A la recherche de la démocratie locale
TERRITOIRES ET DÉMOCRATIE NUMÉRIQUE LOCALE
A LA RECHERCHE DE LA DÉMOCRATIE LOCALE (democratia localis)
Sous la direction de Bernard MÉRIGOT
La lumière démocratique
est-elle au bout du tunnel des totalitarismes ?
© Photo CAD / BM 2015
D’où vient la désillusion que les citoyens ressentent à l’égard de la vie politique et de ses acteurs ? Comment l’expliquer ? A partir de quelles expériences, avec quels concepts, avec quelles théories analyser une «fracture démocratique», qui est présente au niveau européen, national, local ?
Pourquoi tant de déclarations politiques sont-elles partisanes, agressives, et méprisantes à l’égard de ceux qui sont désignés comme des « adversaires », privilégiant le dissensus au consensus, comme si ce qui divise devait être plus fort que ce qui rassemble ?
Combien de simples électeurs, de membres de partis politiques, de « militants » sont-ils partis, plein d’espoirs et d’illusions et qui, au lendemain d’une campagne électorale ou d’une élection, ont eu le sentiment d’avoir été exploités et trompés ?
Combien d’hommes et de femmes, élus, compétents et dévoués, ont-ils vus leurs actions entravées par d’autres qui, refusant toute éthique collaborative à l’égard du bien commun, n’ont manifesté que la volonté, soit de prendre leur place, soit de les éliminer ?
Combien se sont trouvés – et continuent de se trouver – poursuivis par les pouvoirs en place pour avoir tout simplement exercé le simple principe de la liberté de pensée, de parole et d’écriture qui veut que « Sans la liberté de blâmer, il n’est point d’éloge flatteur » ?
L’exercice de l’activité politique comporte-t-il des risques ? La réponse est oui. Ceux-ci concernent aussi bien ses acteurs que ses spectateurs. Le marché politique est devenu un marché économique. Ainsi, l’activité politique a recours aux moyens de la publicité pour répondre à une demande que l’on peut légitimement suspecter de ne pas être librement exprimée, mais fabriquée. Comme l’a observé Joseph SCHUMPETER dans les années 1940, la professionnalisation du personnel politique a transposé au niveau politique la logique économique producteur/consommateur : les hommes et les femmes politiques sont des producteurs de politique, les électeurs sont des consommateurs de politique. Le risque de cette logique est double : que l’offre ne corresponde pas une demande réelle, que le produit livré ne corresponde pas aux attentes du client..
Faut-il pour autant se détourner de l’activité politique ? La réponse est non. Parce qu’il faut espérer, au-delà des pièges et des chausse-trappes, que le « bien public » l’emporte. On connaît les quatre questions posées par Emmanuel KANT dans sa critique de la raison pure : « Que puis-je connaître ? Que dois-je faire ? Que m’est-il permis d’espérer ? Qu’est-ce que l’homme ? ». Ces quatre questions sont éminemment politiques.
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Que puis-je connaître sur la façon dont le budget de ma commune, de ma communauté, de mon ex conseil général devenu conseil départemental, de mon conseil régional, voire de ma métropole… sont fixés, sur les dépenses de fonctionnement et d’investissement décidées, sur la performance coût/résultats des politiques publiques menées ? L’égalité d’accès aux informations sur les publiques est-elle assurée pour tous ? Tous les documents publics sont-ils accessibles dans le cadre d’un Open data des collectivités publiques locales ?
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Que dois-je faire pour que le pouvoir politique ne soit pas exercé exclusivement par une classe d’élus et de fonctionnaires ? Pour qu’il soit partagé et qu’il prenne en compte l’expertise de la société civile, citoyenne et associative ? Pour qu’il soit largement ouvert à la concertation ?
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Que m’est-il permis d’espérer de l’exercice des pouvoirs locaux ? Les pratiques réelles correspondent-elles au désir démocratique des territoires ? Est-il normal que des citoyens ne comprennent plus rien aux compétences exercées par les communes, les communautés, les agglomérations, les conseils départementaux… ? Que chaque jour des décisions importantes soient prises dans le secret ? Que les réponses apportées aux questions citoyennes se fondent toujours sur des justifications d’autorité ?
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Qu’est-ce que l’homme politique ? Qu’est-ce que la femme politique ? Comment la Constitution confère-t-elle une existence représentative « naturelle » à des individus ? Sont-ils des amateurs ou des professionnels ? Des ambitieux (et ambitieuses) ou des honnêtes hommes (et honnêtes femmes) ? Qu’est-ce qui les a formé à cette fonction ? Leur expérience est-elle transmissible ?
C’est en effectuant un va-et-vient entre des connaissances concrètes et des actions de terrain que l’on peut proposer un décodage des discours concrets tenus sur la gestion des territoires et de leurs habitants, une réflexion sur les pratiques des pouvoirs locaux et de leurs contre-pouvoirs, sur les textes législatifs et réglementaires qui les entourent et les légitiment, sur l’évolution des jurisprudences administratives, toujours lacunaires et mouvantes.
Quels perfectionnements peuvent-ils être apportés pour que la loi républicaine et ses pratiques répondent pleinement – et par anticipation – aux attentes citoyennes ?
© Bernard MÉRIGOT et Mieux Aborder L’Avenir, 2014
contact@mieuxaborderlavenir.fr
Recherche-action «Territoires et démocratie numérique locale»
ISSN 2261-1819. Dépôt légal du numérique, BNF
Nombreux articles en ligne sur http://www.savigny-avenir.fr. Voir notamment :
Le programme de recherche «A la recherche de la démocratie locale (democratia localis)» participe à la démarche des carnets de recherche (blogging scientifique) de la plateforme http.hypotheses.org du Centre pour l’édition électronique ouverte (CLEO) / Open edition conduit en partenariat par le CNRS, l’EHESC, la Bibliothèque scientifique numérique, l’université d’Aix-Marseille, l’université d’Avignon.
Mention du présent article http ://www.savigny-avenir.info
ISSN 2261-1819 Dépôt légal du numérique, BNF 2016