Élection des maires 2020 à huis clos. La citoyenneté peut-elle exister « en distantiel ».

La loi en vigueur depuis plus de cent ans dispose que les séances des conseils municipaux sont publiques. Pourtant les séances qui procèdent en 2020 à l’élection des maires se tiennent à huis-clos.  Les raisons de cette invisibilisation d’un acte politique majeur tiennent aux mesures sanitaires de prévention de l’épidémie du Covid-19.
A-t-on perdu ce qui fait l’essence de la démocratie ? Ou bien est-ce que la
«manière électronique», évoquée confusément par les autorités gouvernementales et préfectorales  pour rendre accessibles les débats des conseils municipaux, les a-t-elle transformés en un banal spectacle de téléréalité ?
Autrement dit, une démocratie «en distantiel » est-elle concevable ?

Extrait de la convocation de la ville de Savigny-sur-Orge (Essonne) à la séance du dimanche 5 juillet 2020, à 10 heures. à la suite du second tour de l’élection municipale du dimanche 28 juin 2020. Son ordre du jour comporte l’élection du maire et celle des adjoints au maire. https://www.savigny.org/actualites/conseil-municipal-dinstallation-du-5-juillet-en-direct-partir-de-10h

LE PUBLIC CITOYEN,
UNE RECONNAISSANCE RÉCENTE ET PRÉCAIRE

C’est la loi municipale du 5 avril 1884 qui a donné au conseil municipal le droit de régler par ses délibérations les affaires de la commune. Simultanément, la question de la publicité des séances a été reconnu, c’est-à-dire que celles-ci doivent – sous peine de nullité – être ouvertes au public.
Cette règle, avant d’être adoptée, fut précédée par de nombreux débats entre les parlementaires qui étaient partisans de cette ouverture et ceux qui voulaient le maintien de l’ancienne pratique du huis-clos.
Édouard BARBEY (1831-1905), sénateur du Tarn, ancien maire de Mazamet, est intervenu lors de la séance du jeudi 7 février 1884 dans le débat de première lecture de la loi du 5 avril 1884. Il a défendu le caractère public qui doit être accordé aux séances.

« J’ai été maire pendant douze ans d’une commune importante, composée en grande majorité d’ouvriers, et je vous affirme que j’aurais été heureux que les électeurs fussent admis à entendre les discussions du conseil municipal que je présidais. (…)
Je crois que beaucoup d’insinuations, beaucoup de calomnies répandues dans la presse et dans le public ne se seraient pas fait jour s’il y avait eu là des auditeurs même peu sympathiques à l’administration qui auraient entendu les discussions, qui auraient apprécié les arguments développés par les conseillers municipaux et par le maire, et qui auraient pu réfuter eux-mêmes les critiques injustes répandues dans le public. (…)
Et ne savez-vous pas, Messieurs, qu’en France, les désordres qui se produisent dans certaines assemblées délibérantes ne sont pas le résultat de la publicité des séances, mais de l’ardeur, de l’emportement de quelques-uns de ses membres ? ».
(1)

Annonce de la retransmission sur le site de la ville de Savigny-sur-Orge de la séance du conseil municipal du dimanche 5 juillet 2020 à 10 heures procédant à l’élection du maire et des adjoints. https://www.savigny.org/actualites/conseil-municipal-dinstallation-du-5-juillet-en-direct-partir-de-10h

QU’EST-CE QUE LA « MANIÈRE ÉLECTRONIQUE » ?

La convocation à la séance de conseil municipal de Savigny-sur-Orge du dimanche 5 juillet 2020 à 10 H 00 doit procéder à l’élection du maire et des adjoints au maire. Elle porte en bas, le texte encadré suivant :

« Pendant l’état d’urgence sanitaire prévu à l’article L.3131-12 du Code de Santé publique, la réunion du conseil municipal se tiendra dans des conditions conformes aux règles sanitaires en vigueur, à savoir sans que le public ne soit autorisé à y assister.
Pour y assurer le caractère public de la réunion, les débats seront accessibles en direct de manière électronique ».

Jusqu’à présent la démocratie se pratiquait « en présentiel ». Désormais, comme pour l’évolution du travail en télétravail, elle se pratique « en distantiel ». Une série de problèmes se posent. En évoquant confusément la manière électronique, l’État (le gouvernement, le ministre de l’Intérieur, le préfet…) a pris une lourde responsabilité.
D’une part, si cette manière électronique (on croirait une formule du XVIIe siècle) vient à faire défaut (panne de caméra, de réseau, de liaison Internet …), et qu’aucun public ne peut, ni entendre ce qui se dit, ni ce qui se fait au sein de cette séance de conseil municipal, la séance perd ipso facto, son caractère public, et devient annulable.
D’autre part, l’usage d’outils numériques introduit à la fois une incertitude à l’égard  d’éventuelles  manipulations et la difficulté d’établir son constat. De toute façon, il ouvre un champs à la possibilité de recours en annulation des délibérations concernées auprès du Tribunal administratif.

« La diffusion commencera dimanche 5 juillet 2020 à 9 H 50 ». L’écran noir du site de la mairie de Savigny-sur-Orge (Essonne), https://www.savigny.org/actualites/conseil-municipal-dinstallation-du-5-juillet-en-direct-partir-de-10h

UN CORPS POLITIQUE SANS CORPS PHYSIQUES

Une séance de conseil municipal devient désormais un programme de télévision de la mairie, un You Tube, une vidéo… une possibilité parmi une infinité d’autres de se connecter sur un site, le jour dit, à l’heure dite, pour voir et entendre en direct ce qui se dit et se fait dans un lieu devenu immatériel. La question est celle du passage d’une fonction complémentaire (en plus de) à la fonction substitutive (à la place de). Lorsque la première fonction aura disparue pour laisser la place à la seconde, et que toutes les assemblées délibérantes fonctionneront sur ce même modèle de moyens électroniques, les exigences de la démocratie classique seront inutiles. On s’apercevra alors que le corps politique peut faire l’économie des corps physiques.

CONCLUSION
Nous ne sommes pas dans un univers de science fiction numérique du futur : nous sommes dans un monde qui existe au présent. Évidemment, toutes les autorités vont faire une surenchère d’assurances, les plus parfaites, les plus sincères, les plus convaincantes concernant la parfaite sécurité des processus mis en oeuvre. La garantie des données personnelles sont garanties à 100%. Nous savons que de telles garanties sont toujours démenties, un jour ou l’autre, par les faits. Elle n’empêcheront pas les agissements d’esprits malins visant à tenter de forcer le cours naturel des choix démocratiques en cherchant à les infléchir en leur faveur. La démocratie a eu ses fraudes. Elle en a encore, parfois. La télédémocratie aura ses téléfraudes.

Bernard MÉRIGOT


RÉFÉRENCES

1. Édouard BARBEY (1831-1905). Maire de Mazamet (1871-1883), Sénateur du Tarn (1882-1905), Vice-président du Sénat (1901-1904). Ministre de la marine (1887, 1889-1892). https://www.senat.fr/evenement/archives/D18/conseils.html

LÉGENDES DES ILLUSTRATIONS


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Référence du présent article : http://www.savigny-avenir.fr/2020/07/04/election-des-maires-2020-a-huis-clos-la-citoyennete-peut-elle-exister-en-distantiel/

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Et si les élections municipales de 2020 étaient un « trompe-l’oeil politique » ?

Les deux tours des élections municipales françaises de 2020 demeureront dans la mémoire des citoyennes et des citoyens comme des élections qui ont été manipulées par les pouvoirs politiques. Le confinement du Coronavirus Covid-19 a évidemment constitué une circonstance exceptionnelle. Mais le flou et les atermoiements du président de la République Emmanuel MACRON, de son premier ministre Édouard PHILIPPE et de ses ministres, et – a quelques exceptions près – de nombreux d’élus de tout bord, ont aggravé et entretenu la plus grande confusion à l’égard du fonctionnement des institutions démocratiques.

Les « raisons d’agir » avancées comme arguments politiques et médiatiques, majoritairement admis, sont-ils constitutifs d’une vérité consensuelle appartenant d’une façon légitime à l’histoire mémorisable et transmissible ? Ou bien constituent-elles des « trompe-l’œil » discursifs, construisant une réalité qui fait voir quelque chose qui n’est pas ?

Métropolis 2020. Toujours plus haut. 28 octobre 2014. © Photographie originale de Bernard Mérigot/CAD

  • 1er tour, le dimanche 15 mars 2020. Le samedi 14 mars, le premier Ministre Édouard PHILIPPE a annoncé « la fermeture de tous les lieux publics non indispensables ». Le confinement général de la population sera annoncé le lundi 16 mars par le président de la République Emmanuel MACRON. Il débutera le mardi 17 mars à 12 H.
    Dans ce contexte, le scrutin du 15 mars – pour des raisons d’ « entendement sanitaires » et de précaution évidentes – connait un taux record d’abstention de votant. Un pourcentage officiel qui doit être encore majoré en tenant compte du nombre d’électeurs et d’électrices qui remplissent les conditions pour voter, et qui ne sont inscrits sur aucune liste électorale : de ce fait ils ne sont pas comptabilisés parmi les abstentionnistes.
    Une pensée doit être conservée à l’égard des élus, des citoyens, des fonctionnaires qui ont participé à ce scrutin et qui ont été contaminés lors de la journée. Certains en sont morts. Terrible dilemme : « Voter et mourir » ou « S’abstenir et vivre ».
  • 2e tour du dimanche 22 mars 2020. Prévu d’après la loi une  semaine suivant  le 1er tour, il a été annulé et reporté de trois mois (13 semaines exactement) pour avoir lieu le dimanche 22 juin 2020.
    Il a été préparé dans un contexte multiple : campagne électorale confidentielle, crise économique, allégresse souvent imprudente causée par les mesures de déconfinement, inquiétude à l’égard de la poursuite de la propagation de la maladie en France et dans le monde. Le « vote masqué » est la pire métaphore qu’une démocratie puisse envisager.

UNE « MÉLOPÉE LANGUIDE »

Pour Claude PATRIAT, des circonstances exceptionnelles («la» Covid-19 et les mesures de « distanciation sociale ») ont amené l’interruption brutale d’un processus démocratique et sa suspension. « En renvoyant aux calendes post-épidémiques le deuxième tour, on a rompu les amarres unissant les deux votes du premier et du second tour. Trois mois plus tard, le scrutin apparaît dévitalisé, vidé de sa substance nerveuse. La mélopée languide du temps de confinement aura creusé un fossé profond entre les attentes d’hier et les choix d’aujourd’hui. Tous les ingrédients sont là en juin pour accentuer encore la distanciation politique déjà perceptible au mois de mars. » (1)

LES OUBLIS DE L’EFFERVESCENCE ÉLECTORALE

Les campagnes électorales constituent des rituels démocratiques fondés sur une croyance : celle des électeurs qui sont enclins à croire que les candidats, une fois élus ou réélus, auront la capacité pour maîtriser et transformer le réel en lui appliquant leur programme. Stéphane CADIOU souligne que « cette vision occulte les contraintes multiples (budgétaires, techniques, médiatiques… et même les événements imprévus de l’actualité comme peut l’être une crise sanitaire) avec lesquelles composent les élus une fois en position de pouvoir. » (2) Il rappelle que trop de facteurs interfèrent et complexifient la chaîne décisionnelle. « Oublier cela, c’est se condamner aux déceptions postélectorales ». (3) Elles constituent un vaste domaine, sans cesse renouvelé.

Pour l’élu et son administration, deux questions : 1. Faire ou ne pas faire. 2. Faire ceci plutôt que cela, mettre en place celui-ci plutôt que celui-là. Autant les élus locaux des communes doivent composer avec les mobilisations régulières de groupes et d’organisations qui entendent faire valoir les intérêts de certains segments de la population. Autant les élus locaux des intercommunalités, habitant et vivant dans des contrées plus éloignées des territoires directement concernés, peuvent compter sur une relative passivité des habitants concernés (manque d’information, non communication de documents publics, difficulté à se mobiliser, arbitrages entre plusieurs projets…). Quelles décisions prises par des intercommunalités font l’objet de débats dans les communes ? La réponse doit être nuancée selon les territoires (région parisienne, agglomération, anciens « pays » d’interconnaissance). Dans la grande majorité des cas, une loi peut se vérifier : « Plus un lieu de décision est éloigné des habitants concernés, plus grande est son autonomie de gestion, et moins il a de comptes à rendre. »

Escaping criticism-by pere borrel del caso.png

Échapper à la critique. (Escapando de la crítica, 1874) de Pere Borrell del Caso (1835-1910), peintre, aquarelliste et graveur catalan. Collection Banco de España, Madrid. Extrait de Wikipedia https://commons.wikimedia.org/wiki/File:Escaping_criticism-by_pere_borrel_del_caso.png

Commentaire de l’illustration. Un jeune garçon semble sortir du cadre du tableau, ses mains s’accrochent au cadre pour y prendre appui et s’enfuir. Son visage est tendu, son regard mi apeuré, mi étonné. Il enjambe le cadre du tableau en se tenant fermement aux bords. Il sort de l’œuvre.
Que fuit-il ?
Que cherche-t-il ?
De quoi a- t-il peur ?
Qu’est-ce qui se passe-t-il à l’intérieur du tableau ?
Et à l’extérieur du tableau, sur la droite ?
Moment de passage, intermédiaire entre deux fictions : une ancienne fiction intérieure, invisible, et nouvelle fiction extérieure, visible. Surgissement de l’inattendu. Frontières entre l’espace de l’œuvre, l’espace du récit, et le monde réel.
Et quelle est la
raison du titre ?

Voir : http://culturehumaniste66.ac-montpellier.fr/06_ARTS_VISUELS/PROJET_DEPARTEMENTAL/expo_arts_2014/escapando_de_la_critica.pdf

LES RATIONALITÉS INCERTAINES

La généralisation de l’abstention citoyenne lors des scrutins a pour conséquence de rendre invisibles – voire inexistantes – les relations entre les élus et les groupes de pression constitués. Il peut s’agir d’une association de loisir, de riverains d’une source de nuisance, d’habitants d’une rue… Encore faut-il que de tels collectifs se constituent au-delà de Facebook et de Twitter, et durent un minimum de temps. Gérer une ville demeure une affaire de conciliation d’intérêts et de paramètres contradictoires (« le maximum de services et d’équipements gratuits, et le minimum d’impôts locaux »). Ce qui rend de plus en plus incertaine la ralisation d’une promesse électorale au moment de faire l’objet d’une décision. (4) La méfiance des électeurs est croit chaque jour. C’est porquoi ils s’efforcent de plus en plus d’imposer aux élus, avant de voter pour eux, des Chartes d’engagement. Cela evient du donant/donant.

QUELLES ÉCHELLES DE DÉFENSE DES INTÉRÊTS ?

Les politiques publiques locales concernant l’eau, les mobilités, les déchets, l’habitat, le climat… ne relèvent plus de décisions des communes. Elles ont été toutes transférées à des instances intercommunales et à leurs administrations, qui élaborent les cahiers des charges et choisissent les prestataires de service, dans la majorité des cas privés, et appartenant à de grands groupes en situation de quasi monopole. De ce fait, le contribuable, l’abonné, l’usager, le client… (la dérive des mots est significativede la marchandisation des biens communs), rémunère des actionnaires. Rares sont les régies et les sociétés d’économie mixte encore existantes.

Stéphane CADIOU émet la réflexion suivante : « Ainsi se crée une déconnexion croissante entre l’échelle des compétences, de plus en plus intercommunales, et l’échelle des groupements de la société civile à forte dimension municipale. Doit-on parler dans ce cas de politiques publiques destinées à rester sans interlocuteurs ? »

Pour lui, la capacité d’adaptation à l’égard de ce nouveau jeu institutionnel est très limitée. Ce sont les intérêts les plus volatiles et les plus flexibles, c’est-à-dire les moins attachés à un espace particulier, qui sont en mesure de s’y ajuster.

