Savigny-sur-Orge. L’histoire par le livre en ligne. (2) Autour du château

Les deux éditions du livre « Savigny-sur-Orge. Mémoire en images » publiées en 2005 et en 2008 sont actuellement épuisées (1). On lira ci-dessous :

Groupe d’étude sur l’histoire de Savigny-sur-Orge
Savigny-sur-Orge, Mémoires en image
, Éditions Alan Sutton, 2008, p 20-21
Groupe d’étude sur l’histoire de Savigny-sur-Orge
Savigny-sur-Orge, Mémoires en image
, Éditions Alan Sutton, 2008, 128 p.
Préface de Jean MARSAUDON
ISBN 2-84910-340-3

RÉFÉRENCES
1. GROUPE D’ÉTUDE SUR L’HISTOIRE DE SAVIGNY-SUR-ORGE
(Christian AUCLAIR, Henri BONNIN, Annie DEPRINCE, Simone DUSSART, Françoise JOSSEAUME, Bernard MÉRIGOT, Sylvie MONNIOTTE-MÉRIGOT, Muriel VAILLANT, Préface de Jean MARSAUDON), Mémoire en images : Savigny-sur-Orge, Éditions Alan Sutton, 2005 (Première édition),  128 p., ISBN 2-84910-340-3
GROUPE D’ÉTUDE SUR L’HISTOIRE DE SAVIGNY-SUR-ORGE (Christian AUCLAIR, Henri BONNIN, Annie DEPRINCE, Simone DUSSART, Françoise JOSSEAUME, Bernard MÉRIGOT, Sylvie MONNIOTTE-MÉRIGOT, Muriel VAILLANT, Préface de Jean MARSAUDON), Mémoire en images : Savigny-sur-Orge, Éditions Alan Sutton, 2008, (Seconde édition), 128 p. ISBN 2-84910-340-3

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Histoire de Savigny-sur-Orge

Mention du présent article http ://www.savigny-avenir.info
ISSN 2261-1819
Dépôt légal du numérique, BNF 2016

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Savigny-sur-Orge. L’histoire par le livre en ligne. (1) Le Château

Les deux éditions du livre « Savigny-sur-Orge. Mémoire en images » publiées en 2005 et en 2008 sont actuellement épuisées (1). On lira ci-dessous :

Groupe d’étude sur l’histoire de Savigny-sur-Orge
Savigny-sur-Orge, Mémoires en image
, Éditions Alan Sutton, 2008, p 11.
Groupe d’étude sur l’histoire de Savigny-sur-Orge
Savigny-sur-Orge, Mémoires en image
, Éditions Alan Sutton, 2008, pp 12-13.
Groupe d’étude sur l’histoire de Savigny-sur-Orge
Savigny-sur-Orge, Mémoires en image
, Éditions Alan Sutton, 2008, 128 p.
Préface de Jean MARSAUDON
ISBN 2-84910-340-3

RÉFÉRENCES
1. GROUPE D’ÉTUDE SUR L’HISTOIRE DE SAVIGNY-SUR-ORGE
(Christian AUCLAIR, Henri BONNIN, Annie DEPRINCE, Simone DUSSART, Françoise JOSSEAUME, Bernard MÉRIGOT, Sylvie MONNIOTTE-MÉRIGOT, Muriel VAILLANT, Préface de Jean MARSAUDON), Mémoire en images : Savigny-sur-Orge, Éditions Alan Sutton, 2005 (Première édition),  128 p., ISBN 2-84910-340-3
GROUPE D’ÉTUDE SUR L’HISTOIRE DE SAVIGNY-SUR-ORGE (Christian AUCLAIR, Henri BONNIN, Annie DEPRINCE, Simone DUSSART, Françoise JOSSEAUME, Bernard MÉRIGOT, Sylvie MONNIOTTE-MÉRIGOT, Muriel VAILLANT, Préface de Jean MARSAUDON), Mémoire en images : Savigny-sur-Orge, Éditions Alan Sutton, 2008, (Seconde édition), 128 p. ISBN 2-84910-340-3

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Plan local d’urbanisme (PLU). La légitimité des savoirs citoyens est-elle reconnue ?

LA LETTRE DU LUNDI DE MIEUX ABORDER L’AVENIR, n° 177, lundi 4 janvier 2016

« C’est la personne qui porte la chaussure qui sait le mieux si elle fait mal et où elle fait mal (…) » écrit John DEWEY dans son livre The Public and Its Problems publié en 1927. Telle est la question qui se pose dans le domaine des politiques publiques locales, notamment en ce qui concerne les plans locaux d’urbanisme (PLU).

Ceux-ci voient deux camps s’affronter : d’un coté, l’exigence d’expertises citoyennes, avec leur demandes de légitimité, de prise en compte et de reconnaissance, et de l’autre coté, la puissance des expertises des élus et des administrations, celles dont John DEWEY dénonçait déjà la distance par rapport à de la réalité vécue sur le terrain. Il écrivait à ce propos :

« Une classe d’experts est inévitablement si éloignée de l’intérêt commun qu’elle devient nécessairement une classe avec des intérêts particuliers et un savoir privé ce qui, sur des matières qui concernent la société, revient à un non-savoir ». (1)

Monsieur et Madame PLUPLU sont dans la rue
© Photo CAD / BM 2015

LES SAVOIRS D’USAGE DES CITOYENS

Questions. Quels sont les savoirs citoyens mobilisables en matière d’urbanisme et d’aménagement local ?
Bernard MÉRIGOT.
Les savoirs d’usage qui doivent être mobilisés par un PLU doivent s’appuyer sur l’expérience de la proximité. Ils se réfèrent à la connaissance qu’un individu, un groupe, une collectivité, une association… possèdent sur leur environnement immédiat. Dans son étude récente de « Planning theory » (planification urbaine) John FORESTER fait cette constatation :

« On sait où sont les problèmes. On sait où sont les dangers de la circulation, on sait où sont les dépôts d’ordures. On sait où sont les adolescents désœuvrés, on sait où sont les dealers de drogue. C’est un fait, les gens sont des experts, ils connaissent bien l’endroit où ils vivent ». (2)

Que constatons-nous ? La puissance publique, aux ordres des exécutifs, continue globalement à faire davantage confiance à des expertises extérieures, qu’à des expertises de terrain. D’une façon générale, les expertises extérieures considèrent les savoirs d’usage des citoyens comme des concurrents de peu de compétence. Il faut voir avec quel dédain des bureaux d’étude chargés d’établir des documents d’urbanisme pour le compte de collectivités territoriales considèrent les revendications citoyennes.

Question. Est-ce que les exigences citoyennes remettent politiquement en cause la démocratie représentative déterminée par les élections  ?
Bernard MÉRIGOT.
Il faut se garder d’une vision fausse sur le « discours revendicatif citoyen ». Yves SINTOMER le replace dans la perspective néolibérale classique, dans la lignée de Friedrich HAYEK, qui admet que chacun connaît ses intérêts comme usager. « Prendre connaissance de ce savoir permet d’adapter et d’améliorer l’offre des politiques publiques afin qu’elle corresponde davantage aux besoins de ceux auxquels elle s’adresse ». C’est l’origine des enquêtes de satisfaction et des panels d’usagers importés des techniques du marketing privé, avec toutes leurs dérives.

Néanmoins, il faut souligner que ce courant reconnaît qu’une délibération est nécessaire afin qu’un savoir exploitable soit formulé à partir des besoins exprimés. Un dialogue doit avoir lieu entre techniciens et personnes concernées (locataires, habitants…) à l’exemple des conseils de quartier – lorsqu’ils fonctionnent démocratiquement, évidemment – et ce, au travers d’une discussion publique. (3)

« TOUS LES ACTES D’URBANISME
SONT PROFONDÉMENT INÉGALITAIRES »

Question. Est-ce que cela ne tient pas aux intérêts en jeu dans les politiques publiques d’urbanisme et d’aménagement ?
Bernard MÉRIGOT.
Je prends l’exemple de ce qu’écrivait Jean-Paul LACAZE en 1990 dans Les méthodes de l’urbanisme. Pour le situer, il faut rappeler que c’est un polytechnicien, ingénieur en chef des Ponts et Chaussées, directeur des études en urbanisme à l’École des Ponts, ancien directeur de l’EP de La Défense, de l’ANAH, notamment.

« Les actes d’urbanisme sont profondément inégalitaires. Les discours lénifiants ou normalisateurs dont beaucoup d’entre nous sont entourés n’y changent rien. « Faire de l’urbanisme, disait Henri PROST, c’est savoir où il ne faut pas construire. » Tant que des limites précises sépareront les terrains des propriétaires autorisés à s’enrichir et ceux classés en zone interdite à la construction, il en sera ainsi. Toute décision d’urbanisme doit ainsi trancher entre des avantages et des inconvénients à répartir entre catégories d’habitants. » (4)

Les choix doivent reposer sur une pluralité de scénarios. Ils doivent être clairs. Ils doivent être débattus avant les prises de décisions. Les politiques du « fait accompli » sont intolérables.

