de SCHUMPETER notamment, sur les gains de productivité :

  • un agent économique veut toujours maximiser ses gains,
  • tout gain en efficacité se double d’un gain économique,
  • ce gain est réinvesti, et la consommation augmente.

Le Rapport Smart (2008) annonçait que grâce au numérique, une réduction de 20% de la production de gaz à effet de serre allait se produire en 2020. Rien de tel ne s’est produit. Au contraire : plus le numérique se propage, plus les émissions ont progressé. Et cela continue.

Linky n’est pas un acteur de décroissance de la consommation énergétique, mais un facteur d’augmentation de la consommation. Il illustre le paradoxe de Jevons, énoncé en 1865 : tout progrès dans l’efficacité énergétique se traduit par une hausse des consommations.

Pour une raison simple : les économies ponctuelles et temporaires réalisées ne sont pas réinvesties dans un nouveau modèle de consommation, moins gourmand, mais tout simplement vers le même système global existant qui amène à consommer toujours plus.

DOCUMENT

Pétition contre Linky
My Smart Cab / Activateur de Justice, https://linky.mysmartcab.fr/
14 341 signataires à la date du 3 mars 2020.

PÉTITION CONTRE LINKY

NOUS, citoyens et consommateurs,
dépendants de la distribution d’électricité,
entendons rappeler quelques évidences particulièrement nécessaires à notre temps :
  • Le droit au respect de la vie privée est un principe fondamental national et européen ;
  • Le respect de la santé est un droit fondamental de valeur légale et constitutionnelle ;
ENEDIS, société commerciale, profite de son monopole sur un service public pour :
  • Nous transformer en « chair à data » afin de devenir un opérateur « Big data » ;
  • Nous exposer, en notre propre demeure, à des rayonnements objet d’ « incertitudes sanitaires » ;
AINSI, il est demandé à la SA ENEDIS de :
  • Respecter le refus individuel du « Linky » en l’absence d’obligation pour le consommateur ;
  • Délivrer une électricité dépolluée des nouveaux courants porteurs en ligne ajoutés par « Linky » ;
SAUF solution véritable :
  • 30 jours après, que nous soyons 10.000 signataires ;
  • Nous nous réservons le droit de saisir la Justice.
RÉFÉRENCES DE LA PÉTITION
My Smart Cab / Activateur de Justice, https://linky.mysmartcab.fr/
14 341 signataires à la date du 3 mars 2020.

RÉFÉRENCES DE L’ARTICLE
1. FLIPO Fabrice,
« L’inquiétante trajectoire de la consommation énergétique du numérique », The Conversation, 2 mars 2020.  https://theconversation.com/linquietante-trajectoire-de-la-consommation-energetique-du-numerique-132532?

LÉGENDES DES ILLUSTRATIONS

  • Un compteur Linky installé  « à la va-vite » rue Faidherbe, à Savigny-sur-Orge (Essonne) par OK Service, sous-traitant d’ENEDIS. La porte du boitier est cassée et on se demande ce que sont les fils qui pendent. (La photographie a été prise depuis l’espace public, sur le trottoir, le 27 février 2020). © Photographie de Bernard Mérigot / CAD.
Territoires et Démocratie numérique locale (TDNL) est un media numérique mis en ligne sur le site http://savigny-avenir.info.
ISSN 2261-1819 BNF. Dépôt légal du numérique

Le site est supporté par une structure associative et collaborative, indépendante, sans publicités et sans but lucratif, le Groupe Mieux Aborder L’Avenir (MALA).
Vous pouvez nous aider par vos dons.
Tous les articles en ligne sont consultables gratuitement dans leur totalité. Un article peut être reproduit à la condition de citer sa provenance et en faisant figurer son lien http://.
Référence du présent article : http://www.savigny-avenir.fr/2020/03/03/pour-quelles-raisons-refuser-linstallation-du-compteur-electrique-linky-chez-soi/
Posted in Consommation énergétique, ENEDIS, Espion dormant, Linky, Pétition contre Linky | Commentaires fermés sur Pour quelles raisons refuser l’installation du compteur électrique Linky chez soi ?

