«LA LETTRE DU LUNDI DE MIEUX ABORDER L’AVENIR, n°431, lundi 16 novembre 2020
« Confinement, couvre-feu, état d’urgence sanitaire, télétravail, distanciation physique, gestes barrière, port du masque, gel hydroalcoolique, continuité pédagogique, bulles sociales… notre monde à changé », constatent les organisateurs du Festival des Idées consacré aux nouvelles normalités qui se tient les 20 et 21 novembre 2020. (1).
Nous sommes désormais entrés depuis mars 2020 dans une sorte de nouvelle ère, celle du covidocène. Les normalités sociales agissent habituellement de façon invisible. Existant de façon structurante, elles ne sont « révélées » – dans le même sens que celui du processus de la révélation chimique d’une image photographique argentique latente – qu’en deux circonstances :
- lorsqu’un chercheur, ou une chercheuse, se penche sur elles dans le cadre d’une étude d’un terrain spécifique,
- ou bien, lorsque qu’un acteur de la vie sociale prend conscience subitement que de nouvelles normalités ont remplacé d’autres normalités disparues.
Toute crise produit l’apparition de nouvelles normalités sociales qui après avoir marqué la vie quotidienne, marquent les actualités médiatiques et les idées et la recherche. C’est dans ce sens que nous devons saisir cette « révélation ». Il appartient pour sa part à l’anthropologie, comme aux autres sciences humaines et sociales, d’éclairer – autant qu’il est possible – les gouvernances hésitantes et confuses du pouvoir politique en France en matière de « guerre » déclarée contre le virus Covid-19. Toutes les guerres provoquant obligatoirement des victimes que l’on qualifiée par euphémisme de « collatérales ».
La fermeture des librairies en octobre 2020, considérées comme des « commerces non-essentiels », aura démontré au monde entier qu’il est plus dangereux sur le plan épidémiologique, de fréquenter une librairie que d’emprunter les transports en commun aux heures de pointe. Tous les pouvoirs autoritaires ont toujours pensé que les livres et les écrits propageaient des maladies qui s’attaquaient à eux.
Le message est paradoxal : on risque davantage d’attraper, ou bien de transmettre, le Covid-19 lorsqu’on achète un livre que lorsqu’on se trouve dans une grande surface, le métro, un bus, un train…
Les livres, les librairies et le bibliothèques sont, depuis l’apparition de l’écriture, des remèdes sociaux pour « bien des choses » (la solitude, la désespérance, l’ignorance, le savoir, la science, la prière…). Ils sont devenus des pharmakon (φάρμακον), c’est-à-dire à la fois des remèdes qui guérissent les uns, et des poisons qui peuvent tuer le pouvoir des autres. Étrange et inquiétante idée qui incite à prendre ses distances avec des objets supposés toxiques, et pourquoi pas, à brûler les livres responsables de contribuer la propagation pernitieuse. Il s’agit là du retour d’un refoulé, prémonition de temps à-revenir.
De tels enchaînements font partie des nouvelles normalités sociales du moment. Quels en sont les fondements ? Constituent-ils des développements inédits ? Quels en sont les arbitres ?
L’ENDIGUEMENT SANITAIRE DES TERRITOIRES
«Suite aux annonces du Président de la République visant à endiguer la propagation du virus Covid-19 sur notre territoire, la municipalité a pris les dispositions complémentaires suivantes, et ce jusqu’à nouvel ordre.»
Ville de Savigny-sur-Orge, 30 mars 2020
Cette simple phrase mérite d’être commentée. Outre le fait que le Président de la République agit ici dans une fonction nouvelle d’ « endigueur » d’épidémie (Que font les pouvoirs publics ? Il endiguent, Monsieur), on notera qu’elle s’applique à « notre territoire », comme si cette notion était pertinente au regard de la propagation d’un virus. Pour la raison simple qu’à côté d’un territoire, il y a un autre territoire, et puis un autre encore… De proche en proche, la succession d’entités limitrophes, fait qu’il y a toujours un second territoire derrière un premier. Il est souhaitable que s’y trouve chaque fois des endigueurs, tous également déterminés, formant une chaîne continue de protection. Le pire est à craindre lorsqu’une commune devient un maillon faible et se révèle défaillante : la chaîne se rompt. L’État globalement défaillant par nature, saura dire par médias interposés, que ce n’est pas de sa faute, mais celles « des autres », triste preuve d’insolidatité républicaine.
