DÉMOCRATIE ET TERRITOIRES
L’historien François Weil rappelle que la démocratie n’est pas un système d’institutions, mais une forme de société caractérisée par « le refus de l’incorporation, les divisions, l’hétérogénéité et l’indétermination ». Reprenant la formule de Claude LEFORT, il note que la démocratie « est un lieu vide, fondamentalement précaire et révocable, instable et transitoire, inachevé, par vocation et par nature, ouvert aux interrogations, aux contestations et à la pluralité ».
EN POLITIQUE,
IL EXISTE UN SEUIL D’ALERTE CRITIQUE DE LA RECHERCHE
Comment mesurons-nous – en tant que chercheurs et en tant que citoyens – les conséquences de ces propositions ? Par la reconnaissance de l’existence d’une consonance entre la conception de la société démocratique et la manière dont nous jugeons indispensables la fonction d’alerte critique de la recherche en sciences humaines et sociales. A l’évidence, les évolutions et les tensions que connaissent aujourd’hui les sociétés démocratiques invitent tous les acteurs de la vie sociale et politique à pénétrer dans l’atelier du philosophe et à penser, et repenser constamment, le chantier démocratique ainsi que sa pratique nécessairement renouvelée.
UN RÉGIME À HAUT RISQUE
Qui dit incertitude, dit risque. Un risque à la fois fécond et menaçant, parce que la démocratie est un régime à haut risque. « La démocratie ne peut vivre que des contestations et des critiques qu’elle suscite ».
LA SOUFFRANCE DE LA DÉMOCRATIE
Lorsque contestations et critiques peuvent s’exprimer, nous sommes en démocratie. Lorsqu’il ne peut y avoir ni contestation ni critique, nous ne sommes plus en démocratie. Leur répression retire à la démocratie son fondement, celui qui lui permet d’exister.
Le problème surgit, à l’échelle de n’importe quel territoire, lorsque les pouvoirs en place empêchent l’expression des contestations et des critiques, lorsqu’ils les censurent, lorsqu’ils les répriment : la démocratie est malade, elle souffre.
La porte pour toutes les méfiances, de toutes les défiances, de tous les extrémismes, est tous les intégrismes, est ouverte.
RÉFÉRENCES
WEIL François, Allocution, Fragilité et fécondité des démocraties, la dissolution des repères de la culture, conférence de Claude Lefort, XXXIe conférence Marc Bloch, Grand amphithéâtre de la Sorbonne, 9 juin 2009.
François Weil est historien, directeur d’études à l’EHESS, président de l’EHESS, recteur de l’Académie de Paris.
LEFORT Claude, Fragilité et fécondité des démocraties, la dissolution des repères de la culture, conférence de Claude Lefort, XXXIe conférence Marc Bloch, Grand amphithéâtre de la Sorbonne, 9 juin 2009. www.cmb.ehess.fr
La Lettre du lundi de Mieux Aborder L’Avenir, lundi 10 juin 2013
Mention du présent article : http//www.savigny-avenir.info/ISSN 2261-1819
BNF. Dépôt légal du numérique, 2013