La violence électorale municipale à Savigny-sur-Orge est-elle une violence politique ordinaire ? (Alban Bensa)

LA LETTRE DU LUNDI DE MIEUX ABORDER L’AVENIR, n°394, lundi 2 mars 2020

Huit pneus crevés sur les deux véhicules personnels appartenant à Bernard BLANCHAUD, conseiller municipal de Savigny-sur-Orge, tête de la liste « Saviniens, demain vous appartient ! », candidat à l’élection municipale qui aura lieu le dimanche 15 mars 2020, les pare-brises, les vitres et les plaques minéralogiques tagués à la bombe de peinture noire, le mot « salope » (orthographié « salop », sic) sur une portière, un graffiti à caractère sexuel  sur le capot… Comment l’anthropologie peut-elle analyser la violence électorale ?

Élection municipale à Savigny-sur-Orge. Véhicule personnel NISSAN Juke appartenant à l’épouse de Bernard BLANCHAUD, conseiller municipal, vandalisé devant leur domicile dans la nuit du 24 au 25 février 2020.

LA VIOLENCE INTRINSÈQUE DE LA POLITIQUE

« Restituer à la politique toute sa violence intrinsèque », tel est à la fois le constat (il existe une part irréductible de violence dans toute activité politique), et la « mission » que l’ethnologue et anthropologue Alban BENSA assigne aux sciences sociales dans un texte intitulé « L’ordinaire de la politique ». Il constitue la préface au livre de Marie DESMARTIS, Une chasse au pouvoir. Chronique politique d’un village de France (2012) Celle-ci présente une ethnographie fouillée du vécu municipal quotidien d’une commune. Elle s’y livre à « une description de la politique telle qu’elle se fait dans le périmètre mouvant du possible, de l’incertain, de l’inaccompli ». Se trouvent ainsi saisies « des personnes impliquées dans la vie d’une commune, à la croisée de la répétition et de l’improvisation » en proie à « l’accomplissement de dispositifs institutionnels », « d’entrelacs de processus dont les conséquences restent toujours partiellement imprévisibles ». (1)

Dans une élection démocratique, il existe deux parts :

  • une part certaine : celui qui la remporte obtient le mandat et exerce le pouvoir,
  • une part incertaine : on n’est jamais bien sûr de celui qui remportera l’élection.

Certes, il y a des favoris, comme aux courses de chevaux. Mais tant que le décompte final des bulletins de vote n’a pas été effectué, le doute demeure. La recherche d’une majorité pour que le conseil municipal élise le maire, pour que les intercommunalités et les syndicats intercommunaux élisent leur président et leurs vice-présidents, réserve toujours des surprises. La politique, nationale ou locale, demeure marquée par une incertitude permanente concernant les votes, à l’image des engagements politiques changeants, de tel ou tel ami politique qui se révèle, souvent pour un temps variable – et de façon qui peut s’avérer réversible – un redoutable adversaire, et le redoutable adversaire, un ami soudain reconnu.
La certitude, c’est que tout peut changer à tout moment. C’est à cela que toutes sortes de microcosmes (partis, associations, groupes informels, facebooqueurs, tweeteurs, commentateurs… connus et inconnus) s’emploient, jusqu’à saturer aujourd’hui les réseaux sociaux. Si c’était un film, ce serait « Fake news, mon amour ». Le phénomène n’est pas nouveau. Ce qui est nouveau c’est la rapidité de sa diffusion et son ampleur.
De bonnes âmes qui nous entourent croient en deux choses :
1. l’une éminemment sympathique : on peut lutter contre les Fake news,
2. l’autre faussement fataliste : tout est traçable.
Mais en ce moment même, qui se préoccupe précisément de ce qui circule sur le Dark Net ?

LA POLITIQUE EST-ELLE UN MONDE DE BISOUNOURS ?

Une telle approche anthropologique, en révélant l’existence d’une dimension conflictuelle générale au sein de toutes les activités politiques, prend le contre-pied des discours qui présentent les communes, les conseils municipaux, les maires… comme des entreprises humaines où règnent la convivialité, la bienveillance, et l’amitié généralisée pour le plus grand bien public. Il faut se résoudre à reconnaître que ne sommes pas dans « le monde enchanté des Bisounours ». (2) Ou alors de façon instable et passagère. Le monde politique n’est pas plus dur ou immoral que celui de l’entreprise, de l’immobilier ou du commerce, à la recherche permanente du plus grand profit. Il est lui aussi, à la recherche de pouvoirs à exercer, et de profits sociaux, symboliques, voire financiers à obtenir, les plus grands possibles.