Maintenant, « notre territoire » est la marque de l’obéissance à la règle de compétence administrative qui fait qu’un maire et son conseil municipal ne sont compétents que dans la limite du territoire de leur commune. Se pose ici la question de la géométrie de l’action publique. La commune est-elle pertinente dans le cadre d’une urgence sanitaire mondiale ? Que peut-elle ? Qu’en-est-il dans le cas présent de l’intercommunalité (GOSB), du département (Conseil général de l’Essonne), de la région (Conseil régional d’Ile-de-France), de la Métropole du Grand Paris (MGP) ? Qui fait quoi ? La question se prolonge jusqu’au Parlement européen et à la Commission européenne, instances bien silencieuses dans la crise du Covid-19, et de l’Organisation mondiale de la Santé (OMS), conforme à la réalité de toutes les organisations internationales dont la vraie devise est à ce jour dans ce domaine de l’endiguement, « Prestige et inefficacité ».
Alors, il reste les pauvres communes, avec leurs pauvres moyens, sans cesse rabotés par l’État, pour tenir le choc face aux attaques du virus. C’est sur elles que se décharge tous les jours un État prometteur et défaillant, limitant à chaque instant leurs pouvoirs et critiquant l’insuffisance de leurs actions. Rappelons que le maire de Sceaux a prit en mars 2020 un arrêté municipal pour imposer le port du masque dans la rue. L’État lui adressa-t-il ses félicitations? Non, le préfet attaqua l’arrêté devant le Tribunal administratif qui prit un jugement pour l’annuler.
Il est vrai que c’était à une époque ou la Secrétaire d’État à l’information se répandait à la télévision pour expliquer que « les masques ne servaient à rien », et que de toute façon, « elle ne savait pas comment le mettre ».
Combien de vies auraient-elles pu être sauvées, à Sceaux et dans les environs, si cette obligation avait été exécutée ?
CRISES ET NOUVELLES NORMALITÉS
« Les normalités sociales sont en construction permanente, elles sont mouvantes et plurielles », relèvent Raphael COSTAMBEYS-KEMPCZYNSKI, directeur du Festival des idées, délégué général de l’Alliance Sorbonne Paris Cité et Thomas STOLL, responsable du Festival des idées Paris, chef de projet communication scientifique à Université de Paris. (1). Pour eux, cette problématique ne se limite pas à la question de la pandémie du Covid-19. Elle a été précédé avant 2020 par des formes de militantisme comme Extinction Rebellion, Black Lives Matter, #MeToo… qui ont fait émerger de nouvelles normalités. Ils notent l’attente d’un retour à la vie d’avant, « sans masques, sans distanciation sociale, sans clusters ». Mais, interrogent-ils, « un retour à la normale est-il possible ? ». Nombre d’ anciennes normalités appartiennent à un monde qui n’est plus. Quelles seront les nouvelles normalités ?
- Pendant la crise, les sociétés du monde sont réceptives à un changement d’usage immédiat pour faire face à la menace.
- Après la crise, le temps s’inscrit dans une démarche longue qui suppose l’acceptation que le monde a fondamentalement changé.
- Les nouvelles normalités de demain ne pourront se déprendre de l’acceptation que l’état de crise est devenue une réalité permanente, sans cesse recommencée.
QU’ENTEND-T-ON PAR « NORMALITÉS SOCIALES » ?
Une norme sociale est définie par la Sociologie ainsi : « Principe ou modèle de conduite propre à un groupe social ou à une société.» (2)
Les normes sociales :
- sont conformes à ce qui est communément admis et légitimé par le système de valeurs propre à chaque société ou à chaque groupe social. Les normes sociales
- sont intériorisées par les individus au cours de la socialisation et régulent les comportements par des sanctions positives ou négatives, formelles ou informelles, quand il y a transgression ou non-conformité.»