CONCLUSION

Pas de fait sans discours. Il est difficile de séparer les faits des discours qui les constituent. Si les arguments des appareils de pouvoir appartiennent à l’archive mouvante de l’actualité, cela ne les valide pas pour autant ni comme pensée critique, ni comme vérité scientifique. Pour quelle raison ne remettons-nous pas en cause les discours qui nous sont imposés, que tous répètent à l’envie, et que nous-mêmes répétons sans y prendre garde ? Comme l’a enseigné Jacques LACAN, « tout discours se développe à partir d’un signifiant maître qui n’est rien d’autre qu’un semblant ». (5) Dominique LAURENT indique que « c’est un signifiant imaginaire qui donne son support imaginaire à ce que l’on appelle sous différents noms : autorité, pouvoir, maîtrise. C’est l’agent d’un discours… son insigne, ce au nom de quoi on parle, on agit et que l’on ne remet pas en question. » (6)

La perception des conditions du millésime 2020 des élections municipales « cuvée Covid-19 » est de la même nature que ce l’on appelle en peinture un « trompe-l’œil », une œuvre qui joue sur la confusion de la perception par le spectateur : il voit ce qu’il croit voir et qui n’est pas. Il est trompé par les moyens « mis en œuvre » – c’est le cas de le dire – pour obtenir une illusion. C’est souvent une partie de l’œuvre qui suffit à nous entraîner dans un jeu de séduction et de confusion.

En matière d’élections municipales, ce n’est ni le premier tour du 13 mars 2020, ni le second tour du 28 juin 2020 qui sont importants. Les maires sur qui les projecteurs sont braqués sont des héros de circonstance. Leurs pouvoirs et leurs moyens diminuent chaque jour : tout ce qui ne va pas est de leur faute. En revanche, tout ce qui va bien, l’est grâce à d’autres instances.

Ce qui est important, c’est le troisième tour qui se réalise dans toute la France, celui de l’élection des présidents d’intercommunalités, de syndicats intercommunaux, d’établissements publics intercommunaux, de métropoles. Ce sont ces instances, leurs présidents, leurs vice-présidents et leurs administrations qui détiennent les vrais pouvoirs sur les territoires.

Bernard MÉRIGOT


RÉFÉRENCES

1.PATRIAT Claude, « Des élections municipales en trompe-l’œil pour un nouvel ordre politique ? », The Conversation, 25 juin 2020. https://theconversation.com/des-elections-municipales-en-trompe-loeil-pour-un-nouvel-ordre-politique-141415
Claude Patriat est professeur émérite de Science politique Université de Bourgogne

A propos des « mélopées languides »
« Ces cantilènes avaient dû être recueillies, en partie, dans les plus anciens antiphones du peuple juif. Le courant gréco-romain auquel la paléographie de Solesmes rattache l’origine du plain-chant se faisait moins sentir que le courant hébraïque en ces mélopées qui rappelaient, dans le chant des lettres, avec leur côté languide et cadencé, les mélodies à la fois ingénues et subtiles de l’Orient.
Elles remontaient certainement, en tout cas, à la plus haute antiquité ; et les réparations que leur trame avait subies au dix-septième siècle et depuis, n’en avaient altéré ni la couleur, ni les contours ; elles étaient merveilleusement assorties aux offices qui, eux aussi, dataient des premiers âges de l’église, peut-être même de l’église de Jérusalem, au quatrième siècle. »
HUYSMANS Joris-Karl, L’Oblat, Stock, 1903, Châpitre X, P. 283-284. https://fr.wikisource.org/wiki/L’Oblat_(Huysmans)/Texte_entier

2. CADIOU Stéphane, « Les élus locaux sont-ils à l’abri des groupes d’intérêt ? », The Conversation, 23 juin 2020. https://theconversation.com/les-elus-locaux-sont-ils-a-labri-des-groupes-dinteret-141255
Stéphane Cadiou est maître de conférences en science politique à l’université de Saint-Étienne et chercheur au laboratoire Triangle (CNRS, ENS de Lyon, Université Lyon 2, Sciences Po Lyon, Université Jean Monnet Saint-Etienne). Ses recherches portent notamment sur la représentation locale des intérêts, les institutions locales et les réformes territoriales, la gouvernance locale.

3. HALPERN Charlotte, « Décision », dans : Laurie Boussaguet éd., Dictionnaire des politiques publiques. 3e édition actualisée et augmentée. Paris, Presses de Sciences Po, « Références », 2010, p. 201-210. URL : https://www.cairn.info/dictionnaire-des-politiques-publiques–9782724611755-page-201.htm

4. GUINAUDEAU Isabelle, PERSICO Simon, « Tenir promesse. Les conditions de réalisation des programmes électoraux », Revue française de science politique, 2018/2 (Vol. 68), p. 215-237. DOI : 10.3917/rfsp.682.0215. URL : https://www.cairn.info/revue-francaise-de-science-politique-2018-2-page-215.htm

5. LACAN Jacques, D’un discours qui ne serait pas du semblant, Seuil, 2007, p. 83.

6. LAURENT Dominique, « D’un discours qui ne serait pas du semblant, Introduction à la lecture du livre XVIII », École de la Cause freudienne. https://www.causefreudienne.net/dun-discours-qui-ne-serait-pas-du-semblant/


LÉGENDES DES ILLUSTRATIONS


Territoires et Démocratie numérique locale (TDNL) est un media numérique mis en ligne sur le site http://savigny-avenir.info.
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Référence du présent article : http://www.savigny-avenir.fr/2020/06/27/et-si-les-elections-municipales-de-2020-etaient-un-trompe-loeil-politique/

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« Télétravail, mon amour ». Faut-il céder à toutes les injonctions du numérique ?

LA LETTRE DU LUNDI DE MIEUX ABORDER L’AVENIR, n°408, lundi 8 juin 2020

Les trois mois de confinement Covid-19 (mars, avril, mai 2020), et la soumission obligée au mot d’ordre gouvernemental « Restez chez-vous », ont apporté la preuve que le télétravail (pour nombre de salariés) ainsi que la « continuité pédagogique » (pour les enseignants et leurs élèves), pouvaient remplacer « en distantiel », des activités précédemment accomplies « en présentiel ».
Les activités maintenues, prolongées ou étendues, sont fondées sur l’usage  par les employés de moyens numériques leur appartenant. Ils utilisent depuis leur domicile leurs ressources personnelles, qu’il s’agisse de matériels (ordinateurs, imprimantes, téléphones…), de connexions (abonnements Internet et téléphoniques), ou de consommables (cartouches d’imprimantes, papier, consommation électrique…).
(1)
Ces moyens doivent être maintenus opérationnels, en état de marche permanent, mis à la disposition des employeurs par les employés, et ce, gracieusement.
(« Pourvu que tout marche, pourvu que je puisse me connecter à Internet… »). Sans quoi le télétravail cesse, et avec lui la rémunération qui lui est associée.

Une double relation anthropologique est ainsi créée entre des individus et les collectivités ou les entreprises employeuses.

  • Elle se traduit, de fait, par une nouvelle loi du Travail, imposée sans avoir été discutée un seul instant : « Pas de travail rémunéré sans la possession d’informatique et de téléphonie personnelle et la garantie de leur bon état de marche permanent ».
  • Elle obéit à de nouvelles injonctions numériques imposées par la société d’aujourd’hui.
  • Elle se fonde sur des relations que chacun d’entre nous entretient avec « l’informatique » et avec les savoirs-faire numériques qu’il possède à un moment donné. Qu’un matériel tombe en panne, qu’un système ou un logiciel soit obsolète, qu’un logiciel cesse d’être exploité, que des donnés ne puissent être accessibles … et le télé-salarié, ou la télé-salariée, ne remplit plus les performances attendues de lui ou d’elle. Ils sont alors menacés par le télé-licenciement et le télé-chômage.

Covid-19. Assurer une continuité pédagogique.
Extrait de Les bonnes pratiques de l’enseignement à distance en sept points (Académie de Poitiers, 18 mars 2020).
http://ww2.ac-poitiers.fr/hist_geo/spip.php?article1946

LES HUMANITÉS NUMÉRIQUES,
UNE NOUVELLE ANTHROPOLOGIE

Les « humanités numériques » (Digital humanities) existent-elles vraiment ? Entendons-nous : il s’agit ici de nouvelles humanités. Dans l’enseignement traditionnel français, le mot d’humanités désignait les lettres classiques (les humanités classiques), centrées sur la littérature grecque et latine. Au Moyen Âge, elles visait une « éducation » : esthétique, rhétorique, morale et civique … Les collèges d’humanités dispensaient la première partie de l’enseignement des arts libéraux (trivium et quadrivium). Les humanités numériques sont souvent associées à la « Révolution numérique », lieu commun médiatique, et présentées comme « une nouvelle anthropologie des sociétés contemporaines ». (2)

OBÉIR A l’INJONCTION

L’injonction se définit comme « un ordre, un commandement précis, non discutable, qui doit être obligatoirement exécuté et qui est souvent accompagné de menaces et de sanctions ». Son mode d’existence quotidien est insidieux, constitué par une prescription sociale qui « place toute la société dans l’obligation de ne reconnaître que le neuf et le nouveau », de faire ressentir la culpabilité à ceux qui sont en retard, et de les mettre dans une dépendance à l’égard d’un apprentissage sans fin. (Jeanneret, 2011, p. 83).

Cette notion d’injonction est à mettre en lien avec celle de « réquisition » que développe Sarah LABELLE (2007). Le phénomène de prescription encourage fortement certains usages, tout en opérant une partition sociale liée au respect ou non de ces pratiques. Il s’agit d’un appel à l’activité dans un cadre normatif, donnant à voir de « bonnes pratiques », généralement non négociables, et seulement dans certains cas rares, peu négociables.

Lucie ALEXIS,  Sébastien APPIOTTI et Éva SANDRI, (3) observent que pour « les lieux culturels », ces logiques d’incitation comportent toujours des sanctions soit symboliques et sociales : les individus ou les institutions qui ne s’y plient pas sont jugés aussitôt « poussiéreux », « réactionnaires » ou « démodés » (Sandri, 2016).

Ces impératifs se déclinent selon des formes d’injonctions plurielles. Il ne s’agit pas tant de phénomènes de coercition que d’accompagnement aux degrés variés – du plus léger au plus impératif – et de proposition visant à stimuler et à susciter des pratiques, pouvant prendre des formes diverses. Ces niveaux d’accompagnement sont tout autant visibles dans les « discours d’escorte » (Jeanneret, 2001 ; Jeanneret, Souchier, 2002), qu’ils soient journalistiques ou politiques, que dans les discours des professionnels.

« Carte mentale pour faire des devoirs »,
Extrait de Apprendre, réviser, mémoriser, 10 septembre 2019.
https://apprendre-reviser-memoriser.fr/carte-mentale-devoirs-ecole/

RÉFÉRENCES DE L’ARTICLE

1. Sécurité et confidentialité des données utilisées et échangées dans le cadre d’une activité professionnelle entre un employé et son employeur.

  • Dans la situation où un employé exerce son activité sur son lieu de travail, c’est l’employeur (la collectivité publique ou l’entreprise privée) qui assure la sécurité des données utilisées.
  • Dans la situation où un employé est en télétravail depuis son domicile, il a accès à des données de la collectivité publique ou privée pour laquelle il travaille. Son matériel personnel ne dispose pas de dispositif professionnel garantissant la sécurité relative à l’utilisation et à la circulation des données. Des risques sérieux de piratage ou de commercialisation de données  personnelles, confidentielles détenues par l’employeur existent.

2. (A vérifier)

3. ALEXIS Lucie, APPIOTTI Sébastien, SANDRI Éva, « Présentation du supplément 2019 A : Les injonctions dans les institutions culturelles », 20 décembre 2019. https://lesenjeux.univ-grenoble-alpes.fr/2019/supplement-a/00-presentation-du-supplement-2019-a-les-injonctions-dans-les-institutions-culturelles-ajustements-et-prescriptions/

FILIOD Jean-Paul, « Anthropologie de l’école. Perspectives », Ethnologie française, 2007/4 (Vol. 37), p. 581-595. DOI : 10.3917/ethn.074.0581. URL : https://www.cairn.info/revue-ethnologie-francaise-2007-4-page-581.htm

MATELART Tristan, PARIZOT Cédric, PEGHINI Julie et WANONO Nadine, « Le numérique vu depuis les marges », Journal des anthropologues [En ligne], 142-143 | 2015, mis en ligne le 15 octobre 2015, consulté le 07 juin 2020. URL : http://journals.openedition.org/jda/6192

LÉGENDES DES ILLUSTRATIONS

  • Covid-19. Assurer une continuité pédagogique. Extrait de Les bonnes pratiques de l’enseignement à distance en sept points(Académie de Poitiers, 18 mars 2020). http://ww2.ac-poitiers.fr/hist_geo/spip.php?article1946
  • https://apprendre-reviser-memoriser.fr/carte-mentale-devoirs-ecole/
  • C’est quoi cette continuité pédagogique ? Extrait de « Continuité pédagogique et confinement version Blanquer. Danger ! », 28 mars 2020.  https://npaherault.blogspot.com/2020/03/continuite-pedagogique-et-confinement.html

C’est quoi cette continuité pédagogique ? Extrait de « Continuité pédagogique et confinement version Blanquer. Danger ! », 28 mars 2020. https://npaherault.blogspot.com/2020/03/continuite-pedagogique-et-confinement.html

DOCUMENT n°1

INJONCTION(S DU NUMÉRIQUE
Colloque scientifique Ludovia, Université d’été du numérique éducatif organisé par l’association de chercheurs Culture numérique,
Ax-les-Thermes (Arriège), 24-27 août 2020

Sommaire
I. L’avènement du numérique
II. Les formes prises par la numérisation

•   Injonction idéologique
•  
Injonction technique
•  
injonction industrielle

•  
Injonction industrielle et marchande
•  
Injonction psycho-sociale

III. Dans le domaine éducatif

I. L’avènement du numérique constitue t-il « une évolution anthropologique nécessaire ? », comme tend à l’imposer un consensus généralisé. Il est en effet considéré tour à tour comme :

  • une troisième écriture (Herrenschmidt, 2007) (1), après l’écriture et l’imprimerie,
  • une hypersphère, après la graphosphère,
  • la vidéosphère (Merzeau, 1998) (2), ou encore
  • un support d’une raison computationnelle (Bachimont, 2010) (3), comme l’écriture l’a été pour la raison graphique.

Le numérique, cette « technologie de l’intellect » (Goody, 1979) (4), doit-il s’imposer dans tous les domaines ?

II. Les formes prises par la numérisation progressive du monde ne sont pas naturelles. Le numérique ne s’impose pas de soi, selon un darwinisme technique qui en ferait le successeur inéluctable de la machine à vapeur et de l’électricité. Il est instruit par des instances politiques, économiques, développé par des industries, « médié » par différentes instances sociales qui agissent selon des intérêts divers, parfois convergents, parfois contradictoires.

Dans l’espace social, cette perception d’une nécessité est fortement soutenue par des campagnes médiatiques. Les promesses du numérique s’y déploient dans un continuum de développements perpétuels qui « instille quotidiennement l’évidence de l’avènement de futurs technicisés, présentés à la fois comme inévitables et fondamentalement désirables » (Compagnon, 2019 : 7). Ces intérêts croisés amènent à considérer la grande conversion numérique (Douehi, 2011) comme un enjeu sociétal complexe qui s’impose aux acteurs : les usagers sont sommés, sous diverses injonctions, à investir le monde numérique qui a été créé pour eux.

