Le comité de rédaction de MALA s’est entretenu avec Bernard MÉRIGOT et l’a interrogé à la suite du dernier conseil municipal (1). Nous publions ci-dessous la suite de cet interview.
UNE SÉANCE SOUS MENACE
QUESTION. Comment s’est déroulée la séance ?
Bernard MÉRIGOT. D’abord, dès l’ouverture, une longue intervention du maire Laurence SPICHER-BERNIER rappelant ses prérogatives et menaçant tout le monde – les conseillers municipaux et le public – de les faire exclure par la police municipale. On croit rêver. En fait, c’est bien réel et cela porte un nom : c’est un cauchemar municipal.
UN COMPTE RENDU INEXACT
DE LA SÉANCE PRÉCÉDENTE
QUESTION. Vous êtes intervenu à propos du compte rendu de la séance précédente. Vous avez voté contre son approbation. Pourquoi ?
Bernard MÉRIGOT. Lors de la séance publique du conseil municipal du 16 décembre 2011, convoqué à 12 heures 30, Laurence SPICHER-BERNIER a présenté et mis aux voix un voeu contre le vote des étrangers. Je suis intervenu dans le débat et j’ai clairement exprimé que je ne prenais pas part au vote. (« Monsieur Mérigot précise que ce vœu n’est pas inscrit à l’ordre du jour du Conseil municipal, que le texte n’a pas été adressé aux membres du Conseil et qu’il ne prendra pas part au vote »). C’est écrit au Compte rendu des débats, pages 37. Et bien, dans le procès verbal, mon nom n’apparaît pas ! En le lisant, on peut croire que j’ai voté comme la majorité du conseil pour cette délibération alors que j’ai refusé de suivre Laurence SPICHER-BERNIER dans la voie où elle engage le conseil municipal.
UN BUDGET
PRÉOCCUPANT, INQUIÉTANT, DRAMATIQUE
QUESTION. Au sujet du budget ville 2012, vous n’êtes pas intervenu dans le débat. Pourquoi ? Quelle était votre position ?
Bernard MÉRIGOT. Ma position était connue depuis le 3 février 2012 puisque j’ai rédigé un article, mis en ligne sur ce site. J’en rappelle les termes ici :
- Le budget primitif 2012 proposé s’établit en fonctionnement à 50 049 960,00 €, en investissement à 8 037 471,00 €, soit un budget total de 58 087 431,00 €.
- La variation du BP 2012 par rapport au BP 2011 est la suivante : en fonctionnement : – 1,17 %, en investissement : – 20,90 %, et un budget total : – 2, 59%.
- La diminution du montant du fonctionnement de 1,17 % est préoccupante.
- La diminution du total du budget 2,59 % est inquiétante.
- La diminution du montant des investissements de 20,90 % est dramatique.
- Le budget 2012 ne va pas dans le bon sens à Savigny.
- Conclusion : je voterai contre le budget primitif 2012 tel qu’il est proposé. (1)
Cette position a été transmise au groupe Le Bon sens pour Savigny lorsqu’il a préparé le conseil. Je ne pouvais pas être présent à cette réunion de travail.
LES GRANDS ABSENTS DU DÉBAT BUDGÉTAIRE
QUESTION. Il y a eu de grands absents dans les débats du conseil municipal du 8 février 2012.
Bernard MÉRIGOT. Je pensais qu’Éric MEHLHORN, maire adjoint absent, aurait transmis une intervention à celui qui possédait son pouvoir, ne serait-ce que pour donner les noms des élus du groupe qui voteraient contre le budget puisque le maire refuse son existence. Rien. Je regrette qu’Anne-Marie GÉRARD, maire adjointe, n’ait évoqué que les dépenses de fournitures scolaires, réduisant ainsi l’opposition du groupe à ce seul motif de vote « contre ». Quant à Anissa FERDJIOUI, maire adjointe, elle n’a pas demandé la parole. Quelle crédibilité peut-on donner à ce « groupe » d’opposition de droite dans ces circonstances ? Aucune, d’après ce que j’ai pu entendre après la séance de la part de personnes dans l’assistance. Pour ma part, je me pose des questions. Je ne suis plus adjoint depuis l’automne 2009. Libre à ceux qui le sont encore – malgré leur dissidence – de suivre mes conseils ou pas, on est en démocratie. Libre à eux d’intervenir afin d’expliquer aux Saviniens la position du groupe ou pas. Libre à eux de gérer les « fenêtres de tir » du groupe Le Bon sens pour Savigny en séance ou pas.