Lorsque Alban BENSA emploie le terme d’ « intrinsèque » pour qualifier la violence politique, il indique la présence au sein de toute activité politique, de quelque chose d’inhérent, d’interne, d’indépendant, de latent, de caché. Il y aurait deux régimes de la violence politique. La première, la macro-violence, celle de la guerre, du terrorisme… qui est brutale, intentionnelle, événementielle. Et la seconde, la micro-violence qui serait imperceptible, minuscule, diffuse, quotidienne.

Élection municipale à Savigny-sur-Orge. Véhicule personnel RENAULT Koleos noire appartenant à Bernard BLANCHAUD, conseiller municipal, vandalisé devant son domicile dans la nuit du 24 au 25 février 2020. Le deuxième véhicule NISSAN Juke blanche a également été vandalisé.

LA PETITESSE EST-ELLE L’ORDINAIRE DE LA POLITIQUE ?

Comment caractériser « l’ordinaire de la politique » ? Peut-être par une chose : sa petitesse, aussi bien à l’échelle nationale (Assemblée nationale, Sénat, Conseil des ministres…), qu’à l’échelle d’un conseil municipal, dans une commune. Alban BENSA parle de « nanisme » à ce propos. C’est-à-dire que ce qui est important, c’est ce qui est petit, ce que l’on néglige, ce à quoi on ne porte pas attention, ce à quoi on est indifférent. Petit, dans les faits constatés. Petit, dans l’analyse que l’on peut en faire. Petit, dans la qualification morale des actes. Nous retrouvons ici le « Tost ou tard, près ou loing, a le fort du faible besoing » de Christophe de SAVIGNY (1530-1587).

  • « C’est petit », déclare un habitant interrogé sur ce qu’il pense des actes de vandalisme politique subit par les véhicules de ce conseiller municipal, tête de liste pour l’élection municipale.
    Huit pneus crevés durant la même nuit témoignent de la part de son (ou de ses) auteur(s) une détermination et un sens de la continuité dans l’action. On notera une variation dans l’écriture : « salop » sur la portière droite, et « salope » sur la portière gauche. Problème d’orthographe ? La bombe de peinture était vide ? Ou bien un effet du stress du tagueur ?  Autre question sur le modus operandi : l’auteur ou les auteurs ont d’abord tagué les voitures et crevé les pneus après ? Ou bien l’inverse ? Ou encore, y en a-t-il qui s’est occupé des pneus, et un autre de la peinture ?
  • Il y a ceux qui ne disent rien pour la raison qu’il s’agit d’un acte de vandalisme qui vise un conseiller municipal, précédemment élu en 2014, sur la liste du maire actuellement en poste, et qui est aujourd’hui en 2019, candidat tête de sa propre liste. Se réjouissent-ils en pensant « C’est bien fait » ?
  • Et puis, il y a ceux qui se taisent alors qu’ils désapprouvent ce geste, afin de ne pas se voir reprocher une parole de sympathie pour un candidat dissident ? Leur silence serait alors une non-parole sous contrainte morale. On est alors dans une situation que nous connaissons. L’expérience de l’idéal démocratique et de ses moments de « malheurs » (parce les difficultés, les malheurs et les souffrances parsèment la route de la démocratie) nous l’ont enseigné : « Qui ne dit mot, consent. » Toute tolérance accordée aux Petits riens des actes de vandalisme serait alors une justification anticipée à l’égard du Grand tout des violences généralisées, notamment celles faites aux citoyens. Parce que la violence se diffuse, se transmet et contamine ceux qui sont à son contact.

Élection municipale à Savigny-sur-Orge (Essonne). Véhicule personnel NISSAN Juke appartenant à l’épouse de Bernard BLANCHAUD, conseiller municipal, vandalisé devant leur domicile dans la nuit du 24 au 25 février 2020.