L’amplitude des effets de ces injonctions sur les individus a peu à peu suscité des réactions car ils sont potentiellement vécus comme des restrictions de liberté. Ce qui était vu comme un moyen « libre » de communication et d’information semble se muer en un outil de formatage. Ces injonctions prennent de multiples formes, elles ont été abordées par divers travaux de recherche dont :

  • Injonction idéologique, qui impose l’idée d’une société numérique inéluctable, naturalisée, impensée (Robert, 2012) (5), prolongeant le bluff technologique prédit par Ellul (1988) (6) ;
  • Injonction technique, derrière laquelle sourd l’idéologie du progrès, sous les avatars contemporains, par exemple, du solutionnisme technologique (Morozov, 2014) (7) ;
  • Injonction industrielle et marchande, qui pousse au développement d’un environnement numérique pervasif (Kaplan, 2012), que d’aucuns considèrent comme tyrannique (Biagini, Carnino, 2007) (8), qui fait de l’activité en ligne un digital labor (Cardon, Casilli, 2015) (9), ou un marché de l’attention (Citton, 2014) (10) et des affects (Alloing, Pierre, 2018) (11) ;
  • Injonction psychosociale, qui fait des appareils numériques des objets de désir et des signes extérieurs de richesse, du personal branding et de l’e-reputation (Alloing, 2016) (12) des modalités essentielles de la construction de l’identité (Georges, 2009 (13), Gomez-Méjia, 2016 (14) et de l’institutionnalisation personnelle (Gobert, 2018) (15)

III. Dans le domaine éducatif, la promotion incessante de nouvelles méthodes pédagogiques médiées par le numériqueserious gaming, MOOC, etc. — s’ajoute à des mesures institutionnelles successives comme le Plan de développement des usages du numérique à l’école (2010) et nombre de rapports parlementaires. Elle crée une injonction pédagogique d’usage et des pratiques à double tranchant. Si elle favorise l’émergence de nombreuses initiatives, elle attise des résistances (Biagini, Cailleaux, Jarrige, 2019) (16) et met en question la liberté de choix. Le numérique éducatif est-il une injonction, institutionnelle, pédagogique, ou une transformation nécessaire (17) ? De la prudence critique (Tricot, Amadieu, 2014) (18) au techno- enthousiasme (Khan, 2013) (19), en passant par l’expérimentation optimiste (Romero et al., 2017) (20)

Comment faciliter cette intégration ? Ou au contraire, modérer cette imposition ? 
 Voire en empêcher certaines ?

  • En sciences humaines, la question pressante de la constitution des humanités numériques (21) et des modalités d’appréhension du big data obligent les disciplines à une introspection épistémologique et méthodologique. Elle conduit à repenser les heuristiques disciplinaires : quelles données recueillir et questionner (San Juan, 2014) (22).

Quelles méthodes mettre en 
œuvre pour les analyser dans le contexte des herméneutiques et des méthodologies qualitatives préexistantes ?

  • D’autre part, des situations de communication aux représentations de soi (Quantified Self) connectées, ou médiées par la relation interactive à une ou plusieurs interfaces numériques, les individus et les groupes mettent en œuvre des stratégies de modération de l’activité numérique, qu’on peut concevoir comme le symptôme d’une forme de résistance à l’injonction ; pour d’autres, en revanche, la relation aux environnements numériques prend des allures d’aliénation.

Quels mécanismes sont à l’œuvre, quels dispositifs favorisent ou contraignent les usages, pour quelles fins ?

  • Dans le domaine esthétique, on pourrait croire que la question est tranchée depuis longtemps, avec l’évidence de l’art numérique (Couchot et al., 2003) (23), du net art (Fourmentraux, 2005) (24), de la musique (Réseaux n° 172) (25) ou de la numérisation du cinéma (Beau, Dubois, Leblanc, 1998) (26). Mais la numérisation est passée des pratiques de production aux pratiques de réception (Bourgatte, Thabourey, 2012) (27) , profondément modifiée par l’avènement de l’informatique mobile et de la connexion permanente, et dans le spectacle vivant, elle est encore problématique (Ligeia n° 137 – 140) (28).

Comment les artistes gèrent-ils cette pression sociale de l’omniprésence numérique dans les pratiques spectatorielles ? Comment les artistes de spectacles vivants s’accommodent-ils de l’injonction numérique ?

  • Le domaine vidéo-ludique peut être vu comme une forme de laboratoire socio-technique. Alors que les techniques narratives vidéoludiques empruntent d’abord à leurs aînées audiovisuelles, littéraires et folkloristiques, elles sont maintenant prises comme modèle de scénarisation dans l’innovation pédagogique.L’injonction numérique passe-t-elle par la ludicisation des pratiques d’apprentissage ?

NOTES

  • 1 Herrenschmidt C. (2007), Les trois écritures. Langue, nombre, code, Bibliothèque des sciences humaines, Paris, Gallimard.
  • 2 Merzeau L. (1998), « Ceci ne tuera pas cela », Les cahiers de médiologie, vol. 6, no. 2, 1998, pp. 27–39.
  • 3 Bachimont B. (2010), Le sens de la technique : le numérique et le calcul, Le Kremlin-Bicêtre, Les Belles Lettres.
  • 4 Goody J. (1979), La Raison graphique. La domestication de la pensée sauvage, trad. J. Bazin et A. Bensa, Paris, Éd. de Minuit.
  • Le Colloque scientifique Ludovia est organisé par Culture numérique, association de chercheurs, dans le cadre de Ludovia, Université d’été du numérique éducatif.
  • 5 Robert P. (2012), L’impensé informatique : Critique du mode d’existence idéologique des technologies de l’information et de la communication : Tome 1, Les années 1970–1980, Paris, Archives contemporaines.
  • 6 Ellul J. (1988), Le bluff technologique, Hachette, Paris, 1988.
  • 7 Morozov E. (2014), Pour tout résoudre, cliquez ici. L’aberration du solutionnisme technologique, Limoges, FYP.
  • 8 Biagini C., Carnino G. (dir., 2007), La Tyrannie technologique. Critique de la société numérique, l’Échappée.
  • 9 Cardon D., Casilli A. (2015), Qu’est-ce que le Digital Labor, INA Éditions.
  • 10 Citton Y. (dir., 2014), L’économie de l’attention. Nouvel horizon du capitalisme ? La Découverte.
  • 11 Alloing C. et Pierre J. (2017), Le Web affectif, une économie numérique des émotions, Ina Éditions. 
Le Colloque scientifique Ludovia est organisé par Culture numérique, association de chercheurs, dans le cadre de Ludovia, Université d’été du numérique éducatif.
  • 12 Alloing C. (2016), (E)réputation : médiation, calcul, émotion, CNRS Edition.
  • 13 Georges F. (2009), « Identité numérique et représentation de soi : analyse sémiotique et quantitative de 
l’emprise culturelle du web 2.0. » Réseaux, n°154, pp. 165-193.
  • 14 Gomez-Mejia G. (2016), Les Fabriques de soi ? Identité et Industrie sur le web, Paris, MkF.
  • 15 Gobert T. (2018), « La e-identité comme facteur de l’institutionnalisation de soi », Innovation, institution du numérique, Ludovia # 15, 20 août 2018
  • 16 Biagini C., Cailleaux C., Jarrige F. (coord.) (2019), Critique de l’école numérique, L’Échappée.
  • 17 Baron, G.-L., Depover, C. (dir.) (2019), Les effets du numérique sur l’éducation. Regards sur une saga contemporaine. Villeneuve-d’Ascq : Presses universitaires du Septentrion
  • 18 Tricot A., Amadieu F. (2014), Apprendre avec le numérique. Mythes et réalités, Paris, Retz.
  • 19 Khan S. (2013), L’éducation réinventée ; Une école grande comme le monde, Paris, Lattès.
  • 20 Romero M., Lille B., Patino A. (2017), Usages créatifs du numérique pour l’apprentissage au XXIe siècle, 
Presses de l’Université du Québec.
  • 21 À titre indicatif, parmi la pléthore de publications, signalons ces numéros de revue récents : Questions de 
communication n°31 (2017/1), Quaderni n°98 (2019/1), Les Cahiers du numérique 2017/3-4 (Vol. 13).
  • 22 Ibekwe-SanJuan F. (2014), “Big Data, Big machines, Big Science : vers une société sans sujet et sans 
causalité ? », 19e congrès de la SFSIC, Toulon 4 au 6 juin 2014. 
Le Colloque scientifique Ludovia est organisé par Culture numérique, association de chercheurs, dans le cadre de Ludovia, Université d’été du numérique éducatif.
  • 23 Couchot E., Hillaire N. (2003), L’art numérique. Comment la technologie vient au monde de l’art, Paris, Flammarion.
  • 24 Fourmentraux J.-P. (2005), Art et Internet, les nouvelles figures de la création, Paris, CNRS éditions.
  • 25 RESEAUX 2012/2 (n° 172), Musique et technologies numériques, La Découverte.
  • 26 Beau F., Dubois P., Leblanc G. (1998), Cinéma et dernières technologies, INA-De Boeck, 1998
  • 27 Bourgatte M., Thabourey V. (dir., 2012), Le cinéma à l’heure du numérique. Pratiques et publics, Paris, MkF.
  • 28 Ligeia 2015/1, n°137–140, Théâtres laboratoires, Éditions Ligeia. 
Le Colloque scientifique Ludovia est organisé par Culture numérique, association de chercheurs, dans le cadre de Ludovia, Université d’été du numérique éducatif.
 

RÉFÉRENCES DU DOCUMENT
1. « Injonction(s) du numérique, Colloque scientifique Ludovia, Université d’été du numérique éducatif organisé par l’association de chercheurs Culture numérique, Ax-les-Thermes (Arriège), 24-27 août 2020. http://culture.numerique.free.fr/
Présidents du Colloque 2020 : Thierry Gobert (UPVD), Michel Lavigne (Toulouse 3), Patrick Mpondo-Dicka (Toulouse 2)
Les thèmes précédemment abordés par Culture numérique (Réseau scientifique pluridisciplinaire dans le domaine des technologies, applications et pratiques liées au numérique).

  • L’immersion (2006),
  • La convivialité (2007),
  • Faire soi-même (2008),
  • Espace(s) et mémoire(s) (2009),
  • Interactivité et interactions (2010),
  • La mobilité (2011),
  • Le plaisir (2012),
  • L’imaginaire (2013)
  • Création et de consommation (2014),
  • Appropriations et détournements (2015),
  • Formes d’attention, formes de présence, engagement (2016),
  • Partage, échange, contribution, participation (2017),
  • Institutions et numérique (2018),
  • Numérique et représentations (2019).

DOCUMENT n°2

LES ENSEIGNANTS FACE A LA CONTINUITÉ PÉDAGOGIQUE

« Les enseignants face à la continuité pédagogique. Et, oh… On se calme ! », Tract, 22 mars 2020. http://cgt-ep.reference-syndicale.fr/2020/03/continuite-pedagogique-eh-oh-on-se-calme/

COMMENTAIRE
15 juin 2020
Obligations matérielles lors de la mise en place du télétravail

Le télétravail à domicile implique que le salarié fournisse la prestation de travail depuis son domicile. Parallèlement se pose la question des équipements nécessaires au travail.
L’article 7 de l’accord national interprofessionnel du 19 juillet 2005 prévoit que l’employeur est tenu de fournir et installer le matériel nécessaire à l’activité du télétravailleur.

https://www.portail-des-pme.fr/droit-du-travail/obligations-materiels-lors-de-la-mise-en-place-du-teletravail

COMMENTAIRE
17 juin 2020
Témoignage d’un principal de lycée

Prof bashing. L’avis d’un « principal en varech » On devrait louer le miracle qui s’est déroulé qui a fait que plus de 95% des enseignants ont suivi leurs élèves avec qualité et dévouement malgré des conditions matérielles inacceptables », écrit « le principal en varech » sur son blog.
« Ils ont utilisé leur matériel personnel, ils ont utilisé leurs forfaits téléphoniques (parfois en les explosant). Tout cela sur leurs propres deniers… Oui, certains enseignants ont pu se retrouver dans l’impossibilité d’enseigner à distance, oui peut-être quelques rares ont pu décider de refuser d’utiliser leurs ressources personnelles. Mais au bout du bout du compte, qui est le responsable ?
Quelle entreprise oserait demander à ses salariés d’assurer du télétravail sans y mettre les conditions matérielles ?

http://www.cafepedagogique.net/Pages/Accueil.aspx

RÉFÉRENCES
« Profs décrocheurs durant le confinement », Principal en varech, 16 juin 2020. https://principalenvarech.blogspot.com/2020/06/profs-decrocheurs-durant-le-confinement.html
Déambulations aléatoires et réflexions personnelles d’un personnel de direction heureux et mobile. Hier à la capitale, aujourd’hui les pieds dans l’eau (Compte Twitter @PrincipalVarech)

La Lettre du lundi de Mieux Aborder l’Avenir
n°408, lundi 8 juin 2020

Territoires et Démocratie numérique locale (TDNL) est un media numérique mis en ligne sur le site http://savigny-avenir.info.
ISSN 2261-1819 BNF. Dépôt légal du numérique

Le site est supporté par une structure associative et collaborative, indépendante, sans publicités et sans but lucratif, le Groupe Mieux Aborder L’Avenir (MALA).
Vous pouvez nous aider par vos dons.
Tous les articles en ligne sont consultables gratuitement dans leur totalité. Un article peut être reproduit à la condition de citer sa provenance et en faisant figurer son lien http://.
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Notre site http://savigny-avenir.info/ en maintenance a été inaccessible du 31 mai au 3 juin 2020

TERRITOIRES ET DÉMOCRATIE NUMÉRIQUE LOCALE

Depuis le dimanche 31 mai, et jusqu’au mercredi 3 juin 2020 dans la soirée, notre site a été en maintenance et de ce fait, a été inaccessible. Lorsque nos lecteurs essayaient de se connecter à http://savigny-avenir.info/ ils aboutissaient à une page blanche qui portaient le message suivant :

Cela ne venait pas d’eux, mais de nous.

Les dates se sont imposées. Cela nous a empêché d’annoncer cet arrêt momentané. Nous  les prions de nous en excuser.

La maintenance est désormais achevée et notre site est de nouveau accessible.

Les maintenances informatiques sont comme les passages-piétons que l’on emprunte pour traverser une rue pour passer d’un trottoir à un autre. La circulation des véhicules doit s’arrêter pour que les piétons traversent : prudence pour les piétons, prudence pour les conducteurs de véhicule.
C’est un peu comme prendre un enfant par la main. Sur ce panneau routier, des élèves de l’école Ferdinand Buisson de Savigny-sur-Orge (Essonne) ont collé des gommettes blanches pour figurer les yeux et la bouche des personnages, celles de la petite fille ont un peu glissé vers le bas. Une façon d’humaniser des personnages stylisés. 7 mars 2020
© Photographie Bernard Mérigot/CAD.

Notre site existe depuis plus de dix ans maintenant, son premier article ayant été publié le 18 juillet 2009.
Depuis cette date, il est accessible de façon continue, mise a part quatre brêves  interruptions de quelques jours pour des motifs de maintenance.
Il comprend environ 2 500 articles en ligne, 4 000 photos et documents consultables dans leur totalité, gratuitement. Il ne comporte aucune publicité.

Il proposera prochainement à ses lecteurs un abonnement pour être tenus informés des nouveaux articles mis en ligne.

Bernard MÉRIGOT
Rédacteur en chef
Président de Mieux Aborder L’Avenir (MALA)

LÉGENDES DES ILLUSTRATIONS

  • Les maintenances informatiques sont comme les passages-piétons que l’on emprunte pour traverser une rue pour passer d’un trottoir à un autre. La circulation des véhicules doit s’arrêter pour que les piétons traversent : prudence pour les piétons, prudence pour les conducteurs de véhicule. C’est un peu comme «prendre un enfant par la main». Sur ce panneau routier, des élèves de l’école Ferdinand Buisson de Savigny-sur-Orge (Essonne) ont collé des gommettes blanches pour figurer les yeux et la bouche des personnages, celles de la petite fille ont un peu glissé vers le bas. Une façon d’humaniser des personnages stylisés. 7 mars 2020 © Photographie Bernard Mérigot/CAD.
Territoires et Démocratie numérique locale (TDNL) est un media numérique mis en ligne sur le site http://savigny-avenir.info.
ISSN 2261-1819 BNF. Dépôt légal du numérique

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Anthropologie de la pensée Post Covid-19 : pollutions, multinationales, relocalisations. Un poème pour le « Jour d’après »

LA LETTRE DU LUNDI DE MIEUX ABORDER L’AVENIR, n°406, lundi 25 mai 2020

« Plus jamais de dépendance aux marchés internationaux ». Voila un exemple de la pensée post-Covid-19 que l’on peut lire en ce jour du 18 mai 2020 sur un des panneaux apposés sur la clôture d’un pavillon de la banlieue parisienne dans l’Essonne, département à ce jour classé en zone rouge par le ministère de la Santé. Cette pensée post-Covid-19 est visible par tous les passants qui empruntent l’espace public de l’avenue où elle est installée. Elle fait partie d’un triptyque qui compose un poème pour « le Jour d’après » : elle serait à la fois une manifestation liée à l’actualité du confinement du Covid-19, et l’expression d’une analyse du monde qui était «déjà-là» bien avant la crise et qui en confirme la pertinence. Une question se pose : a partir de quoi  se construit socialement, politiquement, psychologiquement, culturellement « les jours d’après » dans une différence d’avec « les jours d’avant » ?

