Un maire peut-il invoquer la théorie de l’inexistence à l’égard de ses adjoints ?

LA LETTRE DU LUNDI DE MIEUX ABORDER L’AVENIR

DÉCODAGE

CONTEXTE. Un maire peut-il accuser quatre anciens adjoints d’avoir été « inexistants » pour justifier leur remplacement ?
ENJEUX.
Comment la notion d’inexistence juridique peut-elle qualifier l’inexistence politique ? Dans ce cas, ne serait-on pas en présence, en raison de l’atteinte portée à la respectabilité d’élus du suffrage universel, d’une inexistence diffamatoire ?

« Les quatre adjoints précédents étaient inexistants ». Telle est la réponse faite par Laurence SPICHER-BERNIER, maire (DVD/Parti radical de droite), interrogée par le journaliste du Parisien après la séance du conseil municipal du 14 septembre 2012 au cours de laquelle quatre nouveaux adjoints ont été élus. (1)

Les quatre adjoints précédents ont des noms : Éric MEHLHORN, conseiller général, Anne-Marie GÉRARD, Anissa FERDJIOUI, Daniel GUETTO. Laurence SPICHER-BERNIER, en 2008, a d’abord été leur collègue en tant qu’adjointe au maire, elle aussi (de mars à septembre 2008), avant de les confirmer dans leur fonction en tant que maire (pour Éric MEHLHORN, Anne-Marie GÉRARD et Anissa FERDJIOUI), et de choisir Daniel GUETTO pour adjoint en 2009.

LA DÉCOUVERTE DE L’INEXISTENCE

Il convient d’ajouter que Laurence SPICHER-BERNIER qui découvre « l’inexistence » d’Éric MEHLHORN en tant qu’adjoint au maire, est sa suppléante en tant que conseiller général. Elle s’engage à ses côtés, figure sur tous les documents de campagne, le soutient, et ce depuis 2008. Et en 2012, elle découvre que ce même Éric MEHLHORN est « inexistant ». Surprenant…

Voilà une théorie bien pratique pour justifier le retrait des délégations, le retrait de la fonction d’adjoint, et le remplacement de quatre élus. Il y a bien une existence de l’inexistence.

Que faut-il entendre par le terme d’ « inexistant » ? Qui n’existe pas, chimérique, fictif, immatériel, irréel, nul. Qui n’a pas de valeur, pas d’importance, qui ne joue aucun rôle, inefficace, insignifiant, négligeable, nul, piètre.

On ne peut pas dire qu’il s’agisse d’un compliment adressé à quatre adjoints au maire après presque quatre années de mandat.

Ce qui est sûr, c’est que la descente d’élus en cours de vol n’est pas une pratique inexistante à Savigny-sur-Orge. Alors, pour un maire (ex UMP/Parti radical de droite), dénoncer l’inexistence d’adjoints (UMP) serait-il un mode d’existence ? La parole selon laquelle les quatre adjoints « étaient inexistants » n’est pas anodine. L’inexistence en politique existe. C’est une arme pour détruire des adversaires en les diffamant. Car comment admettre qu’un maire ait attendu quatre années pour mettre fin à  l’inexistence de quatre adjoints ?

L’invocation de l’inexistant est révélatrice. L’inexistant est une philosophie politique. (2)

RÉFÉRENCE
1.
« Savigny-sur-Orge. Mini remaniement en mairie », Le Parisien Essonne-matin, 15 septembre 2012. Article de Cédric Saint Denis.
2. STIEGLER Bernard, Mécréance et discrédit. I. La décadence des démocraties industrielles, Galilée, 2004, p.IV. « L’homme peut sans doute subsister sans exister. Je crois cependant que cette subsistance n’est pas durable : elle devient rapidement psychiquement et socialement insupportable, parce qu’elle conduit inexorablement à la liquidation du narcissisme primordial. » Une liquidation qui conduit à celle de la loi. Un modèle caduc qui liquide le politique : « il fait de la démocratie une farce dont ne peut surgir que mécréance et discrédit ».

Mieux Aborder L’Avenir (MALA), La Lettre du Lundi, 17 septembre 2012

Mention du présent article : http//www.savigny-avenir.info/ ISSN 2261-1819

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