La normalité est ce qui est conforme, ce dont on a l’habitude, ce qui ne surprend pas, ne dérange pas, n’attire pas la curiosité. C’est la règle à suivre. dans laquelle la culture croit que réside son équilibre par rapport à ce qui relèverait de normes universelles. Comment alors saisir la genèse des phénomènes sociaux, que ce soit l’action orientée vers autrui de Max. Weber, les faits sociaux de Émile Durkheim, les structures sociales de T. Parsons ou de Pierre. Bourdieu, la rationalité de l’acteur de Raymond. Boudon, l’ordre social interactif d’Erwin Goffman, ou encore de l’ethno méthodologie ? Pour l’anthropologie sociale la normativité demeure une spécificité mouvante des sociétés humaines, avec sa part de lumière visible et d’obscurité cachée. (3)
COVID-19 (2020)
LES NOUVELLES NORMALITÉS
CULTURELLES, SOCIALES ET POLITIQUES
Lorsque les organisateurs des Nouvelles normalités remarquent que « la sidération passée, la pandémie et ses conséquences ont créé de nouvelles formes de normalité », ils notent 5 questions :
- Jusqu’à quel point les vies des survivants sont-elles aujourd’hui bouleversées ?
- Quelle mémoire l’humanité conserve-t-elle des pandémies passées ?
- Qui sont les plus vulnérables à une crise sanitaire ?
- Peut-on se satisfaire de la façon dont les médias traitent l’information ?
- L’état de crise permanente (vivre pour toujours avec le virus) est-il devenu une nouvelle normalité mondiale ?
La crise nous demande de repenser notre monde dans tous les domaines : conditions sanitaires, migrations, écologie, durabilité, anthropocène, jeunesse, éducation, enseignement…
En sommes-nous capables ? Pour y répondre, six séries de questions.
- Égalité ou inégalité des victimes ?
- Crise inédite ou bien répétition de crise ancienne ?
- Le traitement des animaux par l’homme doit-il changer ?
- Une « bonne gestion » de la crise est-elle possible ?
- Quels imaginaires pour penser le monde d’après ?
- La sciences et les médias sont-il deux mondes en conflit ?
I. ÉGALITÉ OU INÉGALITÉ DES VICTIMES DEVANT LE VIRUS
À première vue la Covid-19 frappe tout le monde, sans distinction. Mais rapidement médecins et chercheurs relèvent de fortes inégalités entre les classes sociales atteintes (métier, territoire, sexe, ethnicité…). Les plus pauvres et les plus défavorisés sont les plus atteints.
- En quoi notre environnement et nos conditions de vie font-ils de nous des personnes à risque ?
- Comment expliquer les disparités entre zones géographiques ?
- De quelles manières la crise et le confinement touchent-ils les plus précaires ?
II. CRISE INÉDITE OU BIEN
RÉPÉTITION DE CRISE ANCIENNE ?
De la peste de Justinien à Rome à la Covid-19, en passant par la peste bubonique, la variole ou la grippe espagnole, les grandes pandémies seraient porteuses d’enseignements. La sidération générée par la pandémie et par le confinement a rapidement engendré la croyance en un « monde d’après ».
- Y a-t-il un héritage des pandémies du passé ?
- Qu’est-ce que l’histoire des pandémies peut-elle nous apprendre ?
- L’espérance d’un monde d’après, différent de celui d’avant, est-elle une illusion déjà vécue par l’humanité ?
- A quelle mémoire des pandémies doit-on se référer pour penser la crise présente, penser l’après-crise, et éviter – ou minimiser – de nouvelles crises ?
III. LE TRAITEMENT DES ANIMAUX
PAR L’HOMME DOIT-IL CHANGER ?
On ne compte plus le nombre de virus transmis de l’animal à l’homme. Le Covd-19 a assuré la notoriété du pangolin. Aujourd’hui l’élevage et la pêche intensive détruisent l’environnement et la biodiversité : le nombre d’espèces qui disparaissent chaque jour ne fait qu’augmenter. Quant-à la souffrance animale est de plus en plus mal supportée et la soumission de l’animal à l’homme fait débat.
- La nouvelle normalité alimentaire est-elle d’arrêter de manger de la viande ?
- Tous les animaux sont des êtres sensibles. Faut-il en finir avec toute les domestications animales ?
IV. UNE « BONNE » GESTION POLITIQUE
DE LA CRISE EST-ELLE POSSIBLE ?
Saluée ou critiquée, l’action des États pose de multiples questions de la part des citoyens, exclus des décisions (ou de l’absence des décisions) prises par les politiques.
- La peur est- elle nécessaire pour gérer une pandémie ?
- La politique qui vise à « rassurer l’opinion publique » est-elle démocratiquement judicieuse ?
- Faut-il mentir pour éviter la panique ?
- Le confinement est-il la seule solution la plus efficace ?
- Les systèmes de santé sont- ils en mesure d’être réformés par les gouvernements ?
