Emmanuel Macron pratique une présidence de la République « corporate »

LA LETTRE DU LUNDI DE MIEUX ABORDER L’AVENIR, n°316, lundi 3 septembre 2018

Quelle est la spécificité du « macronisme » ?

Poser cette question revient à s’interroger sur la marque personnelle qu’Emmanuel MACRON imprime depuis son élection en mai 2017 à la présidence de la République. C’est-à-dire à la façon – qui n’appartient qu’à lui – de conduire l’exercice de son pouvoir politique. Comment qualifier la nature profonde de la présidence de la République telle qu’il la pratique depuis un peu plus d’un an ? En quoi se distingue t-elle de celle de ses prédécesseurs qui se l’ont précédé depuis vingt ans : François HOLLANDE (2012-2017), Nicolas SARKOSY (2007-2012), Jacques CHIRAC (1995-2007) ?

Emmanuel MACRON est le réalisateur d’un feuilleton dont les derniers épisodes de la première moitié de l’année 2018 ont mis en lumière en direct devant les caméras, des personnages comme Jean-Louis BORLOO (rapporteur désavoué des banlieues), Alexandre BENALLA (policier supplétif au zèle débordant), Françoise NYSSEN (ministre de la culture et agrandisseuse de son patrimoine immobilier personnel), Nicolas HULOT (ministre de l’Écologie déçu et démissionnaire), Philippe BESSON (écrivain et consul inattendu), Stéphane BERN (missionnaire du patrimoine déçu)… Et quelques autres.

En haut à gauche, Alexandre BENALLA veille derrière Emmanuel MACRON. Congrès de l’Association des maires de France (AMF), Porte de Versailles, Paris, 17 novembre 2017. © Photographie de Bernard Mérigot / CAD.
Le 17 novembre 2017, date ou cette photographie a été prise, le grand public ignorait l’existence d’Alexandre BENALLA, chargé de la Sécurité à l’Élysée. Il faudra attendre le mois de juillet 2018 et les révélations du journal Le Monde pour découvrir ses activités : ce sera le point de départ de l’ « Affaire Benalla ».

Il existe un trait commun révélateur, celui des relations déceptives qu’Emmanuel MACRON provoque, chez ceux qui lui sont proches comme chez ceux qui l’ont soutenu pour être élu. Pour Luc ROUBAN, directeur de recherche au CNRS, une affaire comme celle d’Alexandre BENALLA, révèle deux choses :

  • l’existence de relations interpersonnelles fortes au sommet de l’État,
  • le contournement systématique des hiérarchies ordinaires.

Il cite comme preuve, ce fait : « Rien n’était plus significatif que de voir avec quels efforts et quelle colère rentrée certains fonctionnaires devaient témoigner en juillet 2018 devant les commissions d’enquête de l’Assemblée nationale ou du Sénat ». Il en tire une conclusion : « On n’est donc ni dans le gaullisme ni dans le bonapartisme mais dans un mode « corporate » d’exercice du pouvoir, très concentré au sommet et très lointain pour le commun des mortels ou des élus. La politique privative se nourrit du modèle organisationnel des grands groupes privés. » (1)

En anglais, « to corporate », signifie « faire corps ». C’est dans ce sens que le mot désigne tout ce qui concerne l’entreprise. La « communication corporate » est la communication qui vise à promouvoir l’image de l’entreprise auprès de ses clients et de ses partenaires, les relations avec la presse, les relations publiques, l’évènementiel… Tout cela transforme, de façon volontaire, la présidence de la République française en agence de publicité dédiée à l’exercice du pouvoir. Est-ce quelque chose de nouveau ?

Le macronisme réinvente un vieux modèle, répond Luc ROUBAN. « Bon nombre de commentateurs ont retenu la dimension technocratique du macronisme en soulignant la verticalité du pouvoir et l’abandon des rêves de participation sur lesquels avait été bâti le parti politique Les Républicains En marche (LREM) auprès de militants souvent très déçus un an après l’élection présidentielle. »

LA POLITIQUE EST UN ROMAN

« Emmanuel MACRON et son épouse Brigitte MACRON sont tous deux des personnages de roman », nous révèle l’écrivain Philippe BESSON dans le livre qu’il consacre à la campagne électorale de l’élection présidentielle de 2017. (2) L’intrusion de la littérature dans  la politique n’a rien d’étonnant. Nous sommes toujours dans une perspective « corporate ». Elle fait partie d’un storytelling, d’une « mise en récit » pour reprendre la notion étudiée par Christian SALMON, dans son livre dont le sous-titre était « La machine à fabriquer des histoires et à formater les esprits » (3).  Un récit  fictionnel présenté aux médias, puis diffusé par eux, pour l’édification des citoyens français.

La nomination par Emmanuel MACRON de Philippe BESSON au poste de Consul général de France à San Francisco, le 30 août 2018, permet de constater la continuité qui existe entre la littérature et la diplomatie. Désormais, on peut dire : « Philippe BESSON est un personnage de la diplomatie, un héros des ambassades,  un missionnaire des Affaires étrangères ».
A partir du moment ou l’on considère que la politique est un roman, et les hommes politique des personnages de roman, on doit s’interroger afin de savoir qui est le romancier qui écrit l’histoire.
Philippe BESSON écrit un livre sur la vie d’Emmanuel MACRON et tant que personnage de roman de l’histoire de la nation française. Dans le même temps, en l’espace de moins d’une année, Emmanuel MACRON écrit la vie de Philippe BESSON en faisant de lui un personnage de la diplomatie de la République française. Si la présidence de la République était une chanson, ce serait Ma petite entreprise, c’est-à-dire une entreprise de création romanesque pour personnages réels. Alain BASHUNG, dans sa chanson de 2014, a tout dit : « Ma petite entreprise, Connaît pas la crise, Épanouie elle exhibe, Des trésors satinés, Dorés à souhait ». (4)

LA POLITIQUE, LE PÉCHÉ DE LA POÉSIE

« Est-il possible de parler de la politique comme d’un « péché de la poésie ? », interrogeait Charles MAURRAS dans l’article qu’il consacre à « Dante et Mistral » en 1941. Il rappelait que tous les grands poètes ont fait de la politique et ont dû détourner la sentence qu’Aristote a rendue en faveur de la philosophie : « S’il faut politiquer, il faut politiquer. Et s’il ne faut pas politiquer, il faut politiquer encore. (5) Politiquer, c’est ici, comme nous l’indique le Trésor de la langue française « s’intéresser à la politique, raisonner à des questions politiques, parler de politique, s’occuper de politique, faire de la politique ».

On savait avec Max WEBER que la politique était un métier qui suppose une vocation. (6) Cela a une conséquence : l’exercice du pouvoir s’exerce dans la politique de la même façon que dans une entreprise. Et tant pis pour la poésie.

RÉFÉRENCES

1. ROUBAN Luc, « Le macronisme, ou la privatisation du politique », The Conversation, 31 août 2018, https://theconversation.com/le-macronisme-ou-la-privatisation-du-politique-102376
ROUBAN Luc
,
Le paradoxe du macronisme, Paris, Les Presses de Sciences Po, coll. « Nouveaux débats », 2018, 176 p., ISBN : 978-2-7246-2300-0.
Luc ROUBAN est directeur de recherche au CNRS.

2. BESSON Philippe, Un personnage de roman, Julliard, 2017.

3. SALMON Christian, Storytelling. La machine à fabriquer des histoires et à formater les esprits, La Découverte, 2007, 240 p.

4. BASHUNG Alain, « Ma petite entreprise », chanson, 1994.

« Ma petite entreprise
Connaît pas la crise
Épanouie elle exhibe
Des trésors satinés
Dorés à souhait ».

5. MAURRAS Charles, « Dante et Mistral », Nouvelle Revue universelle, 25 octobre 1941.
MAURRAS Charles,
« Dante et Mistral », Poésie et vérité, H. Lardanchet Éditeur, 1944, p. 240. Texte complet de l’article en pdf : http://maurras.net/textes/76.html

6. WEBER, Max, « Politik als Beruf », Conférence prononcée à l’Université de Munich, 1919.
WEBER Max, « Le métier et la vocation d’homme politique » (Politik als Beruf), in Le Savant et le politique, Plon, 1959. Traduction de Julien FREUND. Préface de Raymond ARON.
Voir :
MERIGOT Bernard,  « Le quand même ! » critère de la vocation politique (Max Weber) », 1er août 2011,

LÉGENDE DES ILLUSTRATIONS

  • En haut à gauche, Alexandre BENALLA veille derrière Emmanuel MACRON. Congrès de l’Association des maires de France (AMF), Porte de Versailles, Paris, 17 novembre 2017. © Photographie de Bernard Mérigot / CAD.
    Le 17 novembre 2017, le grand public ignorait l’existence d’Alexandre BENALLA, chargé de la Sécurité à l’Élysée. Il faudra attendre le mois de juin 2018 et les révélations pour découvrir ses activités : ce sera le point de départ de l’ Affaire Benalla.