LA SÉGRÉGATION RENFORCE LA SOCIÉTÉ

Question. Dans un de vos articles, vous écrivez que « la démarche anthropologique prend comme objet d’investigation des unités sociales limitées à partir desquelles elle tente d’élaborer une analyse de portée générale, appréhendant la totalité de la société au sein de laquelle ces unités s’insèrent ». Le local agit-il de sa propre initiative, ou bien applique-t-il une politique globale qui lui est dictée ? Autrement dit, est-ce que l’on doit partir du particulier vers général, ou bien l’inverse ?
Bernard MÉRIGOT
. On ne peut pas agir sans connaissance, intervention, et action sur le terrain, qu’elle soit individuelle ou associative. Nous vivons dans un monde globalisé où les mots, les idées et les théories circulent. L’anthropologue Gérard ALTHABE l’a constaté en 1998.

« La norme se reproduit au travers du refoulement de ceux qui sont porteurs de transgression. C’est toujours le négatif qui est le plus actif. Ce n’est pas le cadre de l’intégration mais celui de la désintégration qui alimente et renouvelle le processus en permanence. Comme si la société avait besoin de ségréguer pour se renforcer. » (5)

LES SIX SORTES DE SAVOIRS CITOYENS

Question. Combien y a-t-il  de savoirs citoyens mobilisables en urbanisme ?
Bernard MÉRIGOT.
On peut considérer qu’il y a trois types de savoirs citoyens qui peuvent être mobilisés dans la mise en débat d’un projet d’urbanisme : des savoirs d’usage, des savoirs professionnels, des savoirs militants. (6)

  • les savoirs d’usage sont des savoirs non spécialisés fondés sur une pratique du territoire,
  • les savoirs professionnels sont des savoirs systématisés, basés sur une expertise technique,
  • les savoirs militants se réfèrent à l’inscription dans des réseaux d’acteurs et à la maîtrise de savoirs et de savoir-faire politiques.

Héloïse NEZ remarque qu’une même personne peut combiner ces trois types de savoir et passer d’un registre d’argumentation à un autre. Les dispositifs participatifs font appel à la participation de citoyens – c’est-à-dire ceux qui franchissent la frontière entre citoyens passifs et citoyens actifs – que ce soit à titre individuel ou à titre de représentant associatif. Dans ce cas, l’apport d’un individu diffère de celui d’un groupe.

  • Savoir d’usage individuel,
  • Savoir d’usage collectif,
  • Savoir professionnel diffus,
  • Expertise technique collective,
  • Savoir militant individuel,
  • Savoir militant collectif.

LES LIMITES DE LA CITOYENNETÉ ACTIVE

Ces savoirs n’opèrent pas une différentiation – classique – entre intérêts particuliers et intérêt général. Pour une raison, ce « passage » de la citoyenneté passive à la citoyenneté active les expose, les désignant comme  des « cibles de pression » des pouvoirs en place. Il convient alors d’observer jusqu’où les tenants des citoyennetés actives sont susceptibles d’aller.

Question. Vous écrivez dans la présentation d’un programme de recherche intitulé Gouvernance des associations environnementales locales et démocratie : «Les associations locales de protection de l’environnement et du cadre de vie sont des objets singuliers. Appartenant à la société civile, elles se créent pour lutter contre les atteintes portées à l’environnement et au cadre de vie des habitants et des «usagers» d’un territoire. Elles prospèrent en exerçant un contre pouvoir face aux maires, aux municipalités, aux agglomérations, et aux administrations. C’est ce qui constitue leur « cœur de métier ». 
Bernard MÉRIGOT. Toute la question est celle de la limite de radicalité des actions menées par les associations. Sont-elles ce qu’elles paraissent ? Leur point faible est celui de la reconnaissance sociale qu’elle confère à ses responsables. Ils sont amenés à participer à des séquences de partage de pouvoir partagé.

Question. Vous vous référez au «terrain». Quelle est l’état présent du débat public du plan local d’urbanisme de la commune de Savigny-sur-Orge.
Bernard MÉRIGOT. Je vous renvoie à l’article intitulé « Le Plan Local d’Urbanisme (PLU). La scandaleuse question de la rétention de documents publics par les administrations locales » (8) que l’on trouvera avec le lien suivant :
http://www.savigny-avenir.fr/2015/10/05/le-plan-local-durbanisme-plu-la-scandaleuse-question-de-la-retention-de-documents-publics-par-les-administrations-locales/

RÉFÉRENCES

1. DEWEY John, The Public and Its Problems (1927), Athens, Swallow Press/Ohio University Press Books, 1954, p. 207.
2. FORESTER John,
« Participatory planning and the Roots of Planning for Real », Planning theory and Practise, vol 72, n°4, pp. 102-118.
3. SINTOMER Yves,
« Du savoir d’usage au métier de citoyen », Raisons politiques, 2008, n°31, pp. 115-133.
4. LACAZE Jean-Paul,
Les méthodes de l’urbanisme, PUF, 2010, p. 13. Le livre a connu six éditions successives entre 1990 et 2012.
5. ALTHABE Gérard,
« Anthropologie urbaine», 1998, p. 4.
6. NEZ Héloïse,
« Nature et légitimités des savoirs citoyens dans l’urbanisme participatif. Une enquête ethnographique à Paris », Sociologies, n°4, vol. 2, 2011, http://sociologie.revues.org/1098
7. MÉRIGOT Bernard, « Gouvernance des associations environnementales locales et démocratie », http://savigny-avenir.info. http://www.savigny-avenir.fr/offre/programmes-en-cours/gouvernance-des-associations-environnementales-locales-et-democratie/
8. MÉRIGOT Bernard, «Le Plan Local d’Urbanisme (PLU). La scandaleuse question de la rétention de documents publics par les administrations publiques», http://www.savigny-avenir.info, 5 octobre 2015. http://www.savigny-avenir.fr/2015/10/05/le-plan-local-durbanisme-plu-la-scandaleuse-question-de-la-retention-de-documents-publics-par-les-administrations-locales/

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La Lettre du lundi de Mieux Aborder l’Avenir
n° 177, lundi 4 janvier 2016

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Savigny-sur-Orge. L’histoire par le livre en ligne. « Petite histoire de la commune »

Les deux éditions du livre « Savigny-sur-Orge. Mémoire en images » publiées en 2005 et en 2008 sont actuellement épuisées (1). On lira le pdf du chapitre d’introduction sous le lien suivant : Savigny Images 1

Groupe d’étude sur l’histoire de Savigny-sur-Orge
Savigny-sur-Orge, Mémoires en image
, Éditions Alan Sutton, 2008, 128 p.
Préface de Jean MARSAUDON
ISBN 2-84910-340-3

Sommaire du pdf  : Savigny Images 1

Première et quatrième de couverture
p.1
Carte, p. 2
Page de titre, p. 3
Dépôt légal, p. 4
Sommaire, p. 5
Illustrations, p.6
Préface de Jean MARSAUDON, p. 7
Remerciements, p. 8
Petite histoire de la commune, pp. 9-10
 «Petite histoire de la commune»,
Savigny-sur-Orge, Mémoires en image, Éditions Alan Sutton, 2008, pp. 9-10.
ISBN 2-84910-340-3
pdf : pages Savigny Images 1

RÉFÉRENCES
1. GROUPE D’ÉTUDE SUR L’HISTOIRE DE SAVIGNY-SUR-ORGE
(Christian AUCLAIR, Henri BONNIN, Annie DEPRINCE, Simone DUSSART, Françoise JOSSEAUME, Bernard MÉRIGOT, Sylvie MONNIOTTE-MÉRIGOT, Muriel VAILLANT, Préface de Jean MARSAUDON), Mémoire en images : Savigny-sur-Orge, Éditions Alan Sutton, 2005 (Première édition),  128 p., ISBN 2-84910-340-3
GROUPE D’ÉTUDE SUR L’HISTOIRE DE SAVIGNY-SUR-ORGE
(Christian AUCLAIR, Henri BONNIN, Annie DEPRINCE, Simone DUSSART, Françoise JOSSEAUME, Bernard MÉRIGOT, Sylvie MONNIOTTE-MÉRIGOT, Muriel VAILLANT, Préface de Jean MARSAUDON), Mémoire en images : Savigny-sur-Orge, Éditions Alan Sutton, 2008, (Seconde édition), 128 p. ISBN 2-84910-340-3

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Vœux 2016 de Bernard Mérigot pour la nouvelle année. « L ‘événement n’est pas ce qu’on peut voir, mais ce qu’il devient ».

