LA LETTRE DU LUNDI DE MIEUX ABORDER L’AVENIR, n°59, lundi 30 septembre 2013
TSUNAMI DE SONDAGES
SUR LA COMMUNE
Plusieurs lecteurs de notre site www.savigny-avenir.info nous signalent avoir été appelés ce dimanche 29 septembre 2013, entre 11 heures et 12 heures, par un organisme de sondage (annonçant qu’il était l’IFOP, allez savoir…). Les questions ne portaient pas sur le remplacement de vos fenêtres, mais sur vos intentions de vote pour les prochaines élections municipales des 23 mars et 30 mars 2014, dans six mois !
La sondeuse énonce qu’il y aura 8 listes (Qu’est-ce qu’elle en sait ? Qu’est-ce qui l’autorise à prononcer une telle affirmation ?). Elle demande pour qui vous avez l’intention de voter, mais ne soumet que cinq listes : Laurence SPICHER-BERNIER (UDI), Pierre GUYARD (PS), Éric MELHORHN (UMP), Jean ESTIVILL (Divers gauche), Audrey GUIBERT (FN). D’autres listes ont annoncé leur candidature. Il n’en est pas question. Elles ne doivent pas avoir les moyens de se payer un sondage.
AU MÉPRIS DE LA LOI
Ces appels sont pratiqués en infraction de la loi, notamment pour les abonnés qui figurent sur liste rouge, ou qui se sont inscrits sur la liste Pacitel. Il s’agit d’un usage abusif de l’annuaire téléphonique, un détournement de l’usage du téléphone, une atteinte à la tranquillité privée.
La règle du sondeur, c’est : « Je vous dérange, je n’en ai rien à faire. Vous êtes le sondé. Je suis le sondeur. C’est moi qui commande. Je fais ce que je veux. Vous êtes à ma disposition ».
QUI EST DERRIÈRE ?
La croyance dans les résultats prévus par de prétendus sondages constitue une dérive de la démocratie. Prêtez attention à ce que vous entendez lorsque vous entendez parler de prétendus résultats de sondages. Répondez à ces simples questions : Le sondage a-t-il été (ou bien) sera-t-il publié ? Par qui a-t-il été (ou est-il) fait ? A quelles dates a-t-il été (ou bien est-il) réalisé. Avec quelle méthodologie ? Et surtout, par qui est-il été payé ?
Si vous ne pouvez pas répondre, c’est que vous êtes en présence d’un futur sondage/rumeur.
LES SONDAGES EXERCENT UNE DOMINATION
SUR LES ÉLECTEURS
Sur le sujet général des sondages, nous recommandons la lecture du livre d’Alain GARRIGOU et d’Alain BROUSSE intitulé « Manuel anti-sondages. La démocratie n’est pas à vendre » (Éditions La Ville brûle, 2011). (2) Alain GARRIGOU est professeur de sciences sociales à l’Université de Paris-Ouest Nanterre. Il est directeur de l’observatoire des sondages. C’est l’un des rares chercheurs français qui poursuit une recherche critique à l’égard des usages politiques des sondages d’opinion. Il est reconnu comme l’un des principaux spécialistes français du vote et des sondages. Il s’inspire à la fois de la sociologie de Pierre BOURDIEU et de la socio-histoire de Norbert ELIAS. Il contribue à la compréhension des ressorts cachés, exercée par la domination politique sur les citoyens-électeurs
SONDAGE : NON MERCI
Les sondages constituent des menées attentatoires à la démocratie. Ils fabriquent l’opinion politique. Pour ne pas être complice de ces manipulations, ils doivent-être dénoncés. Le plus simple est de pratiquer la désobéissance civile en refusant de répondre.
SONDAGE SUR LES SONDAGES
Être dérangé chez moi, sur ma ligne fixe de téléphone par un sondage, ça me dérange :
- Un peu
- Beaucoup
- Énormément
Savez-vous qui paye ces appels téléphoniques et les personnes qui les passent ?
- Oui
- Non
Pensez-vous que les opinions exprimées :
- Correspondent réellement aux expressions citoyennes
- Constituent des manipulations.
Pensez-vous que les résultats des sondages :
- Constituent un moyen pour éclairer la vie démocratique,
- Produisent des rumeurs d’officines politiques (du type «Un sondage dit qu’Édouard BALADUR allait être élu président de la République »)
RÉFÉRENCES
1. MÉRIGOT Bernard, « Le Laboratoire des élections municipales de 2014, n°1 », www.savigny-avenir.info, 25 août 2013.
2. GARRIGOU Alain et BROUSSE Richard, Manuel anti-sondages. La démocratie n’est pas à vendre, La Ville brûle éditeur, 2011, 176 p.
La Lettre du lundi de Mieux Aborder l’Avenir
n°59, lundi 30 septembre 2013
COMMENTAIRE du 3 octobre 2013
«L’utilisation médiatique récurrente des sondages dans notre démocratie revient à une privatisation de l’opinion, marchandisée par les agents dominants afin de perpétuer leur avantage. L’opinion publique n’existe pas : elle est un produit.»
«Ne vote pas selon tes convictions, malheureux, mais selon les nécessités stratégiques que je t’énonce ! Ne crois surtout pas que les élections constituent un moment démocratique, car je t’en apporte déjà les résultats.»
GARRIDO Raquel et SÉNÉCHAL Clément, «Des sondages liberticides», Libération, 3 octobre 2013.
COMMENTAIRE du 6 octobre 2013
Plusieurs Saviniens m’ont fait part d’avoir été sollicité par téléphone pour un sondage à but politique, portant spécifiquement sur des hypothétiques listes en présence pour les municipales de 2014.
Rappelons la loi. La publication et la diffusion de tout sondage tel que défini à l’article 1er doivent être accompagnées des indications suivantes, établies sous la responsabilité de l’organisme qui l’a réalisé :
– le nom de l’organisme ayant réalisé le sondage,
– le nom et la qualité de l’acheteur du sondage,
– le nombre des personnes interrogées,
– la ou les dates auxquelles il a été procédé aux interrogations.
La loi s’applique aux sondages publiés ou diffusés au sens de la loi du 29 juillet 1881 sur la presse. La diffusion ou la distribution en France tombe sous le coup de la loi, même si elle émane d’un organe d’information situé hors de France. Quant aux sondages qui ne sont pas destinés à la publication, il suffit que tout ou partie des sondages non destinés à la publication ait été divulgué, même par un tiers pour qu’ils tombent sous le coup de la loi.
GARCIN Paulette, « Sondages téléphoniques », http://savigny2014.over-bmog.com, 6 octobre 2013
Mention du présent article http ://www.savigny-avenir.info/ISSN 2261-1819
BNF. Dépôt légal du numérique, 2013