Il y a eu d’autres « grands absents » lors de ce débat sur le budget primitif 2012.
Jean ESTIVILL (Savigny-Égalité/ Front de gauche) n’est pas intervenu. Cela veut-il dire qu’il est d’accord avec le budget de Laurence SPICHER-BERNIER ? Si c’est le cas, il faut en informer Gabriel AMARD et Jean-Luc MÉLENCHON. Ça va les intéresser.
David FABRE (Europe Écologie Les Verts) n’est pas intervenu. Cela veut-il dire qu’il est d’accord avec le budget de Laurence SPICHER-BERNIER ? Si c’est le cas, il faut en informer Jean-Vincent PLACÉ, Éva JOLY, Cécile DUFLOT et la candidate Éva SAS sur la 7e circonscription. Ça va les intéresser.
Il faut souligner que David FABRE est à la fois arrivé en retard (vers 12 heures 30) et parti avant la fin (vers 13 heures 45). Victime de l’heure de réunion du conseil municipal (qui s’est tenu de 12 heures à 14 heures 15), il faudrait qu’il proteste auprès du maire : si le conseil avait lieu à 19 heures ou à 20 heures, tous les conseillers municipaux – dont lui-même – seraient plus disponibles.
De ce fait, il n’était pas là, vers 14 heures, pour lire la question orale qu’il a adressée au maire dans laquelle il s’est livré à une violente attaque ciblée contre Stéphane CADÉO, (conseiller municipal UMP). Cela a permis à Laurence SPICHER-BERNIER d’en remettre une couche en attaquant au passage, encore une fois, Éric MEHLHORN (UMP) et Anne-Marie GÉRARD (UMP) au sujet des pouvoirs adressés par Stéphane CADÉO.
Laurence SPICHER-BERNIER (UMP) peut remercier David FABRE (Europe Écologie-Les Verts) pour cette question qui lui a bien rendu service… pour attaquer ses opposants UMP !
UNE FAIBLE MAJORITÉ…
ET UNE FORTE INTERROGATION…
QUESTION. L’article de presse que vous citez juge que « le vote du budget a été adopté à une faible majorité » : 20 voix pour, 16 contre, 1 abstention. Qu’en pensez-vous ?
Bernard MÉRIGOT. Le conseil municipal comprend 39 conseillers municipaux : 19 Union républicaine/Laurence SPICHER-BERNIER, 11 Le Bon sens pour Savigny, 5 Imagine Savigny (PS), 2 Savigny-Égalité/Front de gauche, 2 Europe Écologie Les Verts. On ne peut pas dire que Laurence SPICHER-BERNIER, avec 19 voix de ce qui lui reste de l’Union républicaine (qui rassemblait avait 30 voix en 2008), soit majoritaire. 19 sur 39, on ne peut pas dire que ce soit une majorité !
Alors, au lieu de faire voter « certaines » délibérations à main levée (ou tout le monde manifeste physiquement s’il vote pour ou contre), Laurence SPICHER-BERNIER a recours à un vote à bulletin secret, toujours réclamé par la même conseillère municipale pro-spichérienne. De ce fait, on ne sait pas exactement qui vote pour et qui vote contre. C’est de cette façon que Laurence SPICHER-BERNIER arrive à recueillir lors de certains votes à bulletin secret – oh miracle ! – non pas 19, mais 20, 21, 22, 23 voix.
Le 8 février, d’après l’appel fait en début de séance, 37 conseillers municipaux étaient présents ou représentés : 19 Union républicaine/Laurence SPICHER-BERNIER, 9 Le Bon sens pour Savigny, 5 Imagine Savigny (PS), 2 Savigny-Égalité/Front de gauche, 2 Europe Écologie Les Verts. (Il est évident que seul le Registre des délibérations – qui n’est pas établi au moment de notre entretien et de sa publication – fait foi).