« Je pense, donc je suis » reste inintelligible, ou sans intérêt,
si l’on n’y ajoute pas ce qu’a dit Descartes, en colère, en tapant du pied :

« Je pense, donc je suis, merde ! ». Mais cela, personne ne le sait. » (1)
© Photo CAD / BM 2015
TERRITOIRES ET DÉMOCRATIE NUMÉRIQUE LOCALE (TDNL)

Les vœux de nouvelle année, s’ils constituent une tradition, une habitude, voire un commerce, ne vont pas de soi. Qui formule des vœux et à qui ? Tout le monde présente des vœux à l’égard de tout le monde : familles, amis, entreprises, associations, collectivités locales, gouvernements et chefs d’états, représentants religieux et spirituels …

L’année 2015 a-t-elle été « bonne » ? L’année 2016 sera-t-elle « bonne » ? On ne peut pas échapper à la pression que les discours médiatiques et ceux des réseaux sociaux exercent aujourd’hui sur nous, se faisant les propagateurs confus des échos amplifiés d’attentes contradictoires.

Les évènements qui surviennent sont-ils les effets du passé ou les causes de l’avenir ? Des accidents ou des promesses ? Ils sont des paradoxes. Imprévisibles, ils dérangent le cours de l’existence. A chaque fois, ils nous forcent : ébranlement émotionnel, sidération, émoi, solidarité, unification, puis paroles révélatrices de tensions et de divergences. Comme l’écrivait Michel de CERTEAU : « L ‘événement n’est pas ce qu’on peut voir ou savoir de lui, mais ce qu’il devient ». (2)

Peut-on ne pas évoquer les attentats terroristes qui se sont produits à Paris au cours de l’année 2015 ? Le 7 janvier 2015, à Charlie Hebdo (12 morts, 11 blessés), et le 13 novembre 2015, au Bataclan et dans les rues de Paris (129 morts, 352 blessés).

Méditons  ce témoignage de Michel ONFRAY. « Quand j’écris de Cayenne, où je suis le soir des attentats du 13 novembre 2015. « Nous récoltons nationalement ce que nous avons semé internationalement » : je dis une chose qui n’est pas entendue et que je dis depuis toujours. A savoir que toute chose est un effet de causes qu’il faut chercher. Principe élémentaire pour quiconque veut penser. (…) L’époque ne pense plus et ne pense pas, elle chérit l’infantile et l’infantilisation. C’est tellement plus facile de gouverner un mineur mental. Je me bats depuis toujours pour les Lumières qui invitent à penser par soi-même. Sapere aude : « Aie l’audace de penser » écrivait Kant.» (3)

Mes voeux sincères de santé, de prospérité et de citoyenneté à tous.

Bernard MÉRIGOT
Rédacteur en chef de Territoires et démocratie numérique locale (TDNL)

NB. Voir l’article en ligne sur http://savigny-venir.info :

http://www.savigny-avenir.fr/2015/02/02/lesprit-de-charlie-participe-au-combat-des-lumieres-selon-voltaire-et-emmanuel-kant/

RÉFÉRENCES
1. DORRA Max,
« Pour une révolution de l’entendement », Chimères, n°86, 2015 , p. 25.
2. CERTEAU, Michel de,
« Pour une nouvelle culture : prendre la parole », Études, n°329, 1968.
3. ONFRAY Michel,
Chronique mensuelle de Michel Onfray, n°127, décembre 2015. http://mo.michelonfray.fr/chroniques/la-chronique-mensuelle-de-michel-onfray-n127-decembre-2015/

En ligne sur http://savigny-avenir.info. Vœux de nouvel an (2010 à 2015)

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Savigny-sur-Orge. L’enquête publique du Plan local d’Urbanisme (PLU) de la commune ouvre le lundi 18 janvier 2016 à 8 H 30

Le Républicain de l’Essonne en date du 31 décembre 2015, à sa page 37, vient de publier, dans sa rubrique « Annonces légales », l’avis d’enquête publique concernant concernant le Plan local d’urbanisme de la commune de Savigny-sur-Orge. Celle-ci se tient du lundi 18 janvier 2016, à 8 h 30, au vendredi 19 février 2016 à 17 h 45.

Savigny-sur-Orge, Enquête publique sur le projet de Plan local d’urbanisme (PLU)
Lundi 18 janvier 2016 – vendredi 19 février 2016
Annonce légale, Avis d’enquête
Le Républicain de l’Essonne,
31 décembre 2015, p. 37

QUE CONTIENT LE PLU DE SAVIGNY-SUR-ORGE ?

On portera particulièrement attention a plusieurs parties :

  • Rapport de présentation, 140 pages
  • Projet d’aménagement et de développement durable (PADD), 16 pages
  • Règlement, 204 pages
  • Cahier de recommandations architecturales, urbaines et paysagères, 16 pages

COMMENT PRENDRE CONNAISSANCE DU DOSSIER ?

Savigny-sur-Orge, Plan local d’urbanisme (PLU)
Enquête publique du 18 janvier 2016 au vendredi 19 février 2016

Le dossier de PLU soumis à l’enquête publique a été approuvé par la délibération n°29/221 votée lors de la séance publique du conseil municipal de Savigny-sur-Orge qui s’est tenue le 23 septembre 2015. Le dossier est expressément cité en tant que pièce visée par la délibération (« Vu le projet du Plan local d’urbanisme et l’ensemble de ses composantes »).

Le dossier de PLU est un document public. Tout personne physique ou morale peut en demander une copie complète sur support dématérialisé, conformément à la délibération n°12 du Conseil municipal du 14 décembre 2015 « Tarif des reproductions des documents administratifs ».

OÙ SE DÉROULE L’ENQUÊTE PUBLIQUE ?

Il convient d’attirer l’attention sur le fait que cette consultation n’a pas lieu en Mairie de Savigny-sur-Orge (48 avenue Charles de Gaulle), mais aux Services techniques, 3 avenue du Garigliano, du lundi 18 janvier 2016, à 8 h 30, au vendredi 19 février 2016 à 17 h 45.

Les horaires d’ouverture des bureaux figurent sur l’avis d’enquête : lundi, mardi, jeudi, vendredi 8h30-11h45, 13h30-17h45, samedi 8h30-11h45.

Comme indiqué sur l’avis d’enquête publique, les observations, propositions et contre propositions pourront être déposées par courrier électronique envoyé à plu@savigny.org. Néanmoins, il est recommandé pour toute demande importante, d’adresser un courrier recommandé avec AR à « M. le Commissaire enquêteur, PLU, Mairie de Savigny-sur-Orge, 48, avenue Charles de Gaulle, 91600 Savigny-sur-Orge ».

RÉFÉRENCES

COMMUNE DE SAVIGNY-SUR-ORGE, « Arrêt du projet de Plan local d’urbanisme et bilan de la concertation », Délibération n°29/221, Séance publique du 23 septembre 2015.
COMMUNE DE SAVIGNY-SUR-ORGE,
Arrêté du maire en date du 22 décembre 2015 ordonnant l’ouverture des « Enquêtes publiques conjointes relatives au projet de Plan local d’urbanisme et aux projets de périmètres de protection modifiés des monuments historiques ».
COMMUNE DE SAVIGNY-SUR-ORGE,
« Enquêtes publiques conjointes relatives au projet de Plan local d’urbanisme et aux projets de périmètres de protection modifiés des monuments historiques », Dossier soumis à enquête publique, 18 janvier 2016-19 février 2016.
PORTES DE L’ESSONNE ENVIRONNEMENT, « Les documents du projet de plan local d’urbanisme (PLU) de Savigny-sur-Orge rendus publics par PEE », octobre 2015.
http://portes-essonne-environnement.fr/les-documents-du-projet-de-plan-local-durbanisme-plu-de-savigny-sur-orge-rendus-publics-par-pee/

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Qu’est-ce que la bonne gouvernance locale ? (Hannah Arendt)

LA LETTRE DU LUNDI DE MIEUX ABORDER L’AVENIR, n°176, lundi 28 décembre 2015

La démarche qui consiste à demander et à obtenir l’accès à des documents publics (comptes rendus de séance de réunions, textes des délibérations, rapports, document d’urbanisme…) émanant d’une assemblée délibérante locale (conseil municipal, conseil communautaire, conseil départemental…) constitue-t-elle une action micro-politique, localisée et anecdotique, ou bien participe-t-elle à une action globale visant la bonne gouvernance locale ? Telle est la question que nous avons posée à Bernard MÉRIGOT, expert en administration publique et président de Mieux Aborder l’Avenir.

LA DÉMOCRATIE S’EXERCE À TOUS LES NIVEAUX

Question. Y-a-t-il une continuité de nature en ce qui concerne l’exercice du pouvoir entre l’organisation de l’État (le gouvernement, les ministères, les préfectures…) et celle des collectivités locales (conseil municipal, conseils communautaires, intercommunalités, métropoles…) ?
Bernard MÉRIGOT.
Existe-t-il une anthropologie de la bonne gouvernance ? La question est d’actualité à un moment où l’état d’urgence est décrété en France depuis le 14 novembre 2015.
La démocratie est une valeur générale qui se pratique à plusieurs échelles territoriales. Il existe une série d’emboîtements. Même s’ils sont séparés, chacun des niveaux inter-réagit avec les autres. Il ne peut pas y avoir un niveau où l’information et la participation citoyenne s’exerce, et un autre niveau où elle ne s’exerce pas, sans que cela entraîne des effets. La bonne gouvernance pratiquée dans un territoire a des effets sur les autres territoires. A l’inverse, la mauvaise gouvernance se situe toujours, in fine, sur la pente du totalitarisme.