« Plus jamais la dépendance aux marchés internationaux. Relocalisons pour le jour ».
Panneau dessiné par des enfants apposé sur la clôture d’un pavillon avenue de Savigny, à Juvisy-sur-Orge (Essonne), 18 mai 2020.
© Photographie Bernard Mérigot / CAD.

55 JOURS  A PENSER « HORS DU MONDE »

Les françaises et les françaises ont été confinés, depuis le mardi 17 mars 2020 (deux jours après le premier tour des élections municipales), et jusqu’au 11 mai, soit pendant 8 semaines, c’est à dire 55 jours exactement. « Restez chez vous » était le slogan relayé par l’État, le gouvernement, les services publics et les acteurs économiques. Ce retrait du monde quotidien, cette vie sanitaire et médicalisée (Pourvu que les services des urgences des hôpitaux ne soient pas saturés…) ont été ponctués par de nouveaux rites imposés, portant des noms magiques : « masques respiratoires », « gel hydro-alcoolique », « gestes-barrières », « distanciation sociale », « tests médicaux », « prise de température corporelle »
S’y s’ajoute le mystérieux, fantasmatique, inquiétant et inefficace projet de «traking» , ce traçage des citoyens malades ou suspects de maladie, à l’aide de leurs propres téléphone portables, dispositif que n’auraient pas reniés H.G.WELLS, Aldous HUXLEY, George ORWELL, ou Terry GILLIAN. (1) Aucun régime dictatorial, passé ou présent, ne pouvait prévoir qu’un tel dispositif permettant de contrôler la totalité des faits et gestes des habitants d’un état, trouverait si vite sa solution technique. Il ne pouvait pas imaginer que la saisi, l’enregistrement et la conservation d’une telle masse de données trouverait une justification aussi convainquante (« lutter contre la propagation du virus ») qui s’imposerait d’une façon évidente – imparable – aux consciences individuelles. La « guerre » du président de la République Emmanuel MACRON contre le Coronavirus Covid-19 est une raison justifiante absolue.

Cette expérience des mois de mars-avril-mai 2020, portant sur les corps et sur les esprits a révélé des idées nouvelles, a modifié des idées existantes, a conduit à abandonner des idées anciennes. Le monde mental d’après n’est plus juxtaposable au monde mental d’avant, et plus personne – quoique certains laissent paraître – ne pense le destin de l’homme et celui de la nature de la même façon après trois mois. Ce qui est le propre de toute expérience collective. Car comment répondre à cette injonction contradictoire, mot d’ordre à la fois existentiel et métaphysique « Ne pas attraper le virus, ne pas le transmettre » ? Double résolution, utilitariste et généreuse, la plupart de temps irréalisable, faute de moyens. Et doublement angoissante : chacun peut être à la fois, ou tour à tour, contaminé et contaminant.

LE CORONAVIRUS-19 : EN MÊME TEMPS, MALADIE ET REMÈDE

La crise a révélé la relation paradoxale que la France, comme d’autres pays, entretient avec la Chine.

  • La Chine lieu d’émergence de nouveaux virus du fait de ses conditions de «consommation» d’animaux sauvages (pangolin) aussi bien que domestiques (porc, poulets…),
  • La Chine puissance émergente en mesure de contrôler des pandémies par ses publications d’articles scientifiques dans les revues internationales, par la vente au reste du monde de masques et d’antiviraux, produits rapidement et très grande quantité, par l’existence de centres de recherche sur les virus à la pointe de la modernité. La Chine possède aujourd’hui une expertise mondiale émergente dans le domaine épidémiologique, expertise reconnue par l’Organisation mondiale de la Santé (OMS).

La France a découvert qu’elle était dépendante, pour ses masques et ses médicaments, de chaînes de fabrication délocalisées en Chine pour en réduire les coûts, et ce au moment même où des scientifiques alertaient l’opinion, sur l’émergence de nouveaux pathogènes due aux transformations de la nature par les humains. C’est le propos de notre poème de rue.

POÈME POUR LES JOURS D’APRÈS

I

Plus jamais la pollution
Plus de coccinelles
Moins de poubelles
Pour le jour d’après.

II

Les rosiers plus forts
que les multinationales

GAFAM. Black Rock
Plus jamais.

III

Plus jamais la dépendance
aux marchés internationaux.

Relocalisons.
Pour toujours.

18 mai 2020
Juvisy-sur-Orge

Pollution, multinationales, relocalisation. Poème pour le Jour d’après. Un triptique de la pensée post-Covid-19. Trois panneaux dessinées par des enfants, 18 mai 2020. © Photographie Bernard Mérigot/CAD

LA MONDIALISATION EST
RESPONSABLE DES PANDÉMIES

Pour Frédéric KERK, la mondialisation est responsable des pandémies. Il écrit :

« chaque fois que se produit une avancée de la mondialisation, c’est-à-dire une extension de formes standardisées de commerce à l’égard d’un plus grand nombre de sociétés humaines, celle-ci s’accompagne d’une pandémie qui en constitue comme la face sombre, ou encore, la part maudite de l’économie généralisée. » (2)

On a tendance à oublier la liste des principales épidémies et pandémies qui ont atteint le monde depuis le début du XXe siècle.

Principales épidémies du XXe siècle

  • 1918. Grippe espagnole
  • 1957. Grippe asiatique
  • 1968. Grippe de Hong Kong
  • 1976. Ebola (issu des chauves-souris d’Afrique centrale)
  • 1981. Sida (issu des singes d’Afrique centrale)
  • 1996. ESB ou vache folle (issue des bovins de Grande-Bretagne)
  • 1997. Grippe aviaire H5N1 (issue des oiseaux du sud de la Chine)
  • 2003. Sras (issu des chauves-souris et des civettes du sud de la Chine)
  • 2012. Mers-CoV (issu des chameaux d’Arabie Saoudite)
  • 2013. Grippe aviaire H7N9 (Chine)
  • 2016. Zika (issu des moustiques en Polynésie française et au Brésil)
  • 2010-2020. Covid-19 (Wuhan, Chine)

Chaque épidémie a un sens. Elle est à la fois produite et productrice, effet et cause. La grippe de 1918 a marqué la fin de la Première Guerre mondiale et a constitué pour tout le XXe siècle un profond traumatisme. La crise du SRAS en 2003 a ouvert le XXIe siècle en montrant la dépendance de l’économie mondiale à l’égard de la Chine, en annonçant la crise mondiale que nous traversons. Le paradoxe n’est pas médical. Il est politique. Il relève des décisions des États, des gouvernements, des administrations, des services publics.

LA NATURE SE VENGE-T-ELLE ?

Peut-on dire que « la nature se venge » ? La question traduit de façon frappante pour le grand public une pensée scientifique : à chaque fois que les humains inventent une arme pour contrôler les maladies infectieuses, les mécanismes de mutation et de sélection qui gouvernent la nature répondent par une nouvelle maladie émergence virale ou bactérienne. Cela ne signifie pas que la nature se venge. Elle n’est pas une entité dotée d’intention, mais elle signifie que les animaux envoient aux humains des signaux d’alerte sur les perturbations subies par leur environnement.
On doit prendre conscience que les nations occidentales ne sont pas les mieux « outillées » pour construire culturellement la pensée de l’après-Covid-19. Frédéric KECK souligne ceci :  « Il me semble que la philosophie chinoise, avec son attention aux mutations dans les cycles de la nature, est la mieux à même de nous faire comprendre cette alternance étrange et épuisante d’accélérations et de ralentissements de façon à repenser notre relation à la nature. »

TOUS LES PORTEURS DE VIRUS SONT DES ENNEMIS

La crise du Covid-19 peut-elle justifier l’exploitation légale de données personnelles sous le prétexte de « lutter contre la propagation du virus » ? Il ne faut pas se cacher que toute intrusion dans la vie privée (Qui rencontre qui ? Quand ? Où ? …) constitue une sorte de cheval de Troie à l’égard des libertés individuelles qui est appelé à demeurer après la crise, sommeiller dans la discrétion et l’indifférence sociale, pour être un jour réveillé , et ressurgir demain pour des fins sans aucun rapport avec la lutte sanitaire initiale.
Le coronavirus Covid-19 a plongé le monde dans une crise. En France, l’État, le Gouvernement, les administrations et les services publics ne sont pas parvenus à soigner tous les malades. Il leur a été plus facile d’apporter des réponses de nature sécuritaire, en contrôlant les corps et les esprits. Elles ont été présentées comme des mesures efficaces pour combattre la propagation du virus.
Profitant de l’état de sidération et de peur générale, ils ont tenté de développer des dispositifs comme les drones, la télésurveillance, la reconnaissance faciale, la collecte de données personnelles… en les confiant à des opérateurs de télécommunication ou des plateformes numériques commerciales. « Les projets de backtracking constituent des solutions dont l’efficacité reste extrêmement questionnable. Ils sont en résonance avec la tendance de généralisation de la surveillance de la société ». (3)

« Portez un masque, restez à un mètre des autres voyageurs. Répartissez-vous sur l’ensemble du quai et à bord des trains. Utilisez du gel hydroalcoolique avant et après votre trajet ».
Message sur les écrans de la SNCF RER C / Transilien en Gare de Savigny-sur-Orge, 10 mai 2020, 10 H 56.
© Photographie de Bernard Mérigot / CAD.

SÉCURITÉ SANITAIRE
OU PEUR SANITAIRE ?

Pour Giorgio AGAMBEN, « l’usage stratégique de la sécurité sanitaire amène des réponses globales qui entament la souveraineté démocratique. La biosécurité trace une voie qui impose le règne de la transparence absolue : celle d’une société de contrôle généralisé dans laquelle la connexion virtuelle se substitue au lien sensible, chaque existence s’éloignant de son destin humain ». (4)

La pandémie du Covid-19 a fait entrer le Monde dans un processus dans lequel une sécurité sanitaire (qui demeurait jusque-là une préoccupation secondaire des États), prend la forme d’une peur sanitaire. Dès lors, celle-ci constitue l’argument unique et convainquant qui permet de gouverner en s’affranchissant du droit existant. Giorgio AGAMBEN rappelle l’analyse de Patrick ZYLBERMAN publiée en 2013 dans son livre Tempêtes microbiennes.

Il résulte de ces travaux qui se croisent, plusieurs constatations relatives à la gestion politique des crises sanitaires :

1. la construction, sur la base d’un risque possible, d’un scénario fictif, constatation d’autant plus indiscutable que le destin de la pandémie est incertain,
2. la présentation des données sur la maladie qui permet une double acceptation sociale : d’une part de gouverner en situation extrême, d’autre part de le faire en dérogeant aux règles de droit existantes,
3. l’adoption de la logique du pire comme constituant le régime évident et légitime de la rationalité politique,
4. l’organisation « intégrale » du corps des citoyens de façon à renforcer l’adhésion maximale aux institutions de gouvernement, en produisant un « civisme superlatif » : les obligations « imposées » deviennent des preuves d’altruisme.
5. le remplacement du droit à la santé (health safety) des citoyens par une obligation à la santé (biosecurity), transférant la responsabilité juridique de la propagation au citoyen. Le malade est responsable de sa maladie. Il lui est reproché de ne pas avoir respecté pour lui-même les règles édictées pour les autres.

CONCLUSION

Qu’est-ce qui peut nous permettre de distinguer les « jours d’après » des « jours d’avant » ? La difficulté tient au fait que nous sommes ici dans un monde de formules pré-pensées, de lieux communs journalistiques, et de « commentaires qui commentent des commentaires », rallongeant à l’infini la liste des messages qui s’enregistrent à la suite les uns des autres, que ce soit sur Facebook, Twitter ou d’autres réseaux sociaux : tout commentaire est toujours suivi par un commentaire.

Cette situation brouille la part d’authenticité qui est porteuse à la fois d’optimisme et de pessimisme. Espérances pour que des choses changent. Fatalismes de les voir se perpétuer à l’identique, répétant les mêmes relations subies par les hommes et des femmes dans les domaines aussi variés de ceux de la santé (saturation des urgences), du commerce (désertification des centre villes), des échanges internationaux (productions le plus loin possible et le moins cher possible), de l’économie mondiale (recherche du maximum de profits dans le temps le plus court), du travail (précarisation des salariés, livreurs à domicile à vélo devenus des auto-entrepreneurs), de la nature (la biodiversité diminue chaque jour), de l’environnement (toujours de nouvelles pollutions), du climat (augmentation des rejets de CO2) …

  • « Le jour d’après ne sera pas le jour d’avant » déclare Emmanuel MACRON, président de la République lors de son allocution radio télévisée du lundi 16 mars 2020 annonçant le confinement.
  • « On se rassure ou l’on se fait peur en prophétisant que « rien ne changera vraiment » ou alors « en pire », écrit un collectif dans un manifeste « Agir contre la réintoxication du monde » rassemblant écologistes, zadistes et syndicalistes appelant à « bifurquer » le 17 juin 2020. (5)

Qui souhaite que l’après soit différent de l’avant ? Les états, les gouvernements et les administrations, les acteurs économiques … le souhaitent-ils vraiment ? Des jours d’après ne peuvent que résulter d’une construction participative et citoyenne.
Les expressions citoyennes spontanées, sous la forme de mots d’ordre militants, ne sont pas si répandus. Ces dessins d’enfant, affichés dans l’espace privé pour être vus depuis l’espace public,  expriment une pensée qui n’est en aucun cas enfantine. Elle est pleinement adulte.

Les réflexions se multiplient. Le Centre de Recherche et d’Action Sociales (CERAS) pour sa part, publie en date du 14 mai 2020, une prise de position « en temps de crise de Covid-19 ». Il y évoque quelques « bonnes idées » pour la suite du Covid-19, comme « la remise en cause des dogmes budgétaires que l’on nous a présenté comme figés à jamais » ainsi que « le constat des méfaits d’une mondialisation dérégulée ». (6) La question est ici de savoir où l’on place la limite de remise en cause des jours d’avant, et quelles règles on fixe pour les jours d’après. Nous voyons bien que la question de la régulation de la mondialisation est pleine de bonnes intentions. Elle se heurte au cynisme économique. La mondialisation peut-elle être régulée que par la loi du profit maximum immédiat (PMI) ? Et par qui ? Les réponses résulteront de combats globaux qui sont attendus.

Pour être complet, il faut mentionner que  le même texte, lance un appel à « rejoindre les mouvements de la société civile et de l’altermondialisme ». Faisant la distinction entre les « les gestes symboliques » qui sont importants, mais sont devenus insuffisants, et les « actes forts », à la fois personnels mais aussi collectifs dont on a besoin, il évoque que les premiers jours du déconfinement sont un moment favorable pour décider « de changer de banque, de se  (et de demander désinvestir des énergies fossiles, de passer à l’énergie renouvelable, de choisir une destination plus proche pour ses prochaines vacances, de s’engager dans une association de solidarité, de partager son salaire, d’interroger les finalités de son travail…). Autant de gestes qui se situent en aval de la mondialisation et qui pour avoir une portée devraient être généralisés pour avoir un effet en amont.