ARTICLES EN LIGNE SUR LE MÊME SUJET

La Lettre du lundi de Mieux Aborder l’Avenir
n°316, lundi 3 septembre 2018

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Référence du présent article :
http://www.savigny-avenir.fr/2018/09/03/emmanuel-macron-pratique-une-presidence-de-la-republique-corporate/
Posted in BENALLA Alexandre, Exercice du pouvoir politique, Gouvernance "corporate", MACRON Emmanuel, Macronisme, Président de la République | Commentaires fermés sur Emmanuel Macron pratique une présidence de la République « corporate »

L’inquiétant diagnostic des sociologues sur l’évolution du monde : abus de pouvoir, violences et injustices

LA LETTRE DU LUNDI DE MIEUX ABORDER L’AVENIR, n°308, lundi 9 juillet 2018

A quoi servent les sciences sociales ? Quel rapport entretiennent-elles avec les pouvoirs politiques ?  Penchons-nous sur le cas de la sociologie.

« Une culture de la peur est de plus en plus utilisée par les états (…), des communautés autochtones minoritaires sont victimes de violences (…), la violence est de plus en plus utilisée comme un outil aussi bien pour opprimer que pour résister à l’oppression (…), des états fuient leurs responsabilités (…), la violence à l’égard des femmes progresse (…) ». (1)

Telles sont quelques-unes des constatations faites par la présidente de l’association internationale des sociologues (International Sociological Association, ISA). Du 15 au 21 juillet 2018, près de 6 000 sociologues (enseignants, chercheurs, étudiants…), appartenant à 115 pays du monde entier, participent à Toronto, au Canada, à leur XIXe congrès mondial consacré au thème de « Pouvoir, violence et justice: réflexions, réponses et responsabilités » (Power, Violence and Justice: Reflections, Responses and Responsibilities). Nous avons interrogé Bernard MÉRIGOT, anthropologue, qui explicite pour nous le sens de  cette manifestation et l’importance qu’elle revêt sur l’état présent de nos sociétés mondialisées.

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« Power, violence and justice. Reflections, responses and responsabilities », XIXe International Sociological Association Wold Congress, Toronto, Canada, 15-21 July 2018.

Pourquoi ceux et celles qui exercent un même métier éprouvent-ils le besoin de se rencontrer périodiquement en plein été ?
Bernard MÉRIGOT.
Pour deux raisons. La première est que les sociologues, en tant que professionnels, éprouvent le besoin d’échanger avec des collègues, de dire ce qu’ils font, de savoir ce que font les autres sociologues de par le monde, de prendre la mesure de l’évolution des thèmes, des concepts, des théories. Quels sont les sujets qui sont étudiés ? Sur quels thèmes portent les publications ? Quels sont les concepts, les travaux et les théories qui apportent quelque chose de nouveau ? Quelle est l’évolution des parcours académiques ?

Quelqu’un qui enseigne n’est pas seulement un émetteur, c’est aussi un récepteur qui reçoit les réactions des étudiants auxquels il s’adresse, du public, de la société. Participer à un congrès international est l’occasion pour un professionnel d’une discipline scientifique d’effectuer une sorte de « supervision » de sa pratique personnelle en la situant dans une altérité plus vaste.

Bien que nous soyons dans un « monde mondialisé », chacun vit dans son propre pays dans un contexte qui comporte des différences avec les autres pays du monde. Il y a des différences institutionnelles, économiques, culturelles (rôle de l’État, conditions d’exercice du métier, marché de la recherche, demande sociale, reconnaissance des diplômes, débouchés professionnels pour les étudiants…).

Que disent les sociologues en 2018 ?
Bernard MÉRIGOT. Je cite Margaret ABRAHAM, présidente de l‘International Sociological Association (ISA) en ouverture de ce colloque.

« Since the inception of the discipline, sociologists have been concerned with power, violence and justice. Current social, economic and political challenges enhance their relevance.  (2)

« Les sociologues, depuis le début de leur discipline, se sont intéressés au pouvoir, à la violence et à la justice. Les défis sociaux, économiques et politiques actuels renforcent la pertinence de leur démarche.  »

Margaret ABRAHAM est professeure de sociologie à l’Université Hofstra, institution privée d’éducation supérieure située à Hempstead dans l’état de New York. Elle a été créée en 1935, et a été intégrée à New York University avant de devenir indépendante. Margaret ABRAHAM est connue pour ses recherches sur les questions de genre, en particulier sur les femmes, et en particulier sur les façons dont les questions de genre sont liées à des concepts comme la mondialisation (Globalization), les coutumes et normes sociétales (Societal Customs and Norms) et les comportements violents (Violent Behavior). C’est une représentante de ce que les anglo-saxon appellent les « Gender Studies », les études de genre, qui se définissent comme l’étude des rapports sociaux entre les sexes.  Le « genre » étant considéré comme une construction sociale analysée par tous les domaines des sciences humaines et sociales (histoire, sociologie, anthropologie, psychologie et psychanalyse, économie, sciences politiques, géographie). C’est un secteur des sciences sociales qu’une partie de la société française – et de la classe politique – se refuse à lui reconnaître aujourd’hui, contrairement au reste du monde, le statut universitaire.

L’INQUIÉTANT DIAGNOSTIC DES SOCIOLOGUES
SUR L’ÉVOLUTION DU MONDE

En tant que représentante des sociologues, Margaret ABRAHAM décrit une série de phénomènes qui se manifestent dans nos sociétés.

  • le pouvoir des entreprises s’accroît parallèlement aux inégalités mondiales, nationales et locales, à mesure que la mondialisation capitaliste s’étend et s’approfondit.
  • la violence est utilisée comme un outil aussi bien pour opprimer que pour résister à l’oppression du fait des nouvelles configurations géopolitiques de pouvoir et des confrontations en découlent.
  • des communautés autochtones minoritaires sont victimes de violences prenant la suite des relations coloniales, et des appropriations de territoires contemporaines qui en découlent aujourd’hui.
  • des états fuient leurs responsabilités en ne fournissant pas les ressources de base aux plus vulnérables.
  • des déplacements massifs de populations ont lieu en raison des crises provoquées par processus économiques et géopolitiques mondiaux. Ils alimentent en même temps le racisme, le nationalisme et la xénophobie.
  • une culture de la peur est utilisée par les états, les entreprises et autres institutions pour susciter un soutien populaire, et justifier au nom de la sécurité des restrictions de la liberté.
  • les frontières nationales sont de plus en plus renforcées pour réduire le flux de réfugiés.
  • la violence à l’égard des femmes progresse, justifiée sur les traditions et les pratiques religieuses.

LES SCIENCES SOCIALES
ONT POUR MISSION DE CHASSER LES MYTHES

Question. Est-ce qu’il ne s’agit pas là de positions que l’on qualifie en France de « politique » ?
Bernard MÉRIGOT. Il faut tout d’abord tenir compte que les spécialistes de sciences sociales – les sociologues, les anthropologues, les ethnologues… – vivent dans la société et l’observent. Leurs sources ne sont pas constituées par les informations diffusées par les journaux télévisés, par les déclarations des présidents et des ministres, par les éléments de langage des conférences de presse, par les communiqués officiels.

Ce sont des chercheurs de terrain (les banlieues, les institutions, les entreprises, les prisons…). Leurs recherches mettent en oeuvre  des méthodes rigoureuses. Ils publient leurs travaux qui sont jugés par la communauté universitaire. Les positions qu’ils expriment sur la dureté croissante du monde moderne fait consensus parmi eux.

Celles-ci n’ont rien d’étonnant lorsqu’on on observe les choses depuis la vue la France. Il existe une Association française de Sociologie qui est membre de l’International Sociological Association.  Celle-ci a tenu son propre colloque l’an passé en 2017 à Amiens. Reprenant la formule célèbre de Norbert ELIAS, ils ont réaffirmés que les sociologues étaient « des chasseurs de mythes ». Il faut entendre par là qu’ils ne sauraient admettre sans inventaire qu’un pouvoir, quel qu’il soit, soit « parfaitement neutre » ou bien « toujours juste ». Ils ont rappelés qu’ « alors même que les inégalités sociales de toutes sortes se cumulent, et souvent s’accroissent, le rôle du sociologue est plus que jamais de découvrir les processus par lesquels divers pouvoirs parviennent à les légitimer, voir à les renforcer, tout en préservant les apparences de la neutralité et de l’universalité ».

LES TROIS MISSIONS DES SCIENCES SOCIALES

  • interroger les fondements de nos sociétés,
  • renouveler la connaissance des actions, des discours et des dispositifs qui permettent de les « gouverner » ces sociétés,
  • changer les pouvoirs politiques, mais aussi économique, médiatique, culturel, académique, religieux, familial…

Ce que les sociologues français ont dit à leur congrès d’Amiens de 2017 vaut pour l’ensemble des sciences sociales :

  • mettre en œuvre des démarches qui soient propres,
  • se fondre sur des raisonnements et des faits,
  • mobiliser des outils théoriques et empiriques originaux,
  • produire un ensemble de résultats cumulatifs qui sont susceptibles de
  • contribuer à nourrir le débat démocratique,
  • rompre avec les représentations idéologiques diverses qui dominent l’espace public.