Vous me demandez ce que je pense du résultat de ce vote ? Il serait étonnant qu’un membre du parti socialiste ou qu’un membre du Bon sens pour Savigny ait voté pour le budget. Comme dit le Sage « Je vous laisse méditer là-dessus ».
LA PRESSE LOCALE PORTE TÉMOIGNAGE
DES PRATIQUES DE LA DÉMOCRATIE
Question. Le maire de Savigny-sur-Orge Laurence SPICHER-BERNIER n’arrête pas d’attaquer la presse qu’elle accuse de tous les maux. Quelle est votre opinion sur la presse locale ?
Bernard MÉRIGOT. Dès le lendemain matin, le 9 février 2012, la presse a rendu compte de la séance du conseil municipal de Savigny-sur-Orge du 8 février. L’article intitulé « Savigny-sur-Orge. La dette de la ville dynamite le budget » (2) rapporte, dans un espace limité, ce que la journaliste a vu et ce qu’elle a entendu. Son article est équilibré. Il cite à la fois Jean-Claude LÉOST et Jean-Marc DEFRÉMONT (PS) et Laurence SPICHER-BERNIER (UMP). Heureusement qu’il existe des journalistes disponibles pour venir à Savigny-sur-Orge à 12 heures, à l’heure du déjeuner ! Heureusement qu’il existe une presse indépendante qui peut publier, dès le lendemain, un tel article. Imaginez l’avenir d’une démocratie qui vivrait – et prospérerait – sans qu’aucun témoin ne soit susceptible de rendre compte de ses pratiques…
LAURENCE SPICHER-BERNIER
CONFOND DEUX FONCTIONS
QUESTION. Comment se fait-il que Laurence SPICHER-BERNIER préside le conseil municipal de cette façon ?
Bernard MÉRIGOT. Un maire a deux emplois, deux « casquettes ». 1. Il est élu conseiller municipal sur une liste (dont il est tête de liste), puis il est ensuite élu maire par le conseil municipal. 2. Il devient le président d’une assemblée délibérante, le conseil municipal. Ce n’est pas tout à fait le cas de Laurence SPICHER-BERNIER puisque, lors de l’élection municipale de mars 2008, elle a été élue (comme moi) sur la liste de Jean MARSAUDON. En septembre 2008, suite au décès de Jean MARSAUDON, elle a été élue maire par la majorité municipale.
Autant l’emploi de « tête de liste » est politique, autant l’emploi de président du conseil municipal doit être neutre. Diriger les débats d’un conseil municipal ne veut pas dire intervenir à tout moment, sur tous les sujets, présenter toutes les délibérations, refuser de donner la parole, interrompre des interventions, tout réfuter constamment, se livrer à des attaques personnelles, vouloir avoir le dernier mot sur tout…
Lors des séances du conseil municipal de Savigny-sur-Orge, on voit – et on entend ! – Laurence SPICHER-BERNIER, présidente de l’assemblée, se donner la parole quand elle veut, sur le sujet qu’elle veut, pendant le temps qui lui plaît (elle peut lire cinq longues pages, écrites par ses collaborateurs, corrigées par elle, parsemées de maladresses reconnaissables…), pour conclure enfin par une tirade dithyrambique ou injurieuse, c’est selon. Pouvoir discrétionnaire et usage anti-démocratique vont ensemble.
A la fin du conseil municipal, elle se donne la parole, attaque nommément des membres du conseil, les menace… puis lève la séance. Aucune réponse n’est possible. C’est ce qui se passe avec les questions dites « orales ». Elle sont écrites par un conseiller municipal, déposées 48 heures avant la séance du conseil. Laurence SPICHER-BERNIER lit sa réponse. Pas de débat. Refus de toute intervention. Circulez, il n’y a rien à dire !
Obnubilée par le pouvoir absolu, elle veut avoir absolument le dernier mot sur tout.
RÉFÉRENCES
- Bernard MÉRIGOT, maire adjoint honoraire de Savigny-sur-Orge (1983-2009), conseiller municipal (2008-), Président de Mieux Aborder l’Avenir (MALA).
- COMMUNE DE SAVIGNY-SUR-ORGE, « Savigny-sur-Orge. La dette de la ville dynamite le budget », Le Parisien Essonne-matin, 9 février 2012. Article de Farida Chadri.