- La centralisation française et les politiques d’austérité peuvent-elles être remises en cause?
- La situation est-elle mieux gérée ailleurs dans le monde ?
- Les instances européennes et L’Organisation Mondiale de la Santé ont-elles fait la preuve de leur efficacité ?
V. QUELS IMAGINAIRES POUR PENSER LE « MONDE D’APRÈS »
Virus, épidémies, armes nucléaires, astéroïdes, glaciation, planète de singes, monstres nés d’expérimentations… Autant d’imaginaires de fin du monde développés par d’innombrables films, séries télévisées et jeux vidéos.
- Pourquoi les récits de catastrophes sont-elles aussi fascinants ?
- Ont-ils une influence sur notre perception du monde ?
- La pandémie actuelle peut-elle changer notre regard à l’égard des récits de fiction ?
VI. LA SCIENCE ET LES MÉDIAS
SONT-ILS DEUX MONDES EN CONFLIT ?
Objets d’une médiatisation sans précédent, les experts scientifiques ont été à la fois utilisés et instrumentalisés par les médias.
- Le temps des médias et le temps de la science sont-ils compatibles ?
- Les médias favorisent-ils les débats scientifiques ou bien les empêchent-ils ?
- De quelle manière des connaissances scientifiques sont-elles transférées vers les médias ?
- Les scientifiques sont-ils capables de s’adresser au public (qui ne sont pas leurs étudiants d’université) autrement que pour promouvoir leurs derniers livres publiés ?
- Les journalistes sont-ils en mesure de rendre compte de sujets dont ils ignorent (presque) tout ?
- Comment les scientifiques organisent-ils le traitement entre eux de leurs propres connaissances en construction ?
CONCLUSION
LE FATALISME CONTRAINT
La Covid-19 pose la question de la prise en compte de la pertinence – et de la légitimité – du regard de l’anthropologie sur la médecine et sur la santé publique.
« Les progrès récents de la médecine et de l’anthropologie amènent à s’interroger sur les relations et les apports mutuels de ces deux disciplines. L’anthropologue s’intéresse à la diversité humaine et l’étude de l’homme dans sa complexité, ses variations dans le temps, dans l’espace. L’analyse de l’évolution de la diversité humaine en rapport avec des accidents écologiques ou des événements historiques est de nature à permettre une extrapolation vers le futur d’événements actuels » (TELMON, SAVALL et ROUGÉ, 2015) (4)
La pandémie Covid-19 apparue en 2020, constitue un accident écologique mondial qui a établi de nouvelles normalités sociales affectant subitement les modes de vie, le travail, les rapports avec les autres… Elles se sont imposées comme « naturellement » acceptables, et acceptées « avec résignation » par nos sociétés de ce début du XXIe siècle. Tout du moins jusqu’à ce jour.
Il est désormais dans l’ordre des choses que presque tous les membres d’une famille, d’une entreprise, d’une collectivité, d’un établissement scolaire, d’un EPAD… soient subitement atteints par le virus, avec cette part irréductible d’incertitude relevant de l’âge et de la vulnérabilité, unissant à un moment originel, pour les séparer ensuite :
- le porteur asymptomatique,
- le « cas contact » dans l’attente anxieuse des résultats de son test,
- le malade « léger » assigné à domicile,
- le patient hospitalisé, qu’il soit en réanimation, en voie de guérison, ou pire, en attente d’une issue fatale.
Ce dernier cas, lorsqu’il survient, possède une double réalité :
- une réalité humaine, infiniment tragique pour ses proches,
- une réalité statistique, froidement mécanique, pour les gestionnaires de la santé publique qui inscrivent alors dans les états quotidiens qu’ils tiennent : « un lit de réanimation libéré ».
La crise Covid-19 a mis en lumière les errements des administrations et des élus, désemparés, se contredisants les uns les autres au fil des semaines (« c’est une grippette/c’est une maladie mortelle », « les masques ne servent à rien/ils sont obligatoires », « les tests sont inutiles/ils sont obligatoires », « les commerces peuvent demeurer ouverts/doivent fermer », « tous les établissements scolaires doivent être ouverts…), changeant d’avis chaque jour, sur les lieux, les dates et les heures de confinement, de dé-confinement et de couvre-feu.
