Le mot « encyclopédie » vient du grec εγκυκλοπαίδεια (« enkuklios paideia ») : εγκυκλο (enkuklios) « qui fait le tour », παίδεια (paideia) : instruction donnée à l’enfant, éducation, enseignement… Enkuklios paideia désigne « un enseignement qui fait le tour », c’est-à-dire une recherche animée par une volonté d’instruire en se déplaçant, en pratiquant une circularité. Tout l’opposé à l’idée commune d’un ensemble statique de connaissances figées.
Au fil des siècles, le mot « encyclopédie » a pris différentes formes et son sens a évolué. Encore aujourd’hui la notion est loin d’être fixée.
Diderot et d’Alembert au XVIIIe siècle, à travers leur Encyclopédie, font évoluer son sens qui désigne un « ouvrage où on traite de toutes les connaissances humaines dans un ordre alphabétique ou méthodique ». Le classement alphabétique est un mode de présentation. Ce n’est pas une fin en soi, puisque que c’est l’ensemble des liaisons qui permet de relier les connaissances les unes avec les autres, préfiguration des liens hypertextes utilisés par les outils numériques en ligne.
Henri MESCHONNIC souligne que le savoir n’est pas un « cercle fini de connaissances ». Olivier ERTZSCHEID met en miroir la notion de bibliothèque et celle d’encyclopédie, qui repousse toute idée de finitude, comme le prouve chaque jour le développement d’Internet, notamment l’encyclopédie Wikipedia et la progression constante des données en ligne.
La question qui demeure aujourd’hui est celle des aptitudes nécessaires pour qu’un enseignement « fasse le tour » d’une interrogation, d’un sujet, d’un centre d’intérêt, d’un objet de connaissance. La circularité ne relève pas seulement de l’intention ou de l’ordre du discours, mais procède d’un dispositif, d’une mise en scène.
Le grammairien et poète byzantin Jean TZÉTZÈS (1110-1180) rapporte que les savoirs encyclopédiques (ἐγκύκλια μαθήματα) étaient constitués par des « disciplines encycliques », comme la poésie lyrique, qui était déclamée par un chœur disposé en cercle. On est en présence de la figure de l’accomplissement et de la plénitude accordée aux savoirs (Tzétzès, Chiliades, XI, 527), en l’occurrence, par les trois arts « premiers » (grammaire, rhétorique, philosophie), et les quatre arts « seconds » (arithmétique, musique, géométrie, astronomie).
RÉFÉRENCES
CINDY Cécile, « Qu’est-ce qu’une encyclopédie ? Essai de définitions », Encyclopédisme et savoir. Du papier au numérique, 8 novembre 2008. https://encyclopedienumerique.wordpress.com/2008/11/08/quest-ce-quune-encyclopedie-essai-de-definitions/
Mention du présent article http ://www.savigny-avenir.info
ISSN 2261-1819 Dépôt légal du numérique, BNF