LA POLITIQUE EST LA TONALITÉ D’UNE ÉPOQUE

Nous pouvons conclure sur la voie de la recherche ainsi tracée : « démontrer et démonter les ressorts anthropologiques de ce nanisme de la condition humaine ». Démontrer et démonter : deux tâches qui sont étonnamment proches, à une lettre près :

  • démonter, dépasser le stade primaire de la Redondance médiatique permanente (RMP), en faire l’analyse, accéder à un niveau de Connaissances acquises volontairement (CAV), et voir ce qu’on ne voyait pas auparavant, apprendre ce qu’on ne savait pas, autrement dit « être en quête de réel, s’attacher au minuscule, à l’anecdote »
  • démontrer, c’est-à-dire convaincre, militer pour que la politique ne devienne pas la réalité que les autres veulent lui faire paraître. C’est-à-dire, résister au fait que la République et la démocratie ne sont pas des émissions télévisées de la téléréalité.

Démonter et convaincre, ce n’est pas décrire des camps qui s’affrontent,

  • c’est saisir ce que des conflits font aux habitants,
  • c’est comprendre ce qu’une municipalité et ses mandants perçoivent et éprouvent. Une attention nouvelle est ici portée, de nouveau, aux émotions politiques.

S’interroger sur ce que la politique fait constitue un retournement. Qu’est-ce que les citoyens font aux élus ? Qu’est-ce que la politique fait au corps social, aux élus et aux citoyens.

N’oublions pas que, comme l’écrit Alban BENSA, « la politique n’est pas que décisions et controverses. Elle donne aussi la tonalité d’une époque, son climat, sa part de rumeurs, de fantasmes et d’émotions. »

Élections municipales des 15 et 22 mars 2020 à Savigny-sur-Orge (Essonne).
Les 6 panneaux d’affichage officiel. Panneau n°1 : informations sur les élections. Panneaux n°2, n°3, n°4, n°5, n°6 : listes candidates. Mairie de Savigny-sur-Orge, avenue du Général de Gaulle, le 27 février 2020.
© Photographie de Bernard Merigot/CAD.

L’INQUIÉTUDE A T-ELLE UNE PLACE EN POLITIQUE ?

La violence pose une question : l’inquiétude (l’anxietas des Romains) existe-t-elle en politique ? Par l’expression « en politique », nous entendons ici l’activité politique de ceux qui exercent un mandat d’élu local à un moment présent, ou bien de ceux qui aspirent à en exercer un, et qui sont candidats à une élection.

  • Sont-ils inquiets lorsqu’ils l’exercent ?
  • Sont-ils inquiets lorsqu’ils font campagne, ou qu’ils militent (collent des affiches, distribuent de tracts, participent à des manifestations…) ?
  • Sont-ils inquiets lorsqu’ils sont chez eux ? Inquiets pour leur personne, pour leurs proches, pour leurs biens personnels ?
  • Sont-ils inquiets lorsqu’ils découvrent qu’ils ont mis en branle des forces inconnues, incarnées par des individus non identifiés, et qui sont forcément proches, puisque tout cela se passe dans la même commune ?

Ou alors, faudrait-il considérer qu’un acte de vandalisme visant des biens personnels constitue un rite d’initiation, une sorte d’extravagante tentative de soumettre l’autre, une sorte de « Prends toujours ça, mon salaud. On va bien voir si tu réagis » Après quoi, ce serait : « Tu es des nôtres dans l’arène des gladiateurs. On t’a à l’œil ». Autrement dit, une intimidation, un avertissement, un pacte de soumission de l’autre, à la façon de ce que pratiquent les organisations mafieuses pour exercer leur pouvoir absolu à l’intérieur de leur territoire. Qui peut accepter ça ?

Et l’anthropologue lui, est-il inquiet ? Ou bien devrait-il demeurer neutre lorsqu’il est témoin – et pourquoi pas victime, lui aussi, cela s’est vu et cela se voit tous les jours – d’intimidations, de menaces, de voies de fait, d’exactions, de violences ? Parce qu’il existe bel et bien une « inquiétude ethnographique », comme l’évoque Didier FASSIN (3), en citant le philosophe anglais John LOCKE (1632-1704) pour qui « l’inquiétude est le principal sinon le seul aiguillon de l’activité humaine » (« It may perhaps be of some use to remark, that the chief, if not only spur to human industry and action is uneasiness »). (4)

CONCLUSION

Il est inévitable de s’interroger sur le seuil de tolérance à l’égard de l’inquiétude  politique, que ce soit dans l’exercice pratiqué ou dans l’exercice observé. Mais d’une façon plus radicale, il convient de se pencher sur les fondements qui admettent comme naturel ou légitime, même durant un court instant, l’existence même de l’anxietas, dès lors que l’on se place dans le cadre de ce que SPINOZA désignait généreusement comme une « libre République ».