C’est en ce sens que la sociologie et les sciences sociales sont politiques.

 

RÉFÉRENCES

1. ABRAHAM Margaret, « Power, violence and justice. Reflections, responses and responsabilities », XIXe International Sociological Association Wold Congress, Toronto, Canada, 15-21 July 2018.

INTERNATIONAL SOCIOLOGICAL ASSOCIATION (ISA), Book of Abstracts accepted for presentation at the XIX ISA World Congress of Sociology, Toronto, Canada, July 15-21, 1130 p. 2018 ISSN 2522-7025
2018_ISA_World_Congress_Abstract_Book

Pouvoir, violence et justice (Power, Violence and Justice), XIXe congrès mondial de Sociologie organisé par Association international de Sociologie (International Sociological Association / ISA) à Toronto (Canada), du 15 au 21 juillet 2018.

LÉGENDES DES ILLUSTRATIONS

  • « Power, violence and justice. Reflections, responses and responsabilities », XIXe International Sociological Association Wold Congress, Toronto, Canada, 15-21 July 2018.

La Lettre du lundi de Mieux Aborder l’Avenir
n°308, lundi 8 juillet 2018

Territoires et Démocratie numérique locale (TDNL) est un media numérique mis en ligne sur le site http://savigny-avenir.info.
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Référence du présent article :

 

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Graves menaces sur la liberté des sites Internet de la part de la Commission européenne

Sous le prétexte de « faire émerger un marché unique du Numérique », l’Union européenne a entrepris depuis 2016 ce qu’elle annonce comme une « modernisation de la législation sur le droit d’auteur ». La « Proposition de directive sur le droit d’auteur dans le marché unique numérique de la Commission européenne » – Référence CPM(2016) 593 final. 2016/0280 (COD) – contient de graves menaces sur les libertés que nous connaissons aujourd’hui sur Internet.

  • L’article 11 instaure le principe d’autorisation préalable pour citer un article.
  • L’article 13 rend obligatoire l’usage des technologies de filtrage.

Graves menaces sur la liberté des sites Internet de la part de la Commission européenne : la diabolique « Proposition de directive sur le droit d’auteur dans le marché unique numérique de la Commission européenne » du 5 juillet 2018. © Photographie Bernard Mérigot, Street Art, rue des Frigos, Paris 13e, 26 juin 2018.

LE PRINCIPE D’AUTORISATION PRÉALABLE
POUR CITER UN ARTICLE (Article 11)

Les nouvelles technologies ont démocratisé l’accès à l’information et aux connaissances humaines. Or, il est prévu que demain on ne pourra plus citer librement des articles de presse.

L’article 11 prévoit la création d’un droit d’auteur nouveau pour la presse, destiné « à protéger les investissements réalisés par les éditeurs de presse ». Il va à l’encontre de la démocratisation de l’accès aux connaissances. Selon cet article 11, si une personne cite un article de presse sur un site pour indiquer l’origine d’une information, l’hébergeur du site devra demander la permission aux éditeurs de presse pour citer cet article de presse.

Cette disposition restreint la liberté en empêchant le partage de l’information.

Deux critères :

  • le seuil d’originalité,
  • le nombre de caractères,

sont censés déterminer si l’extrait sera soumis ou non à cette autorisation. On sait que la mise en œuvre de telles limites seront variables, d’autant plus que chaque pays européen pourra fixer des règles spécifiques. Autant de pays, autant de droits différents!

Créer des liens hypertextes, citer de courts extraits, partager du contenu sont des composantes fondamentales d’Internet et de la liberté d’expression. Mettre en place les contraintes annoncées représente une menace pour l’ensemble d’Internet et la liberté d’expression.

« Proposition de directive du Parlement européen et du Conseil sur le droit d’auteur dans le marché unique numérique » de la Commission européenne.

INSTAURATION DE L’USAGE OBLIGATOIRE
DES TECHNOLOGIES DE FILTRAGE (Article 13)

L’article 13 prévoit d’installer des filtres afin d’identifier si les contenus téléchargés sont déjà protégés par un droit d’auteur. Textes, images ou vidéos devront être vérifiés pour des violations présumées de droits d’auteur avant leurs téléchargements. Les contenus reconnus comme pouvant potentiellement enfreindre la loi seront alors automatiquement bloqués.

La complexité du droit d’auteur, les différences entre pays et les exceptions au droit d’auteur, sont complexes pour les humains. Elles ne peuvent être correctement appréhendées par des algorithmes. Sinon de façon arbitraire.

L’implémentation de filtres obligatoires pour les plateformes en ligne réduiront – voire empêcheront – les citoyens européens, les étudiants, les universitaires, les chercheurs de s’exprimer librement.

De telles mesures font reculer la démocratie.

RÉFÉRENCES

COMMISSION EUROPÉENNE, « Proposition de directive sur le droit d’auteur dans le marché unique numérique de la Commission européenne – Référence CPM(2016) 593 final. 2016/0280 (COD). https://eur-lex.europa.eu/legal-content/FR/TXT/PDF/?uri=CELEX:52016PC0593&from=EN

WIKIMEDIA, « Réforme européenne du droit d’auteur : menaces sur les projets Wikimedia », https://www.wikimedia.fr/2018/06/11/reforme-europeenne-droit-dauteur

LÉGENDE DES ILLUSTRATIONS

  • Graves menaces sur la liberté des sites Internet de la part de la Commission européenne : la diabolique « Proposition de directive sur le droit d’auteur dans le marché unique numérique de la Commission européenne » du 5 juillet 2018. © Photographie Bernard Mérigot, Street Art.
  • « Proposition de directive du Parlement européen et du Conseil sur le droit d’auteur dans le marché unique numérique » de la Commission européenne.
Territoires et Démocratie numérique locale (TDNL) est un media numérique mis en ligne sur le site http://savigny-avenir.info.
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Référence du présent article :
http://www.savigny-avenir.fr/2018/07/04/graves-menaces-sur-la-liberte-des-sites-internet-de-la-part-de-la-commission-europeenne/

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Comment caractériser l’esprit de l’Encyclopédie ?

LA LETTRE DU LUNDI DE MIEUX ABORDER L’AVENIR, n°303, lundi 4 juin 2018

L’expérience encyclopédique est trompeuse. En procédant à un rassemblement d’informations, de faits, de mots, de dates, d’images, d’objets… elle donne l’impression d’être animée par une simple – et parfois confuse – compulsion à l’accumulation de connaissances, dont la collecte serait condamnée à demeurer à jamais incomplète et inachevée, toujours en retard pour incorporer nouveaux faits et nouvelles idées.

Cette vision est inexacte, puisqu’au moment de sa constitution toute la démarche encyclopédique effectue – de façon explicite ou de façon implicite – une remise en cause radicale de l’existence des savoirs du moment et de leur mode d’appropriation.

Livres de pierre. Détail d’une statue, « Deux angelots soutennant le monde », École militaire, Paris, 4 juillet 2017. © Photographie Bernard Mérigot / CAD, 2017.

« Encyclopédie : Ce mot signifie enchaînement de connaissances ». C’est la définition de l’encyclopédie, telle qu’elle figure précisément dans l’article intitulé « Encyclopédie », précisément dans un livre qui en porte le nom, l’Encyclopédie, ou Dictionnaire raisonné des sciences, des arts et des métiers (1751-1772).

L’article a pour sujet le livre dans lequel il figure. Il s’agit d’une auto définition du projet encyclopédique qui annonce la caractéristique majeure qu’il réalise : un enchaînement de connaissances. Celui-ci est triple : enchaînement des différentes disciplines entre elles, enchaînement des concepts, enchaînement des fonctions remplies par la construction de connaissances nouvelles.

L’ENCHAÎNEMENT DE CONNAISSANCES

Comment caractériser l’enchaînement de connaissances proposé par l’Encyclopédie ? Le texte qui figure à la suite de la définition, détaille trois fonctions : rassembler, exposer, transmettre :

  • « rassembler les connaissances éparses sur la surface de la terre
  • en exposer le système général aux hommes avec qui nous vivons
  • le transmettre aux hommes qui viendront après nous ».