LE POUVOIR CHERCHE A CACHER SES DÉCISIONS

Question. Comment distinguer ce qui sépare la bonne gouvernance de la mauvaise gouvernance ?
Bernard MÉRIGOT.
Il faut relire l’analyse du totalitarisme que fait Hannah ARENDT. Elle écrit « Le pouvoir réel commence où le secret commence ». (1) Pour elle, c’est le fondement de la construction du « chef » qui constitue le noyau. On observe que la concurrence entre différents services, dont les fonctions se chevauchent et dont les tâches sont identiques, ne laissent aux oppositions  aucune chance de passer à l’acte. Nous constatons qu’il n’existe pas de niveaux intermédiaires entre le chef et la base. Paradoxalement, c’est l’absence d’autorité ou de hiérarchie qui permet au pouvoir du chef d’être total : il commande directement, et sans médiation, à l’administration qu’il dirige.

ET SI LA CONFUSION
ÉTAIT UN CAMOUFLAGE VOLONTAIRE ?

Question. Dans la pratique du pouvoir, est-ce que tout est prévu, ou bien y a t-il des imprévus ?
Bernard MÉRIGOT.
La logique totalitaire se manifeste par des procédés qui assurent à terme non seulement le monopole absolu du pouvoir, mais surtout la certitude que tous les ordres seront toujours exécutés, c’est-à-dire qu’ils parviendront à la finalité voulue. La multitude des courroies de transmission et la confusion apparente de la hiérarchie ne relèvent en aucun cas de la maladresse ou de l’impuissance. En fait, la confusion assure une complète indépendance du chef à l’égard de ses subordonnés. « Elle rend possible les revirements de politique – toujours brusques et surprenants – qui font la renommée du totalitarisme », comme le note Pierre-Jean HAUTION. (2) La multiplication des services détruit tout sens des responsabilités et toute compétence.

Pour un observateur extérieur, le fonctionnement de l’État totalitaire choque le bon sens par son apparente irrationalité. La logique totalitaire apparaît irrationnelle car elle amène à écarter toute considération d’intérêt limité et local (économique, national, humain, militaire) au profit d’une réalité purement fictive pour un avenir lointain et indéfini.

SUR LA PENTE DU TOTALITARISME

Question. Vous suggérez que l’irrationalité – que l’on peut qualifier de bureaucratique – est une production du totalitarisme ?
Bernard MÉRIGOT.
C’est une sécrétion, un symptôme si on veut. Il y a une musique qui pourrait s’intituler « Sur la pente du totalitarisme ». Ce n’est pas, bien évidemment, « Sur la route de Memphis » que chante Eddy MITCHELL. Mais c’est comme s’il y avait une ligne mélodique qui y conduisait. On se laisse bercer. Bien évidemment, dans la réalité, il y a des étapes d’accomplissement – des paliers – mais elles obéissent à une même symbolique : garder secret, empêcher, détruire. Pourquoi ? Pour soustraire des pratiques et des actes au contrôle démocratique. Il y a trois destructions qui visent l’homme dans trois dimensions.

  • Destruction de la personne juridique, c’est-à-dire : l’homme possédant des droits, à qui on assigne une place de « hors-la-loi », en le plaçant en dehors du système normal.
  • Destruction de la personne morale, c’est-à-dire : l’homme possédant un corps que l’on rend anonyme, en le dépouillant de sa signification, en opérant sa dépossession.
  • Destruction de la différenciation des individus, c’est-à-dire l’homme possesseur d’une identité unique, en la faisant disparaître.

A partir de là, tout devient possible. Il est inutile de préciser quelles étapes réelles sont susceptibles de succéder aux étapes symboliques. C’est pourquoi, la mauvaise gouvernance doit éliminer toute  spontanéité, parce que celle-ci est un obstacle à son accomplissement.

RÉFÉRENCES
1. ARENDT Hannah,
Les origines du totalitarisme, Paris, Gallimard, Coll. Quarto, 2002, p. 739. Traduction de P. Lévy, Troisième partie : Le totalitarisme, chapitre XII, 1. P.747-748.
2. HAUTION Jean-Pierre,
« Le totalitarisme analysé par Hannah Arendt », 27 février 2011, http://www.philo52.com/articles.php?lng=fr&pg=950

La Lettre du lundi de Mieux Aborder l’Avenir
n°176, lundi 28 décembre 2015

Mention du présent article http ://www.savigny-avenir.info
ISSN 2261-1819
Dépôt légal du numérique, BNF 2015

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« Qui est l’ennemi ? ». Assises nationales de la recherche stratégique (CSFRS)

Quels sont les ennemis de la France ? Question permanente que l’actualité récente impose à la décision politique et à la réflexion citoyenne. Bernard MÉRIGOT est ancien auditeur de l’Institut des hautes études de la sécurité intérieure (IHESI). (1) A ce titre il a participé le lundi 1er décembre 2015 aux VIe Assises nationales de la recherche stratégique qui se sont tenues à l’École militaire à Paris. (2)
Ces assises étaient consacrées à « Qui est l’ennemi ? ». A cette occasion, le ministre de la Défense Jean-Yves LE DRIAN, a prononcé en introduction d’ouverture une importante allocution. On trouvera ci-dessous le texte de son intervention.

Qui est l’ennemi ?
VIe Assises nationales de la recherche stratégique
Mardi 1er décembre 2015, Paris, École militaire