Toutes ces réalités vécues induisent de nouvelles normes sociales. Globalement respectées, elles demeurent porteuses d’interrogations à l’adresse des gouvernants sur les trois temps du passé, du présent et du futur. Elles ne recueillent que le silence. Pourquoi rien n’a été prévu avant ? Quelle est la logique démocratique partagée qui est à l’oeuvre aujourd’hui ? Qu’est-ce qui est prévu pour demain ?
« De plus en plus souvent les maladies ou les prédispositions se définissent par un écart à la norme. Mais quelle norme, pour quelle population, voire pour quel individu ? » interrogeaient en 2015 les trois chercheurs déjà cités.
Ils poursuivaient : « L’approche anthropologique essaie de mesurer la normalité dans une population, en ce sens elle apparaît complémentaire de la médecine notamment préventive et peut permettre d’affiner des décisions de santé publique. L’anthropologie peut être une aide à la détermination et/ou l’actualisation des normes biomédicales, amenant à s’interroger de plus en plus souvent sur la méthodologie de constructions scientifiques de ces normes. »
Force est de considérer que leurs recommandations n’ont pas été entendues. C’est dommage. Elles sont toujours d’actualité. Seront-elles prises en compte ? Et quand ?
Bernard MÉRIGOT
DOCUMENT
NORMES ANCIENNES, NORMES NOUVELLES
Citations
- Notre existence pré- Covid-19 n’était pas « normale », à moins que nous considérions « normalité » la cupidité, l’inéquité, l’épuisement, le burn- out, la déconnexion, la confusion, la rage, la thésaurisation, l’avidité, la haine et le manque.
Sonya Renee TAYLOR, artiste, poète, activiste - Nous avons besoin de normes pour que le monde fonctionne, mais nous pouvons chercher des normes qui nous conviennent mieux.
Judith BUTLER, philosophe - La vie est ainsi faite que ce qui arrive ne ressemble jamais à ce qu’on en attendait.
Charlotte BRONTË, romancière - La normalité demeure une question relative à une époque et à une civilisation. Or chaque culture a tendance a croire que son équilibre est la norme universelle.
Fernand OUELLETTE, écrivain, poète - Il n’y aura pas de retour à l’ancienne normalité dans un avenir prévisible.
Tedros Adhanom GHEBREYESUS, directeur général de l’OMS - Tout organisme pour s’adapter doit innover, tenter une aventure hors de la norme, engendrer de l’anormalité afin de voir si ça marche, car vivre, c’est prendre un risque.
Boris CYRULNIK, neuropsychiatre - Si le confinement a eu un effet, c’est de nous déconfiner de cette idée d’une voie unique vers le progrès.
Bruno LATOUR, sociologue, anthropologue et philosophe des sciences - Toute la question maintenant est celle de la durabilité de la prise de conscience et de la volonté de faire autrement.
Cynthia FLEURY, philosophe, psychanalyste - Quelquefois ces éclairs de normalité m’arrivent de côté comme des embuscades. L’ordinaire, l’usuel, un rappel, tel un coup de pied.
Margaret ATWOOD, romancière, poétesse, critique littéraire - En tant que président, je serai comme le candidat que je suis, un candidat normal à une présidence normale, au service de la République.
François HOLLANDE, ancien Président de la République - Il n’y a pas de normes. Tous les hommes sont des exceptions à une règle qui n’existe pas.
Fernando PESSOA, écrivain, critique littéraire, poète - Ne baissez pas vos normes pour quoi que ce soit ou pour n’importe qui.
RIHANNA, artiste, musicienne - La société, ce sont tous ceux qui alimentent le système et la conviction que la normalité est la seule voie possible.
Claire FAVAN, romancière - Si tout un chacun respecte les règles en vigueur et se plie aux normes, c’est toute la société qui se retrouve normale et qui stagne.
Bernard WERBER, écrivain - La normalité est une expérience plus extrême que ce que les gens veulent communément admettre.
David CRONENBERG, artiste, cinéaste - Luttez pour les choses qui vous tiennent à cœur, mais faites-le d’une manière qui amènera les autres à vous rejoindre.