« Les jours d’après» sont déjà pré-pensés et pré-agis. Peuvent-ils alors constituer pleinement des pensées ou bien des actions ? Quelles libertés les pouvoirs en place laissent-ils aux citoyens – ceux qui, in fine – seront survivants, d’en décider ?

Bernard MÉRIGOT

RÉFÉRENCES

1. H.G. WELLS (1866-1946), Aldous HUXLEY, (1894-1963), Brave New World (Le Meilleur des mondes), 1932. Georges ORWELL, (1903-1950), Nineteen Eighty-Four, (1984), 1949. Terry GILLIAM, (1940- ), Brasil, 1985. (Film)

2. KECK Frédéric, « Chaque avancée de la mondialisation s’accompagne d’une pandémie », Micgros Magazine, 23 avril 2020. Entretien avec Patricia BRAMBILLA. 23 avril 2020. https://www.migrosmagazine.ch/entretien-frederic-keck

3. TREGUER Félix, « Je veux partager l’énergie des expériences de résistance à travers l’histoire », Mouvement Up, 13 mai 2020. https://www.mouvement-up.fr/articles/felix-treguer-je-veux-partager-lenergie-des-experiences-de-resistance-a-travers-lhistoire/?utm_source=mailingquotidien&utm_medium=mailing&utm_campaign

4. AGAMBEN Giorgio, « Biosécurité et politique », Lundi matin, n°243, 18 mai 2020. https://lundi.am/999-Biosecurite-et-politique

5. « Agir contre la réintoxication du monde. Écologistes, ZAD et syndicalistes appellent à bifurquer le 17 juin 2020 », Lundi Matin, 18 mai 2020. https://lundi.am/Agir-contre-la-reintoxication-du-monde

6. CENTRE DE RECHERCHE ET D’ACTION SOCIALES (CERAS), « Face aux crises, ouvrir un chemin de conversion radicale », Une prise de parole du CERAS en temps de Covid-19, 14 mai 2020. https://www.doctrine-sociale-catholique.fr/la-doctrine-sociale-en-debat/352-face-aux-crises-ouvrir-un-chemin-de-conversion-radicale

LÉGENDES DES ILLUSTRATIONS

  • « Plus jamais la dépendance aux marchés internationaux. Relocalisons pour toujours ». Panneau dessiné par des enfants apposé sur la clôture d’un pavillon avenue de Savigny,  à Juvisy-sur-Orge (Essonne), 18 mai 2020. © Photographie Bernard Mérigot / CAD.
  • Pollution, multinationales, relocalisation. Poème pour le Jour d’après. Un triptique de la pensée post-Covid-19. Trois panneaux dessinées par des enfants, 18 mai 2020. © Photographie Bernard Mérigot/CAD
  • « Portez un masque, restez à un mètre des autres voyageurs. Répartissez-vous sur l’ensemble du quai et à bord des trains. Utilisez du gel hydroalcoolique avant et après votre trajet ». Message sur les écrans de la SNCF RER C / Transilien en Gare de Savigny-sur-Orge, 10 mai 2020, 10 H 56. © Photographie de Bernard Mérigot / CAD.

La Lettre du lundi de Mieux Aborder l’Avenir
n°406, lundi 25 mai 2020

COMMENTAIRE du 26 mai 2020
LA FRAGILITÉ EST NOTRE SORT COMMUN

Dans la présentation du numéro de la revue Sociologies publié le 20 mai 2020, Antoine HENNION et Alexandre MONNIN évoquent sans la nommer la « crise » du Covid-19, en relevant « l’étrange moment dans lequel nous sommes plongés, si difficile à appréhender ». A ce propos, ils notent l’étonnante facilité avec laquelle les réalités qui semblaient le plus solidement établies peuvent être remises en cause du jour au lendemain, et pour une durée indéterminée.

  • au niveau du rôle de l’État, des frontières et des souverainetés nationales, du poids de la dette ou de la place des services publics,
  • à des niveaux plus personnels, mais tout aussi décisifs, tels que le tissage du temps et de l’espace du quotidien de chacun, ou que l’interrogation sur ce que nous tenons pour important, voire vital.

« La fragilité n’est pas l’inverse de la solidité, de la durée ou de la solennité des choses, elle n’est pas à nos marges, elle n’est ni un défaut à réparer, ni un état provisoire, elle est notre sort commun. »

La fragilité vient bousculer les manières d’enquêter. Qu’est-ce qu’impliquent le renoncement à toute posture d’extériorité par rapport aux mondes en train de se faire et l’abandon de l’idée d’un « social » régi par sa propre logique ? Que ce soit vis-à-vis de la sociologie pragmatique, de formes réactualisées de recherche-actions ou d’enquêtes sociales engagées (studies à l’américaine), ils réactivent la notion de « méliorisme » empruntée aux premiers pragmatistes américains.

Ces leçons sur la méthode forcent à formuler sur un mode négatif la liste de ce qu’il ne faut pas faire pour mener une enquête :

  • ne pas se précipiter vers une analyse rassurante, comme s’il s’agissait coûte que coûte de rendre raison à une réalité qui nous déborderait ;
  • ne pas laisser une interprétation clore un présent qui se déroule ;
  • ne pas forcer l’analyse pour avoir le dernier mot…

« Comment affûter l’art de se laisser attraper par l’expérience en cours, toujours ouverte à des possibles incertains, et pouvoir nous-mêmes en saisir des éclats pertinents ? »

L’EMPIRISME RADICAL

Il faut parler ici de l’ « empirisme radical ». Il ne saurait se réduire à la micro-description de situations locales, qui est ce à quoi les sociologies systémiques ou critiques tendent encore à le réduire aujourd’hui.

Antoine HENNION et Alexandre MONNIN rappellent que l’idée de « plurivers » et celle d’empirisme radical de William James ont fait écho au renversement radical, opéré par la « théorie de l’enquête » que John DEWEY a vigoureusement formulée sur le plan social et politique.

« L’enquête, c’est d’abord celle que mènent les personnes concernées elles-mêmes, travaillant à faire de leurs « concerns » des problèmes publics. » Il ne s’agit ni de communication ni de publicité : « making things public », pour le dire à la façon dont Bruno LATOUR a repris l’idée. Elle consiste à :

  • « faire émerger et se transformer les choses mêmes, alors qu’on ne connaît ni les enjeux, ni les acteurs, ni même les arènes de ces débats. »
  • « faire advenir les unes et les autres à travers le débat public, le propos n’est pas de faire connaître des choses « déjà là » ni de convaincre des intérêts déjà constitués

LE PARLEMENT DES CHOSES

« C’était bien le partage entre savoir et action, entre science et politique, que John Dewey remettait en cause ». Il écrivait au début du XXe siècle ce que la politique est en train de redevenir : de l’environnement et de la planète au corps et au genre, en passant par les animaux, les nanotechnologies ou les réseaux sociaux, l’alimentation et la mobilité ou encore la ville, autrement dit, un vaste « parlement des choses » dont parle Bruno LATOUR.

RÉFÉRENCES DU COMMENTAIRE
HENNION Antoine et MONNIN Alexandre,
« Du pragmatisme au méliorisme radical : enquêter dans un monde ouvert, prendre acte de ses fragilités, considérer la possibilité des catastrophes », Sociologies, Du pragmatisme au méliorisme radical, mis en ligne le 20 mai 2020. URL : http://journals.openedition.org/sociologies/13931

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Référence du présent article : http://www.savigny-avenir.fr/2020/05/25/anthropologie-de-la-pensee-post-covid-19-pollutions-multinationales-relocalisations-un-poeme-pour-le-jour-dapres/

 

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Information à nos lecteurs et correspondants. OVH change notre logiciel de mails Roundcube pour Outlook

EN PLEIN CONFINEMENT CORONAVIRUS COVID-19 : CHANGEMENT DE LOGICIEL DE GESTION DES MAILS

Roundcube. Open source webmail software. Logo

  • NOTRE PHILOSOPHIE GÉNÉRALE A L’ÉGARD DES OUTILS NUMÉRIQUES
    Notre média numérique met en ligne gratuitement la totalité de ses articles. Il a toujours milité pour une informatique professionnelle, humaine, transparente, collaborative, citoyenne et associative, qui soit durable.
    Pour nous, les outils numériques ne sauraient obéir à l’unidimentionnalité de la raison commerciale, fondée sur la recherche constante du plus grand profit immédiat des fournisseurs, au travers de fonctionnalités techniques qui se révèlent souvent inutiles et couteuse pour les clients-usagers.
    En un mot, nous défendons des  pratiques numériques intégrales, c’est-à-dire des pratiques qui prennent en compte la totalité de la personne.
  • L ‘homo informaticus a commencé à se répandre sur Terre dans les années 1990. Les hommes et les femmes qui en avaient les moyens financiers sont devenus les propriétaires individuels, pour leurs activités professionnelles, de loisirs ou de relations sociales, d’une série de matériels aux fonctionnalités évolutives : ordinateur non-portable, ordinateur portable, imprimante, scanner, liaison Internet, mails, téléphone portable devenu peu à peu, tout à la fois, une boîte mail, un appareil photo, une caméra, un écran de télévision, une console de jeux, une balises GPS mobile …
    Devant, et derrière les écrans, il y des hommes et des femmes,
    avec leurs formations, leurs connaissances, leurs savoirs-faire présents, leurs capacités à apprendre et à s’approprier les évolutions techniques à-venir.
    « L’informatique », quelles que soient les contraintes qu’elle exerce de façon grandissante sur l’espèce humaine, n’existe jamais naturellement comme un cadre  imposé, prétendant posséder la vie éternelle. Elle n’existe qu’au travers d’une anthropologie numérique, c’est-à-dire d’un ensemble de relations que les générations successives entretiennent avec « le numérique », monde de machines, de programmes, de langages, de besoins créés, de comportements  induits. Une génération.
    Depuis les années 1990, les enfants qui naissent sont des digital native, trouvant à leur naissance un ensemble des moyens numériques qui vont conditionner toute leur vie. Désormais, un enfant qui n’est pas encore né, a déjà une existence numérique dans les bases de données et sur les réseaux sociaux (examens médicaux, échographies …). Et les données numériques personnelles qui le concernant continueront à exister au-delà de sa mort.

  • LES OUTILS NUMÉRIQUES QUE NOTRE SITE EMPLOIE
    Pour ses relations avec ses lecteurs, notre média a utilisé depuis sa création en 2009, et jusqu’au 30 avril 2020, soit durant une dizaine d’années,  le Logiciel de Messagerie Électronique (LME) Roundcube pour envoyer et recevoir nos mails.
    Roundcube est un logiciel libre et gratuit. Nous en avons toujours été satisfaits. Sa dernière version 1.4.3 était proposée par la société OVH, qui est notre Hébergeur. Nous en sommes clients, et nous lui versons un abonnement annuel pour l’hébergement sécurisé qu’il assure à nos données.
  • DÉCISION UNILATÉRALE DE NOTRE HÉBERGEUR OVH
    OVH vient de nous imposer la migration de Roundcube vers Outlook. Cette opération  a été réalisée en catimini dans la nuit du 30 avril au 1ermai 2020.
    •   Roundcube est un logiciel libre gratuit.
    •   Outlook est un logiciel commercial payant.
    Jusqu’à ce jour, nous étions satisfaits des services de OVH. Cette confiance vient de s’écorner, d’autant qu’il n’a jamais été question de leur part, dans leur mails d’avertissement techniques et confus, peu intelligibles pour des usagers non professionnels, d’une migration de service vers un logiciel de nature pharaonique et dantesque dans sa version payante (par ce qu’Outlook Microsoft est d’abord un logiciel commercial), et qui est fourni dans une version allégée, peu maniable et peu satisfaisante. Sa migration apporte des modifications qui nécessitent l’intervention de professionnels de l’informatique.
  • UNE MIGRATION A UN MAUVAIS MOMENT
    Comme de très nombreux clients (privés ou professionnels) d’OVH , nous dénonçons très vivement l’abandon de Roundcube, qui intervient pour nous en ce 1er mai 2020, c’est-à-dire dans la période particulière de confinement Coronavirus Covid-19.
  • PROBLÈMES CAUSÉS PAR LE NOUVEAU OUTLOOK
    A ce jour Outlook nous pose de nombreux problèmes et nous ne disposons plus actuellement de la totalité des fonctionnalités antérieures. Nous sommes en train de consulter afin d’y remédier. Nous vous tiendrons informé.
    Cela nous prends beaucoup de temps pour simplement conserver la chaîne qui est au coeur de toute activité humaine, qu’elle soit professionnelle ou à but lucratif qui associe les quatre composantes essentielles   :
    1. Compétences individuelles et collectives,
    2. Moyens mis en oeuvre,
    3. Résultats.
    4. Durabilité/Évolution
  • PRÉCISION IMPORTANTE
    Il doit être précisé que les difficultés rencontrées présentement avec le logiciel de gestion des mails Outlook ne concernent en aucune façon les fonctionnalités du site http://savigny-avenir.info gérées sous WordPress. Celui-ci ne rencontre à ce jour aucune difficulté.

Bernard MÉRIGOT
Rédacteur en Chef

Pour bien nous comprendre :

  • Fournisseur d’accès Internet (FAI) : Free
    (Payant, avec abonnement payé mensuellement)
  • Hébergeur : OVH
    (Payant, avec abonnement payé annuellement)
  • Ancien Logiciel de Messagerie Électronique (LME) pour l’envoi et la réception de mails : Roundcube
    (Logiciel libre gratuit, librement choisi par l’utilisateur)
  • Nouveau Logiciel de Messagerie Electronique (LME ) pour l’envoi et la réception des Mails : Outlook Microsoft (créé en 1996).
    (Logiciel commercial imposé par l’hébergeur, gratuit dans sa version allégée mise à disposition, et payant dans sa version complète).
  • Système de Gestion de Contenus, SGC (Content Management System, CMS)  du site : WordPress
    (Logiciel gratuit, libre et en open source créé en 2003,  choisi par l’utilisateur. Il est à noter qu’il permet de nombreuses variations professionnelles originales dont la création et les paramétrages qui peuvent être effectués par des prestataires de service. Il est utilisé par 34% des sites http:// dans le monde en 2019).

Logo du logiciel de gestion de mails Outlook (2020)

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Information à nos lecteurs et correspondants. OVH change notre logiciel de mails Rouncube pour Outlook (Erratum)

Pour l’article :
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Logiciels de gestion de mails
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Coronavirus Covid-19. En quoi les recherches en Sciences humaines et sociales sont-elles utiles ? (EHESS)

LA LETTRE DU LUNDI DE MIEUX ABORDER L’AVENIR, n°401, lundi 20 avril 2020

Depuis le mois de décembre 2019, le monde entier vit au rythme du « Coronavirus Covid-19 ». Le virus, après avoir quitté son foyer de Wuhan, en Chine, s’est propagé sur toute la planète, en Europe et en France. A partir de la décision de confinement des Français et des Françaises qui a été prise le 15 mars 2020, tout le monde s’est trouvé concerné dans sa vie quotidienne. Simultanément le « jour d’après de la pandémie » – et sa date incertaine – est devenu un fantasme plein d’espérances et de craintes.

École des Hautes Études en Sciences Sociales (EHESS) et la Fondation Maison des Sciences de l’Homme (FMSH). Façade des locaux occupés temporairement à l’angle de l’ Avenue de France/Avenue Vincent Auriol, Paris 12e, durant les travaux de désamiantage du site du boulevard Raspail, Paris 6e, 19 mai 2016.
© Photographie Bernard Mérigot/CAD.

LA DOUBLE NATURE DES PANDÉMIES

Une pandémie possède une double nature. Elle est à la fois :

  • un révélateur des mécanismes silencieux,  jusque-là invisibles de nos sociétés : comme les pratiques de soins (Care),  les nouveaux comportements individuels et collectifs, les actes de solidarité inattendus,
  • un surgissement d’anormalités bruyantes, inquiétantes et douloureuses, comme la confrontation à la maladie et la mort collective.