DOCUMENT

QUI EST L’ENNEMI ?
par Jean-Yves LE DRIAN
Ministre de la Défense

A Paris, le mardi 1er décembre 2015
Monsieur le Président, cher Alain Bauer,
Mesdames et Messieurs les ministres,
Mesdames et Messieurs les parlementaires,
Monsieur le Secrétaire général à la défense et à la sécurité nationale, cher Louis Gautier,
Mesdames et Messieurs,
Je suis heureux d’être avec vous ce matin, pour ouvrir les Assises nationales 2015 de la Recherche stratégique, organisées par le Conseil supérieur de la formation et de la recherché stratégique (CSFRS).
La question qui nous est posée aujourd’hui, « Qui est l’ennemi ? », est d’une pertinence et d’une actualité dramatiques. Au lendemain de l’hommage national aux victimes des attaques du 13 novembre, cette question s’impose à nous par l’évidence d’une réponse et en même temps par le vertige que cette réponse appelle.
Aux journalistes qui m’interrogent, à la suite du Président de la République, qui a le premier désigné notre ennemi, je réponds sans hésiter : aujourd’hui, Daech. Mais au début de cette journée de réflexions et de débats, je voudrais moi aussi prendre du recul. Puisque vous y invitez, je voudrais me risquer moi aussi dans le vertige de cette notion, au-delà de son évidence – sans jamais perdre de vue que mon point de vue n’est pas celui d’un chercheur, mais celui d’un ministre de la Défense d’un pays qui est maintenant en guerre.
« QUI EST L’ENNEMI ? »
Chacun conviendra d’abord qu’il ne faut pas galvauder les notions d’ennemi, de guerre ou encore de stratégie. Si je m’en réfère aux grands fondamentaux, Sun Tzu balise le terrain de cette réflexion. « L’art de la guerre, écrit-il, est d’une importance vitale pour l’Etat. La vie et la mort des sujets en dépendent. (…) Ne pas y réfléchir profondément, ne pas y travailler consciencieusement, c’est faire preuve d’une coupable indifférence pour la possession ou la perte de ce que l’on a de plus cher. C’est ce que l’on ne doit pas trouver parmi nous. »
C’est dire que la guerre est une réalité trop grave pour ne pas être considérée, toujours, avec le sérieux le plus extrême. De ce point de vue, toute réflexion sur l’ennemi comporte un devoir de mémoire, mais aussi un devoir de vigilance. Dès qu’il s’agit de guerre, nous ne parlons jamais hors-sol. C’est dans cet esprit, avec cette exigence, que je voudrais exposer quelques vues aujourd’hui.
L’ENNEMI DANS L’HISTOIRE
Comment désigner l’ennemi ? Faut-il seulement le faire ? C’est un problème ancien, à la fois diplomatique, politique et stratégique, mais aussi militaire : quelle est la cible ? Ici, la position de la France a toujours consisté à rechercher des positions nuancées, en évitant de confondre par exemple menaces et risques, ennemis et rivaux.
C’est d’abord l’Histoire qui nous a inculqué la complexité stratégique de la notion d’ennemi.
Notre pays, en Europe, a longtemps eu des rivaux, toujours susceptibles de se muer en adversaires directs. Ce fut vrai de la longue rivalité entre les rois de France et les Habsbourg ; ce fut vrai également du long duel franco-anglais, qui s’est achevé il y a deux siècles seulement ; ce fut vrai, d’ailleurs, de presque tous nos voisins jusqu’au milieu du XIXe siècle. Le « concert européen », alors, n’était pas autre chose qu’une compétition vaguement régulée entre des ennemis en puissance.
La théorie bascule dans la pratique avec la guerre de 1870 et l’annexion de l’Alsace-Lorraine, qui conduit à deux guerres totales et une inimitié d’un siècle avec l’Allemagne qui est alors ouvertement, réellement, « l’ennemi héréditaire ». Pour la France, la désignation d’un ennemi n’aura jamais été aussi claire, jamais aussi funeste non plus.
Après 1945, l’ennemi change de figure mais aussi de posture. L’URSS est désormais l’ennemi, mais elle n’est pas toujours nommément désignée. Dans les années 1970 et 1980 en particulier, dans la préparation des lois de programmation militaire par exemple, le débat est fort – certains s’en souviennent – pour savoir s’il convient ou non nommer explicitement l’URSS comme la source principale de menaces directes pour la France.
C’est tout l’enjeu de la dissuasion, et de ce qui demeure, un quart de siècle après la fin de la guerre froide, comme l’une des grandes questions de notre politique de défense. Pour dissuader, il faut en effet savoir entretenir une relative incertitude à l’égard des adversaires actuels ou potentiels, à l’égard de l’ennemi déclaré ou non. Or il est désormais plus rare, avec les progrès du droit international, qu’un État se déclare comme tel. Depuis de nombreuses années, dans notre stratégie de dissuasion, l’ennemi n’est plus explicitement désigné, mais nous continuons bien de définir nos forces stratégiques à l’aune de la force dissuasive que nous souhaitons exercer sur un ennemi potentiel. Dans ce jeu d’ombres stratégiques, il y a une certitude : cet ennemi potentiel qu’il s’agit de dissuader est forcément de nature étatique, comme le Président de la République l’a encore récemment confirmé.
Ce sont surtout les opérations extérieures, et notamment les opérations de maintien de la paix, qui ont brouillé voire dissipé la notion d’ennemi, en faisant émerger un nouvel usage de la force. Jusque-là, nos armées étaient conçues la plupart du temps pour affronter un ennemi, qu’il s’agissait de vaincre. La problématique de la désignation de l’ennemi était, en ce sens, le point alpha de l’art militaire. Au tournant des années 1980 et 1990, la fin de la guerre froide et la multiplication des crises dans lesquelles le Conseil de sécurité – moins paralysé par le droit de veto que durant la guerre froide – intervient fréquemment, inaugurent une nouvelle ère : la gestion de crise oriente de plus en plus les appareils de défense, de nombreux déploiements s’effectuent sous casques bleus, les règles d’engagement, en particulier pour l’ouverture du feu, s’adaptent.
Si les armées ont su s’adapter à ces missions essentielles, au cœur de situations d’urgence dépourvues d’ennemis désignés, en tout cas en tant que tels, elles n’ont jamais cessé de discerner des menaces susceptibles de se constituer en ennemis.
La guerre au terrorisme – à distinguer de la guerre contre une organisation terroriste donnée –, ou bien, dans un autre ordre, la notion de guerre préventive – notion mise en application il y a douze ans par l’administration américaine de l’époque, et dont nous mesurons aujourd’hui tous les effets déstabilisants –, sont deux exemples de désignation de l’ennemi dont la France s’est toujours gardée.
Il est clair que l’obsession absolue de la sécurité, qui conduit à intervenir par anticipation, et qui fonde l’idée de guerre préventive, s’est avérée lourde de conséquences. Il faut rappeler ici qu’il existe des normes pour gérer l’ennemi : le droit international public établit en particulier le droit à la légitime défense (que la France a invoqué contre Daech, je vais y revenir) ; c’est pour cette raison qu’attaquer préventivement un adversaire en le qualifiant d’ennemi alors qu’il ne vous porte pas atteinte, constitue une difficulté certaine. La culture stratégique française n’a pas cette obsession ; au contraire, elle a intégré qu’il n’existait pas de sécurité absolue, et qu’il fallait donc, toujours, définir l’ennemi au plus juste et en réaction, pour fonder une stratégie militaire par essence défensive et dissuasive.
OÙ EN SOMMES-NOUS AUJOURD’HUI ?
Depuis le début des années 2000, nous observons une montée progressive, continue, des tensions stratégiques et des risques sécuritaires. Les deux derniers livres blancs s’en sont fait l’écho. L’illusion selon laquelle nous toucherions à la « fin de l’Histoire », l’illusion selon laquelle il nous suffirait de « gérer des problèmes » et conduire des opérations de police internationale, l’illusion selon laquelle – en un mot – nous n’aurions plus d’ennemi, cette illusion s’est brisée contre la double réalité décrite par le livre blanc sur la défense et la sécurité nationale : les « menaces de la force », c’est-à-dire la résurgence de menaces de type étatique, et les « risques de la faiblesse », soit les zones de chaos sur lesquelles, notamment, prospèrent des mouvements radicaux.
Aujourd’hui, la résurgence d’un ennemi majeur de type étatique, est une possibilité que nous ne pouvons négliger, en tant que responsables de la défense et d’une planification de l’effort de défense de la nation à long terme. Conformément au livre blanc de 2013, notre politique de défense intègre cette possibilité de trois manières.
–              C’est d’abord le maintien d’une posture de défense militaire sur tout le spectre des capacités, y compris dans les segments les plus exigeants, notamment ceux du combat de haute intensité et de l’entrée en premier des forces sur un théâtre de guerre.
–              Ce sont ensuite nos alliances militaires, car l’ennemi peut être collectif ; je pense à l’Alliance atlantique, où c’est bien l’agression par un ennemi qui fonde la défense collective, au sens de l’article 5 du Traité de Washington ; je pense aussi à l’Union européenne, et notamment à l’article 42.7 du Traité, qui prévoit une clause de solidarité en cas d’agression d’un des pays-membres, clause qu’il m’est revenu d’invoquer récemment, pour la première fois dans l’histoire de notre Union, au nom de la France.
–              Enfin, bien sûr, la dissuasion nucléaire intègre par définition la possibilité de résurgence d’un ennemi majeur de type étatique. Elle est la clé de voûte de notre défense dans un tel cas. Elle demeure donc, pour garantir en dernier ressort la protection de nos intérêts vitaux, l’une des trois missions fondamentales de nos armées.
Comme dans toutes les grandes démocraties, notre identité nationale ne se définit cependant plus par rapport à un autre diabolisé. Quelle que soit la possibilité de résurgence d’un ennemi majeur, ce dernier resterait donc conjoncturel. La France n’a plus d’« ennemi héréditaire », ce que Hannah Arendt appelle « l’ennemi objectif », désigné indépendamment des circonstances.
C’est à l’aune de cette complexité historique de la notion d’ennemi, bien ancrée dans la pensée stratégique française, qu’il convient d’apprécier la désignation de Daech comme ennemi aujourd’hui.
FAIRE FACE À L’ENNEMI AUJOURD’HUI
Je viens de le suggérer : en Syrie et en Irak, nous ne combattons pas le terrorisme en général, pas plus que nous ne menons de guerre préventive. Avec l’opération CHAMMAL, nous sommes engagés contre un mouvement terroriste précis, et nous le sommes dans un cadre de légitime défense, désormais individuelle, reconnu par la résolution 2249 du Conseil de Sécurité des Nations unies.
« Qui est l’ennemi ? » Dans son histoire récente, la France ne s’est donc jamais posé la question en premier. En l’occurrence, c’est bien Daech qui nous a déclaré la guerre, en nous désignant comme son ennemi, en paroles et en actes.
La question, ce n’est pas de savoir qui aurait commencé le premier l’escalade de la violence – ce qui supposerait d’ailleurs, déjà, deux adversaires de même nature. Le débat, ce n’est pas de savoir si la France jette ou non de l’huile sur le feu en intervenant en Syrie – c’est de fait le discours, la propagande et les campagnes de recrutement des djihadistes, que vous me permettrez de ne pas reprendre à mon compte. Si toute guerre oppose deux ennemis, l’enjeu, c’est de voir que cette guerre met aux prises deux conceptions de l’« ennemi » qui sont bien différentes.
Pour nous, dans le cadre politique que j’ai rappelé, celui de la démocratie, Daech constitue un ennemi conjoncturel, intrinsèquement lié à la menace qu’il fait peser sur nous. Mais pour Daech, il est clair que nous faisons partie des ennemis structurels, des ennemis objectifs. Il nous désigne comme tel dans son idéologie, sous le vocable de « judéo-croisés ». Il inscrit ce combat dans une vision eschatologique pseudo-islamique qui fanatise ses membres. Quel que soit ce que nous faisons, nous sommes ciblés d’abord pour ce que nous sommes et pour ce que nous représentons. Autrement dit, nous n’attaquons que lorsque nous sommes attaqués : c’est une position éthique, politique ; c’est aussi une obligation juridique ; et lorsque les démocraties s’éloignent de ce principe, cela donne le désastre de 2003 que j’ai évoqué il y a quelques instants.
Avec Daech, la désignation de l’ennemi ne fait donc pas de doute. Sa caractérisation, et partant la définition de la stratégie à adopter face à lui, soulèvent en revanche d’autres difficultés, car nous avons affaire à un ennemi profondément hybride.
Il me semble que nous pouvons – et devons – le caractériser de trois façons.
1. Daech n’est certes pas un Etat au sens juridique du terme ; on ne peut donc, par exemple, lui déclarer formellement la guerre. D’un point de vue stratégique, en revanche, nous avons bien affaire à un « proto-Etat », qui a soumis un territoire vaste comme la Grande Bretagne et une population d’environ 10 millions d’habitants, qui dispose de capacités militaires et financières que de nombreux Etats n’ont pas, qui tente d’exercer des pouvoirs régaliens traditionnels (notamment celui, hautement symbolique, de frapper monnaie) ainsi que certaines attributions de l’Etat-providence (en matière d’éducation d’action sociale en particulier).
Bien sûr, c’est un « proto-Etat » incomplet. Du fait de son histoire récente et de ses effectifs relativement limités (estimés entre 20 000 et 30 000 combattants), du caractère aléatoire de ses alliances, Daech n’exerce pleinement son autorité politique et idéologique que sur une fraction assez modeste du territoire et de la population qu’il revendique, à la manière de certains Etats faibles ou fragiles. Surtout, Daech se distingue fondamentalement d’un Etat au sens juridique par le fait que l’articulation entre une population, un territoire et un Gouvernement n’est pas clairement établie, et qu’il n’est pas reconnu par la communauté internationale. Mais force est de constater qu’il compense cette incomplétude par la violence extrême et désinhibée qu’il exerce sur les populations soumises et qui tient lieu de système de gouvernement.
