Le pouvoir politique : de plus en plus aux mains d’élus tyrans ? (Didier Pleux)

LA LETTRE DU LUNDI DE MIEUX ABORDER L’AVENIR

« Alerte générale : le moi enfle partout : dans les familles, dans les entreprises, en politique. Des comportements égocentriques nous entraînent vers une société répressive de tuteurs, de gendarmes, de policiers, de caméras », déclare Didier PREUX (1).

Comment la dictature du moi parvient-elle à s’imposer ? Le plus naturellement du monde. Par des glissements successifs, imperceptibles qui, additionnés, font basculer l’édifice de la liberté et de la démocratie le mieux établi. Sans que l’on se soit rendu compte du processus à l’œuvre.

  • Il y a ce que les nouveaux tyrans disent sans se cacher : J’ai le droit de décider tout, selon mon bon plaisir. C’est quand je veux, comme je veux, et sans limite. Ceux qui ne sont pas d’accord avec moi, ont tort. Ils sont mal placés pour contester mes décisions. Parce que j’ai la loi avec moi. Pas les autres. Celui qui s’oppose à moi, je le massacre. D’ailleurs, je peux m’appuyer sur un entourage cohérent, soudé : ils sont tous et toutes d’accord avec moi.
  • Il y a ce que les nouveaux tyrans pensent sans le dire. « La réalité me gêne, alors je l’évite. Je la nie. Mieux, je l’agresse. Je la pulvérise. Je l’atomise. Seule doit subsister « ma » réalité. Pourquoi ? « Parce que j’ai le droit de décider tout, selon mon bon plaisir. C’est quand je veux, comme je veux… ». Comme les anciens 33 tours, le disque est reparti au début.

Quels sont effets sociaux et politiques que les nouveaux tyrans provoquent ? Didier PREUX répond : une déliquescence du « sentiment de l’autre », un détricotage du lien social. L’élu tyran prend le pouvoir, se l’accapare. Celui qui prend le pouvoir, chosifie l’autre. « Avant, j’avais des patients qui avaient des dépressions liées à un ego ratatiné. Désormais, j’ai affaire à des patients frustrés et colériques, qui m’agressent dès que je leur dis qu’il faut prendre en compte l’existence des autres. » (2)

Comment faire face ? Comment lutter ? L’hypertrophie du moi doit être combattue d’urgence. « Par un engagement citoyen. » (3)


RÉFÉRENCES
1. PLEUX Didier,
De l’adulte roi à l’adulte tyran, Éditions Odile Jacob, 2012. Didier Pleux est responsable de l’Institut de thérapie cognitive.
2. PLEUX Didier,
« Halte au tout à l’ego », Paris Match, vendredi 28 septembre 2012, Article de François LESTAVEL.
3. PLEUX Didier,
« Les adultes prennent le pouvoir », Ouest-France, 11 octobre 2012. Article de Jean-Jacques LEROSIER.

Mieux Aborder L’Avenir (MALA), La Lettre du lundi, 15 octobre 2012

Mention du présent article : http//www.savigny-avenir.info/ISSN 2261-1819

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