L’économie de la contribution implique que des pans entiers de nos sociétés soient réinventés. Elle concerne tous les domaines. Rappelons que pour les grecs, l’économie οἰκονομία (oikonomia) possède un sens très large. Platon dans La République (IV et VII) et dans Les Lois (IV et VIII) s’intéresse à l’ oikonomia pour construire philosophiquement une figure de l’administration des biens dans la cité idéale.
L’économie platonicienne est la science de la gestion des biens et des personnes dans un état dirigé par un sage doué de tempérance (sôphrosunê) et de justice (dikaiosunê). Marie-José MONDZAIN note : « L’accès aux vertus politiques cardinales passe par l’éducation et nécessite l’exercice de la dialectique conçue comme art du dialogue qui conduit au savoir, la faculté légiférante n’étant autre que le logos, c’est-à-dire la rationalité discursive. » (1)
CINQ DOMAINES D’APPLICATION
POUR L’ÉCONOMIE CONTRIBUTIVE
Bernard STIEGLER a énuméré les besoins essentiels auxquels l’économie contributive peut apporter son concours « une politique éducative en relation avec le numérique, un nouveau droit du travail, un système politique déprofessionnalisé, un monde de la recherche où professionnels et amateurs sont associés ». (2)
Cinq domaines d’application pour les pratiques contributives se trouvent ainsi définis :
- l’éducation numérique,
- le droit du travail,
- la déprofessionnalisation du système politique
- la pratique de la recherche,
- l’initiative citoyenne.
Bernard STIEGLER plaide pour la défense de la figure de l’amateur, « qui aime ce qu’il fait et s’y investit complètement. » En ce qui concerne la question de l’argent la valeur produite par les contributeurs n’est pas toujours monétarisable, mais produit un impact sur l’activité économique. « La puissance publique doit être en charge d’assurer la solvabilité des contributeurs. Quelqu’un qui a un projet intéressant doit pouvoir recevoir de l’argent. Cela s’inscrit dans le sillage de thèses classiques comme le revenu minimum d’existence ». Ces budgets qui doivent être pensés comme des investissements.
RÉFÉRENCES
1. MONDZAIN Marie-José, « Article : oikonomia [οἰκονομία] » http://robert.bvdep.com/public/vep/Pages_HTML/OIKONOMIA.HTM
Voir le dialogue entre Socrate et Kritoboulos (Critobule).
Socrate. Dis-moi, Kritoboulos, est-ce que l’économie est bien le nom d’un certain genre de science comme la médecine, l’art de forger ou celui du charpentier […]. Donc pourrions-nous dire ce qu’est l’affaire de l’économie.
Kritoboulos. Il me semble que c’est le fait d’un bon économe de bien administrer sa maison.
Socrate. Et la maison d’un autre, si on la lui confiait, ne pourrait-il pas l’administrer comme la sienne propre ? En effet, le charpentier compétent pourrait travailler pour un autre comme pour lui-même. Ainsi celui qui s’y connaît en économie aura la même capacité. […] Donc celui qui connaît cet art, même dépourvu de biens propres, peut toucher un salaire en administrant la maison d’un autre comme il ferait en la bâtissant.
XÉNOPHON, Économique, I, 1-4.
2. STIEGLER Bernard, « Vers une économie de la contribution », Entretien de Quentin NOIRFALISSE avec Bernard Stiegler, 30 novembre 2011, http://owni.fr/2011/11/30/vers-une-economie-de-la-contribution/
Mention du présent article http ://www.savigny-avenir.info
ISSN 2261-1819 Dépôt légal du numérique, BNF 2016