2. A côté de ce proto-Etat terroriste, il y a une armée terroriste, celle du djihadisme transnational, sur lequel Daech est en train de prendre l’ascendant, au rythme d’une dangereuse compétition avec Al Qaida. Le djihadisme, c’est une nébuleuse de mouvements de taille et d’efficacité diverses, qui opère par-delà les frontières, jusque sur notre sol. La dangerosité de l’ennemi, ici, est liée à sa plasticité.
Au sein de cette armée, se distinguent des « foreign fighters » en nombre encore croissant à l’heure où je vous parle, notamment des citoyens français qui se radicalisent jusqu’à devenir des ennemis entraînés là-bas et renvoyés ici avec un projet de mort.
Ici, je l’ai dit à de nombreuses reprises ces derniers mois, il y a une continuité de la menace, sur les fronts extérieur et intérieur, qui appelle en retour une cohérence de notre action militaire. Intervenir en Syrie pour frapper Daech en ses repaires, c’est du même coup protéger notre territoire et notre population.
Prenons garde cependant, derrière cette continuité opérationnelle avérée, à ne pas faire le jeu de l’ennemi en voyant un continuum politique de la menace. Pour ma part, je ne parlerai jamais d’« ennemi de l’intérieur » : si le combattant de Daech en Syrie et en Irak est un ennemi, et doit être traité comme tel, le terroriste sur le territoire national est un criminel, et doit être traité comme tel. Du reste, parler d’« ennemi de l’intérieur » est la porte ouverte à une stigmatisation infondée et dangereuse, qui est justement ce que certains théoriciens ennemis recherchent.
3. Daech, c’est enfin une idéologie particulièrement dangereuse. C’est celle du takfirisme (cette version du salafisme qui prône la violence). C’est aussi celle du « Califat » proclamé par Abou Bakr al-Baghdadi en juin 2014. En voulant renouer avec la geste conquérante des premiers califes et de la dynastie des Omeyyades qui, entre 661 et 750, assurèrent l’expansion fulgurante et immense de l’islam, jusqu’en Espagne et aux confins du Pakistan, Daech exerce ainsi la puissante attraction d’une utopie en construction. Mais cette idéologie, millénariste et simpliste, martèle que cette construction se fera dans le sang et dans la guerre, contre ceux qu’ils appellent les « déviants » (les musulmans sunnites modérés), les « hérétiques » (les musulmans chiites), les « païens » (les Yézidis notamment) ou encore les « judéo-croisés » (en l’espèce les Occidentaux). L’objectif de cette idéologie, c’est bien un projet de construction d’une société nouvelle et d’un homme nouveau. La destruction des vestiges du passé préislamique, l’endoctrinement et l’apprentissage de la violence dès le plus jeune âge, le lavage de cerveau particulièrement violent dont font l’objet les « foreign fighters » à leur arrivée en Syrie, concourent à cet objectif.
Je me suis permis d’insister sur la dimension idéologique, parce que c’est malheureusement la plus difficile et la plus importante à réduire. En définitive, on peut neutraliser les combattants de l’ennemi, on peut endommager ses structures, mais il est autrement plus complexe de détruire une idée. De ce point de vue, il y a fort à parier que l’idéologie djihadiste, qui existait avant Daech, lui survivra probablement. Nous devons aussi nous y préparer.
Il résulte en tout cas de ces trois dimensions (un proto-État, une armée terroriste, une idéologie extrémiste) que nous faisons face, aujourd’hui, à un ennemi profondément hybride et particulièrement dangereux.
Plusieurs des traits que j’ai brièvement décrits évoquent le totalitarisme. De fait, si l’on se réfère aux cinq éléments qui caractérisent le totalitarisme selon Raymond Aron, force est de constater que Daech les cumule tous, de façon ou plus moins prononcée :
–              un « chef charismatique » (Abou Bakr al-Baghdadi, auto-proclamé « Calife »), appuyé sur un « parti unique » (en l’occurrence le « Conseil de la charia », démultiplié au niveau local par les « instituts de la charia ») ;
–              une idéologie, le salafisme takfiri, érigée en vérité officielle et divine ;
–              le monopole des moyens de violence et de persuasion ;
–              l’absorption de la plupart des activités économiques et leur soumission à l’idéologie ;
–              enfin, une terreur à la fois policière, militarisée et idéologique.
Pour plusieurs raisons, ce modèle ne fonctionne heureusement pas complètement. Je l’ai dit, Daech n’a pas encore les moyens de soumettre complètement les populations ou les territoires déjà sous son contrôle ; il ne dispose pas non plus des capacités industrielles et techniques des grands totalitarismes du XXe siècle, qui lui permettrait de développer son effort de guerre, voire de commettre des crimes de type génocidaire (encore que  le sort tragique réservé aux Yézidis laisse percevoir l’ampleur des crimes de Daech) ; par ailleurs, il convient de voir que Daech n’a pas réussi (pour l’instant) à modifier la société qu’il domine, comme d’autres ont pu le faire au XXe siècle.
Je ne suis bien sûr pas le premier à analyser Daech à travers le prisme du totalitarisme. C’est un débat de fond, qui sera peut-être d’ailleurs poursuivi aujourd’hui. Je voudrais pour ma part ajouter que cette imperfection du totalitarisme djihadiste, que je viens d’évoquer, me semble en partie compensée par des traits spécifiques, particulièrement préoccupants :
–              la qualité et le volume de la propagande de Daech, qui reprend de façon systématique tous les vecteurs et tous les codes culturels de ses cibles, afin de les convertir à son idéologie avec une inquiétante rapidité ;
–              la complète désinhibition de Daech dans l’exercice, la mise en scène et la médiatisation de la violence la plus barbare, hors de tout code d’humanité – et cet exercice de la violence désinhibée est pratiqué comme un système ;
–              enfin, le fait que l’idéologie de Daech s’appuie sur une base religieuse – avec une lecture certes dévoyée du Coran, mais qui ne lui confère pas moins, à travers le prestige d’un livre saint, une audience et une résilience potentiellement bien supérieures à celles des totalitarismes séculiers du XXe siècle.
Voilà donc l’ennemi déclaré d’aujourd’hui. Sa volonté de constitution étatique, son projet idéologique totalitaire et son ambition califale impéraliste lui confèrent un pouvoir de nuisance à l’échelle mondiale (l’Asie n’est par exemple pas épargnée, comme mes collègues de ce continent le rappellent) mais aussi une très forte résilience. Un tel ensemble n’a pas beaucoup de précédent.
RÉPONDRE À L’ENNEMI
Face à lui, il nous faut suivre une stratégie globale, qui puisse associer tous ceux – et ils sont nombreux – qui se retrouvent désignés par Daech comme ses ennemis.
Nous devons en particulier répondre à quatre niveaux :
–              un niveau militaire, pour détruire ce proto-État djihadiste qui nous menace directement ;
–              un niveau policier et judiciaire, pour protéger au plus près nos concitoyens et neutraliser cette menace sur le territoire national ; les forces armées concourent désormais à une protection au plus près, à raison notamment de la militarisation de l’adversaire et de la nécessité de recourir à l’ensemble des spécificités de l’armée professionnelle adaptées à cette lutte sur le territoire ;
–              un niveau politique et idéologique, qui n’est pas le moins important, on l’a vu. On ne fait pas la guerre, au sens militaire, à une idéologie ; en revanche, il faut mettre en œuvre tous les moyens de lutte possibles pour contrer son influence, notamment sur le terrain de l’information. Ici nous devons faire davantage encore : à ce stade, pour une vidéo que nous faisons contre la radicalisation, Daech en met en ligne 25, rien qu’en langue française. La scène politique, par ailleurs, avec la question sunnite au Moyen-Orient, ou celle des peuples du Nord au Sahel, doit être prise à bras le corps, sauf à échouer ;
–              un niveau économique car, dans de nombreux cas, l’assèchement du recrutement djihadiste passe par le développement de l’économie et la juste répartition des fruits de la croissance : on le voit là encore au Sahel, et la situation des pays meurtris par le djihadisme militaire montre des enjeux comparables.
A l’évidence, Daech se présente à nous comme un ennemi d’un type nouveau. Il nous confronte à deux défis en particulier.
Le premier, c’est le défi de la pluralité de la menace, car il nous faut penser un ennemi présent sur de multiples fronts, avec plusieurs modes d’action. Non seulement il n’obéit pas aux catégories habituelles, mais il fonde même son agilité et son efficacité stratégiques sur sa capacité à nier ou effacer les limites qui structuraient jusque-là l’ordre international et l’art de la guerre moderne.
Le second défi, c’est celui de la liberté que cet ennemi s’arroge. Là où nos armées sont engagées avec un ensemble de contraintes – que nous revendiquons, car elles fondent la démocratie et l’ordre international -, l’ennemi s’affranchit d’emblée de toutes obligations, qu’elles soient juridiques, doctrinales ou éthiques.
Enfin, cette guerre dans laquelle nous sommes désormais engagés, nous confronte à un dernier défi, d’un ordre bien différent : celui de ne pas oublier que l’action de notre Défense ne doit pas se limiter à la lutte contre Daech, aussi importante cette dernière soit-elle. Il est vrai que nos armées ont connu un tournant majeur avec l’opération Serval : désormais, leur première mission relève du contre-terrorisme militaire. Ce n’est cependant pas la seule.
ALLER AU-DELÀ DE L’ENNEMI PRÉSENT
Si l’ennemi, selon le point de vue français que j’ai décrit, renvoie à une menace qui se concrétise de manière dramatique, il convient de rappeler que notre appareil de défense est conçu pour répondre à un plus large spectre de menaces ; autrement dit, pour faire face à des ennemis « en devenir », mais aussi pour traiter de situations qui ne relèvent pas du modèle stratégique de l’ennemi.
En cela nous devons – et c’est aussi le sens de cette journée – aller au-delà de l’ennemi présent. Nous pouvons le faire d’au moins deux façons, et je finirai par là.
D’abord, il nous faut garder les yeux ouverts sur l’ensemble du spectre des menaces qui se présentent à nous. Il nous faut voir que les problèmes soulevés par la guerre hybride ne s’arrêtent évidemment pas à Daech, qu’une autre crise par exemple, au sein même du continent européen, en a donné récemment une saisissante illustration. Il nous faut envisager, par ailleurs, la possibilité de résurgence d’ennemis majeurs de type étatique – j’en ai dit quelques mots. Il nous faut encore explorer à fond des champs nouveaux mais déjà majeurs, comme celui de la cyberdéfense. Ce champ-là introduit d’ailleurs une figure radicalement nouvelle de l’ennemi, celle d’un ennemi invisible, anonyme et parfois intraçable.
Devant l’ensemble de ces menaces, plus que jamais, il nous faut concevoir et mettre en œuvre une politique de défense ambitieuse et adaptable, qui ne se définisse pas seulement en fonction du court-terme, c’est-à-dire de l’ennemi en présence, mais bien d’une analyse stratégique qui intègre l’ensemble des menaces auxquels nous sommes ou pouvons être confrontés.
Notre diplomatie et notre politique de défense doivent aussi contribuer à faire barrage à l’émergence de nouveaux ennemis. J’ai parlé de la dissuasion : c’est elle qui permet de maintenir nos ennemis aux rangs d’adversaires, en leur interdisant d’envisager d’étendre le champ de la compétition stratégique à celui d’une guerre ouverte. J’ai parlé également des opérations de maintien de la paix : elles visent en effet à stabiliser des zones où pourraient s’installer de nouveaux ennemis. Au-delà de la lutte contre Daech, il y a donc une cohérence globale de notre action de défense, sur laquelle nous devons veiller plus que jamais.
Aller au-delà de l’ennemi présent, c’est aussi, enfin, imaginer l’ennemi de demain. La recherche stratégique concourt à cet objectif. Elle fait l’objet d’une action forte de mon ministère avec un plan ambitieux au profit du monde académique. Elle est aussi la raison d’être du Conseil supérieur de la formation et de la recherche stratégique. En quelques années, cher Alain Bauer, le CSFRS est devenu un acteur majeur de la recherche stratégique française, qui est lui-même innovant, comme en témoigne la volonté de faire travailler ensemble organismes publics et privés à une même définition de besoins, ou encore le MOOC dédié aux questions stratégiques qui a rencontré un très grand succès. Je veux vous en féliciter et vous encourager à poursuivre dans cette voie.
J’ai ouvert avec Sun Tzu. Vous me permettrez de conclure avec Trotski, lorsqu’il nous dit : « vous ne vous intéressez pas à la guerre, mais la guerre, elle, s’intéresse à vous ». Cette mise en garde me semble d’une grande actualité : on peut ignorer ses ennemis – certains le font très bien –, jusqu’au jour cependant où eux-mêmes ont décidé de ne plus vous ignorer. Ce jour-là s’est malheureusement produit. C’était pour la France le 13 novembre dernier. Ma priorité absolue, celle des armées, aux côtés du Président de la République, du Gouvernement et de l’ensemble des services de l’État concernés, c’est de tout mettre en œuvre pour que ceux qui ont fomenté ces agressions et qui poursuivent encore leur dessein en soient empêchés, et soient vaincus.
Je vous remercie.
Jean-Yves LE DRIAN
Ministre de la Défense
1er décembre 2015
Alain BAUER
« Qui est l’ennemi ? »