L’Encyclopédie est publiée durant vingt-et-une années, de 1751 à 1772. Elle a trois éditeurs : Denis DIDEROT (1713-1784), Jean d’ALEMBERT (1717-1983) et Louis de JAUCOURT (1704-1779), médecin, philosophe et auteur, soutien essentiel – aujourd’hui méconnu – de cette entreprise collective. Les 28 volumes publiés rassemblent une somme inégalée de savoirs sur les sciences, sur les arts, sur les métiers et sur la langue. Ils sont répartis dans 17 volumes de textes et 11 volumes d’illustrations commentées, soit 28 volumes au total. Elle demeure la plus grande entreprise éditoriale du XVIIIe siècle, tant en volume et en capital investi, qu’en force humaine employée. (1)

BOURRASQUES ET TEMPÊTES

« Sa publication souleva bourrasques et tempêtes, et fut par deux fois interdite » rappelle Alexandre GUILBAUD (2). L‘Encyclopédie s’inscrit dans une tradition ancienne des recueils de savoirs, renouvelée par l’essor de l’imprimerie. Elle hérite à la fois des traités techniques réalisés sous Louis XIV, des recueils de mémoires académiques qui voient le jour à la même époque, des dictionnaires universels du XVIIe siècle, écho de la pensée du chancelier Francis BACON (1561-1626), auteur de De Dignitate et augmentatis scientiatium (Du Progrès et de la promotion des savoirs, 1605) et de Novum Organum (Instauratio magna scientiarum, 1620), fondateur des sciences expérimentales modernes.

Les innovations de l’Encyclopédie sont connues :

  • intégration des « arts mécaniques » dans le cercle des connaissances,
  • place jusque là inédite faite à l’illustration,
  • articulation de la logique alphabétique du dictionnaire avec celle, raisonnée, permettant une liaison des connaissances,
  • association des scientifiques, philosophes et écrivains du temps  (Rousseau, Voltaire, Montesquieu, Daubenton, Diderot, d’Alembert…) dans une œuvre collective.

« Je te regarde et tu ne me vois pas ». Est-ce que c’est nous qui regardons les savoirs, ou bien est-ce que ce sont eux qui nous regardent ? L’Encyclopédie nous pose la question. Affiche publicitaire déchirée sur un quai du métro, Paris, 18 juin 2017. © Photographie Bernard Mérigot / CAD, 2017.

LA VOLONTÉ CRITIQUE

Ce qui caractérise l’Encyclopédie de façon centrale, c’est une triple volonté critique des savoirs :

  • critique de l’élaboration des savoirs,
  • critique de la transmission des savoirs,
  • critique de la représentation des savoirs.

Elle nous rappelle constamment trois choses :

  • le rôle du langage dans la transmission des savoirs,
  • l’importance du combat contre les interdits de pensée,
  • l’exigence de la reconnaissance des découvertes scientifiques.

L’Encyclopédie est animée par une critique permanente des préjugés qui est associée à une critique de toute autorité. Elle étonne par la modernité de ses questionnements et de ses combats.

RÉFÉRENCES

1. Dictionnaire raisonné des sciences, des arts et des métiers (1751-1772), Édition Numérique, Collaborative et Critique de l’Encyclopédie (ENCCRE), http://enccre.academie-sciences.fr/encyclopedie/ Consultation effectuée le 29 mai 2018.
Le site propose aux lecteurs d’effectuer des recherches à partir d’un exemplaire original – et complet – conservé à la Bibliothèque Mazarine, à Paris, intégralement numérisé.

2. GUILBAUD Alexandre, « Quand l’esprit critique de l’« Encyclopédie » de Diderot et D’Alembert revit sur le web », The Conversation, 28 mai 2018.

LÉGENDES DES ILLUSTRATIONS

  • Livres de pierre. Détail d’une statue, « Deux angelots soutiennent le monde », École militaire, Paris, 4 juillet 2017. © Photographie Bernard Mérigot / CAD, 2017.
  • « Je te regarde et tu ne me vois pas ». Est-ce que c’est nous qui regardons les savoirs, ou bien est-ce que ce sont eux qui nous regardent ? L’Encyclopédie nous pose la question. Affiche publicitaire déchirée sur un quai du métro, Paris, 18 juin 2017. © Photographie Bernard Mérigot / CAD, 2017.

La Lettre du lundi de Mieux Aborder l’Avenir
n°303, lundi 4 juin 2018

Territoires et Démocratie numérique locale (TDNL) est un media numérique mis en ligne sur le site http://savigny-avenir.info.
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Le site est supporté par une structure associative et collaborative, le Groupe Mieux Aborder L’Avenir (MALA). Tous les articles en ligne sont librement consultables dans leur totalité.

Référence du présent article :
http://www.savigny-avenir.fr/2018/06/04/comment-caracteriser-lesprit-de-lencyclopedie/
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Le scandale des algorithmes secrets de Parcoursup

La poursuite d’études supérieures après le baccalauréat est devenue depuis quelques années en France un sujet d’inquiétude et d’angoisse pour les élèves de terminale et leur famille. En 2018, le problème concerne plus de 800 000 élèves de terminale. En comptant leurs parents, cela représente plus de 2 millions de personnes qui sont confrontées aux arbitraires et aux secrets de Parcoursup qui décide les affectations, c’est-à-dire, l’acceptation ou le refus d’inscription dans un établissement donné. Une situation que beaucoup jugent scandaleuse.

Le sourire des lycéens et des lycéennes avant d’avoir subi les décisions arbitraires et secrètes de Parcoursup. Page d’accueil en ligne sur le site du ministère de l’éducation. 23 mai 2018. https://www.parcoursup.fr/

DES ALGORITHMES SECRETS

Parcoursup est un site Internet du ministère de l’Enseignement supérieur, de la recherche et de l’innovation. Il est destiné aux élèves des classes terminales des lycées souhaitant poursuivre après le baccalauréat des études dans l’enseignement supérieur. Il constitue la procédure obligatoire d’inscription mise en place en 2018 en remplacement système dénommé Admission Post Bac (APB) utilisé précédemment. Il a concerné plus de 800 000 élèves qui y ont déposé leurs « voeux ». Il n’est pas anodin que le mot  employé appartienne au registre du langage magique. Le propre des voeux est d’être satisfaits dans les contes fantastiques !

En ce printemps 2018, exactement 887 681 élèves se sont inscrits et sont dans l’attente d’une acceptation.

« ParcourSup » est nouvelle procédure d’inscription des élèves des classes terminales des lycées, au lendemain de leur obtention du baccalauréat. Elle est mise en place pour la première fois en ce printemps 2018. C’est un mécanisme complexe dont l’algorithme était jalousement jusqu’à présent gardé secret. Tout naturellement il a suscité – et continue de susciter – les légitimes inquiétudes des élèves, des parents et des enseignants.

Le ministère de l’Éducation nationale, contraint et forcé, a publié le 22 mai 2018 – en urgence – une partie de l’algorithme qui effectue le choix des élèves et décide leur affectation. Il était temps. Mais cela ne règle rien.

« Le code informatique de la plate-forme d’admission Parcoursup a été rendu public, lundi 21 mai 2018, mais les algorithmes locaux élaborés par les universités restent, eux, secrets. » (2)

Nous sommes passés :

  • de 100% secret,
  • à 50% public + 50 % secret.

C’est insuffisant. La démocratie, et les règles existantes en matière de libre accès aux documents publics, exige que les 50% qui demeurent secrets soient rendus publics. le plus rapidement L’argument selon lequel les universités appartiendraient à un autre monde, et que donc elles ne dépendraient pas du ministère de l’Éducation nationale, constitue une violence d’État faite aux citoyens (VEFAC).

