LA LETTRE DU LUNDI DE MIEUX ABORDER L’AVENIR, n°369, lundi 9 septembre, 2019
La transition écologique et sociale, la révolution intérieure et l’engagement individuel constituent le thème de l’une des trois « sessions de premier cycle », commune à tous les étudiants de 1ère année de philosophie et de théologie du Centre Sèvres Facultés jésuites de Paris pour l’année universitaire 2019-2020. (1) Il est intéressant de noter que pour les facultés jésuites, contrairement à une vision superficielle répandue par les médias sur ces questions, l’humanité n’est plus dans l’incertitude d’un débat dont la conclusion serait encore à venir, mais bien dans la certitude d’une réalité « déjà là ».
LA DÉGRADATION IRRÉVERSIBLE DES ÉCOSYSTÈMES
« Les signaux de la dégradation irréversible des écosystèmes et du climat se multiplient, les émissions de gaz à effet de serre continuent à augmenter à l’échelle mondiale alors qu’il faudrait les réduire drastiquement pour espérer s’approcher des objectifs fixés par l’accord de Paris en 2015. » Ce constat réaliste et déterminé constitue le point de départ de la formation de quatre jours qui est proposée par le Centre Sèvres à ses étudiants sous le titre explicite de « Pour la transition écologique et sociale : de la révolution intérieure à l’engagement ».
Pour les trois professeurs responsables de cet enseignement, Cécile RENOUARD, Xavier de BENAZÉ et Michel-Maxime EGGER, « l’urgence écologique est aussi sociale, elle concerne l’aggravation de la situation des plus vulnérables, aujourd’hui et demain. Pour changer de cap et dessiner les chemins d’une prospérité sans croissance, la rationalité techno-scientifique est nécessaire et insuffisante. » (2)
LA DIMENSION ÉCOPSYCHOLOGIQUE
La bibliographie de cet enseignement est significative : Encyclique Laudato si’ du Pape François (2015), Pour une nouvelle terre (2018) de Dominique BOURG (2018), Soigner l’esprit, guérir la Terre. Introduction à l’éco-psychologie (2016) et La Terre comme soi-même. Repères pour une écospiritualité (2013) de Michel-Maxime EGGER, « Écologie et vie spirituelle » de Cécile RENOUARD (2016) .
Qu’est-ce que l’écopsychologie ? L’invention du terme est attribuée à Theodore ROSZAK (1933-2011), historien, sociologue et écrivain américain, professeur à l’Université de Californie, dans son livre The Voice of the Earth (1992), qui lui ajouta lors de sa réédition le sous-titre An Exploration of Ecopsychology (2011). Il est l’auteur, avec Mary GOMES et Allen KANNER, d’un ouvrage collectif, Ecopsychology: Restoring the Earth, Healing the Mind (1995).
Le domaine de l’écopsychologie se situe au-delà du domaine « conventionnel » de la psychologie. Elle examine notamment les raisons pour lesquelles des individus continuent d’adopter des comportements nuisibles à l’environnement alors que d’autres sont motivés de façon positive, et adoptent des pratiques respectueuses et durables.
LES SOURCES SPIRITUELLES
DE LA SOBRIÉTÉ HEUREUSE ET SOLIDAIRE
La « ligne éditoriale » de cet enseignement est résumée de la façon suivante par ses responsables : « La session se propose d’approfondir les racines anthropologiques et culturelles des maux actuels et de puiser à des sources spirituelles pour favoriser un discernement personnel et collectif sur les attitudes, les processus et les actions en vue d’une sobriété heureuse et solidaire. »
On le voit, il appartient à chacun de se déterminer, individuellement. Avec toutes les conséquences collectives qui en découlent.
RÉFÉRENCES
1. CENTRE SÈVRES PARIS /FACULTÉS JÉSUITES, Programme 2019-2020, 256 p. https://centresevres.com
- Pour la transition écologique et sociale de la révolution intérieure à l’engagement (Cécile RENOUARD, Xavier BENAZÉ, Michel-Marie EGGER), p. 77-78.
- Le participation. Effet de mode ou révolution ? (Marcel RÉMON), p. 78.
- L’Institution, obstacle et chemin vers Dieu (Jean-Paul LAMY, Sylvie ROBERT, Étienne GRIEU), p. 164
2. RENOUARD Cécile, BENAZÉ Xavier, EGGER Michel-Maxime, « Pour la transition écologique et sociale : de la révolution intérieure à l’engagement », Session de 1er cycle, lundi 27 janvier 2020-jeudi 30 janvier 2020, in Centre Sèvres Paris, Facultés jésuites, Programmes 2019-2020, p. 77-78.
« Nous vivons un combat écologique, économique, politique ; les penseurs spirituels juifs, musulmans, bouddhistes et chrétiens se rejoignent pour dire que la première façon de contribuer à un monde meilleur est de faire la paix en nous-mêmes, de mener le combat intérieur pour nous désarmer, pour nous déposséder de nous-mêmes, et nous rendre davantage disponibles pour les autres, en même temps que présents à nous-mêmes, et heureux de vivre. C’est cette attitude que sainte Marie-Eugénie, fondatrice de l’Assomption, appelle le dégagement joyeux : apprendre à regarder les choses du côté de Dieu, du côté de la vie, de ce qui nous donne du souffle, de l’élan intérieur, du discernement pour ne pas nous enliser dans nos réflexes étriqués, nos préjugés et nos peurs, pour réfléchir et agir. »
RENOUARD Cécile, « Allocution lors de la remise des insignes de Chevalier de la Légion d’honneur », 4 mars 2016. https://www.assumpta.org/Paris-Remise-de-la-Legion-d
LÉGENDE DES ILLUSTRATIONS
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L’écologie est une recherche permanente d’un équilibre. 23 octobre 2018. © Photographie Bernard Mérigot / CAD
La Lettre du lundi de Mieux Aborder l’Avenir
n°369, lundi 9 septembre 2019