Introduction aux VIe Assises nationales de la recherche stratégique
Mardi 1er décembre 2015, Paris, École militaire
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RÉFÉRENCES
1.
Bernard MÉRIGOT, ancien auditeur de l’Institut des hautes études de la sécurité intérieure (4e session nationale 1993, Paris). Il a été nommé auditeur par arrêté en date du 31 décembre 1993 publié au Journal officiel de la République française. (Arrêté du 31 décembre 1993 portant désignation des candidats admis à suivre la session annuelle de l’Institut des hautes études de la sécurité intérieure pour 1994 NOR INTC9400001A, Journal officiel de la République française, 9 janvier 1994, p. 572).
Il est membre de l’Association nationale des auditeurs de l’Institut national des Hautes études de la sécurité et de la justice (INHESJ). (ASSOCIATION NATIONALE DES AUDITEURS DE L’INSTITUT NATIONAL DES HAUTES ÉTUDES DE LA SÉCURITÉ ET DE LA JUSTICE, Annuaire 2014, École militaire, 1 place Joffre, 75700 PARIS, 230 p. Sur Bernard Mérigot, voir : p.22, p. 168, p. 217).

2. Qui est l’ennemi ? VIe assises nationales de la recherche stratégique organisées par le Conseil supérieur de la formation et de la recherche stratégique (CSFRS), l’Institut des hautes étude de défense nationale (IHEDN) et l’Institut national des hautes études de la sécurité et de la justice (INHESJ), mardi 1er décembre 2015, École militaire, Paris.

3. LE DRIAN Jean-Yves, Intervention d’ouverture, « Qui est l’ennemi ? », VIe Assises nationales de la recherche stratégique, Conseil supérieur de la formation et de la recherche stratégique (CSFRS), 1er décembre 2015, Paris, École militaire. http://www.defense.gouv.fr/ministre/prises-de-parole-du-ministre/prises-de-parole-de-m.-jean-yves-le-drian/discours-de-jean-yves-le-drian-qui-est-l-ennemi-assises-nationales-de-la-recherche-strategique

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Les attentats terroristes du vendredi 13 novembre 2015. Le paradoxe des événements
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Les attentats terroristes du vendredi 13 novembre 2015. Le paradoxe des événements

LA LETTRE DU LUNDI DE MIEUX ABORDER L’AVENIR, n°172, lundi 30 novembre 2015

Le discours de l’actualité fait entendre et fait voir sans cesse de nouvelles informations sur « ce qui se passe » : réseaux sociaux, publications en ligne, chaines de télévision d’informations continues, radios… qui tous relatent de façon permanente des « événements ». Comment les sciences humaines et les sciences sociales intègrent-elles historiquement les événements ? « Avec compassion et humilité, en écoutant la douleur du monde, et en lui apportant un regard critique », répond Bernard MÉRIGOT.