DOCUMENT

LE MINISTÈRE DE L’ENSEIGNEMENT SUPÉRIEUR
DÉVOILE L’ALGORITHME PRINCIPAL DE PARCOURSUP
Le fait de la rendre public les algorithmes utilisés par les services publics a pour but de permettre à tous de vérifier que le fonctionnement du dispositif est conforme au droit. Le code informatique de la plate-forme Parcoursup destiné aux élèves des classes terminale pour leurs études après le baccalauréat sa été rendu public, lundi 21 mai 2018. Mais les algorithmes locaux élaborés par les universités restent eux, secrets.
La ministre de l’Enseignement supérieur Frédérique Vidal, et le secrétaire d’Etat au numérique Mounir Mahjoubi, ont rendu public, en « open source », l’algorithme national régissant les règles de Parcoursup, comme le veut la loi, le lundi 21 mai, à la veille des résultats de la première phase d’admission des candidats à l’entrée dans l’enseignement supérieur.
Une publication à titre indicatif, qui ne permettra pas aux candidats de connaître les techniques précises retenues par chaque université en vue d’opérer un tri des dossiers. En vertu du « secret des délibérations », le gouvernement a, en effet, insisté, lors du vote de la loi relative à la protection des données personnelles, lundi 14 mai, pour que les universités n’aient pas à dévoiler les algorithmes locaux mis au point pour assurer la cohérence entre le profil du candidat et les attendus de la formation demandée.
Des règles de transparence satisfaites ?
Les règles de transparence exigées par la loi étant « réputées satisfaites » d’emblée, les universités ont donc la liberté de limiter aux seuls candidats qui le demandent l’accès aux critères, aux modalités d’examen et aux motifs pédagogiques qui justifient leur admission ou leur refus d’admission. « Chaque formation est responsable de ses choix », avait justifié le ministère de l’enseignement supérieur, mercredi 16 mai, arguant que les candidats pourraient toujours, a posteriori, demander des explications. Parcoursup : le « secret des délibérations » sera maintenu
Dans un communiqué commun, lundi 21 mai 2018, Frédérique Vidal et Mounir Mahjoubi soulignent « la volonté du gouvernement de donner la plus grande transparence à la nouvelle procédure d’accès à l’enseignement supérieur », la publication de l’algorithme général de Parcoursup intervenant « à l’initiative de la ministre et avec plus de trois mois d’avance sur la date limite fixée par la loi du 8 mars 2018 relative à l’orientation et à la réussite des étudiants » (ORE).
La publication du code « permettra à chacun de vérifier que le fonctionnement de la plate-forme est conforme au droit », ajoute le communiqué. Cela favorisera également « la pleine compréhension des mécanismes de la nouvelle procédure d’entrée dans l’enseignement supérieur : non-hiérarchisation des vœux, absence de contraintes ; délais de réponse qui permettent, lorsque chaque candidat fait son choix, de libérer des places qui seront immédiatement proposées à d’autres candidats », veut-on croire au gouvernement.
Une exception à la loi…
Il reste que Parcoursup fait exception à la loi pour une République numérique, votée en octobre 2016, qui impose deux obligations aux administrations – et donc aux universités – recourant à des algorithmes dans le dessein d’aboutir à des décisions individuelles : intégrer systématiquement une « mention explicite » pour informer tous les usagers de l’existence et des modalités d’exercice de leur droit à connaître le détail des « règles » et « principales caractéristiques de mise en œuvre » du programme informatique utilisé ; et mettre en ligne et en libre accès – à compter du 7 octobre 2018 – les règles définissant « les principaux traitements algorithmiques utilisés dans l’accomplissement de leurs missions ». Des obligations que les universités ne seront pas tenues de remplir, en vertu de la loi ORE et de la loi sur la protection des données personnelles.
Le « secret des délibérations » pourrait, cependant, être contesté au regard du règlement général sur la protection des données personnelles (RGPD), qui entre en application le 25 mai. D’application directe, ce texte s’imposera à tous les Etats européens et pourra être invoqué par les étudiants en cas de litige. Ainsi, « dès qu’un étudiant aura un problème et fera appel à la Commission nationale de l’informatique et des libertés [CNIL], celle-ci rappellera que c’est le RGPD qui s’applique à l’échelle européenne et que la loi française doit s’y conformer », expliquait, le 15 mai, au Monde la sénatrice Sophie Joissains, opposée au « secret des délibérations ».
Parcoursup : le Sénat exige des décisions d’orientation plus transparentes
Dans une délibération du 22 mars, la CNIL rappelle d’ailleurs que l’exception aux règles de transparence accordée à Parcoursup est, en réalité, sans effet, car la loi Informatique et libertés et le RGPD lui-même comprennent des règles similaires auxquelles il n’est pas prévu de déroger.
RÉFÉRENCES
LE NÉVÉ Soazig, « Le ministère de l’enseignement supérieur dévoile l’algorithme principal de Parcoursup », Le Monde, 21 mai 2018.  http://mobile.lemonde.fr/campus/article/2018/05/21/le-ministere-de-l-enseignement-superieur-devoile-l-algorithme-principal-de-parcoursup_5302387_4401467.html?xtref=

 

LÉGENDES DES ILLUSTRATIONS

  • Le sourire des lycéens et des lycéennes avant d’avoir subi les décisions arbitraires et secrètes de Parcoursup.Page d’accueil en ligne sur le site du ministère de l’éducation. 23 mai 2018. https://www.parcoursup.fr/
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ISSN 2261-1819 BNF. Dépôt légal du numérique, 2018

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Savigny-sur-Orge. Blocage de l’entrée du Lycée Jean-Baptiste Corot contre ParcourSup et la sélection

« Non à la sélection » peut-on lire sur les tracts distribués ce mardi 22 mai 2018 devant l’entrée du Lycée Jean-Baptiste Corot, à Savigny-sur-Orge. On ne rentre pas. Les élèves des classes de terminale protestent contre la procédure par Internet de « ParcourSup » mise en place – dans l’urgence – par le ministère de l’Éducation nationale pour la rentrée de l’année universitaire 2018-2019. Banderoles, pétards et mégaphone.

« Non à la sélection à l’université ». Manifestation d’élèves de classes terminales contre ParcourSup, bloquant l’entrée du Lycée Jean-Baptiste Corot à Savigny-sur-Orge (Essonne) le mardi 22 mai 2018. © Photographie CAD/BM, 2018.

LIBRE CHOIX OU CHOIX IMPOSÉ ?

« ParcourSup réduit à dix le nombre de voeux formulés par les élèves de terminale pour la prochaine rentrée »,  précise un lycéen. « Cela permet aux universités de nous sélectionner sur dossier à partir de critères précis : lycée fréquenté, filière, notes, avis du conseil de classe, lettre de motivation, activités extra-scolaires… ». Une forme de discrimination redoutée par les élèves et par leurs parents, aggravée par la crainte que, du fait du nombre de places insuffisantes, des élèves ne soient acceptés nulle part dans l’enseignement public.

La manifestation de protestation des lycéens ne déroge pas à la règle des manifestations : elle occupe un espace public qui est lui-même toujours occupé par des « objets urbains », par des mobiliers, par des matériaux. Peut-on alors s’étonner qu’ils servent à ériger d’éphémères barricades ? Ici des barrières ont été déplacées et empilées sur la chaussée.

Barricade éphémère, érigée Place Davout à Savigny-sur-Orge (Essonne). Manifestation d’élèves de classes terminales du Lycée Jean-Baptiste Corot, mardi 22 mai 2018 contre la sélection à l’université. © Photographie CAD/BM, 2018.

Qu’est-ce qu’une « manifestation » ? Noëlle GÉRÔME en donne la définition suivante : une manifestation est une « subversion de l’espace public » (1), le plus souvent urbain, par un groupe, qui s’en sert comme un théâtre, un lieu de discours, de mise en scène, voire de chorégraphie, imposé au public, aux habitants, aux passants. Ceux-ci en deviennent à la fois les témoins et les acteurs d’un évènement auquel ils participent, même à leur insu, même marginalement, du simple fait de leur « être-là ».

« La force d’imposition du discours réside dans la démonstration de l’ampleur, de la force, et de la cohésion des manifestants ». Les médias, dont la présence est à la fois désirée (« il ne sont pas là », « ils n’en parleront pas ») et redoutée (« ils ne seront pas objectifs », « ils déformeront ce qui se passe »), en sont des spectateurs privilégiés. Évidemment, ils ne prennent pas de photos, ou bien ils ne filment pas. Qu’est-ce qu’ils vont faire des photos ? Paradoxalement, la question du « on va me reconnaître » est toujours d’actualité, bien que l’on soit à une époque où un nombre d’images, sans en augmentation, circulent sur les réseaux du monde entier du Facebook et de Snapchat et Instagram, avec tous les algorithmes de reconnaissance faciale (mais aussi vocale) imaginables…

Une manifestation constitue toujours à un état paroxystique d’un groupe ou d’une partie de la société. Elle prend parti, elle est toujours « contre quelque chose ou quelqu’un », ou bien « pour le soutien d’une cause ou de quelqu’un ». Elle se distingue d’un simple défilé d’autocélébration : elle proteste contre une décision autoritaire, une situation ou un problème social qui est insupportable.

LE SECRET  ET L’ANGOISSE DEMEURENT

« ParcourSup » est nouvelle procédure d’inscription des élèves des classes terminales des lycées, au lendemain de leur obtention du baccalauréat. Elle est mise en place pour la première fois en ce printemps 2018. C’est un mécanisme complexe dont l’algorithme était jalousement jusqu’à présent gardé secret. Tout naturellement il a suscité – et continue de susciter – les légitimes inquiétudes des élèves, des parents et des enseignants.

Le ministère de l’Éducation nationale, contraint et forcé, vient seulement de publier aujourd’hui même le 22 mai 2018 – en urgence – une partie de l’algorithme qui effectue le choix des élèves et décide leur affectation. Il était temps. Mais cela ne règle rien.

« Le code informatique de la plate-forme d’admission Parcoursup a été rendu public, lundi 21 mai 2018, mais les algorithmes locaux élaborés par les universités restent, eux, secrets. » (2)

Nous sommes passés :

  • de 100% secret,
  • à 50% public + 50 % secret.

C’est insuffisant. La démocratie, et les règles existantes en matière de libre accès aux documents publics, exige que les 50% qui demeurent secrets soient rendus publics. le plus rapidement L’argument selon lequel les universités appartiendraient à un autre monde, et que donc elles ne dépendraient pas du ministère de l’Éducation nationale, constitue une violence d’État faite aux citoyens (VEFAC).

« Non à la sélection ». Banderole peinte. Manifestation d’élèves de classes terminales contre ParcourSup, Lycée Jean-Baptiste Corot à Savigny-sur-Orge (Essonne) le mardi 22 mai 2018. © Photographie CAD/BM, 2018.