La pandémie affecte des domaines aussi divers que le fonctionnement de la santé publique, la conception des services publics, les fins de vie solitaires, l’imbrication des économies mondiales, les relations entre les citoyens et les pouvoirs politiques, le rapport des hommes à l’égard de la nature, la transition écologique, le climat…

La pandémie est productive, selon un mode tragique, d’expériences vécues. Des hommes et des femmes, alors que rien ne les y a préparés, se trouvent confrontés à des situations extrêmes :

  • personnes âgées détenues à l’isolement dans des maisons de retraites, sans visites des membres de leur famille,
  • proches hospitalisés en soins intensifs, expatriés par TGV dans les lits de réanimation à l’autre bout de la France, voire à l’étranger, et passant plusieurs semaines dans la plus grande solitude,
  • parents décédés seuls, sans famille à leur côté, privés d’obsèques, privés de cérémonies, privés des rites religieux, conformes à leurs dernières volontés et aux voeux de leur famille,
  • arrêt brutal et total de toute activité professionnelle, ou presque,
  • confinement familial improvisé,
  • travail forcé sans masques, et sans protections, en contact avec des malades potentiels, et donc certains sont forcément infectés … (« Ca va être pour moi, ou je vais passer à côté ? C’est pour aujourd’hui ou c’est pour demain ? » …)

Il y a deux maladies, la maladie que l’on se représente, et la maladie que l’on vit. Tout le monde redécouvre que les pandémies sont un moteur constitutif de l’histoire de l’homme sur Terre : un virus inconnu apparaît et peut le faire disparaître de la surface du globe. Il ne peut échapper à personne que la pleine conscience de cette éventualité est d’une nature spirituelle, dans le sens que l’écologie intégrale lui donne.

D’innombrables questionnements se font jour.

  • Qu’est-ce qui sépare aujourd’hui la surinformation de la sous-information ? Question à laquelle il est difficile de répondre, tant la pression des comportements sociaux utilisant les techniques modernes, est forte.
  • Peut-il y avoir une autre alternative que : être un idiot utile, ou être un intelligent inutile ? Peut-on éviter les deux écueils extrêmes de ce paradoxe ? Rien n’est moins sûr. Ils sont à confronter à la dénonciation macronienne, politiquement perverse, établie entre les demi-experts et les faux-sachants. (1)
  • Comment trouver la bonne distance à l’égard de l’actualité, fabriquée à jets continus, par les médias et les réseaux sociaux ? Ainsi que le temps indispensable permettant d’accéder aux sources d’une libre réflexion critique ?
  • Peut-on être ni trop près, ni trop éloigné de la réalité ?
  • De libres opinions peuvent-elles aujourd’hui trouver une voie entre l’hyper-connexion et la déconnexion ?

Les médias mainstream, tout comme les réseaux sociaux, sont animés par un esprit très particulier, celui de la téléréalité, c’est-à-dire par une conception selon laquelle la réalité doit se plier à des scénarios déjà écrits. Pour aboutir à la réalisation d’un désir fou : celui d’accaparer l’attention et de dominer les cerveaux. En un mot, prendre des parts-de-marché à d’autres.
C’est pourquoi ils n’accordent leur attention aux travaux de recherches critiques en sciences sociales que sous la double condition que ceux-ci leur permettent de fabriquer une actualité extraordinaire, ou de construire des polémiques. Ce qui importe en définitive pour eux, c’est d’attirer les regards, d’épater la galerie. Autrement dit, de prendre des parts de marché que d’autres détiennent.

Une recherche véritable n’est jamais une polémique mais une confrontation fondée sur des concepts, des idées, des théories, des publications, des pratiques, des interrogations … portant précisément sur ces pratiques. Pourquoi n’obtient-elle qu’une place somme toute discrète, limitée, et contrainte ? Pourtant, les travaux de  la recherche universitaire en Sciences humaines et sociales sont à la disposition de tous. Un seul exemple, celui de l’École des Hautes Études en Sciences Sociales (EHESS) de Paris – grand établissement d’enseignement supérieur français qui mène une mission publique – vient de publier sur le Coronavirus Covid-19, une Revue de presse des travaux de ses enseignants, de ses chercheurs, de ses étudiants. Le liste de ces contributions, qui est arrêtée à la date du 15 avril 2020, présente le plus grand intérêt. (Voir note n°5)

LES PATHOLOGIES DE LA MODERNITÉ

Christophe PROCHASSON, président de l’EHESS, écrit que la crise que nous traversons interroge bien des certitudes.

« Elle confirme le bien fondé de nombre de problématiques et de champs de recherche qui l’ont précédé :

  • rapport de nos sociétés au vivant et à la nature,
  • place des inégalités en leur sein,
  • rythmes, modalités et finalités de la mondialisation ».

Pour lui, elle constitue une redécouverte de la vulnérabilité de notre existence individuelle et collective, un « appel à la réflexion » sur la protection par le collectif vis-à-vis des pathologies de la modernité.

Il n’est pas anodin que la notion de virus soit devenue une métaphore. La fin du XXe siècle a inventé les virus informatiques à l’égard desquels sont élaborés, tant bien que mal, et le plus souvent avec retard, des parades à leurs attaques.

Les sociétés humaines en sont au même point : elles sont les  porteuses saines de virus mortels susceptibles, à tout moment, de décimer ses membres. Tout le monde découvre alors que  les moyens manquent pour mettre en oeuvre rapidement les parades efficaces.

On voit alors les pouvoirs publics se livrer à une surenchère d’aveux d’impuissance, offrant le spectacle d’errements aux lourdes conséquences. La ligne politique suivie par les administrations et le gouvernement, dans un premier temps de la pandémie au début du mois de mars 2020, consiste à se répandre sur les médias, les conférences de presse et les interviews,  afin de déclarer : « les masques respiratoires ne servent à rien » et que « les tests de dépistage sont inutiles »Les mêmes déclareront le contraire à la fin du même mois de mars.
Que s’est-il passé ? Ils ont tout simplement manifesté un symptôme de la modernité  selon lequel n’importe quelle parole officielle peut légitimement justifier, d’une façon véridique, n’importe quelle décision, ou absence de décision, en matière de santé publique.
La loi inverse est également vraie.

« Pas de masque pour l’instant. Pas de gel H.A. pour l’instant. Pas de gant pour l’instant. Pas de thermomètre pour l’instant.»
Porte d’entrée d’une Pharmacie. Savigny-sur-Orge (Essonne), 11 avril 2020. © Photographie Bernard Mérigot/CAD.

REGARDS DES SCIENCES SOCIALES
SUR LES ÉPIDÉMIES

  • Une épidémie attaque non seulement des corps physiques mais aussi les corps sociaux.
  • Une épidémie est une actrice de l’histoire et de la société.
  • Une épidémie matérialise des constructions sociales, politiques et économiques… d’ordinaire tacites, non-visibles, et non-dites.
  • Une épidémie ébranle les politiques de santé publique.
  • Une épidémie oblige les États à reconsidérer leurs rapports avec les populations.
  • Une épidémie crée sa propre temporalité. C’est elle qui donne le tempo.
  • Une épidémie travaille le temps des sociétés.
  • Une épidémie réactive des pratiques et des traditions anciennes (par exemple, la « mise en quarantaine »).
  • Une épidémie accélère les évolutions.
  • Une épidémie renforce les pratiques de contrôle confiées à la police (interpellations, justificatifs, amendes, contrôles des déplacements, contrôles des communications, surveillances par l’intelligence artificielle, reconnaissances faciales…).
  • Une épidémie produit un contrôle  les frontières.

CONCLUSION

Le virus est aussi une métaphore, une métaphore sociale, une métaphore mortelle. On ne peut penser le virus seul,  sans l’effet virus. Le mérite des auteurs associés à l’École des Hautes Études en Sciences Sociales (EHESS) est de nous rappeler les vertus de la recherche collective pour la formation de la conscience individuelle critique.

Le fait social total est une notion de l’anthropologie et de la sociologie forgée par Marcel MAUSS (1872-1950). Dans son Essai sur le don (1923-1924), il s’en sert pour qualifier des faits qui « mettent en branle (…) la totalité de la société et de ses institutions ». Claude LÉVI-STRAUSS, dans son « Introduction à l’œuvre de Marcel Mauss » (1949) en relève deux caractéristiques.

  • La première caractéristique du fait social total est qu’il concerne des situations où la société s’étudie dans son ensemble « par une décomposition, puis une recomposition du tout ». La remarque que l’on peut faire est que la limite de son application est celle des cas où une décomposition n’est suivie par aucune recomposition – ce qui arrive – et donc où la qualification de « total » ne peut pas être retenue.
  • La deuxième caractéristique du fait social total est de « concerner tous les membres d’une société et de dire quelque chose sur tous ces membres ».

Il écrit « Que le fait social soit total ne signifie pas seulement que tout ce qui est observé fait partie de l’observation ; mais aussi, et surtout, que dans une science où l’observateur est de même nature que son objet, l’observateur est lui-même une partie de son observation. » (p. 14) (3)

L’observateur porte son attention sur un monde dont il fait partie. Embarqué par un monde, qui est lui-même embarqué. Et, plutôt mal embarqué.

« Ce que je constate : ce sont les ravages actuels ; c’est la disparition effrayante des espèces vivantes, qu’elles soient végétales ou animales ; et le fait que du fait même de sa densité actuelle, l’espèce humaine vit sous une sorte de régime d’empoisonnement interne – si je puis dire – et je pense au présent et au monde dans lequel je suis en train de finir mon existence. Ce n’est pas un monde que j’aime ». (4)

Ainsi s’exprime Claude LÉVI-STRAUSS (1908-2009) en 2005, alors âgé de 97 ans. Il reprenait un propos déjà tenu en 1972 dans un entretien avec Jean-José MARCHAND, et en 1984 dans une émission de Bernard PIVOT. Il est demeuré toute sa vie « obsédé par la façon dont les sociétés humaines pouvaient se désintégrer ». (5)

Un premier phénomène : la disparition « effrayante » des espèces vivantes qui est perceptible à la conscience scientifique en 1972, soit il y a près d’un demi-siècle avant l’année 2020. Ce qui a pour conséquence de constituer pour l’espèce humaine « un régime d’empoisonnement interne ». Aujourd’hui, un second phénomène qui s’ajoute au premier déséquilibre (que personne ne s’est soucié d’arrêter véritablement ), c’est le mésusage par les hommes d’espèces animales non domestiques. Les chauves-souris et les pangolins en sont les malheureux acteurs.

En cette année 2020, la crise provoquée par le Coronavirus Covid-19 étend son empreinte sur les esprits et sur la vie collective, en constituant un agent infectieux comme opérateur psychique et social. Personne n’échappe à la double injonction qui se répète à son encontre  : « Ne pas l’attraper, ne pas le transmettre ».

La pandémie est un fait social total qui constitue un  régime d’empoisonnement du monde. Un empoisonnement par le monde.

Bernard MÉRIGOT

DOCUMENT

CINQ QUESTIONNEMENTS
POSÉS PAR LE CORONAVIRUS COVID-19

Les soixante-et-une contributions collectées ici par l’EHESS (arrêtées à la date du 15 avril 2020) peuvent être classées en cinq catégories :

  1. Les pandémies sont-elles un moteur de l’Histoire ?
  2. Pourquoi les pandémies sont-elles une menace  pour l’État et les gouvernements ? L’État et leurs admission peut-il survivre au péril des épidémies ?
  3. Pourquoi l’épidémie de coronavirus est-elle devenue un monde-en-soi ?
  4. Comment les sociétés sont-elles un reflet des maladies ?
  5. Qu’est-ce que les épidémies font à l’économie ?

Perspectives sur le Coronavirus Covid-19,
Carnet de l’École des Hautes Études et Sciences Sociales (EHESS), 17 avril 2020.
https://www.ehess.fr/fr/carnet

SOIXANTE CONTRIBUTIONS DES SCIENCES SOCIALES
A LA RECHERCHE SUR LA PANDÉMIE CORONAVIRUS COVID-19 (6)

1. LES PANDÉMIES SONT-ELLES UN MOTEUR DE L’HISTOIRE ?

2. POURQUOI LES ÉPIDÉMIES SONT-ELLES UNE MENACE POUR L’ÉTAT ?

3. L’ÉPIDÉMIE DE CORONAVIRUS CONSTITUE-T-ELLE « UN MONDE-EN-SOI »

4. COMMENT LES SOCIÉTÉS REFLÈTENT-ELLES LES MALADIES ?

5. QUE FONT LES ÉPIDÉMIES À L’ÉCONOMIE ?

RÉFÉRENCES

1. Emmanuel MACRON, président de la République, lors de son allocution radio télévisée du 15 mars 2020, distingue les « demi-experts » des « faux-sachants ». En ne citant aucun nom, il fait ici un usage polémique et politique, de nature allusive, d’une distinction qui sert à stigmatiser des individus qui pensent autre chose que la pensée exprimée par « l’État gouvernant »,  le seul seul en mesure d’exprimer – et donc d’imposer – des vraies parce que légitimes, condamnant toute autre pensée contraire, au motif qu’elle est dans l’erreur car émise par des individus ne possédant qu’une compétence incomplête (Demi-expert) et entachée de fausseté (Faux-sachants).
Peut-on accepter cette assimilation entre l’expertise et la science, fondée sur une évaluation partisane (demi-experts/100 % experts, et vrai-sachants/demi-sachants) ? Il est vraisemblable que lorsque qu’il sera procédé à l’examen indépendant et critique de la gestion de la crise (prenant en compte les temps de réponse du pouvoir politique, les suppressions du nombre de lits de réanimation, la gestion prévisionnelle des masques respiratoires et des assistances respiratoires…), on sera amené à procéder à une révision de l’auto-évaluation unilatérale effectuée par le pouvoir politique lui-même.

Voir l’article en ligne sur http://savigny-avenir.info

2. ÉCOLE DES HAUTES ÉTUDES EN SCIENCES SOCIALES (EHESS), « Coronavirus : Regards de l’EHESS. Revue de Presse », https://www.ehess.fr/fr/%C3%A9chos-recherche/coronavirus-regards-lehess

3. LEVI-STRAUSS Claude, « Introduction à l’œuvre de Marcel Mauss », in MAUSS Marcel, Sociologie et Anthropologie, PUF.

4. LÉVI-STRAUSS Claude, Campus. Émission spéciale pour la centième émission, France 2 Télévision, jeudi 17 février 2005. Laurent LEMIRE, rédacteur en chef.

5. LOYER Emmanuelle, Lévi-Strauss, A Biography, Polity, 2018. Traduction de par Ninon Vinsonneau et Jonathan Magidoff.

6. ÉCOLE DES HAUTES ÉTUDES EN SCIENCES SOCIALES (EHESS), « Coronavirus : Regards de l’EHESS. Revue de Presse », https://www.ehess.fr/fr/%C3%A9chos-recherche/coronavirus-regards-lehess

Le Réseau national des Maisons des Sciences de l’Homme (RNMSH) fédère actuellement 23 Maisons des Sciences de l’Homme (MSH). Chacune remplit quatre missions essentielles :
http://reseau-msh.fr/

•   Mission de déploiement, afin d’ancrer territorialement les dispositifs nationaux et de les valoriser.
•   Mission de mutualisation, en proposant des services mutualisés d’appui à la recherche.
•   Mission d’incubation, en organisant autour une logique de transversalité entre les initiatives de recherche.
•   Mission de fédération pour atteindre un poids scientifique suffisant (leadership national et visibilité internationale), et pour animer et structurer la communauté scientifique en Sciences humaines et sociales.

