Un français qui a assisté du 13 au 16 novembre 1975 au colloque sur la Schizo-culture organisé par la revue Semiotext (e) à l’Université de Columbia à New York a le sentiment d’avoir assisté à un triple événement. D’abord les deux interventions de William BURROUGHS et de John CAGE feront date, ensuite la présence conjointe de Gilles DELEUZE, Felix GUATTARI, Michel FOUCAULT et Jean-François LYOTARD, enfin la grande activité qu’ont manifesté de nombreux workshops (groupes de travail) constitués autour de sujets variés et actuels. (…)
Suite de l’article : MERIGOT Schizo culture 1975
Bernard MÉRIGOT
Schizo-culture (1975)
Colloque organisé par la revue Semiotext(e)
du 13 au 16 novembre 1975
Université de Columbia, New York
Bernard MÉRIGOT, La « Schizo-culture » à New York (1975), p.1
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MERIGOT Schizo culture 1975
Bernard MÉRIGOT, La « Schizo-culture » à New York (1975), p.2
Texte complet de l’article en pdf
MERIGOT Schizo culture 1975
Christophe AGENET et un écureuil. Central Park, New York,
15 novembre 1975
© Photo CAD / BM
RÉFÉRENCES
MÉRIGOT Bernard, « La « Schizo-culture » à New York. Notes sur un colloque, 1975 ». Noms cités dans l’article : Christophe AGENET, William BURROUGHS, John CAGE, Gilles DELEUZE, Michel FOUCAULT, Sigmund FREUD, Félix GUATTARI, Jacqueline HELLERMANN, Luce IRIGARAY, Ernest JONES, Ronald LAING, Silvère LOTRINGER, Jean-François LYOTARD, Michel RIFFATERRE, Jean STAROBINSKI.
http://www.savigny-avenir.fr/1975/11/23/la-schizo-culture-a-new-york-notes-sur-un-colloque-1975/
Texte complet en pdf : MERIGOT Schizo culture 1975
ARTICLES EN LIGNE SUR http://www.savigny-avenir.info
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DOCUMENT (2014)
Schizo Culture (2014)
Colloque organisé par la revue Semiotext(e)
du 13 au 16 novembre 2014
Moma, New York
«La revue passe en revue ; l’époque est de la revue », a écrit quelque part Michel Deguy ; elle embarque son époque avec elle, sur son dos – son bagage intellectuel et théorique, artistique et politique. Semiotext(e) est née en post-1968 (en 1974 exactement), sous l’égide de Sylvère Lotringer, un Français apatride fraîchement débarqué à Columbia University que des circonstances extérieures à sa volonté ont empêché d’assister de visu au barricadement des rues de Paris et au décloisonnement de ses universités.
De mai 1968, Semiotext(e) devient pourtant rapidement la caisse de résonance et le porte-voix outre-Atlantique, inaugurant une relation fructueuse entre penseurs américains et penseurs français, de Deleuze et Guattari à Baudrillard, en passant par Foucault, Debord ou Virilio, et en mettant sur le devant de la scène étatsunienne des auteurs « monstres », Artaud ou Bataille en tête de cortège.
Au fil des parutions, Semiotext(e) devient l’importateur officiel de la French Theory aux États-Unis jusqu’à ce que, une fois établie et reprise en choeur par une institution qu’elle était censée ébranler, elle fasse un pas de côté et engage sa mue. Le titre des numéros en dit long sur leur contenu et les intentions de son comité de rédaction : Schizo-Culture, Autonomia, Polysexuality, Panic Issues (inédit) ou Loving Boys (toujours en vente) sonnent comme autant d’appels à faire tomber les murs d’une université américaine trop repliée sur elle-même, trop pudibonde, passant sous silence ses désirs – sexe, drogue et autonomie – alors même que ces désirs envahissent les rues de New York par la voix des Burroughs et Ginsberg ou sur les scènes du Living Theater de Beck et Malina ou de l’Ontological Hysterical Theater de Foreman.
Entraînée dans les vicissitudes de la vie new-yorkaise, Semiotext(e) devient alors autre chose qu’une simple revue : une plateforme de débats et de rencontres organisées par Lotringer, à mi-chemin entre les universités américaine et française et la contre-culture politique, artistique et littéraire new-yorkaise. Sur l’affiche de l’événement mythique Schizo-Culture, organisé en 1975 à Columbia, les noms de Foucault et de Guattari côtoient ceux de Burroughs, de John Cage ou de la féministe radicale Ti-Grace Atkinson. Sacré mélange, transgressif, désirant, conversant, soucieux, cruel, maudit mélange, qui suscite toujours autant de fascination quarante ans plus tard. Puis, au début des années 1980, fort de ses cinq mille lecteurs, Lotringer fonde une maison d’édition pour publier textes théoriques, fictions et non-fictions.
Au fil des années, Semiotext(e) a graduellement pris l’allure de la racine qu’elle a elle-même importée aux États-Unis, le rhizome, chacune des branches de son activité se rapportant à une même question (et à ses avatars) : comment, dedans-dehors, échapper à l’institution ? Car s’il n’en y avait qu’un, ce serait le fil conducteur de la pensée que Lotringer a développée avec Semiotext(e) au cours de ces décennies. Comment, dans ses propres termes, déterritorialiser et reterritorialiser, comment penser et faire de la théorie de manière irrécupérable, mettre au jour la violence du capitalisme sans que le capitalisme puisse à son tour récupérer ces attaques et, avec son insoutenable force de réversibilité, les mettre sur le marché1.
À l’occasion du quarantième anniversaire de la plus transatlantique et la plus culte des revues américaines, voici un faux journal, fabriqué a posteriori, en forme de promenade dans quelques lieux emblématiques : une université, un musée, une galerie – plus quelques livres, archives papier et audio, films, catalogues d’exposition et sites Internet. 11 juin 2014 Il y a deux ans, Lotringer a vendu ses archives à la Fales Library2. Quatre-vingt-quinze boîtes dans lesquelles sont logés des milliers de dossiers pensés et classés par ordre alphabétique, par media.
RÉFÉRENCE
SIGAL Raphaël, « Crise de quarantaine Semiotext(e) / The Return of Schizo-Culture / The Event, the Book », Spirale. Numéro 250, automne 2014, p. 76-77. ISSN : 0225-9044 (imprimé) 1923-3213 (numérique) http://id.erudit.org/iderudit/73137ac
Mention du présent article http ://www.savigny-avenir.info
ISSN 2261-1819 Dépôt légal du numérique, BNF 2014