Territoires et démocratie numérique locale (TDNL) a changé sa photographie d’en-tête le 2 août 2020. Un site Internet est un média qui contient d’autres médias. C’est une série d’emboîtements, tout à la fois textes, images, fixes ou animées, sons… Autant d’expressions, chacune marquée par une intentionnalité, implicite ou explicite, connue ou ignorée, qui prend sens à partir du moment où elle devient un discours : discours sur l’apparence, discours sur l’imaginaire, discours sur les réalités tues.
- Ancienne Image. Allée cavalière bordée d’arbres.
On se souvient de la photographie qui a été affichée sur la page d’accueil depuis 2009 jusqu’à hier : une longue et belle allée que l’on imagine cavalière, bordée d’arbres. Elle vient de quelque part, et va autre part. A une extrémité un château, à l’autre une forêt, sans doute. A gauche, une prairie clôturée. Au fond, à une certaine distance, et déjà hors de portée de voix, un promeneur solitaire, un marcheur qui s’éloigne. Le soleil s’est levé depuis peu, ce doit être tôt le matin, au printemps ou à l’automne. Nous sommes en Europe, peut-être en Angleterre, en France ou en Allemagne…
- Nouvelle image. Caravane dans le désert.
A compter du 2 août 2020, changement de décor. Une caravane dans le désert. Douze hommes et dix dromadaires montés chacun par un cavalier et deux marcheurs sans dromadaire. Le soleil est bas sur l’horizon, C’est sans doute le matin, aussi. Au rythme de ses pas, la caravane projette son ombre mouvante sur les dunes de sable.
Pourquoi le désert ? Il n’existe pas une raison du désert, mais des raisons du désert. Chaque raison a une histoire. Chaque histoire à ses raisons. Et chacun possède en lui une histoire personnelle de désert : désert intérieur, désert imaginaire, désert culturel, désert religieux.
Quant-au déserts touristiques, en ce temps covidique de l’année 2020, les confinements, les masques, les distances-barrières dans les avions… les ont remplacés par des déplacements plus sobres et moins polluants, moins risqués aussi, à tous égards.
Histoire de déserts. Les raisons ne manquent pas : Pierre BENOÎT, Dino BUZZATI, René CAILLÉ, Charles-Eugène de FOUCAULT, Thomas Edward LAWRENCE, Jean-Marie LE CLÉZIO, Pierre LOTI, Théodore MONOD… et tant d’autres.
Et bien sûr, Friedrich NIETZSCHE, à propos de qui Monique BROC-LAPEYRE remarque que « Le désert croît, malheur à celui qui recèle des déserts » est une phrase en allemand, pleine d’allitérations : « die Wuste wächst, weh dem der Wüsten birgt ».
Histoire de camélidés, de chameaux aussi bien que de dromadaires.. Peut-être à cause de Saint Matthieu.
- « Je vous dis encore : Il est plus facile à un chameau d’entrer par le trou d’une aiguille qu’à un riche d’entrer dans le royaume de Dieu. »
Matthieu 19 : 24 - « Malheur à vous, scribes et Pharisiens, hypocrites ! parce que vous donnez le dixième de la menthe et de l’aneth et du cumin, mais que vous avez laissé les points les plus importants de la Loi, à savoir la justice et la miséricorde et la fidélité. Ce sont ces choses-ci qu’il fallait faire, sans laisser les autres choses. Guides aveugles, qui filtrez le moustique mais avalez le chameau ! »
Matthieu 23 : 23, 24
L’hyperbole est fondée sur le contraste entre un minuscule moustique et un chameau, l’un des plus gros animaux connus des auditeurs de Jésus. Les Pharisiens filtraient leur vin à travers une passoire en tissu afin de ne pas avaler un moustique, ce qui les aurait rendus impurs du point de vue rituel. Au sens figuré, ils « avalaient» le chameau, qui était également impur selon le rituel (« Le chameau est impur pour vous », Lévitique 11 : 4)
La pensée de Jésus semble claire. Les Pharisiens montraient avec ostentation qu’ils observaient une exigence minime de la Loi, mais en toute discrétion, ils ne respectaient pas les principes moraux les plus importants.
Une seule image suffit pour nous emmener au bout des territoires du monde, au bout des temps, au bout de la pensée.
RÉFÉRENCES
IPANDI Brice, La représentation du désert et ses enjeux en littérature francophone contemporaine. Lecture de « Les marches de sable » d’Andrée Chédid, « Marie d’Egypte » de Jacques Lacarrière et de « Macaire Le Copte » de François Weyergans. Université de Lorraine, 2014.
LÉGENDES DES ILLUSTRATIONS
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Allée cavalière bordée d’arbres. Première photographie utilisée pour l’en-tête du site http://savigny-avenir.info utilisée de 2009 à 2020.
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Caravane dans le désert. Deuxième photographie de l’en tête du site http://savigny-avenir.info à partir du 2 août 2020.