« Redonner l’ambition politique au changement que nous voulons ! »
Basé sur l’exploitation à l’infini des ressources naturelles, notamment des énergies fossiles, de l’eau et de la biodiversité, notre modèle économique s’épuise, épuise les milieux naturels, accroit les inégalités et dégénère en crise systémique. Tout homme ou femme est aujourd’hui consciente de la nécessité de repenser le développement à l’échelle mondiale .
La conférence de Rio+20, qui rassemblera en juin 2012 les dirigeants de la planète, les mouvements sociaux, la société civile, les médias et les collectivités peut être l’occasion d’impulser des changements fondamentaux au niveau global mais aussi local, dans les différentes régions du monde. Mais repliés sur des politiques individualistes de court terme, et questionnés par le déplacement des hégémonies économiques, les États se montrent peu empressés et peu ambitieux pour le sommet.
Les dernières négociations intergouvernementales montrent les États demeurent sourds aux propositions que fait la société civile qui veut voir ce rendez vous planétaire comme le point de départ d’une transition pour un monde plus juste, pour le bien être des populations, pour le renouveau de la confiance avec les institutions, et enfin pour une sortie des crises.
Face au manque d’exigence des dirigeants, nous appelons toutes et tous, à demander que soient haussées les ambitions à l’échelle de l’humanité :
- 1. Garantir le droit à l’alimentation, à l’eau et au développement. Aucun sommet ne doit aujourd’hui reculer sur ces droits qui ont été signés par une majorité d’États et réaffirmés à plusieurs occasions, comme celles des forums de l’eau. L’argument avancé selon laquelle la conférence de Rio est une opportunité de faire avancer la notion d’économie verte selon son aspect d’investissement, sans parallèlement traiter l’accès aux services et aux biens essentiels, n’est pas recevable car elle affirme la primauté d’une approche marchande. Or la crise financière récente a montré l’importance de réintroduire la priorité du citoyen sur l’économie et la nécessité d’une régulation financière, économique et juridique.
- 2. Reconnaître l’existence de plusieurs modes de développement et stopper la marginalisation sociale croissante en investissant dans les services de base dont ont besoin les populations vulnérables. Ainsi, à titre d’exemple, l’utilisation d’énergies renouvelables, les pratiques agro-forestières, les techniques simples de collecte, le stockage et distribution de l’eau… sont autant d’approches pertinentes pour 1,8 milliards de petits agriculteurs.
- 3. Réaffirmer l’existence des biens communs, qu’ils concernent les milieux naturels, l’immatérialité technologique ou culturelle, permettant l’accès de tous aux biens essentiels, reconnaître l’expertise des usagers, favoriser la gestion locale… Leur protection doit permettre d’éviter à la financiarisation, de reproduire les effets néfastes sur de nouveaux secteurs, de destructurer la relation de l’Homme à la nature, de transformer des services essentiels en simples marchandises, de spéculer sur des conditions nécessaires au bien vivre.
- 4. Élaborer des trajectoires de transition écologique et sociale de toutes nos sociétés en privilégiant l’intérêt général, prennent en compte la contrainte sur les ressources dans la recherche d’un nouveau modèle d’organisation sociale et économique fondé sur l’optimisation des intrants utilisés, l’économie d’énergie, le recyclage, le développement de circuits-courts de production et de consommation. Dans cette optique, une forte intégration sociale et territoriale est nécessaire et la recherche d’autres modes de satisfaction, opposée aux comportements de sur-consommation, doit être promues.
- 5. Construire un socle universel de protection sociale, revaloriser le travail, accompagner les temps de formation, sécuriser les parcours professionnels, ouvrir à des emplois de qualité à l’échelle de la planète. Le dumping social doit cesser. Une transition ne peut s’ouvrir que si les acteurs exercent leur responsabilité.
Rio+20 doit être le point de départ d’une transition à l’échelle tant planétaire que locale, affirmant l’accès à une gouvernance mondiale démocratique. C’est aux sociétés civiles, et à l’ensemble des mouvements, d’agir pour y parvenir.
RÉFÉRENCES
COLLECTIF RIO+20, « L’appel européen Rio+20. Redonner l’ambition politique au changement que nous voulons ! », 2012.