Bernard MÉRIGOT

RÉFÉRENCES

1. BENSA Alban, « L’ordinaire de la politique », p. 7, in DESMARTIS Marie, Une chasse au pouvoir. Chronique politique d’un village de France, Anacharsis Éditeur, Toulouse, 2012, 272 p.
https://books.google.fr/books?id=tzJtDwAAQBAJ&pg=PT6&lpg=PT6&dq=DESMARTIS+Une+chasse+au+pouvoir+Alban+Bensa&source=bl&ots=6Jz_Kq_RRW&sig=ACfU3U3W_lGtZCwvm0ideEtDljuyr_ND8g&hl=fr&sa=X&ved=2ahUKEwiK3o6-1u_nAhUL3hoKHU6pBpQ4FBDoATAEegQIChAB – v=onepage&h

2. Les Bisounours (The Care Bears en anglais) est un mot français qui est la contraction des deux mots « bisous » et « nounours ». Il vient d’une marque de jouets pour enfants en peluche fabriqués et commercialisés dans les années 1980 par la société Kenner. On estime qu’elle aurait vendu plus de 40 millions de ces ours entre 1983 et 1987. En tant que produits dérivés, ils sont apparus sur des cartes de vœux puis dans des films (1985, 1987) et de dessins animés.
L’expression « On ne vit pas dans le monde des Bisounours » est passée dans le langage courant pour signifier qu’on ne vit pas dans un monde idéal où tout le monde serait gentil.

3. FASSIN Didier, « L’inquiétude ethnographique », in BENSA Alban et Didier FASSIN, Les politiques de l’enquête, La Découverte/Recherche, 2008, p. 7-15.

4. LOCKE John, « Of Modes and Pleasures », An Essay Concerning Human Understanding, 1690. Book 2, Ch. XX.

Bernard MÉRIGOT

https://oliviervagneux.files.wordpress.com/2019/12/img737.jpg

« Saviniens, demain vous appartient ! Liste 100% citoyenne et indépendante conduite par Bernard BLANCHAUD », Élection municipale du 15 mars 2020 à Savigny-sur-Orge (Essonne),
Tract A4 recto verso. Coll CAD.


DOCUMENTS

LA LISTE « SAVINIENS, DEMAIN VOUS APPARTIENT ! »
DÉRANGE

La campagne dans notre commune de Savigny-sur-Orge a atteint des sommets d’incivilité mais surtout de comportements antirépublicains qui étaient inconnus jusqu’à ce jour.
Dans la nuit du 24 au 25 février la voiture de Bernard BLANCHAUD a eu ses  quatre pneus crevés et elle a été taguée mais, pire, celle de son épouse a subie la peine punition.
La même nuit des voyous se sont introduits dans la propriété d’une colistière et ils ont tagué sa maison.
MAIS OU VA-T-ON ? Notre société a-t-elle évoluée dans le mauvais sens jusqu’à ce que de tels actes ignobles soient commis envers d’honnêtes citoyens ?
Je serais à la place des auteurs, mais également des commanditaires, je ne dormirais pas tranquille car la Police Nationale ne lâchera pas l’affaire tant qu’elle n’aura pas été résolue !
Pour Bernard BLANCHAUD le résultat est une journée entière de perdue entre les dépôts de plaintes, l’enlèvement des 2 voitures par des transporteurs, la négociation avec l’assurance, les tractations avec les marchands de pneus et avec les garagiste pour les carrosseries.
Honnête gens, s’il vous plait, soyez attentifs et signalez à la Police, Municipale ou Nationale, tous les actes d’incivilité dont vous pourriez être les témoins, merci.
Notre question est la suivante : VISIBLEMENT NOUS DÉRANGEONS MAIS QUI EST DERRIÈRE TOUT CELA EN PENSANT QUE CELA VA LUI PROFITER en espérant le découragement des candidats qui sont des Citoyens non encartés et non politisés ?
Pour conclure; nos franchises vont nous coûter 650 euros !
RÉFÉRENCE DU DOCUMENT
Bernard BLANCHAUD, Facebook.com/Nous Saviniens, 25 février 2020.