La sélection est présentée habituellement comme un mal nécessaire qui serait un remède au nombre d’abandons d’étude avant l’obtention d’un diplôme.  Cette argumentation est dangereuse. Ce qui rend la sélection intolérable, c’est son caractère algorithmique secret.

RÉFÉRENCES

1. GÉRÔME Noëlle, « Une ethnographie des manifestations ou une anthropologie culturelle du politique ? », L’ethnologie et les manifestations. Congrès de l’Association Française de Sciences Politiques, 1988, Bordeaux. Association Française de Sciences Politiques. https://hal.archives-ouvertes.fr/hal-00470028

2. LE NEVÉ Soazig, « Le ministère de l’enseignement supérieur dévoile l’algorithme principal de Parcoursup », Le Monde, 22 mai 2018.  http://mobile.lemonde.fr/campus/article/2018/05/21/le-ministere-de-l-enseignement-superieur-devoile-l-algorithme-principal-de-parcoursup_5302387_4401467.html?xtref=

LÉGENDES DES PHOTOGRAPHIES

  • « Non à la sélection à l’université ». Manifestation d’élèves de classes terminales contre ParcourSup, bloquant l’entrée du Lycée Jean-Baptiste Corot à Savigny-sur-Orge (Essonne) le mardi 22 mai 2018. © Photographie CAD/BM, 2018.
  • Barricade éphémère érigée Place Davout à Savigny-sur-Orge (Essonne).  Manifestation d’élèves de classes terminales du Lycée Jean-Baptiste Corot à Savigny-sur-Orge (Essonne) le mardi 22 mai 2018 contre la sélection à l’université. © Photographie CAD/BM, 2018.
  • « Non à la sélection ». Banderole peinte. Manifestation d’élèves de classes terminales contre ParcourSup, Lycée Jean-Baptiste Corot à Savigny-sur-Orge (Essonne) le mardi 22 mai 2018. © Photographie CAD/BM, 2018.

DOCUMENT

SAVIGNY-SUR-ORGE. AU LYCÉE COROT
ON VISE LA REPRISE EN SEPTEMBRE

Débrayage des lycéens de Corot, le 31 mai 2018 au matin (JM/EI)
Quatrième et ultime débrayage ‎des lycéens de Corot à Savigny-sur-Orge, ce jeudi 31 mai. Malgré l’approche du bac, la colère ne retombe pas chez les opposants à la réforme d’accès à l’enseignement supérieur.
Tam-tam, banderoles, slogans criés sous les grilles d’entrée du lycée : les ingrédients sont une nouvelle fois bien réunis ce jeudi 31 mai à Savigny-sur-Orge. Une partie des lycéens de Corot répondent à l’appel à une journée de colère dans les lycées. Pas de blocus complet de leur établissement en cette matinée, la direction ayant pris les devants. Plusieurs classes ont donc accédé ‎à l’intérieur des lieux, mais une centaine de jeunes gens sont rassemblés sur le parvis du lycée et la place Davout.
Ils sont rejoints ce jour-là par quelques lycéens de Vilgenis à Massy, arrivés en RER. Il faut dire qu’il s’agit de la quatrième action organisée par les lycéens cette année. Le 22 mai, ceux-ci avaient suivi l’appel à la mobilisation, en organisant un blocus le matin avant pour certains, de rejoindre la manifestation parisienne.
Pour l’occasion, plusieurs élèves de Terminale ont édité un tract au titre puissant : « Soulève ta banlieue ! ». Après les premiers résultats donnés par Parcoursup, « de nombreux lycéens et lycéennes la banlieue se retrouvent dans une situation inacceptable » est-il écrit. Entre les refus et l’attente « interminable et angoissante » des postulants à l’enseignement supérieur, ces lycéens sont révoltés face à ce qu’ils appellent « un nouveau moyen utilisé pour renforcer le tri social dont les banlieues sont les premières victimes ». Pas question pour eux d’accepter « un système de sélection à l’université » qui ne sert qu’à combler « le manque de place dans les facs ».
« Vidal (la ministre) nous dit qu’il n’y a pas de problème, mais dans ma classe il y en a encore 13 en listes d’attente » illustre Maya, en Terminale S à Corot. Pour Jossana, en Littéraire, « ces ‘en attente’, c’est des ‘non’ cachés ». Toutes deux regrettent que les pouvoirs publics n’aient pas pris en compte l’augmentation attendue du nombre de jeunes dans les études supérieures : « le gros problème, c’est qu’il n’y a pas de place pour ceux qui arrivent. Il y a eu le baby-boom des années 2000, ils n’ont rien prévu ».
Une jeunesse mobilisée et réprimée
En cette fin d’année scolaire, la manière dont a été traité leur mouvement laisse un goût amer chez ces lycéens. « Macron dit qu’il fait une politique pour les jeunes générations, c’est des paroles en l’air, la seule chose qu’il fait c’est nous gazer » : le ton est donné au fur et à mesure que la discussion embraye sur les semaines de mouvement des lycéens ; dont certains ont participé à des rassemblements voire des occupations parisiennes. Louise, lycéenne à Pagnol (Athis) et présente ce jeudi devant Corot, parle d’une « répression démesurée » subie par ses camarades et elle. Elle n’hésite ainsi pas à faire le lien entre « la violence contre les mouvements sociaux » et « celles dont sont victimes les habitants de banlieue« Sur le sol, un graffiti rappelle la mort tragique d’un jeune de Massy l’an dernier, demandant toujours « Vérité pour Curtis ».
Le cas des 100 lycéens conduits 48 heures en garde-à-vue pour un début d’occupation du lycée Arago à Paris, a également laissé des traces. « C’est une répression de fou, c’est purement scandaleux ce qui leur est arrivé, c’était de vraies humiliations » s’indigne une autre lycéenne. Sa voisine déplore que parmi les lycéens de Corot montés à la manifestation parisienne du 22 mai, « une jeune qui faisait sa première manif s’est pris une grenade dans la jambe et a boité deux jours ». Une succession de témoignages qui fait dire à Maya, en préparation du bac S : « on fait tout pour que les élèves d’ici se sentent inférieurs ».
Cette journée d’action sera néanmoins la dernière de l’année, selon les lycéens mobilisés. « On arrête car le bac commence » expliquent deux Terminales, tout en annonçant la couleur, à côté de leurs camarades : « mais on espère que les Secondes et les Premières vont prendre la relève dès septembre, car il faut continuer à se battre contre cette sélection à la fac ». Certains à coté acquiescent du regard.
RÉFÉRENCE DU DOCUMENT
MONIER Julien, « Savigny-sur-Orge. Au lycée Corot, on vise la reprise du mouvement en septembre », Essonne-Info. 6 juin 2018. https://www.essonneinfo.fr/91-essonne-info/122486/lycee-corot-on-vise-reprise-mouvement-septembre/
Territoires et Démocratie numérique locale (TDNL) est un media numérique mis en ligne sur le site http://savigny-avenir.info.
ISSN 2261-1819 BNF. Dépôt légal du numérique, 2018

Le site est supporté par une structure associative et collaborative, le Groupe Mieux Aborder L’Avenir (MALA). Tous les articles en ligne sont librement consultables dans leur totalité.

Référence du présent document : http://www.savigny-avenir.fr/2018/05/22/savigny-sur-orge-blocage-de-lentree-du-lycee-jean-baptiste-corot-contre-parcoursup-et-la-selection/?preview=true&preview_id=23465&preview_nonce=5b2cce683b
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Quels sont les fondements de l’identité d’un territoire ?

LA LETTRE DU LUNDI DE MIEUX ABORDER L’AVENIR, n°301, lundi 21 mai 2018

Chaque communauté humaine (commune, communauté, collectivité, institution, entreprise, association…) a besoin de savoir où elle va, où elle se trouve, d’où elle vient. Cela vaut aussi bien pour l’identité vécue de l’intérieur que pour la représentation de cette identité perçue de l’extérieur.
Quelle est la visibilité historique, culturelle, et aujourd’hui numérique, de ces identités ? Quelle est leur durabilité ? Pour répondre à ces questions, il faut s’interroger sur leurs fondements – explicites et implicites – sur leurs histoires, sur leurs traces, sur leurs archives.

L’identité d’un territoire est à l’image des couches superposées de peinture sur une porte de garage en bois : une couche recouvre la couche précédente, qui recouvre la couche précédente, qui recouvre la couche précédente… Marron, blanc, vert… C’est quand la dernière couche s’écaille qu’elle laisse apparaître la précédente, qui lorsqu’elle s’écaille à son tour laisse apparaître la précédente…  C’est le manque de solidité et de durabilité du temps présent qui permet d’entrevoir la passé, c’est-à-dire la superposition des temps © Photographie Bernard Mérigot/CAD 2018.