LÉGENDES DES ILLUSTRATIONS

  • École des Hautes Études en Sciences Sociales (EHESS) et la Fondation Maison des Sciences de l’Homme (FMSH). Façade des locaux occupés temporairement à l’angle de l’ Avenue de France/Avenue Vincent Auriol, Paris 12e, durant les travaux de désamiantage du site du boulevard Raspail, Paris, 19 mai 2016. © Photographie Bernard Mérigot/CAD.
  • « Pas de masque pour l’instant. Pas de gel H.A. pour l’instant. Pas de Gant pour l’instant. Pas de Thermomètre pour l’instant.» Porte d’entrée d’une Pharmacie. Savigny-sur-Orge (Essonne), 11 avril 2020. © Photographie Bernard Mérigot/CAD.
  • Perspectives sur le Coronavirus Covid-19, Carnet de l’École des Hautes Études et Sciences Sociales (EHESS), 17 avril 2020. https://www.ehess.fr/fr/carnet

La Lettre du lundi de Mieux Aborder l’Avenir
n°401, lundi 20 avril 2020

COMMENTAIRE du 20 avril 2020

Sur l’indifférence collective concernant l’abandon des malades dans les hôpitaux et l’absence de cérémonie pour leur inhumation (Coronavirus Covid-19, mars-avril 2020)

Une question

  • « Comment avons-nous pu accepter, seulement au nom d’un risque qu’il n’était pas possible de préciser, que les personnes qui nous sont chères et les êtres humains en général non seulement meurent seuls – chose qui n’était jamais arrivée auparavant dans l’histoire, d’Antigone à aujourd’hui – mais que leurs cadavres soient brûlés sans funérailles ? »
    AGAMBEN Giorgio, « Une question », Lundi matin, n°329, 20 avril 2020. https://lundi.am/Une-question Traduction française de Florence BALIQUE. Texte original italien publié sur le site Quodlibet, le 13 avril 2020 :https://www.quodlibet.it/giorgio-agamben-una-domanda

Un témoignage

  • YON Mathieu, « Je ne vous pardonnerai pas. « Comment osons-nous pousser des caddies et abandonner nos morts ? », Lundi matin, n°239, 13 avril 2020. https://lundi.am/Je-ne-vous-pardonnerai-pas
  • YON Mathieu, « Rite funéraire. Je ne sais pas comment on en est arrivé là : mettre les morts dans des sacs plastiques », Lundi Matin, n° 238, 20 avril 2020. https://lundi.am/Rite-funeraire-3044
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Publié dans Non classé | Commentaires fermés sur Coronavirus Covid-19. En quoi les recherches en Sciences humaines et sociales sont-elles utiles ? (EHESS)

Anthropologie des « fausses rumeurs ». Que faut-il penser de la dénonciation des « demi-experts » et des « faux-sachants » par Emmanuel Macron. (Blaise Pascal et Arnold Van Gennep)

« Évitez l’esprit de panique, de croire dans toutes les fausses rumeurs, les demi-experts ou les faux-sachants. La parole est claire, l’information est transparente et nous continuerons de la donner ». (1) Quel sens doit-on accorder à ce qui constitue à proprement parler une dénonciation, faite par le président de la République Emmanuel MACRON, lors de son allocution télévisée du 16 mars 2020, lors de laquelle il annonçait – sans prononcer une seule fois le mot – le « confinement » de toute population française pour cause de Coronavirus Covid-19 ? Trois questions se posent.
•   De qui veut-il parler ?
•   Le pouvoir politique est-il en mesure de dire ce qu’est la vérité, que celle-ci soit politique ou scientifique ?
•   Qui peuvent bien être, à l’inverse des « demi-experts » et des « faux-sachants » qu’il dénonce, les
experts-entiers et les vrais-sachants ?

Emmanuel MACRON lors de son « Adresse aux Français  » 16 mars 2020. https://www.elysee.fr/emmanuel-macron/2020/03/16/adresse-aux-francais-covid19

DEMI-EXPERTS, FAUX-SACHANTS,
DEMI-SACHANTS, FAUX-EXPERTS

Le choix des deux formules de « demi-expert » et de « faux sachant » et l’effet de style produit par leur proximité immédiate ne relèvent ni de l’improvisation, ni du hasard.

  • Si Emmanuel MACRON peut parler de « demi-expert »,  cela veut dire que l’expertise peut être évaluée. Ou pourrait presque parler de quart d’expert, de tiers d’expert, de trois-quart d’expert, pour atteindre, dans l’absolu, le 100 % expert. Ce serait comme un réservoir de carburant sur un véhicule automobile. Mais qui évalue l’expertise ?
  • S’il peut parler de « faux-sachants », c’est que le savoir est trompeur. Il comporte deux régimes : le vrai savoir et le faux savoir, que ce soit pour ceux qui pensent savoir, ou qui prétendent savoir, ou bien ceux qui leur accordent du crédit. Mais qui fait la part entre le vrai savoir, et le faux savoir ?

Ce qui est embarrassant, c’est qu’en désignant des corrupteurs de l’opinion publique, c’est-à-dire des personnes physiques qui seraient incompétentes et ignorantes (des noms, des noms !), Emmanuel MACRON s’inscrit dans la suite de l’antique accusation faite à SOCRATE de « corrompre la jeunesse » par son enseignement. Mais, en démocratie, est-ce au pouvoir politique majoritaire seul qu’il revient de définir la vérité scientifique ?

DEMI-SAVANTS ET DEMI-HABILES

On pense aux « demi-habiles » que Blaise PASCAL, orthographié « demy habiles » dans le manuscrit de ses Pensées. Le mot, formé à partir de demi (au sens d’incomplétude) et de habile (au sens de savant, intelligent), désigne une personne capable de débuter un raisonnement et qui s’arrête en cours de route, à la moitié, ne poussant pas la réflexion à son terme, et débouchant sur des conclusions imprécises ou erronées.

 « Le peuple a les opinions très saines. Par exemple (…) d’avoir choisi le divertissement, et la chasse plutôt que la prise. Les demi‑savants s’en moquent et triomphent à montrer là‑dessus la folie du monde ». (2)

Les demi-savants sont sans doute les demi-habiles. Mais l’expression demi-savant n’est pas originale, alors que demi-habile proposée par PASCAL appartient à une catégorie déjà évoquée par MONTAIGNE qui parle à ce propos de « mestis ». (3)

Il y a une différence entre les deux : le demi-savant sait peu, ou pas assez ; le demi-habile est quelqu’un qui comprend peu, ou pas assez, moins que ce qu’il faut pour être habile. Il ne s’agit ni de science, ni d’instruction, mais d’intelligence au sens ancien de compréhension.

« Le peuple honore les personnes de grande naissance. Les demi-habiles les méprisent, disant que la naissance n’est pas un avantage de la personne, mais du hasard. Les habiles les honorent, non par la pensée du peuple, mais par la pensée de derrière ». (4)

QUEL CRITÈRE PEUT DÉPARTAGER LE VRAI DU FAUX ?

L’ethnologue français Arnold VAN GENNEP (1873-1957) a publié en 1911 une théorie de ce qu’il a appelé les demi-savants. C’est pour lui un phénomène généralisé. Il écrit que les demi-savants « ont chacun pris possession d’un certain groupe de faits et possèdent la théorie et le maniement d’une ou de plusieurs méthodes scientifiques, mais ils les appliquent par-delà les limites normales ». (5)

Le demi-savant n’est pas ici quelqu’un qui ne va pas assez loin, mais, au contraire, quelqu’un qui va trop loin. Il fait dépasser les limites à son expérience, à ses concepts, à sa théorie. Il ne s’en rend pas compte – ou alors la chose lui est indifférente – il est « hors sol».

« Un demi-savant ne fait de mal qu’aux imbéciles, ce qu’aucune législation ne saurait admettre comme un crime, puisque la limite toucherait le Fait du Prince. Il nous faut la liberté de penser complète (…).(p. 11)

Les Demi-savants (1911)
d’Arnold VAN GENNEP.

Les Demi-savants sont un livre étonnant, que l’on serait tenté de classer un peu vite dans la rubrique « humour », alors qu’il s’agit d’un livre très élaboré et étonnement codé. Il porte comme sous-titre l’énumération suivante : « Esthétique comparée, Linguistique, Pathologie végétale, Biologie, Ethnographie, Folklore, Épigraphie, Anthropométrie, Critique littéraire, La Synthèse ». Pas de chapitre consacré à proprement parler à la politique, encore que… Nous retiendrons que Arnold VAN GENNEP a consacré un chapitre à l’épigraphie intégrale, ce qui ouvre des perspectives intéressantes (p. 113). Ce qui n’a pas échappé  à Nicole BELMONT. (Voir note  5)

LES PRATIQUES PATHOLOGIQUES DE LA VÉRITÉ

Jean-François BERT note que si Arnold VAN GENNEP se penche bel et bien sur des pratiques et des méthodes « pathologiques » des savants, « il dessine en creux, ce à quoi doit ressembler une « bonne » science. Alors que le savant ne voit dans une méthode qu’un outil imparfait, mais perfectible le demi-savant lui attribue une valeur absolue et définitive de clef magique » (p. 15). (6)

Pour le « 50%-savant », une partie de son savoir et de sa méthode incomplète lui suffit pour généraliser et conclure à une totalité : il est dans l’absolu. Tandis que pour « 100%-savant », son savoir et sa méthode l’incitent à la prudence critique : il est dans le relatif. Mais alors, que contient cette part manquante qui produit ces effets singuliers ? Ce serait l’incomplétude qui ferait le lit de l’imprudence.

A l’évidence Emmanuel MACRON fait un usage polémique, c’est-à-dire politique, des deux concepts de demi-savant et de faux-sachant. A qui pense-t-il ? A des opposants politiques ? A des scientifiques ? A qui s’adresse son irritation du moment ? A des invités de plateaux de télévision ? A des articles de médias ? Aux  réseaux sociaux ? Peut-il oublier qu’il est président de la République, ancien ministre des Finances, ancien fondé de pouvoir d’une grande banque privée, et que c’est l’ultralibéralisme mondialisé qui produit les conditions de diffusion médiatique de masse, fondées sur l’audience et le profit, et non sur le savoir, la  compétence et la vérité. Le pouvoir politique est-il fondé à s’étonner d’une situation dans laquelle la téléréalité est devenue un modèle éducatif et culturel ? Est-ce à lui, issu d’une majorité politique, de laisser entendre que des personnes – qu’il ne nomme pas – propagent le virus du mensonge scientifique ?

LE CONTEXTE DE L’INTERVENTION
D’EMMANUEL MACRON

Le contexte est particulier puisque c’est celui de l’annonce, le lundi 16 mars 2020 à 20 heures,  de la mise en confinement le lendemain mardi 17 mars 2020 à 12 heures, sur la totalité du territoire, des Français et des Françaises, pour une durée indéterminée, afin d’arrêter la propagation de l’épidémie de coronavirus Covid-19.

« Je sais que je vous demande de rester chez vous. Je vous demande aussi de garder le calme dans ce contexte. J’ai vu, ces dernières heures, des phénomènes de panique en tous sens. Nous devons tous avoir l’esprit de responsabilité. Il ne faut pas que les fausses informations circulent à tout va.
En restant chez vous, occupez-vous des proches qui sont dans votre appartement, dans votre maison. Donnez des nouvelles, prenez des nouvelles. Lisez, retrouvez aussi ce sens de l’essentiel. Je pense que c’est important dans les moments que nous vivons.
La culture, l’éducation, le sens des choses est important. Et évitez l’esprit de panique, de croire dans toutes les fausses rumeurs, les demi-experts ou les faux-sachants. La parole est claire, l’information est transparente et nous continuerons de la donner. »
(Voir note 1)

On relèvera que les « fausses rumeurs, demi-experts et faux-sachants » font partie du même dispositif de dénonciation de l’ignorance et du mensonge auquel Emmanuel MACRON oppose « la parole claire et l’information transparente ».

Extrait de Les Demi-savants (1911) d’Arnold VAN GENNEP (Mercure de France, 1911).
Page 4 de l’exemplaire numérisé par l’Université d’Ottawa. (Cote PQ 2613 E64D4).
http://archive.org/details/lesdemisavants00genn

Commentaire de l’illustration :  « J’en mors mon bouclier »

LA « FAUSSE RUMEUR » EST-IL UN OXYMORE ?

Lorsque Emmanuel MACRON demande aux Français d’ « éviter l’esprit de panique » et de ne pas « croire dans toutes les fausses rumeurs », il nous oblige à nous interroger. Existe-il de vraies rumeurs ? La question n’est pas simple. Le mot rumeur vient du latin rumor. C’est un « bruit vague », un « bruit qui court », une « nouvelle sans garantie ». On baigne là dans l’incertitude. C’est aussi un « bruit sans consistance », donc un mensonge. Un « bruit colporté », donc relevant de la malveillance, de la médisance, marqué par la volonté de dire du mal, de nuire, et d’atteindre à la réputation. On le voit, la rumor porte atteinte à la notion si importante pour les romains, la réputation, la fama.

Dès lors, il ne peut pas y avoir de « vraie » rumeur. Toute rumeur est un mensonge, soit en germe, soit abouti. La considérer comme pouvant contenir une part de vérité revient à accréditer la validité d’un mensonge. A ce sujet, rappelons que le fameux « il n’y a pas de fumée sans feu » est la plus perverse des rumeurs.

C’est pourquoi la « fausse rumeur », s’apparente à la figure de rhétorique de l’oxymore, qui consiste à associer deux mots de sens contradictoires. Autant la figure est admissible en poésie, autant elle contamine la pensée, quelle soit philosophique ou scientifique.

Au lieu de « fausse rumeur » il convient de parler tout simplement de « rumeur ». La fausse rumeur ne peut jamais détenir une vérité, puisqu’elle est porteuse par essence du mensonge. Telle est la remarque que pourrait faire par exemple, un membre de jury du grand oral de École nationale d’administration à un candidat qui emploierait cet oxymore.

CONCLUSION

La parole présidentielle n’est pas n’importe quelle parole. Elle est extraordinaire et son contenu est exorbitant.

Michel WIEVIORKA écrit que les « individus et les groupes se construisent comme acteurs, qu’ils puissent ou non faire des choix, s’inscrire dans des logiques d’action collective, inventer des mouvements sociaux ou culturels, contribuer à la mise en place, la transformation ou la destruction d’institutions, passer à la violence… » (7)

Ceux qui entendent cette parole, qui la répètent, qui la commentent… peuvent-ils tenir compte des multiples sur-investissements qui lui sont associés ? Elle est indissociable d’un double processus de subjectivation et de dé-subjectivation qui construit et qui transforme la conscience des acteurs.

  • La subjectivisation, qui conduit le sujet capable d’agir, car capable de penser comme acteur passant à l’acte.
  • La désubjectivisation, qui conduit, à l’inverse, vers des formes décomposées du sujet, vers l’anti-sujet et le non-sujet, vers des conduites de destruction et d’autodestruction.

C’est à-partir de ce processus que se prennent de façon implicite les décisions – c’est-à-dire en se fondant sur un enthymème (un syllogisme à deux termes, le troisième étant éludé) : décisions du pouvoir et décisions du peuple, décisions d’adhérer, décisions de s’opposer, décisions de voter.

Bernard MÉRIGOT

RÉFÉRENCES

1. MACRON Emmanuel,« Adresse aux Français du Président de la République Emmanuel Macron », 16 mars 2020. https://www.elysee.fr/emmanuel-macron/2020/03/16/adresse-aux-francais-covid19
2. PASCAL Blaise, Fragment « Raisons des effets », n° 19 / 21.  Éditions de Port-Royal : Chap. XXIX – Pensées Morales : 1669 et janv. 1670 p. 277-278 / 1678 n° 11 p. 272. Éditions savantes : Faugère I, 179, VII / Havet V.14 et XXIV.37 / Michaut 465 et 466 / Brunschvicg 324 et 759 / Tourneur p. 192-1 / Le Guern 93 / Lafuma 101 et 102 / Sellier 134.
3. THIROUIN Laurent,
« Montaigne demi-habile ? Fonction du recours à Montaigne dans les Pensées », in MEURILLON Christian (dir.), Pascal. L’exercice de l’esprit, Revue des sciences humaines, 244, octobre-décembre 1996, p. 81-102.
4. PASCAL Blaise, Pensées et opuscules présentés par Léon Brunschwicg, Hachette, 1909, p. 485.
5. VAN GENNEP Arnold, Les Demi-savants,  Mercure de France, 1911, p. 7-8.
Sur Arnold VAN GENNEP (1873-1957), voir :
BELMONT Nicole,
Arnold Van Gennep, Le créateur de l’ethnographie française, Payot, 1974, 192 p.
6. BERT Jean-François,
« Contribution de Arnold Van Gennep à une histoire des pratiques savantes : Les Demi-savants », Archives et pratiques savantes, 31 mars 2015. https://aprasa.hypotheses.org/247
7. WIEVIORKA Michel, « Du concept de sujet à celui de subjectivation »,  Working Papers Series, Fondation Maison Sciences de l’Homme / Collège d’Études mondiales, n°16, juillet 2012. p. 6.

