De très nombreuses questions nous sont posées à la suite de l’article « Laurence Spicher-Bernier délibère contre le droit de vote aux immigrés » (19 décembre 2011). Plusieurs reviennent : Comment un tel conseil municipal peut-il avoir lieu ? Sur un tel sujet ? D’une telle façon ? Pour répondre à ceux qui n’étaient pas présents à cette séance publique (qui a eu lieu le vendredi 16 décembre 2011, de 12 H 30 à 15 H 30, faut-il le rappeler…), nous apportons quelques faits et quelques réflexions concernant la façon dont s’est déroulé le débat, ainsi que sur le vote du conseil contre le droit de vote aux étrangers.
UN VOEU TENU SECRET POUR CERTAINS…
ET DIVULGUÉ POUR D’AUTRES
C’est en prenant le prétexte d’une question concernant l’épicerie sociale de la commune (abordée lors de la précédente séance du conseil municipal, le 28 octobre 2011), que le maire Laurence SPICHER-BERNIER (Parti radical), vers 14 heures, introduit une délibération sur le vote des étrangers aux élections municipales.
Seuls quelques membres du conseil sont dans le secret, comme David FABRE (Europe Écologie-Les Verts) qui demande la parole. Comme un fait exprès il a rédigé, avant de venir, un texte de deux pages précisément sur le sujet ! Il en fait, longuement la lecture. Comme Jean ESTIVILL (élu sur la liste Savigny-Égalité / Front de Gauche, (1)), jamais étonné par le contenu des interventions du maire, et qui est toujours prêt à apporter une opposition mesurée et ciblée (contre Debout la République, contre le Parti socialiste, contre le conseil général…). Il n’est pas nécessaire d’inventer des emplois d’élus supplétifs : ils existent déjà (2).
“MOI, JE DIRAI ÇA. TOI, TU DIRAS ÇA”
Bernard MÉRIGOT demande au maire de lire le texte qui va être soumis au vote (qui n’est pas à l’ordre du jour). Elle refuse. Comment expliquer qu’aucun d’eux ne fasse la même demande ? Connaîtraient-ils à l’avance le texte ? L’un et l’autre trouvent tout à fait normal que le conseil municipal aborde cette question, et la mette aux voix. Mieux, lorsque Bernard MÉRIGOT, prenant acte du refus du maire, annonce qu’il ne prendra pas part au vote, Jean ESTIVILL, sans avoir la parole, s’exclame de façon parfaitement audible du public « Encore un excès de courage « .
Le courage, c’est de dire qu’un tel sujet n’entre pas dans les compétences d’un conseil municipal. Le courage, c’est de ne pas croire aux interventions convenues. Le courage, c’est de refuser qu’une assemblée délibérante soit instrumentalisée. Qui peut-être dupe du : “Moi, je dirai ça. Toi, tu diras ça” qui précède les séances de conseil municipal ?
FAIRE DE LA POLITIQUE, C’EST DIVISER ?
Doit-on voir dans cet épisode une illustration de la conception selon laquelle “faire de la politique, c’est créer des divisions” ? Adopter la posture d’un chef d’orchestre de débats de connivence n’a rien à voir avec une conception radicalement différente, et à laquelle les citoyens aspirent de plus en plus : “faire de la politique, c’est rechercher des consensus”.
RÉFÉRENCES
1. Jean ESTIVILL et Lucienne GEORGES, conseillers municipaux, ont été élus en 2008 sur la liste « Savigny-Égalité ». Lors de la séance du conseil municipal du vendredi 16 décembre 2011, Jean ESTIVILL a brandi le programme du « Front de Gauche » de Jean-Luc MÉLENCHON. Il a recommandé sa lecture en précisant, d’une façon audible par toutes les personnes présentes, « le livre est en vente pour moins 10 € ». L’engagement de Jean ESTIVILL au Front de Gauche est public. Il vient après d’autres engagements (Parti socialiste, Mouvement des citoyens…).
2. Supplétif. Qui supplée, qui complète, qui renforce.