LE MONDE COMMUN

Une culture singulière fonde l’identité de chacun de nous. La philosophe Hannah ARENDT écrit :  « Le monde commun est ce qui nous accueille à notre naissance et ce que nous laissons derrière nous en mourant. Il transcende notre vie aussi bien dans le passé que dans l’avenir. Il était là avant nous, il survivra au bref séjour que nous y faisons. Il est ce que nous avons en commun, non seulement avec nos contemporains, mais aussi avec ceux qui viendront après nous » (1)

Chaque identité locale repose sur des liens sociaux qui sont à la fois des facteurs de cohésion et de d’opposition. Elle participe au patrimoine culturel immatériel transmissible d’une génération à une autre.

Il existe une inégalité identitaire entre les territoires. Elle vient d’un fait simple : certains territoires ont une identité forte et durable, et d’autres une identité faible, et temporaire. Ces différences jouent un rôle déterminant à l’égard des territoires, sur leur dynamisme interne, leur attractivité, leur développement externe.

L’identité locale consiste en un effet de reconnaissance pour ceux qui y sont nés, ceux qui y habitent, ceux qui y travaillent, ceux qui viennent s’y établir, ceux qui y résident temporairement. Elle a besoin de repères identifiés, localisés, datés, pour se constituer. L’identité dominante est une résultante, composée de différentes identités partielles, minoritaires. Elle est évolutive dans le temps.

Pas de mémoire sans territoire. Pas de territoire sans mémoire. Qu’est-ce qui dure et perdure ? Qu’est-ce disparaît ? Qu’est ce qui apparaît ? Trois approches permettent d’appréhender ces questions : celle des lieux, celle des acteurs, celle des évènements fondateurs.

TROIS APPROCHES :
LIEUX, ACTEURS, ÉVÈNEMENTS 

1. Lieux. La matérialité des lieux de vie est constituée par les discours des habitants qui – pour cette raison – sont tous des « faiseurs de ville ». Tout espace public comporte une partie visible. Il comporte aussi une partie invisible qui en est l’expression mémorielle, affective, et culturelle, constitutive d’une ruralité ou d’une urbanité qui est aujourd’hui mondialisée, qu’on l’accepte ou bien qu’on le refuse. Comment les mémoires individuelles et collectives se composent-elles ? Comment émergent-elles ?

2. Acteurs. Quels sont les producteurs de ces mémoires ? Il existe des passeurs de mémoire porteurs des représentations individuelles et collectives passées. Par leur discours, leurs écrits, leurs actions, ils en sont aussi les transformateurs, qu’il s’agisse d’œuvres culturelles, artistiques, cinématographiques, muséographiques, archivistiques… Toutes ces œuvres sont « politiques » au sens où elles concernent la polis (« cité » en grec), ce qui englobe les politiques publiques, les politiques économiques, les politiques locales… Toutes tissent des usages sociaux qui structurent le temps et l’espace. Gérer et animer le quotidien construit le lendemain.

3. Évènements fondateurs. La patrimonialisation, liée aux temps et aux lieux (villes, quartiers, « cités », villages, bourgs, lotissements…) est en prise avec les logiques sociales, politiques et économiques. Les cycles mémoriels s’inscrivent dans un temps long à partir d’évènements ponctuels : productions, transmissions, effacements, résurgences, prises et déprises. Ils comprennent à la fois les évènements initiaux, leurs reprises, leurs commémorations, voire leurs interdictions.

DES ACTIONS MENÉES
DANS UNE CONTINUITÉ

L’entrée dans le monde numérique, en accélérant les « discours circulants », a pour effet de provoquer des « évanescences territoriales ». Des interrogations sur Internet peuvent aboutir soit à une absence de réponse (parce qu’on a mal posé la question, tout simplement; soit à un trop grand nombre de références, rendant alors illisible un contenu pertinent. (2)

Il existe une compétition entre les territoires. D’où parfois la tentation, pour certains, de créer une image décalée par rapport à la réalité, ce qui contrevient à la règle de correspondance (l’image donnée doit correspondre à la réalité perçue) et à la règle de continuité (une information, pour être durable, doit être actualisée). Un croisement entre regard intérieur et regard extérieur est indispensable, par exemple en termes de forces/faiblesses, opportunités/menaces.

Des attentes citoyennes nouvelles se manifestent à l’égard des territoires par une exigence d’accès immédiat à des contenus numériques pertinents et lisibles. Les satisfaire dans le temps implique une veille des environnements numériques, des conditions d’accès aux textes en ligne (référencement), une actualisation des contenus, une réactivité réfléchie à l’égard de l’actualité.

RÉFÉRENCES

1. ARENDT Hannah, The Human Condition, 1958.
ARENDT Hannah, Condition de l’homme moderne, Calman-Lévy, 1994, p.95. Traduction par Georges Fradier.

2. Une interrogation sur Google portant sur le mot « identité » effectuée le 20 mai 2018 affiche le résultat suivant : 89 600 000 (86 millions de résultats ! ) en 0,43 secondes. Aucun être humain ne peut prendre connaissance d’une telle liste d’items. Il est obligé de se fier à des processus de tris automatiques, algorithmiques, c’est-à-dire incontrôlables par l’utilisateur final. Incontrôlables veut dire ici : « contrôlés par les marchands de données numériques ».

LÉGENDES DES ILLUSTRATIONS

  • L’identité d’un territoire est à l’image des couches superposées de peinture sur une porte de garage en bois : une couche recouvre la couche précédente, qui recouvre la couche précédente, qui recouvre la couche précédente… Marron, blanc, vert… C’est quand la dernière couche s’écaille qu’elle laisse apparaître la précédente, qui lorsqu’elle s’écaille à son tour laisse apparaître la précédente…  C’est le manque de solidité et de durabilité du temps présent qui permet d’entrevoir le passé, c’est-à-dire la superposition des temps. © Photographie Bernard Mérigot/CAD 2018

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 La Lettre du lundi de Mieux Aborder l’Avenir
n°301, lundi 21 mai 2018

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BNF. Dépôt légal du numérique, 2018
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Parc éolien en mer de l’île d’Yeu et de Noirmoutier. Construction et déconstruction des consensus citoyens

LA LETTRE DU LUNDI DE MIEUX ABORDER L’AVENIR, n°300, lundi 14 mai 2018

« On est face à des personnes sans scrupules et au quotient intellectuel qui n’est pas celui du géranium. De quoi alimenter notre rencontre avec ce clan si la rencontre a lieu », écrit Jacques TURPIN, l’un des commissaires de l’enquête publique concernant le projet de Parc éolien en mer au large des îles d’Yeu et de Noirmoutier dans un mail daté du 1er mai 2018. Envoyé au lendemain d’une réunion, il poursuit en évoquant qu’il y a « de quoi alimenter notre rencontre avec ce clan si la rencontre a lieu. Il accuse le « clan de Fabien BOUGLE » (les opposants au projet d’éoliennes) de « distiller médisance et accusation grossières ».

Jacques TURPIN, commissaire enquêteur, André RICOLLEAU, maire de Saint-Jean-de-Monts, Mireille AMAT, commissaire enquêteur (de gauche à droite) lors de la permanence de l’enquête publique sur le projet de Parc éolien en mer des îles d’Yeu et de Noirmoutier, le samedi 21 avril 2018, de 9 h à 13 h, en mairie de Saint-Jean-de-Monts (Vendée). © Photographie CAD/Bernard Mérigot, 2018.

LA NATURE DU PROJET

Le projet de Parc d’éoliennes en mer, au large des îles d’Yeu et de Noirmoutier est actuellement soumis à enquête publique du 4 avril au 23 mai 2018 dans 19 communes de Loire-Atlantique et de Vendée directement concernées.

Il est important :

  • il concerne un ensemble de 62 éoliennes, couvrant 86 km2, à 15 kilomètres des côtes,
  • il représente 2 milliards d’euros d’investissements,
  • il devrait produire près de 500 MW (Méga Watts) d’électricité.

Il est intéressant pour étudier les conditions dans lesquelles une politique de transition énergétique peut être concrètement mise en oeuvre dans un territoire. Comment les décisions concernant de tels équipements sont-elles prises ? De quelles concertations font-elles l’objet ?

Enquête publique sur le projet de Parc éolien en mer des îles d’Yeu et de Noirmoutier. Affiche « Avis d’enquête publique, 4 avril 2018-23 mai 2018 ». Plage de Saint-Jean-de-Monts, 24 avril 2018. © Photographie Bernard Mérigot/CAD, 2018.

QUELLE TEMPORALITÉ ?

Le dossier des éoliennes en mer concerne les moyens de production d’énergie électrique pour les années à venir. Celui-ci se place dans le contexte de la compétition européenne et mondiale. Le projet a pris forme en 2011. Il est entré dans une phase dite « de développement » en 2015 avec sa présentation organisée par la Commission nationale du débat public (CNDP). L’existence passée et future de ce Parc comprend à ce jour quatre phases :

  • 2014-2018. Développement (Appels d’offres, Débat public, Études, Autorisations, Enquête publique…) : 4 ans
  • 2019-2021. Construction : 2 ans
  • 2021-2046. Exploitation : 25 ans
  • 2046-2048. Démantèlement : 2 ans

On relèvera le temps relativement court de la durée d’exploitation (25 ans) de cet équipement, entre le début de sa production et son arrêt, suivi de son démantèlement. Un démantèlement dont il est permis de se demander dans quelle mesure il aboutira en 2048 à la restitution des fonds marins et des emprises terrestres à leur état d’origine de 2018.