DOCUMENT n°2

MUNICIPALES 2020 A SAVIGNY-SUR-ORGE
LES VOITURES DE BERNARD BLANCHAUD DÉGRADÉES

Je commencerai cet article en condamnant l’acte dont a été victime la famille BLANCHAUD, malgré le fait que j’ai quand même la sensation de passer pour en être le responsable à la lecture de l’article Facebook. Il apparaît désormais évident que c’est à cause de cela que Bernard va perdre les élections en obtenant 5 % des voix au premier tour, parce qu’il lui aura manqué une journée de campagne.
Moi, j’aimerais bien que mes concurrents condamnent les agissement du corbeau, mais je constate que tout le monde ferme bien sa gueule. J’aurais aussi aimé que Bernard ne raconte pas à ses amis que je les traite de connards parce que ce n’est pas vrai. Mais il l’a écrit dans des documents à destination de son équipe, tout en écrivant « X » dans ses tweets et affiches parce qu’il n’assume rien. Le même mec qui dénonçait récemment la fermeture de la Savinière et de la crèche familiale, qu’il a pourtant votées.
Alors quand Bernard aura fini sa séance de victimisation, parce qu’il ne dérange sincèrement personne, il regardera peut-être du côté de ses anciens colistiers, notamment de celui qui recouvre ses affiches de peinture rouge en écrivant dessus qu’il est un alcoolo. Et puis sa mythification de la Police et de la procureure ; j’attends toujours qu’elle fasse suite à sa plainte à mon encontre dans l’urgence des élections. Au final, et dans le fond, nous savons bien que ce n’est pas Bernard qui est mauvais mais juste la faute des autres qui ne s’aperçoivent pas assez qu’il est bon.
RÉFÉRENCE DU DOCUMENT
VAGNEUX Olivier, « Municipales 2020 à Savigny-sur-Orge : les voitures de Bernard BLANCHAUD et de sa femme ont été dégradées », Le Savinien libéré, 26 février 2020. https://oliviervagneux.wordpress.com/2020/02/26/municipales-2020-a-savigny-sur-orge-les-voitures-de-bernard-blanchaud-et-de-sa-femme-ont-ete-degradees/

DOCUMENT n°3

ÉLECTIONS
POUR CERTAINS, TOUS LES COUPS SONT PERMIS

« Élections : pour certains tous les coups sont permis ! »,
Le Parisien Essonne, 28 février 2020