ARTICLES EN LIGNE sur http://savigny-avenir.info

LÉGENDES DES ILLUSTRATIONS

  • Emmanuel MACRON lors de son « Adresse aux Français » du Président de la République Emmanuel Macron », 16 mars 2020. https://www.elysee.fr/emmanuel-macron/2020/03/16/adresse-aux-francais-covid19
  • Les Demi-savants (1911) d’Arnold VAN GENNEP.
  • Extrait de Les Demi-savants (1911) d’Arnold VAN GENNEP (Mercure de France, 1911).  Page 4 de l’exemplaire numérisé par l’Université d’Ottawa. (Cote PQ 2613 E64D4). http://archive.org/details/lesdemisavants00genn

DOCUMENT

GUERRE OU CONFINEMENT ?
UNE ANALYSE TEXTUELLE
par Romain AUBÉ

« Dans l’allocution du 16 mars 2020 du président de la République, un signifiant a manqué : le « confinement ». La plupart des médias l’ont souligné, Emmanuel Macron n’a pas prononcé le mot. Ne nous attardons pas sur les hypothèses quant aux raisons de cette absence, prêtons plutôt attention à ce que cela implique au niveau logique, sémantique mais surtout syntaxique, pour une analyse textuelle.
Qu’une allocution ait vivoté autour d’un signifiant sans le nommer, ça a un poids. Du fait du refus de nomination, la valeur du Verbe – au sens religieux – n’a brillé que de son absence. Une autre nomination s’y est substituée : « guerre ». Si les deux termes peuvent être noués, l’un pouvant impliquer l’autre, et inversement, en revanche ici, l’un est tandis que l’autre n’est pas – s’entend, au niveau de la phrase.
Cette substitution d’un signifiant par un autre rappelle l’idée de métaphore introduite par Lacan en psychanalyse (1) à partir de l’enseignement de Roman Jakobson. Derrière le signifiant « guerre » se cacherait cet autre signifiant, « confinement ».
Seulement voilà, la phrase présidentielle exacte est : « Nous sommes en guerre », avec un nous auquel l’énonciateur se joint ; il en fait partie. Le confinement, en revanche, aurait pu désigner le peuple français par exclusion du chef de l’État, non qu’il le veuille, mais en tant qu’il l’impose à un autre par ordre et, ce faisant, s’en exclut – le maitre s’exclut de son ordre en tant qu’il l’énonce tout en s’y ignorant comme sujet. Cependant, en disant « nous sommes en guerre », il indique ne pas être à l’origine de la situation ; ça vient d’ailleurs. Cela fait du coronavirus un ennemi extime (2) – à la fois intime au peuple français et, en même temps, qui lui est complètement étranger du fait de son statut de virus.
Ici deux types de relation à la logique des ensembles pourraient se dessiner.
•    d’un côté, l’exclusion : vous êtes…, je vous l’impose, qui laisse sous-entendre que le je s’en excepte,
•    de l’autre, l’inclusion : nous sommes (comprenant le je suis et le vous êtes) dans l’ensemble et on exclut l’ennemi intime ; pour faire tenir l’ensemble, on fait de cet ennemi un au-moins-un qui en est exclu.
L’idée de guerre, au-delà du champ lexical de ce terme, implique ainsi une autre dynamique que celle de confinement, puisqu’elle invite les citoyens (devenus téléspectateurs ou auditeurs) à se mobiliser, ensemble, à l’endroit d’un ennemi commun et intime pour l’exclure de l’ensemble. Si la question de l’énonciation retenue peut se discuter, on remarque ce qu’elle implique : se faire force contre. »
NOTES DU DOCUMENT
1. Macron E., « Allocution aux Français », 16 mars 2020, disponible sur internet.
2. Cf. sur ce point : Demagny X., « “Décret de confinement”, “couvre-feu”, “armée” : ces messages WhatsApp reposent sur de fausses infos », France Inter, 16 mars 2020, disponible sur internet.
3.
Cf. entre autres disponibles sur internet :
Beaumont O. & Shuck N., « Coronavirus : pourquoi Macron n’a pas parlé de ‘‘confinement’’ lundi soir », Le Parisien, 17 mars 2020 ;
Le Vern R., « ‘‘Confinement’’ : pourquoi Emmanuel Macron n’a pas prononcé ce mot pendant son allocution », LCI, 17 mars 2020 ;
Duguet M., « ‘‘Une erreur stratégique de ne pas dire ‘‘confinement’’ pour combattre le coronavirus : pourquoi le discours d’Emmanuel Macron est critiqué », France info, 17 mars 2020.
4.
Cf. Lacan J., « L’instance de la lettre dans l’inconscient ou la raison depuis Freud », Écrits, Paris, Seuil, 1966, p. 493-528 & Le Séminaire, livre III, Les Psychoses, texte établi par J.-A. Miller, Paris, Seuil, 1981, p. 243-262.
RÉFÉRENCES DU DOCUMENT
AUBÉ Romain,
« Guerre ou confinement. Une anayse textuelle, Lacan Quotidien, n°875, 22 mars 2020. https://www.lacanquotidien.fr/blog/wp-content/uploads/2020/03/LQ-875.pdf

Commentaire du 9 mai 2020

Experts, Grands experts, Petits experts, Soi-disant experts, Faux experts
par Claude MALHURET, sénateur de l’Allier

Déconfiner ou ne pas déconfiner, telle est la question !
Je suis fasciné de découvrir que nous avons autant d’experts pour y répondre sur toutes nos chaînes de télévision : les grands experts, très assurés ; les petits experts, qui manquent d’expérience sur Zoom et dont on ne voit que le nez, le menton et les lunettes en gros plan ; les soi-disant experts, qui répètent ce qu’ils ont entendu une heure avant sur une autre chaîne ou à la radio ; et, enfin, les faux experts qui lancent des craques en espérant faire le buzz.
À force de tous les regarder, j’ai découvert un théorème, que je vous propose : plus il y a d’experts, moins on comprend.
Heureusement, il reste les politiques ! J’ai suivi le débat à l’Assemblée nationale, mercredi dernier, monsieur le Premier ministre. Il y a là-bas des virtuoses du coronavirus. Ils vous ont expliqué ce qu’il fallait faire hier et ce qu’il n’aurait pas fallu faire, ce qu’il faut faire aujourd’hui et ce qu’il faudra faire demain.
Je revois encore le professeur Mélenchon, de la faculté de médecine de La Havane, pointer sur vous un doigt vengeur et vous lancer d’une voix de stentor : « Il y aura un deuxième pic de l’épidémie, et vous le savez ! » Impressionnant ! J’étais au bord du retweet !
Devant tant de recommandations de spécialistes, je n’ose pas vous proposer les miennes, moi qui ne suis qu’un simple médecin épidémiologiste.
RÉFÉRENCES DE L’EXTRAIT
MALHURET Claude, Intervention, Stratégie nationale du plan de déconfinement dans le cadre de la lutte contre l’épidémie de Covid-19. – Débat et vote sur une déclaration du Gouvernement, Séance publique du Sénat du 4 mai 2020, Compte rendu intégral des débats. http://www.senat.fr/seances/s202005/s20200504/s20200504002.html – orat5
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Référence du présent article : http://www.savigny-avenir.fr/2020/03/23/anthropologie-des-fausses-rumeurs-que-faut-il-penser-de-la-denonciation-des-demi-experts-et-des-faux-sachants-par-emmanuel-macron-blaise-pascal-et-arnold-v/

 

Publié dans Non classé | Commentaires fermés sur Anthropologie des « fausses rumeurs ». Que faut-il penser de la dénonciation des « demi-experts » et des « faux-sachants » par Emmanuel Macron. (Blaise Pascal et Arnold Van Gennep)

L’anthropologie et les sciences sociales convoquées pour la recherche sur la crise du Coronavirus Covid-19 (Agence nationale pour la Recherche, ANR)

LA LETTRE DU LUNDI DE MIEUX ABORDER L’AVENIR, n°397, lundi 23 mars 2020

Le pouvoir politique fait un usage politique permanent de la science et des scientifiques selon trois modes :  1. il fonde ses décisions sur l’avis de scientifiques, 2. il ignore leurs avis, 3. il dénigre les avis des scientifiques ( de très nombreux exemples existent).
La crise du Coronavirus Covid-19 (2020) nous fait assister à un duel paradoxal entre les politiques et les scientifiques. C’est de stade n°1 qui est pratiqué à ce jour : le président de la République, le Premier ministre, les ministres, et l’administration… justifient leurs décisions politiques par leur conformité avec des avis scientifiques. Il s’agit d’une pratique d’instrumentalisation.
Dans cette perspective, il est intéressant de se pencher sur
les priorités que les scientifiques de l’Agence nationale de la Recherche (ANR) ont fixées dans l’appel à projet qu’ils ont lancé sur le COVID-19
(coronavirus disease 2019) le 3 mars 2020.

« Dans le cadre de la pandémie Covid-19 ». Affiche de la SNCF, ligne RER C, 17 mars 2020.
© Photographie Bernard Mérigot / CAD

CHRONOLOGIES SCIENTIFIQUES ET
CHRONOLOGIES POLITIQUES

Nous sommes en présence de plusieurs chronologies qui se mêlent, celle des évènements, celle des expertises, celle des décisions politiques, celle des recherches. Elles se croisent sans communiquer pas pour plusieurs raisons.

  • La première, du fait évident qu’aucune connaissance politique, prise au sens de « Que faut-il faire au cas où ? », ne préexiste à des évènements qui ne se sont pas encore produits.
    On a toujours des difficultés à se replacer, lorsque des évènements sont passés, dans le contexte d’ignorance politique du moment. On a souvent l’habitude de projeter les connaissances du moment sur une période où elles étaient ignorées.
  • La seconde, du fait de ce qui préexiste, c’est-à-dire à la fois l’expérience acquise, la recherche qui est faite sur sa pratique, et les conclusions qui en sont tirées, servent rarement à la prise par anticipation de décisions.
    Comme s’il fallait attendre que ce qui arrive soit là pour être capable se mettre à penser à ce qu’il faut faire.

Le 31 décembre 2019, les premiers cas suspects de patients atteints d’une pneumonie d’étiologie inconnue sont signalés dans la ville de Wuhan, en Chine (qui compte environ 11 millions d’habitants). Le foyer initial est lié au marché de Huanan Seafood, qui vend du poisson et des fruits de mer ainsi que d’autres animaux, vivants et morts. Ainsi, l’hypothèse d’une zoonose (maladie et infection dont les agents se transmettent naturellement des animaux vertébrés à l’être humain, et vice-versa), avec un réservoir d’origine animale, est émise dès le début de l’épidémie qui amène à créer un cluster (regroupement) initial à Wuhan qui compte 41 patients, confirmés par un test PCR spécifique.

  • L’agent pathogène est un nouveau coronavirus, appelé SARS-CoV-2. Sa découverte est annoncée officiellement le 7 janvier 2020 par les autorités sanitaires chinoises et l’Organisation Mondiale de la Santé (OMS).
  • Deux jours plus tard, le 9 janvier 2020, un premier décès est signalé par les autorités chinoises. La transmission interhumaine du virus est officiellement confirmée par l’OMS le 23 janvier 2020.

Pour la France, la situation épidémiologique peut être suivie en permanence (pour sa part publique) sur le site de Santé Publique France : https://www.santepubliquefrance.fr

MONDIALISATION DU VIRUS
ET MONDIALISATION DE LA RECHERCHE

Le 30 janvier 2020, le Comité d’urgence du Règlement Sanitaire International (RSI), convoqué à la demande du Directeur Général de l’Organisation Mondiale de la Santé (OMS), déclare que cette épidémie constitue une urgence de santé publique de portée internationale.

Les 12 et 13 février 2020, des experts internationaux dans le domaine de la santé se réunissent au siège de l’OMS à Genève pour évaluer le niveau actuel des connaissances sur la nouvelle maladie à coronavirus 2019 (COVID-2019), repérer les lacunes et définir des priorités de recherche immédiates. Ce forum, d’une durée de deux jours, organisé en collaboration avec le GLOPID-R (Global Research Collaboration for Infectious Disease Preparedness), aborde tous les aspects de l’épidémie et les moyens de la maîtriser :

  • l’histoire naturelle et le mode de transmission du virus, ainsi que le diagnostic de l’infection,
  • les travaux de recherche sur l’animal et l’environnement portant sur l’origine du virus, y compris les mesures de prise en charge à l’interface homme-animal,
  • les études épidémiologiques,
  • la caractérisation clinique et la prise en charge de la maladie causée par le virus,
  • la lutte contre l’infection, y compris les moyens les meilleurs de protéger les agents de santé,
  • la recherche-développement de traitements et vaccins candidats,
  • les considérations d’éthique relatives à la recherche,
  • la prise en compte des sciences sociales dans la riposte.

LE VIRUS EN FRANCE

Pour sa part, la recherche française a lancé plusieurs programmes de recherche. Autant on pense aux disciplines relevant des sciences dures (virologie, médecine…), autant les sciences humaines et sociales sont souvent oubliées, alors que les travaux d’anthropologie (comme par exemple, sur l’épidémie Ebola 2015 ont montré leur pertinence et leur utilité).
Ici, les sciences sociales sont « associées à la réponse » pour ce qui concerne les enjeux politiques, l’éthique de la recherche et des droits humains, les représentations, les perceptions, les attitudes et les comportements relatifs à l’épidémie.

L’appel à projet de l’Agence nationale de la Recherche, comprend trois domaines de priorité.

APPEL À PROJETS FLASH COVID-19
6 mars 2020.

  • 1. Études épidémiologiques et translationnelles. Histoire naturelle de la maladie (y compris les facteurs anthropiques) et le mode de transmission du virus
    •   Diagnostic de l’infection, du portage asymptomatique, de l’évolution de la réponse immune
    •   Caractérisation clinique et prise en charge
    •   Modèles numériques prédictifs et rétrospectifs
  • 2. Physiopathogénie de la maladie (interactions virus-hôte et réponse immune)

•   Développement de modèles animaux et cellulaires
•  
Cibles thérapeutiques et modèles d’évaluation de candidats médicaments (n’incluant pas les vaccins)

  • 3. Mesures de prévention et de contrôle de l’infection en milieu de soins (y compris les meilleurs moyens de protéger les agents de santé) et en milieux communautaires

 •   Vulnérabilité et résilience des personnes, des collectifs et des organisations
• Conditions d’efficience et conditions réelles de mise en oeuvre des actions d’information, de prévention, de soin et de lutte
•  
Évaluation et modélisation de l’impact épidémiologique, économique et financier de l’épidémie et des mesures de prévention et de contrôle

  • 4. Éthique – Sciences humaines et sociales sont associées à la réponse

•   Enjeux géopolitiques
•   Éthique de la recherche et du soin et droits humains
•   Représentations, perceptions, attitudes, comportements relatifs à l’épidémie
•   Organisation des soins, politique de santé et acceptabilité des décisions

RÉFÉRENCES
1. AGENCE NATIONALE DE LA RECHERCHE (ANR),
« Appel à projets Flash COVID-19 », 6 mars 2020. https://anr.fr/fr/detail/call/appel-a-projets-flash-covid-19/

LÉGENDES DES ILLUSTRATIONS

  • « Dans le cadre de la pandémie Covid-19 ». Affiche de la SNCF, ligne RER C, 17 mars 2020. © Photographie Bernard Mérigot / CAD

La Lettre du lundi de Mieux Aborder l’Avenir
n°397, lundi 23 mars 2020

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