No et Ye. Touche pas à nos îles. Collectif écologiste contre l’implantation de la centrale éolienne entre Noirmoutier et Yeu. http://tpani-no-yeu.com/

POUR UNE RECONNAISSANCE
DE LA LÉGITIMITÉ DE L’ALTÉRITÉ CITOYENNE

L’État, les collectivités territoriales et les entreprises – par leurs élus, leurs administrations et leurs responsables – doivent abandonner définitivement le schéma mental des sociétés d’indifférence, de soumission, d’obéissance et d’admiration sans limite à l’égard des politiques publiques, telles qu’ils ont pu être exister dans le passé.

Les grands projets structurants d’équipement public (ligne de TGV, autoroute, pont, barrage, aéroport, éoliennes…) suivent chacun  un cheminement qui passe nécessairement par  des territoires concrets d’implantation, et avec eux, ceux qui y habitent et qui y vivent.

Le droit d’opposition est consubstantiel à toute décision publique. Les démocraties modernes imposent aujourd’hui que des processus d’information, de concertation, et de participation aux décisions soient mises en oeuvre. Elles supposent l’acceptation par tous de la légitimité de l’altérite citoyenne fondée sur le droit aux pensées, aux opinions et aux  jugements qui sont autres que celles des pouvoirs exécutifs.

DOCUMENT

« Projet éolien : l’e-mail qui «injurie» les opposants. L’enquête publique sur le projet de parc éolien entre les îles d’Yeu et de Noirmoutier est en cours. Un e-mail envoyé par erreur aux opposants par un commissaire enquêteur sème le trouble ». Article de Laura JARRY, Ouest-France, 8 mai 2018.

RÉFÉRENCES

  • No et Ye. Touche pas à nos îles. Collectif écologiste contre l’implantation de la centrale éolienne entre Noirmoutier et Yeu. http://tpani-no-yeu.com/
  • Enquête publique sur le projet de Parc éolien en mer des îles d’Yeu et de Noirmoutier et ses bases.
    Commissaire enquêteur, Président :

    M. Arnold Schwerdorffer, général de division de l’armée de terre, en retraite.
    Commissaires enquêteurs, titulaires :
    Mme Brigitte Chalopin, Juriste
    M. Jacques Turpin, directeur départemental de l’équipement, en retraite.
    M. Jean-Yves Herve, ingénieur en chef de l’armement, en retraite.
    Mme Mireille Amat, ingénieur en biologie.

LÉGENDE DES ILLUSTRATIONS

  • Jacques TURPIN, commissaire enquêteur, André RICOLLEAU, maire de Saint-Jean-de-Monts, Mireille AMAT, commissaire enquêteur, (de gauche à droite) lors de la permanence de l’enquête publique sur le projet de parc éolien en mer des îles d’Yeu et de Noirmoutier, le samedi 21 avril 2018, de 9 h à 13 h, en mairie de Saint-Jean-de-Monts (Vendée). © Photographie CAD/Bernard Mérigot, 2018.
  • Enquête publique sur le projet de Parc éolien en mer des îles d’Yeu et de Noirmoutier. Affiche « Avis d’enquête publique, 4 avril 2018-23 mai 2018 ». Plage de Saint-Jean-de-Monts, 24 avril 2018. © Photographie Bernard Mérigot/CAD, 2018.
  • No et Ye. Touche pas à nos îles. Collectif écologiste contre l’implantation de la centrale éolienne entre Noirmoutier et Yeu. http://tpani-no-yeu.com/
  • « Projet éolien : l’e-mail qui «injurie» les opposants. L’enquête publique sur le projet de parc éolien entre les îles d’Yeu et de Noirmoutier est en cours. Un e-mail envoyé par erreur aux opposants par un commissaire enquêteur sème le trouble ». Article de Laura JARRY, Ouest-France, 8 mai 2018.
  • Enquête publique sur le projet de Parc éolien en mer des îles d’Yeu et de Noirmoutier (4 avril 2018-23 mai 2018). Mise à disposition du public des dossiers dans le Hall de l’Hôtel de ville de Saint-Jean-de-Monts (Vendée), 20 avril 2018. © Photographie Bernard Mérigot/CAD, 2018.

Enquête publique sur le projet de Parc éolien en mer des îles d’Yeu et de Noirmoutier (4 avril 2018-23 mai 2018). Mise à disposition du public des dossiers dans le Hall de l’Hôtel de ville de Saint-Jean-de-Monts (Vendée), 20 avril 2018. © Photographie Bernard Mérigot/CAD, 2018.


La Lettre du lundi de Mieux Aborder l’Avenir
n°300, lundi 14mai 2018


Territoires et Démocratie numérique locale
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ISSN 2261-1819
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Note sur l’histoire du concept de mondialisation (« Globalization »)

LA LETTRE DU LUNDI DE MIEUX ABORDER L’AVENIR, n°287, lundi 23 avril 2018

Il faut distinguer l’histoire de la mondialisation et l’histoire du concept de mondialisation (« Globalisation » en anglais). Il y a d’une part le phénomène, et d’autre part le mot qui le désigne. La mondialisation a commencé à exister avant que son concept moderne n’apparaisse à la fin du XXe siècle.

Port de Saint-Nazaire (Loire-Atlantique), 29 octobre 2013. © Photographie Bernard Mérigot, / CAD

Le temps des choses n’est pas le temps des mots. Deux temporalités sont mêlées. Durant des siècles, les moyens de communications et les échanges entre les pays du monde ont lentement évolués. Ils se sont perfectionnés jusqu’au moment où, du fait de leur emprise grandissante, un modèle unique, économique, financier, social et culturel s’est imposé. (1)

Le terme français de mondialisation est employé en 1904 par Pierre de COUBERTIN (1863-1937), puis en 1907 et en 1933 par l’ethnologue et anthropologue Arnold VAN GENNEP (1873-1957).

« GLOBALISATION » ET VILLAGE GLOBAL

Le terme anglais de globalization, correspondant au terme français de mondialisation, dans son sens économique et politique moderne, est employé pour la première fois en 1967 par Marshall Mc LUHAN (1911-1980) dans son livre intitulé Guerre et Paix dans le village planétaire (« War and Peace in the Global Village ») (2). Il analyse l’impact de la télévision sur le déroulement de la guerre du Vietnam, premier conflit suivi en direct à la télévision par le monde entier, montrant qu’un média nouveau fait de la planète un « village global », façonnant des opinions publiques qui influencent le déroulement des conflits. Il prédit le rôle grandissant que les technologies de la communication vont remplir dans l’évolution mondiale.

Il faut attendre une quinzaine d’années pour que le terme de « Globalization » soit repris en 1983 par l’économiste Théodore LEVITT (1925-2006), dans un article intitulé « The Globalization of Markets » (La mondialisation des marchés). (3) Il explique que la convergence des marchés économiques se constitue autour de trois principes :

  • la préférence des consommateurs pour des prix modérés moyennant une qualité acceptable,
  • la nécessité de faire des économies d’échelle en production et en marketing, pour offrir un standard de produit mondial compétitif,
  • la vente des mêmes produits partout dans le monde.

RÉFÉRENCES

1. NADOULEK Bernard, « Histoire du concept de mondialisation », http://www.nadoulek.net/La-naissance-du-concept-de.html

2. Mc LUHAN Marschal, Guerre et Paix dans le village planétaire, Robert Laffont, Paris, 1970, 192 p.
Mc LUHAN Marschal,
War and Peace in the global Village, Bantam Books, New York, 1967.

3. LEVITT Théodore, « The Globalization of Markets », 1983.

LÉGENDE DES ILLUSTRATIONS

  • Port de Saint-Nazaire (Loire-Atlantique), 29 octobre 2013. © Photographie Bernard Mérigot, / CAD

La Lettre du lundi de Mieux Aborder l’Avenir
n°287, lundi 23 avril 2018

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Les inondations dans le département de l’Essonne. Ressources documentaires et pédagogiques

LA LETTRE DU LUNDI DE MIEUX ABORDER L’AVENIR, n°295, lundi 9 avril 2018

Inondations de le rivière Orge à Savigny-sur-Orge. Parking de la Résidence du 25 rue des Rossays, 6 juin 2016. © Photographie Bernard MÉRIGOT/CAD 2016.

LÉGENDES DES ILLUSTRATIONS

Inondations de le rivière Orge à Savigny-sur-Orge. Parking de la Résidence du 25 rue des Rossays, 6 juin 2016. © Photographie Bernard MÉRIGOT/CAD 2016.

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