Dans une campagne électorale, jusqu’où peut-on aller ? Alors que l’affaire Griveaux enflamme les débats, cette question se pose ailleurs qu’à Paris. En Essonne, depuis le début de la campagne, les plaintes d’élus s’empilent sur les bureaux du parquet d’Évry. Difficile de comparer avec les municipales de 2014 mais force est de constater que si les diffamations sont courantes durant une campagne, des faits d’autres natures animent le scrutin cette année.
« La tension sur le terrain se traduit en plaintes : plus l’élection est locale, plus il y a de nervosité, estime Caroline Nisand, procureure d’Evry. La justice leur accorde une vigilance particulière, car les élus sont des personnalités publiques susceptibles d’être la cible de davantage d’attaques. Mais on ne leur accorde pas de traitement privilégié. » Un pallier a notamment été franchi à Etampes quand la mai- son de Mathieu Hillaire, candidat LFI, a été incendiée en septembre. Diffamation, dé- gradations, agressions de colleurs d’affiches… Les motifs varient. Tour d’horizon.
  • Voitures taguées à Savigny. C’est la plainte la plus récente. Dans la nuit de lundi, les voitures de Bernard Blanchaud (SE) et de sa compagne ont été couvertes d’insultes et dessins désobligeants. Sa plaque d’immatriculation à lui a été recouverte de peinture noire. Leurs pneus ont été crevés. Et la colistière a eu la surprise de découvrir la porte de son domicile taguée.
  • Inscriptions racistes à Brétigny-sur-Orge. Le domicile de Steevy Gustave (EELV) a lui aussi été « visité » le 11 janvier. Les intrus ont écrit « Sale négro tu seras pas maire » sur le porche de sa maison. « A chaque élection je subis des insultes, par lettre anonyme ou sur les réseaux sociaux, nous confiait le candidat. D’habitude je me contente de faire des signalements ». Cette fois-ci, il a porté plainte.
  • Casier judiciaire contre casier judiciaire à Wissous. Dans cette ville du nord de l’Essonne, les casiers des candidats font office d’arguments de campagne… Dans une vidéo puis un tract, le maire (DLF), Richard Trinquier, lui- même condamné pour violence et menace avec arme, s’est saisi d’une rumeur selon laquelle Patrick Kitsaïs, candidat (SE) d’opposition, aurait été condamné pour violences conjugales. L’édile a demandé à son adversaire de dévoiler son casier. En réponse, le candidat a déposé plainte, avec son ex-femme, pour atteinte à la vie privée et diffamation.
  • Dégradations de permanences à Vigneux et Draveil. Les deux communes limitrophes ont un point commun : les permanences vandalisées. A Vigneux, la devanture du local de Thomas Chazal, maire (LR) et candidat à sa propre succession, a volé en éclats le 28 janvier. « Ils se sont juste contentés de casser », note un proche de l’élu. Une semaine plus tôt, c’est la permanence d’Emmanuelle Beauchage, tête de liste LREM à Draveil, qui a été vandalisée en pleine journée. Deux pierres jetées sur une fenêtre et une porte ont brisé des vitres.
  • Affiches dégradées à Crosne. Des candidats sur les affiches aux yeux crevés, des annotations au feutre et même des affichettes mensongères pour tromper l’électeur… Une bataille féroce oppose le maire (SE) sortant, Michaël Damiati, au candidat (LREM) Christophe de Freitas. Alors qu’ils s’accusent mutuellement de dégrader leurs affiches respectives dans la ville, les deux camps tombent nez à nez le 10 février. Une altercation verbale éclate. « J’ai été insulté, j’ai déposé plainte », certifie l’édile.
  • Bousculade à Chilly-Mazarin. Aller à la rencontre des électeurs n’est pas sans ris- que. Le 16 février, six membres de l’équipe de la majorité sortante, qui tractaient devant le centre commercial Saint-Eloi, ont été pris à partie par des jeunes. « Ils ont renversé notre panneau, arraché des mains nos tracts et bousculé une de nos colistières », dénonce le maire (DVD), Jean- Paul Beneytou. Une plainte a été déposée dans la foulée.
RÉFÉRENCE DU DOCUMENT
SIMON Bartholomé, « Elections : pour certains, tous les coups sont permis !
Diffamations, dégradations, agressions… En période de campagne, les candidats sont parfois la cible d’inquiétantes attaques. Et cette année, la violence semble monter d’un cran », Le Parisien, Essonne 91, 28 février 2020. https://www.kiosque.leparisien.fr/data/30922/reader/reader.html?t=1582907674189#!30

LA LETTRE DU LUNDI DE MIEUX ABORDER L’AVENIR, n°394, lundi 2 mars 2020

Territoires et Démocratie numérique locale (TDNL) est un media numérique mis en ligne sur le site http://savigny-avenir.info.
ISSN 2261-1819 BNF. Dépôt légal du numérique
Le site est supporté par une structure associative et collaborative, indépendante, sans publicités et sans but lucratif, le Groupe Mieux Aborder L’Avenir (MALA).
Vous pouvez nous aider par vos dons. http://www.savigny-avenir.fr/faire-un-don/
Tous les articles en ligne sont consultables gratuitement dans leur totalité. Un article peut être reproduit à la condition de citer sa provenance et en faisant figurer son lien http://
.
Référence du présent article : http://www.savigny-avenir.fr/2020/03/02/la-violence-electorale-municipale-a-savigny-sur-orge-est-elle-une-violence-politique-ordinaire-alban-bensa/

Posted in Élections municipales, Inquiétude en politique, Libre République, Savigny-sur-Orge, Violence municipale, Violences électorales | Commentaires fermés sur La violence électorale municipale à Savigny-sur-Orge est-elle une violence politique ordinaire ? (Alban Bensa)