TOUT ÉVÉNEMENT EST UN PARADOXE

Question. Comment se produit l’intrusion de l’actualité événementielle dans la recherche universitaire ?
Bernard MÉRIGOT.
D’une façon qui constitue elle-même un événement. Prenons l’exemple de la très sérieuse Nouvelle revue de psychosociologie qui a préparé durant l’année 2014 un numéro dont le thème est « Penser l’événement ». En ce milieu du mois de janvier 2015 les deux responsables de la publication Florence GIUST-DESPRAIRIES et André LÉVY, sont en train de « boucler » les textes de cette revue universitaire avant que ceux-ci ne partent à l’impression. Ils écrivent alors dans l’introduction : « Comment ne pas avoir à l’esprit l’événement qui vient de se produire à Paris et qui touche en plein cœur l’ensemble de la société française et, telle une onde de choc, de nombreux autres pays : la froide exécution de journalistes, de dessinateurs faisant leur travail, c’est-à-dire celui d’exercer librement leur esprit critique, suivi de l’assassinat de citoyens juifs coupables de faire leurs courses dans une épicerie casher. » (1)

L’événement réel qui s’est produit le 7 janvier 2015 vient s’immiscer dans un autre l’événement qui est celui de la recherche sur l’événement. Il impose une interrogation : l’événement peut-il être considéré uniquement comme un simple accident qui survient « du dehors », de façon inopinée et fortuite, pour déranger le cours de l’existence de groupes ou d’individus ?

DE GRÉ OU DE FORCE

Question. Peut-on résister à un événement ?
Bernard MÉRIGOT.
L’événement impose une situation imprévisible. De gré ou de force, il faut faire face, en composant au mieux avec ses conséquences, et si possible, en réparant les dommages qu’il a causées.

Question. Comment se produit le passage entre l’émotion qui unit et la parole qui produit des clivages ?
Bernard MÉRIGOT.
L’événement se signale d’abord par un ébranlement émotionnel, un état de sidération, un phénomène d’unification, L’individu et le collectif coïncident dans le même désarroi. Puis la parole est mobilisée. Elle révèle tensions, divergences, frustrations, indignations… qui fragmentent après coup l’élan premier.

DÉJÀ LÀ ?
OU PAS ENCORE ARRIVÉ ?

Question. L’événement est-il contenu en lui-même ?
Bernard MÉRIGOT.
« L’événement n’est pas ce qu’on peut voir ou savoir de lui, mais ce qu’il devient », écrivait Michel de Certeau en 1968.
On dit que l’événement « fait signe ». Il prend sens, comme résurgence d’un passé, proche ou lointain, frappé d’interdit, incomplètement pensé, anticipation d’un futur non tracé, moment de déconstruction et de perte, mais aussi moment d’éveil, d’émergence, de création.
Ce qui fait l’événement, c’est la construction sociale qui le suit.

Question. Donc, l’événement s’inscrit dans une nouvelle temporalité ?
Bernard MÉRIGOT. La vie des sociétés, des groupes et des individus ne se déroule pas d’une façon continue selon une trajectoire linéaire : ruptures, changements interviennent de façon soudaine pour modifier « le cours de l’histoire », comme on dit, en modifiant son sens. Les « événements » ne sont ni programmés ni réglés à l’avance, comme le sont les fêtes rituelles, les cérémonies officielles, ou les célébrations collectives. Mais ils créent d’autres événements, des célébrations, temporaires ou durables.

TOUT ÉVÉNEMENT EST PERTURBATEUR

Question. Il existe une science de l’événement ?
Bernard MÉRIGOT.
Pour répondre à cette question, il est peut-être nécessaire de faire un détour par la façon dont les sciences de la nature conçoivent le concept d’événement. Pour les scientifiques, un événement est une intrusion du hasard dans un système ordonné. C’est un perturbateur.

La nature est faite d’entités locales qui se situent dans un espace-temps infini. L’espace et le temps sont des cadres qui servent de référence aux observations et aux mesures. Il est certain que l’événement est du domaine de l’histoire. Dans le déroulement du temps, il est non prévisible. Maintenant, si tout est possible, c’est dans certaines limites, parce que les sciences physiques intègrent mathématiquement tout événement dans des « calculs d’incertitude« . (2)

LE SYSTÈME QUI EST OBSERVÉ
ET LE SYSTÈME QUI OBSERVE

Question. Quelle idée opérante doit-on conserver  ?
Bernard MÉRIGOT.
Autour des événements, il y a toujours des guerres (guerres de mots, guerres d’images). Il est étonnant que la cérémonie d’hommage rendue par le président de la République François HOLLANDE dans la cour des Invalides à Paris le vendredi 27 novembre 2015 n’ait été filmée que par le service cinématographique des Armées. Une interdiction a été faite à toutes les chaînes de télévision de prendre des images. On a même vu les cameramen se faire filmer en train de visser les bouchons sur les objectifs de leurs cameras…

L’idée apportée par la physique quantique est que l’événement est toujours une rencontre entre un système qui est observé et le dispositif qui l’observe. (3)

L’ÉTAT ISLAMIQUE (DAECH)

Le philosophe Pierre-Henri TAVOILLOT écrit : « Aspirant à détruire à la fois la tradition et la modernité, tout en rêvant d’un passé pur et en usant des moyens les plus modernes, l’idéologie de l’État Islamique repose sur une gigantesque contradiction. Pour cette raison, l’État Islamique ne peut pas gagner : c’est la bonne nouvelle.
Il y a une mauvaise nouvelle, c’est que l’histoire nous apprend qu’une contradiction peut mettre très longtemps à se résoudre, et faire dans l’intervalle, énormément de dégâts. En fait, c’est tout le chemin de l’histoire qui est pavé de contradictions … ».
(4)

RÉFÉRENCES

1. GIUST-DESPRAIRIES Florence, LEVY André, « Une onde de choc. Introduction. Penser l’événement aujourd’hui. », Nouvelle revue de psychosociologie 1/2015 (n° 19), p. 7-12 URL : www.cairn.info/revue-nouvelle-revue-de-psychosociologie-2015-1-page-7.htm.

2. RAGLAUDRE Nicolas de, « Le concept d’évènement. Lecture d’Edgar Morin », http://www.nicolasderauglaudre.eu/

3. Toute acquisition d’information se paie par une perturbation, voire par une dégradation de l’environnement.

4. TAVOILLOT Pierre-Henri, « La philosophie politique de l’Etat Islamique (II) : L’art politique de Daech », 22 novembre 2015, http://pagepersodephtavoillot.blogspot.fr/

La Lettre du lundi de Mieux Aborder l’Avenir
n°172, lundi 30 novembre 2015

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Arthur Mérigot à la guerre de 1914-1918

Il y cent ans en 1915, la France était en pleine guerre. Pas de téléphone portable pour prendre des photos. Mais des photos de groupe de soldats prises avec un appareil à plaque monté sur trépied. Elles étaient tirées sur cartes postales, et vendues aux soldats qui les envoyaient à leurs familles.

Arthur MÉRIGOT (1873-1955) à la guerre de 1914-1918. Gare de Trappes (Seine-et-Oise)
Il est le deuxième en partant de la droite. Photo prise en 1915. © Fonds privé BM 2015

Né en 1873, Arthur MÉRIGOT effectue son service militaire du 15 décembre 1891 (il a 18 ans) au 11 décembre 1895 (il a 22 ans), soit à quelques jours près, durant quatre années.
A l’âge de 41 ans, il est rappelé le 2 août 1914. Il sera «libéré définitivement de toute obligation militaire» le 7 novembre 1918, à 45 ans. Il aura passé quatre années de service militaire, et quatre années à la guerre, soit un total de huit ans de sa vie sous les drapeaux, soit près du dixième de sa vie totale.

Arthur MÉRIGOT (1873-1955) à la guerre de 1914-1918 à Magny-les Hameaux (Seine-et-Oise) en 1915.
Il est le quatrième en partant de la gauche.© Fonds privé BM 2015
Arthur MÉRIGOT (1873-1955) à la guerre de 1914-1918 à Marcoussis (Seine-et-Oise) en 1915.
Il est le huitième en partant de la gauche.© Fonds privé BM 2015
Arthur MÉRIGOT (1873-1955) à la guerre de 1914-1918 à Blandy-les-Tours (Seine-et-Marne) en 1915.
Il est le deuxième en partant de la gauche.© Fonds privé BM 2015
Tombe d’Arthur MÉRIGOT (1873-1955)
Cimetière de la Martinière, Savigny-sur-Orge (Essonne)

RÉFÉRENCES

ARCHIVES DÉPARTEMENTALES DE L’ESSONNE, Le Papyvore Spécial 1914-1918, n°40, 2eme semestre 2014, 21 x 29,7 cm, 28 p.

MINISTÈRE DES ANCIENS COMBATTANTS, L’année 1915. 11 novembre 1915, Délégation à la Mémoire et à l’information historique, 1995, 21 x 29,7 cm, 1995, 116 p.

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