Ruth Bader GINSBURG, avocate, juge, membre de la Cour suprême des États-Unis
A la fin de l’année 2018, des ours en peluche sont apparus à la terrasse de cafés dans des quartiers de Paris, notamment aux Gobelins. Les raisons sont diverses. Voir l’article : « Invasion de nounours géants dans le quartier des Gobelins à Paris », Le Figaro, 22 novembre 2018.
https://www.lefigaro.fr/sortir-paris/2018/11/22/30004-20181122ARTFIG00099-invasion-de-nounours-geants-dans-le-quartier-des-gobelins-a-paris.php
Après les huit semaines du premier confinement Covid-19 (17 mars – 10 mai 2020), la question respect des distances-barrières à respecter s’est posée dans les lieux recevant du publics. La présence des ours en peluche a pris un nouveau sens, rappelant l’obligation gouvernementale de respecter « ses distances », et donc de ne pas s’asseoir sur certaines chaises. Puis les terrasses ont été à nouveaux fermées…
RÉFÉRENCES DE L’ARTICLE
1. COSTAMBEYS-KEMPCZYNSKI Raphaël et STOLL Thomas, « Confinement, couvre-feu, état d’urgence sanitaire, télétravail, distanciation physique, gestes barrière et bulles sociales : notre monde a changé », Présentation de Nouvelles normalités, Festival des idées, Alliance Sorbonne Paris Cité, 20-21 novembre 2020.
2. ALPE, Y., LAMBERT, J.-R., BEITONE, A., DOLLO, C., et PARAYRE, S., Lexique de sociologie, Paris, Dalloz, 2007, p. 204
Voir aussi :
3. RAMOGNINO Nicole, « Normes sociales, normativités individuelle et collective, normativité de l’action », Langage et société, 2007/1 (n° 119), p. 13-41. DOI : 10.3917/ls.119.0013. URL : https://www.cairn-int.info/revue-langage-et-societe-2007-1-page-13.htm
4. TELMON N., SAVALL F. et ROUGÉ D, « Apport des méthodes scientifiques de l’anthropologie à la médecine et la santé publique », 26 juin 2015, Ethics, Medecine and Public Health/Éthique, Médecine et politique publiques de Santé, Elsevier Masson, Vol. 1, n°2, avril 2015, p. 248-251. https://www.em-consulte.com/article/987166
UMR 5288 CNRS, Laboratoire d’anthropologie moléculaire et imagerie de synthèse, Université Paul-Sabatier, 37, allée Jules-Guesde, 31073 Toulouse Cedex, France.
LÉGENDES DES ILLUSTRATIONS
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Coronavirus-19. « Dispositif mis en place par la Ville ». Affiche apposée sur la porte de la Mairie de Savigny-sur-Orge (essonne), 30 mars 2020. © Photographie Bernard Mérigot.
-
Covid-19. Fermeture des églises. Message de Mgr Michel PANSARD, évêque d’Évry Corbeil-Essonnes en date du 18 mars 2020, et Message du Père Thierry DAVID, curé de Savigny-sur-Orge. Documents affichés à la Maison paroissiale Bonne nouvelle, 10 mai 2020. © Photographie Bernard Mérigot/CAD.
-
Covid-19 et transports en commun. « Nous recommandons aux personnes sensibles ou fragiles de rester autant que possible à leur domicile », Écran d’information de la SNCF/RER C, Gare de Savigny-sur-Orge, mars 2020, 09 H 25. © Photographie Bernard Mérigot/CAD.
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Covid-19. Restaurants ouvert. « Derrière notre masque, on vous attend avec le sourire ». Panneau posé à l’entrée d’un restaurant lors après la fermeture des restaurants durant le premier confinement Covid-19 (mars -11 mai 2020), Restaurant La Villa, Saint-Jean-de-Monts (Vendée), 23 juin 2020. © Photographie Bernard Mérigot/CAD.
« Chers clients, Dans le contexte actuel, nous mettons tout en œuvre pour vous sentir dans les meilleures conditions. Ici, nous sommes 15 employés à l’année. Nous n’avons pas augmenté nos tarifs, aucun changement de notre carte été. Merci de votre confiance. Derrière notre masque, on vous attend avec le sourire ». -
L’ours en peluche géant, nouveau marqueur de distanciation sociale. Matérialisation des « chaises barrières » sur lesquelles il ne faut pas s’asseoir au lendemain du premier confinement Covid-19. Terrasse du Café Restaurant Brasserie « Le Choupinet », 58 boulevard Saint-Germain/2 place Edmond Rostand, Paris 6e, 24 septembre 2020. © Photographie Bernard Mérigot/CAD.
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La Lettre du lundi de Mieux Aborder l’Avenir
n°431, lundi 16 novembre 2020